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Jonas Siliadin décrypte son ouvrage « Togo, démocratie impossible ? »:« Le titre de mon ouvrage a été pris exprès, pour dire attention... Il reste beaucoup de boulot à faire »
Publié le jeudi 22 mai 2014  |  L’Union




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Togo - Il est jeune togolais, vivant en France. Politique, il a été même directeur de campagne de l’ancien premier ministre de la République togolaise M. Gabriel Messan Agbeyomé, alors candidat à la présidentielle de 2010. Reparti, il a pris son temps pour analyser le Togo en profondeur sans parti pris. Jonas Siliadin, puisqu’il s’agit de lui, en publiant aux éditions CONTINENT, son ouvrage « Togo, Démocratie Impossible ? » pense, dit -il, attirer l’attention de l’opposition sur ses limites pour arriver à l’alternance. Ce ne sera pas cadeau, mais il s’étonne dans son entretien avec nous que le chef de fil de l’opposition ne joue pas le rôle qui lui est dévolu.





pa-lunion.com : vous laisse apprécier ces mots parfois durs pour ainsi dire, qu’il n’a toujours pas sa langue dans la poche.

pa-lunion.com : Jonas Siliadin, bonjour !


Jonas Siliadin Bonjour !


pa-lunion.com : La dernière fois qu’on vous a vu, vous étiez directeur de campagne de Monsieur Kodjo Agbéyomé à la présidentielle de 2010. Aujourd’hui, vous revenez pour sortir un ouvrage qui a pour titre : « Togo, démocratie impossible ? », avec un gros point d’interrogation. D’abord, dite-nous, avant de rentrer, quelle est l’image ou la configuration que vous voyez du Togo en matière politique avant votre retour ?


Jonas Siliadin : Aujourd’hui, le Togo est pris en étau entre le pouvoir qui refuse de faire des réformes constitutionnelles et institutionnelles, et pourtant actées pour faire avancer la démocratie et améliorer le jeu électoral, rendre équitable ce jeu électoral et les règles du jeu électoral, et de l’autre côté une opposition qui proclame sa volonté de travailler pour le changement sans se donner véritablement les moyens pour y parvenir, et qui préfère plutôt s’empêtrer dans des querelles et dans des divisions internes, et pendant ce temps, les Togolais souffrent de la vie chère et ne savent pas à quel sein se vouer.


pa-lunion.com : Mais ces querelles au niveau de l’opposition, puisqu’on en parle beaucoup plus ces derniers temps, elles ont toujours existé, Monsieur Siliadin...


Jonas Siliadin : C’est dommage parce que, quand on est jeune, on fait des choses et quand on grandit progressivement, on abandonne ces choses, on mûrit et on devient un homme responsable. Ça doit être la même chose pour un regroupement de personnes, qu’au début, l’opposition ait du mal, ou nos leaders aient du mal à accorder leurs violons pour se comprendre, et qu’après vingt ans, ils n’aient pas tiré le moindre enseignement de ce qui a fragilisé et qui a même fait perdre l’avantage que nous avions eu à la sortie de la conférence, c’est inquiétant et c’est déplorable.


C’est le moment pour moi de faire un sursaut patriotique et se dire que, nous ne sommes pas tous pareilles, nous n’avons pas les mêmes éducations, les mêmes convictions et la même façon de faire, mais nous avons une exigence. Nous devons nous mettre ensemble pour bâtir le Togo. Nous devons dépasser nos querelles.


J’ai fais un calcule lors de la dédicace en expliquant que, si on considère seulement que, il y a un mandat de cinq ans, et que tous les cinq ans il y a une alternance au Togo, en un siècle, on n’aura pas plus de vingt présidents pour la République. Si chaque président fait plus de dix ans, donc on n’aura pas plus de dix. Donc, il y a plus de chance de gagner au loto que d’être président de la République, lorsqu’on considère les sept millions de Togolais. A partir de ce moment, chacun doit se faire une raison et se dire que, le sens du combat, c’est de faire avancer les choses, c’est de faire avancer le collectif. De faire en sorte que le Collectif gagne et que nous ne soyons pas tous perdants, ou voilà le plus important. Donc, il y a une querelle avant oui, mais maintenant, on a trop de problèmes aujourd’hui, on ne peut pas accepter ça.



pa-lunion.com : Mais, le problème c’est que chaque leader essaye de tirer le drap vers soi pour se présenter comme l’alternative. Et malgré les résultats des dernières législatives, on n’arrive pas toujours à avancer. Est-ce que votre ouvrage a une solution ?


Jonas Siliadin : Solution comme ça tout cru, non. Mais, des méthodes pour parvenir à un consensus, oui. Au-delà du livre, j’ai écrit une lettre ouverte à la Coalition Arc-En-Ciel et au Collectif Sauvons le Togo. Il faut que l’opposition se retrouve, se parle et qu’ils essayent d’aplanir leurs difficultés.


pa-lunion.com : Les états généraux, comme diraient certains ?


Jonas Siliadin : Des états généraux, un conclave s’ils veulent et y purger les difficultés. Ça ne doit pas être difficile de se dire la vérité. Nous sommes de la même génération. Maintenant, s’il veulent aller jusqu’au bout, ils peuvent organiser des primaires au sein des partis qui auront participer à ces états généraux et dégager le candidat et valider le programme pour lequel, le candidat ira battre campagne. Ce n’est pas compliqué quand même de le faire.


pa-lunion.com : Est-ce que vous êtes persuadé que c’est un problème de candidature qui bloque l’opposition ?


Jonas Siliadin : Oui, parce qu’il y a un problème d’égo, chacun veut être Kalif à la place du Kalif. Le problème du Togo, il est là. Personne ne veut être étoile, tout le monde veut être lune, tout le monde veut être le boulevard, personne ne veut être le sentier. Il faut un certain nombre de sacrifices. Moi, je pense qu’il y a beaucoup plus de noblesse et de jouissance à être faiseur de roi, parfois qu’être un roi ridicule. Parce que, tout le monde ne sera pas président. Ça, il faut que nos aînés se le mettent dans la tête. Mais, est-ce que la volonté aujourd’hui, c’est de faire avancer le Togo. Est-ce que c’est de faire avancer la démocratie ? Est-ce que c’est de permettre aux Togolais d’avoir des conditions de vie meilleures, de soulager les populations. Si c’est ça l’objectif, il faut que chacun ajuste ses ambitions et qu’on trouve quelqu’un au sein de l’opposition pour porter le drapeau. Une fois que cette personne se serait installée, on verra le reste. Parce que, être président c’est une chose, mais à côté du président, il y a des ministres. Avec le président, il faut des députés pour aider le gouvernement à travailler. Il y a des sociétés d’Etat dans lesquelles il faut implémenter la culture de la bonne gouvernance d’entreprise. Il y a d’autres choses qu’on peut faire. On peut avoir des associations, on peut avoir des organisations qui contribuent à l’éducation nationale, à l’éducation civique dans notre pays. Donc, il y a beaucoup de fonctions à occuper surtout, et là aussi, c’est la faute du gouvernement, il faut le dire. Quand on aura complété tout l’arsenal démocratique, il y aura des élections à la base, des élections locales. On peut être maire d’une ville, on peut être élu d’un arrondissement, et à cette échelle là, faire du travail de progrès, de construction, de développement. C’est très important ça. Donc, on n’est pas obligé d’être le numéro un du Togo pour avoir satisfaction de ses ambitions.


pa-lunion.com : Ce n’est pas seulement le problème qui frustre. Il y a également un problème du statut de l’opposition après les élections législatives entre les leaders de l’opposition. Mais, il y a d’autres qui critiquent les textes qui font de certains leaders de l’opposition, et d’autres veulent juste jouir du contenu de ces textes. Comment régler ce problème, selon vous ?


Jonas Siliadin : Pour moi, il n’y a pas de discussion possible, Jean-Pierre Fabre est le leader de l’opposition parlementaire. C’est incontestable. Moi, depuis 2011, un an après la présidentielle, je dis que je reconnaissais Jean-Pierre Fabre comme le leader de l’opposition. Puisqu’il était annoncé par les résultats officiels comme le deuxième. Ayant dirigé la campagne d’OBUTS, moi j’ai reconnu, alors qu’aucun parti ne l’avait fait. A cette époque, je disais à Jean-Pierre Fabre que c’était une responsabilité pour lui d’initier une nouvelle stratégie, d’inspirer une nouvelle stratégie, d’organiser ses pairs autour de ces stratégies là, en faisant preuve de responsabilité, d’humilité, de courage et de respect envers ses pairs. Moi, je l’ai écrit.


Donc, pour moi, il n’y a aucun problème sur le leadership ou la personne qui est leader de l’opposition. Le seul problème, c’est que le leadership ne se proclame pas, ça ne se réclame pas, ça s’assume. Quand on est leader, c’est une responsabilité. Donc, celui qui dit qu’il est leader et qui dit qu’on doit le reconnaître comme leader, il faut que lui-même commence par agir, à prendre des initiatives de chef de l’opposition parlementaire, pas seulement de chef d’un parti politique. Donc, il doit avoir plus de dimension, élargir son envergure.


pa-lunion.com : Vous voulez dire que Jean-Pierre Fabre ne le fait pas pour l’instant ?


Jonas Siliadin : Non. Et ça, tout le monde est d’accord là-dessus. J’ai un problème avec Jean-Pierre Fabre en termes d’approche et de vision. J’ai l’impression qu’il n’aime pas trop se mouiller, il n’aime pas prendre des initiatives. Il préfère suivre des schémas qu’il a dans la tête dont il parle peut-être pas assez, il ne fait pas de pédagogie, je ne vois pas en lui, un chef d’orchestre qui pourra appeler par exemple APEVON lui dire, est-ce qu’on peut déjeuner aujourd’hui ? J’ai quelque chose à te dire, c’est important, vient me voir, ou on se voit chez professeur Aimé Gogué qui est notre aîné et qui dans le même temps dit, bon, comme on est d’accord sur ce point là, écoute, je vais former deux commissions ou on fait une commission paritaire et puis on va aller voir par exemple Agbéyomé ou on va voir Koffi Yamgnane, on va faire ceci, le leadership c’est ça aussi. C’est d’être capable de mettre en route des compétences diverses et de les faire travailler ensemble. En étant juste là pour faire bouger les choses habillement, sans toujours souvent dire un non. Généralement, le meilleur leader, il ne tire pas les gens, il les pousse à travailler. Ca, je suis désolé de le dire, je ne le vois pas chez Jean-Pierre Fabre.


pa-lunion.com : Autrement dit, aujourd’hui, vous avez des craintes qu’à cette allure, l’alternance n’est pas pour 2015 ?


Jonas Siliadin : Malheureusement, c’est une grande inquiétude aujourd’hui. Quand je vois le leader de l’opposition parlementaire tracer sa route tout seul, avec ses équipes, sillonner le Togo et dire que les gens sont sortis pour acclamer l’ANC et que dans le même temps, on a quand même des exigences de réformes constitutionnelles et institutionnelles, le chef de l’Etat ajoute du dilatoire, et il n’y a pas une plateforme commune et qui se bouge pour dire au Chef de l’Etat, on veut les réformes, on les exige maintenant, on veut les avoir avant les élections, et que Jean-Pierre Fabre n’anime pas une équipe de l’opposition de ses pairs et qu’il joue seulement en solo avec son parti, je me dis que c’est encore parti pour cinq ans, malheureusement.


pa-lunion.com : Mais, le dire comme ça, c’est comme jeter de l’eau sale sur Jean-Pierre Fabre. Mais pourquoi les autres leaders de l’opposition ne le lui rappelleraient pas, ou ne feraient pas équipe et aller le voir ? On n’est jamais deux fautifs à la fois...


Jonas Siliadin : Je suis d’accord aussi. Là aussi, c’est un problème de l’opposition. Bon, Jean-Pierre Fabre, je l’apprécie beaucoup. C’est quelqu’un qui est très courageux. Moi, je me souviens d’une image. En 98, lorsqu’il devrait faire un meeting à Kara où il a été accueilli avec beaucoup d’hostilité tout ça, il est resté stoïque, c’est quelqu’un qui est très courageux. Donc, il y a des aspects chez lui que j’apprécie beaucoup, il a le courage et une certaine forme de constante. Donc, ce n’est pas jeter de l’anathème sur lui. Puisque je dis d’ailleurs que je reconnais qu’il est le leader. Mon problème c’est que, comme il est leader, on demande beaucoup plus de lui. Donc, c’est à lui de prendre l’initiative d’aller vers les autres. Mais, aussi, effectivement, vous avez raison de le dire, les autres aussi devraient pouvoir accepter de travailler.


Mais, vous savez, le problème, c’est ça le Togolais. Comme ce n’est pas moi le capitaine, j’attends, s’il dit de venir, j’irai, mais s’il dit des choses qui ne plaisent pas, je vais le pousser tranquillement à tomber dans la faute. Donc, on ne sait pas travailler collectif et jouer pour passer la balle à un capitaine par exemple ou à un attaquant ou à un buteur.


pa-lunion.com : Et qu’est-ce que vous laissez à Lomé aujourd’hui avant de partir ?


Jonas Siliadin : J’espère provoquer un débat, interpeller. Je sais que j’ai choqué beaucoup de gens par mes propos, je sais que j’ai parfois été dure avec les uns et les autres, ce n’était pas l’objectif. Mais au moins l’objectif, c’était d’interpeler, de dire, attention, il y a danger.


Le titre de mon ouvrage a été pris exprès, pour dire attention, on a tendance à croire au Togo que tout est acquis, puis, un matin, par un miracle, l’opposition va accéder au pouvoir. Non. Il reste beaucoup de boulot à faire. Jusque-là, nous avons fait du symbolique. Nous avons réussi à imposer une forme de désir de l’alternance, nous n’avons pas encore assis la méthode rigoureuse au sein de l’opposition par exemple. Pour parvenir à l’alternance, nous en sommes très loin. Et dire à mes aînés que, il faut travailler à cela. En faisant semblant de travailler pour l’alternance, on aura un semblant de démocratie, on n’aura jamais de démocratie. Donc, ce que moi je laisse, c’est un débat, mais c’est après tout, un message d’humilité, parce que, je ne prétends pas donner de leçon, tout ce que je dis, beaucoup de gens le savent, beaucoup de gens le disent d’une autre manière, ou le pensent tout bas. Donc, moi je ne fais que mettre le doigt sur un problème qui est connu, et j’espère que ça va interpeller les gens pour un engagement nouveau.

pa-lunion.com : Jonas Siliadin, merci !


Jonas Siliadin : Merci

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