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Démangeaisons et charabia
Publié le dimanche 11 mai 2014  |  icilome


© AFP par DR
Bruxelles: Ouverture du 4eme sommet UE-Afrique
Le quatrième sommet Union européenne-Afrique s`est ouvert ce mercredi 2 avril 2014 à Bruxelles (Belgique). Il réunit une quarantaine de chefs d’Etat et de gouvernement africains ainsi que leurs homologues européens.


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Je crois maintenant que cela ne va jamais finir et donc je ne me pose plus la question de savoir quand cela va cesser. « Les pères ont mangé les raisins verts et les enfants en ont la dent agacée », dit la Bible.

Que ce soit hier, les députés de la droite française, profitant du fait qu'ils avaient la majorité à l'Assemblée Nationale sous le règne de Chirac, qui ont voté une loi sur « les aspects positifs de la colonisation », que ce soit Sarkozy qui prononce le discours rédigé par Guaino( l'ex-président français, alors encore à l'Élysée l'avait-il relu avant la présentation publique?) à l'université Cheik Anta Diop de Dakar, que ce soit, il y a un peu plus de deux ans, en pleine campagne pour les présidentielles en France, rivalisant sur ce terrain avec le Front National, le discours sur « la supériorité de la civilisation occidentale » de Claude Guéant, ou encore que ce soit le député Thierry Mariani,


vice-président de l’UMP..., ce n'est pas seulement une obsession que sont devenus pour ces messieurs l'esclavage et la colonisation, mais c'est aussi une démangeaison qui les ronge sous la peau et nul ne sait comment les en guérir, pour le salut de nous tous sur la planète. Ce dernier, Mariani, a déclaré, «L’enlèvement par la secte Boko Aram rappelle que l’Afrique n’a pas attendu l’Occident pour pratiquer l’esclavage», y ajoutant le hashtag (mot-dièse) «déculpabilisation». Qu'un Mugabe veuille justifier une mesure jugée à la longue plus démagogique que sociale et économique, confisquant les terres des fermiers blancs minoritaires, au profit des paysans noirs majoritaires au Zimbabwe et qu'il déclare: « we are not for sale »( nous ne sommes pas à vendre) et l'on entendra dans beaucoup de médias occidentaux, ce qui est devenu presque un slogan, répondant au slogan de Mugabé : « Combat d'un autre siècle! ». En fait, où se situe le combat de ce siècle et où nous confine le combat d'un autre siècle? Qu'un député ou un groupe de députés, qu'un parti( je ne parle, bien entendu pas du FN), qu'un ministre ou même qu'un président de la République avec tous les dehors de la respectabilité (donc, ce n'est pas Mugabé pour les Occidentaux ) tienne des propos réellement débiles et leur débilité échappe aux yeux de ceux qui sont situés dans le camp considéré comme le bon, le camp des bien-pensants.


En ewe-mina, pour ne pas dire directement et vulgairement à un homme qu'il est débile, on lui dit qu'il lui manque quelque chose. Qu'est-ce qui manque donc à ces hommes, députés, ministre, chef d'État...? Il ne m'appartient pas de répondre à cette question.

Je ne manquerai pas cependant de rapporter ce que Mariani déclare dans sa mise au point pour répondre à tous ceux qui lui reprochent ses propos. Il s'agirait de « professionnels de l’indignation» qui «comme d’habitude n’aiment pas que l’on rappelle certaines vérités historiques». On dirait Guaino, répondant à Bernard Henri Lévy au sujet du discours de Dakar: « Dès qu'on parle d'anthropologie... », donc de science. Et comme Guaino, Mariani assumerait ses propos à la virgule près!

La réflexion des gens comme Mariani doit être celle-ci : « L'histoire est de notre camp, puisque « nous » en sommes les maîtres, depuis quand? Depuis que nous avons le monopole de l'écriture, des livres, des médias... ».Ils n'oseraient pas ajouter aussi : le monopole des armes. Qui pourrait répondre que ce sont là des raccourcis aussi débiles que les propos incriminés eux-mêmes?

Et si on disait que la vérité qui démange Mariani et compagnie dans cette affaire est que, ne pouvant nier ni l'esclavage, ni la colonisation, reconnaissant même ( pour beaucoup du bout des lèvres ) qu'il s'agit de crimes contre l'humanité, il leur faudrait inventer un discours assez flou, sans vrai fondement, ni orientations, dans lequel tout cela (la notion de crime s'entend ) soit complètement noyé. N'est-ce pas ce type de discours que Stanislas Adotévi appelle « charabia 1»?


Quelle importance accorderait-on à un charabia? Et le discours de Dakar, tout comme ceux de certains de ces savants anthropologues, ethnologues etc. est-il autre chose qu'un charabia? « Tu vois le ver et tu penses qu'il danse, mais c'est sa manière de marcher », dit un proverbe yoruba. Les proverbes, dans les cultures africaines, comme dans beaucoup d'autres cultures d'ailleurs, ont ceci que, abrégés, ils ont plus de force, se chargent de plus d'ironie.

Que dirions-nous à ceux que les propos du genre de ceux de Mariani préoccupent? Vous entendez leurs charabias et cela vous préoccupe, mais c'est leur manière de se gratter quand ça les démange. Shango, le dieu du tonnerre tonnait un jour, de manière à faire tout trembler autour de lui. A ceux que le grondement terrible de Shango effrayait, on dit simplement pour les rassurer : « Le ver danse ».

Que dirions-nous donc à ceux qu'irriteraient les propos de Mariani? Qu'ils sont cyniques et méchants, compte tenu du drame vécu par ces fillettes et leurs proches? Ou qu'ils son stupides? Non: « le ver danse! » Ou: c'est la manière de se gratter des Mariani et compagnie.

Cette catégorie de gens cesserait peut-être de se gratter le jour où elle pourraient revenir tout simplement et ouvertement aux discours nostalgiques des temps glorieux de la mission salvatrice et civilisatrice, discours «scientifiques » qui ont accompagné et soutenu l'esclavage et la colonisation.

En tout cas, je le leur conseillerais. Ce serait salutaire, non seulement pour eux, mais aussi pour nous qui aspirons à vivre sur une planète où nous n'aurions plus à assister au spectacle de voisins ayant des démangeaisons qui se grattent continuellement.

Sénouvo Agbota ZINSOU

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