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Liberté N° 1690 du 5/5/2014

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TOGO: Les USA mettent la pression sur Joseph Kabila, Faure Gnassingbé de plus en plus contrarié dans ses desseins secrets
Publié le mercredi 7 mai 2014  |  Liberté


© Autre presse par DR
SEM Faure GNASSINGBE, Président de la République


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2015-2016 est une période électorale en Afrique. Dans nombre de pays, les gouvernants sont au terme de leurs deux mandats légitimes et ces élections offrent des occasions d’alternance. Mais les envies de pérennisation au pouvoir sont aussi manifestes, et la communauté internationale monte au créneau dans certains cas. Comme celui de la
République démocratique du Congo (Rdc) où Joseph Kabila est marqué à la culotte. La dernière, c’est le Secrétaire d’Etat américain, John Kerry qui l’appelle à respecter la Constitution du pays.

Une sortie qui contrarie énormément d’autres prétendants à un 3e mandat, à l’instar de Faure Gnassingbé. Les USA marquent Joseph Kabila à la culotte «Le processus constitutionnel doit être respecté», « Je crois que [le président Kabila] a clairement en tête le fait que les Etats-Unis d’Amérique sont intimement convaincus que le processus constitutionnel doit être respecté ». Ce sont là les propos tenus ce dimanche 4 mai par le Secrétaire d’Etat américain John Kerry, en visite dans la sous-région d’Afrique centrale, après des entretiens avec Joseph Kabila à Kinshasa.

Des déclarations choc lorsqu’on les place dans le contexte particulier de la République démocratique du Congo (Rdc). Il s’agit en clair d’un appel à lui lancé d’éviter de briguer un 3e mandat en 2016, de respecter la Constitution congolaise qui le proscrit justement. « Les Etats-Unis d’Amérique pensent qu’un pays est renforcé, que son peuple éprouve du respect pour sa nation et son gouvernement quand le processus constitutionnel est mis en œuvre comme il convient et qu’on s’attache à le faire respecter », a ajouté John Kerry.

Tout en reconnaissant que Joseph Kabila est « un homme jeune qui peut encore contribuer au développementde son pays », le chef de la diplomatie américaine a insisté sur des élections libres, équitables et transparentes, dans les délais et dans le respect de la Constitution congolaise actuelle.Et pour aider le pays à réussir le processus, il annonce la concession d’une aide de « 30 millions de dollars de financements supplémentaires destinés à soutenir des élections transparentes et crédibles de même que des programmes de reconstruction dans l’Est du Congo. ». Et à cela devra s’ajouter un autre pactole d’1,2 milliard de dollars que l’Agence américaine de développement va débloquer sur les 5 prochaines années pour assurer la démobilisation, le désarmement et la réintégration.

L’opposition et la société civile congolaises n’attendaient pas mieux. Elles trouvent en les USA un allié de taille dans la lutte engagée contre un 3e mandat de Joseph Kabila. Les organisations de la société civile ont même adressé un mémorandum au chef de la diplomatie américaine dans ce sens. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que les USA abordent le sujet de la présidentielle de 2016 et appellent Joseph Kabila à ne pas briguer un 3e mandat.

Il faut avouer que cette sortie de l’administration Obama est légitime, car le débat fait actuellement rage en Rdc sur une éventuelle candidature de Kabila pour 2016. Il y a des velléités de tripatouillage de la Constitution pour lui permettre de passer. En tout cas, l’envie de continuer est bien réelle ; on n’en voudrait pour preuve que l’interprétation faite par son entourage des propos de John Kerry. Lambert Mende, le porte-parole de la présidence de la République a indiqué qu’il n’a été à aucun moment question d’un message invitant Joseph Kabila à ne pas se présenter à la présidentielle de 2016 pour briguer un 3e mandat successif au pouvoir.

Mais ce serait sans doute suicidaire pour la stabilité du pays et même de la sous-région d’Afrique centrale si Kabila prenait ce risque, lorsqu’on considère l’histoire assez mouvementée de ce pays qui se conjugue avec guerre permanente.

Si la rébellion engagée par Kabila Père a fini par renverser Mobutu Sesse Seko, Laurent Désiré Kabila n’a pas joui assez longtemps de sa victoire. Il périra aussi par l’épéele 16 janvier 2001, au cours de la deuxième guerre du Congo.

Son fils Joseph qui lui succéda n’a non plus connu la paix depuis sa montée au trône, confronté qu’il est à des guerres permanentes dans l’Est du Congo où des forces rebelles internes appuyées par des gouvernements voisins (Ouganda, Rwanda) tentent de déstabiliser le pays par la violence, le crime, le pillage des ressources. La Rdc est même devenu le terreau de la préparation des anciens génocidaires hutu qui s’y réarment pour mener des raids militaires au Burundi.

L’étau se resserre autour de Faure Gnassingbé C’est un secret de Polichinelle que l’envie de rempiler au pouvoir pour un 3e mandat est bien réelle chez Joseph Kabila, non repu par ses deux mandats légaux au pouvoir, ou 15 ans de gestion pour être précis. Loin de la République démocratique du Congo, et dans un pays de l’Afrique de l’Ouest nommé le Togo, la tentation est tout autant réelle chez l’occupant actuel de la présidence. Il n’a rien dit – c’est d’ailleurs son habitude – jusqu’à présent sur ses réelles intentions; mais personne n’est dupe, Faure Gnassingbé a bien envie de rempiler, et on n’en voudrait pour preuve que son attitude face à la problématique des réformes constitutionnelles et institutionnelles de l’Accord politique global (Apg) du 20 août 2006.

Lequel accord recommande, entre autres questions, la limitation du mandat présidentiel que l’opposition et le peuple veulent à deux avec effet immédiat. Une révision qui devra sceller le sort de Faure Gnassingbé. Et c’est justement à ce niveau que l’homme manœuvre pour se dérober à ces réformes et briguer un 3e mandat.

Après les échanges entre Jean-Pierre Fabre et lui et ceux ayant eu lieu à la Primature en mars dernier, c’est le black-out total de sa part sur la question des réformes. Aux appels tous azimuts aussi bien de l’opposition que des partenaires, il répond par un mutisme ahurissant, jouant ainsi sur le temps qui passe inexorablement et rapproche de plus en plus de l’échéance fatidique de 2015. Aujourd’hui, les indiscrétions font état de sa disposition d’esprit d’occulter les réformes et opérer un passage en force.
On en parlait déjà dans la parution d’hier sous le titre «Présidentielle de 2015 : Des manœuvres pour écarter Jean-Pierre Fabre de la course avec l’affaire des incendies ».

Le confrère togoinfos.com apportera quelques heures plus tard de l’eau à notre moulin en rapportant dans un article publié hier : « Sérieusement déchiré par son désir vorace et inextinguible de s’agripper au pouvoir et l’impératif des réformes institutionnelles et constitutionnelles, l’héritier d’Eyadema a fini par faire son choix : ne prendre aucun risque. Oui, que cela ne surprenne personne. Conscient des sérieux dangers qui le guettent si jamais il se risquait à engager ces réformes, Faure Gnassingbé a décidé de ne prendre aucun risque.

L’information a été confiée à togoinfos.com par l’un des proches du Président du Togo. Voilà pourquoi dans son discours du 26 avril 2014, le Président de la République est resté particulièrement évasif sur les questions des réformes, se contentant lapidairement d’inviter la classe politique « à dépasser les calculs partisans et les préoccupations électoralistes » sans pour autant dire ce qu’il voulait faire de concret pour matérialiser ces réformes (…) Pour le chef de l’Etat du Togo donc, engager de quelconques réformes sur la limitation du mandat ou le mode de scrutin à deux tours par exemple reviendrait pour lui à s’exposer à tous les dangers dont l’issue est insaisissable (…) Face à cette situation particulièrement compliquée, Faure Gnassingbé est bien obligé d’opérer un passage en force. Naturellement, il n’a aucune envie de renoncer à son appétit vorace du pouvoir ».

Parallèlement, le Prince de la République militarise la Gendarmerie en perspective de cette élection et manœuvre pour écarter Jean-Pierre Fabre, le concurrent le plus sérieux du pouvoir, dans l’affaire des incendies. L’envie est donc bien réelle chez Faure Gnassingbé, mais toute la problématique, c’est comment faire pour passer.


Toute candidature en 2015 ne manquera pas de susciter de la polémique, et l’intéressé lui-même en a conscience et a des états d’âme ; ce qui explique son boycott stratégique des grands rendez-vous internationaux où il pourrait bien être interpellé sur la problématique des réformes et de l’alternance. Et il est davantage contrarié par les événements dans d’autres pays africains. Comme la bonne disposition d’esprit de Macky Sall qui compte réduire son mandat de 7 à 5 ans au Sénégal, et avec effet immédiat, ou le rejet par le Parlement burundais du projet de révision constitutionnelle de Pierre Nkurunziza visant à s’offrir une prolongation au pouvoir.

Et la dernière, la pression des Etats Unis d’Amérique sur Joseph Kabila n’est pas pour lui faciliter la tâche. Sans doute que Barack Obama profitera de la présence annoncée de Faure Gnassingbé lors de la rencontre organisée en août prochain aux Etats Unis pour le « rappeler à l’ordre ».


Une attention plus accrue requise sur le dossier Togo L’étau se resserre de jour en jour autour de Faure Gnassingbé, et c’est le peuple assoiffé d’alternance au pouvoir qui doit s’en réjouir. Mais le dossier Togo ne semble pas bénéficier de la même attention de la part de la communauté internationale, comme celle accordée à la République démocratique du Congo (Rdc).

C’est une évidence que c’est la paix dans ce pays assez riche et dans toute la région d’Afrique centrale qui est en jeu. La République démocratique du Congo a en effet toutes les peines du monde à sortir du cycle infernal de la guerre. Les rancœurs sont de telle sorte que toute tentative de candidature à un 3e mandat ne fera que les attiser davantage. A la problématique de la paix s’adjoindra celle de l’alternance au pouvoir, la question justement qui a conduit à la rébellion dans ce pays.

Le Togo n’a certes pas connu de guerre, comme la Rdc. Mais à quelques nuances près, les deux dossiers se ressemblent. On a affaire à deux hommes au terme de leurs deux mandats légitimes au pouvoir, mais qui ne veulent pas lâcher prise.

En tout cas sur la problématique de l’alternance au pouvoir, l’un des principes fondamentaux de la démocratie et un droit absolu des peuples, l’enjeu est le même. Il n’est pas superfétatoire de rappeler qu’au Togo, c’est le Fils qui a remplacé le Père en avril 2005, au prix du massacre d’un millier de compatriotes. Mais bon gré mal gré, le peuple a supporté Faure Gnassingbé durant dix (10) ans et espère, pour une fois, voir une autre figure gérer le pouvoir. Tout passage de Faure Gnassingbé en 2015 ouvrirait son règne, après celui de son géniteur qui aura duré 38 ans sans partage.

En clair, ce serait la pérennisation du même clan, d’une même famille génétique et politique au pouvoir depuis un bon demi-siècle. Et cela ne fera que doper les autres candidats à un 3e mandat ou au pouvoir à vie en Afrique – Blaise Compaoré, Boni Yayi, Paul Biya…Dieu sait qu’ils sont nombreux – et tuerait les avancées démocratiques enregistrées dans certains pays du continent. Au demeurant, le dossier togolais et le cas Faure Gnassingbé ne méritent pas moins d’attention de la part de la communauté internationale.

Tino Kossi

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