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TOGO: Des milliers d’habitants en aval victimes d’érosion côtière à grande échelle
Publié le mercredi 7 mai 2014  |  Liberté hebdo


© Autre presse par DR
Le président Faure Gnassingbé et Vincent Bolloré, président du Groupe éponyme.


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Booster l’économie d’un pays par la construction d’un quai supplémentaire est une œuvre salutaire. Mais si la réalisation de l’ouvrage doit avoir un impact environnemental préjudiciable aux populations riveraines du quai, et a fortiori sur
leurs activités et modes de vie, il y a lieu d’interpeller les autorités du pays et les premiers responsables de cette réalisation. A Baguida, Agbavi, Kpogan et autres localités en aval du Port autonome de Lomé (PAL) en allant vers Aného, les habitants souffrent le martyre et c’est pour alerter le monde sur la disparition silencieuse de leurs villages que le Collectif des personnes victimes de l’érosion côtière (CPVEC) tire la sonnette d’alarme.

Le 25 avril dernier, le gotha gouvernemental avec à sa tête le chef de l’Etat togolais Faure Gnassingbé, a cru bon de faire les choses en grand : « inaugurer les ouvrages de protection destinés à lutter contre l’érosion côtière », pour reprendre les écrits du site gouvernemental republicoftogo.com.

«Avec une façade maritime de 50 km environ, le Togo fait partie des pays dont la position géographique offre des atouts favorables au développement socio-économique, mais l’océan ronge inexorablement la côte en avalant routes et villages », a poursuivi le site qui renseigne : « D’un
coût global de 3 milliards de Fcfa, les ouvrages permettront de
stabiliser 500 mètres de berges, de rénover et paver la rue de la mairie
longue de 350 mètres, de créer une aire de stationnement et de
récréation, de protéger 3.500 mètres de côte linéaire avec la
construction de 9 épis, de créer les conditions favorables à la pratique
de la pêche et de sécuriser 6 quartiers de la ville d’Aného. La
Commission de l’UEMOA fournit un appui technique ». Comme on peut le
remarquer, les autorités, même l’Uémoa n’ont pas lésiné sur les moyens
ni les coûts pour « sécuriser » la ville d’Aného. Est-ce parce que cette
ville compte dans son pedigree le fait d’avoir déjà été capitale du
Togo ou bien pour ménager les sensibilités des populations qui y
résident ? Dans l’un ou l’autre cas, l’action gouvernementale est à
louer. Mais alors, cette sollicitude devrait faire jurisprudence si tant est que les autorités veulent mettre tous les Togolais sur un pied
d’égalité. Baguida (Doèvi Kopé), Avépozo, Agbavi, Kpogan, Gbodjomé, Dévikèmé, Alimagnan, Agbodrafo, pour ne citer que celles-là, sont les localités qui, depuis une nuit de juin 2012, ont commencé à voir de façon trop visible les dégâts causés par l’avancée de l’océan communément appelée érosion côtière.

D’après des investigations, ce sont au moins 25 habitations qui ont été inondées dans une des localités. Malheureusement, aucune comptabilité ni décompte ailleurs ne permet de déterminer avec exactitude l’étendue des dommages cette nuit-là dans d’autres localités situées sur la côte.

Cette avancée était-elle un phénomène naturel comme la force de Coriolis ou la marée haute de l’océan ? C’est d’abord M. Edoh Tonoudo, président du Collectif des populations victimes de l’érosion côtière (CPVEC) mis sur pied pour porter haut la mort lente de ces localités, qui nous assure du contraire. A l’en croire, « depuis 1968, il a été remarqué que l’océan avance d’1 à 3 mètres chaque année, mais à partir de 2012, ce sont 5 à 15 m de nos terres qui sont engloutis. Tout récemment, nous avons pu estimer qu’en 11 mois, près de 175 m de nos côtes sont devenus partie intégrante de l’océan.

Nous avons fini par réaliser, avec l’avis de géographes de l’Université de Lomé, que ce sont les effets collatéraux de la construction du 3è Quai qui provoquent une telle avancée. Raison pour laquelle nous nous sommes constitués en un collectif pour défendre nos intérêts et réclamer nos droits ». Une autre victime, Dosseh Kétotsa, habitant Dagué renchérit : « Notre principale activité reste la pêche qui ne se pratique plus à cause de la force des vagues qui est devenue incompréhensible depuis quelque temps. Les autorités se doivent de trouver une activité de substitution et de nous aider à sauver le reste des villages.

L’initiative a été entamée à Dagué, mais a été suspendue pour on ne sait quelle raison ». Nous avons voulu avoir confirmation ou
infirmation de ces propos et nous sommes adressés à un représentant
d’une de ces localités qui a requis l’anonymat. « Je me souviens que
des cimetières ont été détruits et des ossements humains affleuraient à Agbavi. La ministre Dédé Ahoéfa Ekoué avait remis à peine 500.000 pour nous occuper du cimetière qui était envahi par les eaux en 2012. On parlait de reloger les victimes, mais le ministre Yark avait juste remis des sommes correspondant à 1 an de loyer aux victimes. Sans penser à leur situation après l’épuisement de ce loyer. En tant qu’autorité, je sais que c’est la construction du 3è Quai par le Groupe Bolloré qui est la source des maux des populations qui longent la côte. Mais je ne comprends pas qu’à ce jour, ni les responsables du Groupe Bolloré, ni les autorités n’aient encore entamé de démarches pour parler indemnisation avec les victimes collatérales de ce 3è quai.

Et pourtant, à titre de comparaison, je sais que les jardiniers qui occupaient les lieux où le gazoduc passe ont été dédommagés, de même que les vendeurs de caillou qui ont été priés de s’adonner à d’autres activités ».

Il y a quelques jours, Vincent Bolloré s’affichait aux côtés de Faure Gnassingbé dans le cadre du lancement d’un projet de construction de chemin de fer. Mais les deux hommes diront-ils qu’ils ignorent que la construction du 3è qui a coûté près ou plus de 300 milliards de FCFA, a causé et continue de causer des dommages aux populations en aval ? 500 familles à Baguida, 600 à Agbavi, des milliers d’autres ailleurs dont les seules activités demeuraient la pêche et le dragage pour extraire le gravier, source de revenu, qui sont obligées de se trouver des terres ailleurs, du fait du 3è quai.

Mais où vont-elles trouver les moyens d’acquisition de ces terres ?
Pourquoi a-t-on jugé bon de prémunir Aného de l’érosion et pas les
autres localités situées entre cette ville et le quai ? S’il est aisé
pour le constructeur de débourser 300 milliards de FCFA qui seront
rentabilisés dans le court et moyen terme, la réparation des dommages
causés aux populations avoisinantes ne devrait pas être de la mer à
boire pour le Groupe Bolloré. Et c’est pour interpeller et les
autorités, et le « dépositaire du 3è quai », que le CPVEC s’est
constitué pour : aider les zones sinistrées avec des travaux de digues, comme c’est le cas à Aného depuis quelque temps, et entamer des discussions avec les responsables du pays pour des dédommagements des victimes. Ce qui leur permettra de se trouver des activités de
substitution.


Godson K.

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