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Entretien avec Mme AHAVI KAFUI, directrice exécutive de l’Ong "ProF-Rurales" basée à Agou Gare dans la Préfecture de Kloto.
Publié le mercredi 18 juin 2014  |  icilome




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Togo - Dans la prefecture de Kloto, (environ 120 Km de Lomé) plus précisément à Agou travaille « ProF Rurales » une ONG locale. Que fait-elle pour l’épanouissement des femmes dans sa zone d’intervention? Selon la directrice exécutive « la situation de pauvreté est beaucoup plus accentuée et généralisée en milieu rural. Les femmes y paient un lourd tribut ». Entretien.




Icilome.com : Bonjour Mme.

Mme AHAVI KAFUI: Bonjour

Icilome.com : Vous êtes la directrice exécutive de l’Ong "ProF-Rurales" présentez votre structure à nos internautes

Mme AHAVI KAFUI: Promotion Femmes Rurales (ProF-Rurales) est une association créée par de jeunes femmes soucieuses des conditions de vie de leurs mères et sœurs. Son Assemblée Générales Constitutive a été organisée le 13 août 2012 à Agou Gare. Elle a pour mission d’œuvrer à la diversification des sources de revenus des femmes vivant en milieu rural. A l’instar d’autres milieux ruraux du Togo, les populations de la préfecture d’Agou et de Kloto où ProF-Rurales intervient, sont essentiellement paysannes. Comme vous le savez si bien, le Togo n’est pas épargné par le phénomène du changement climatique. Cette situation a inévitablement des incidences sur la production agricole. Les femmes assumant une responsabilité non négligeable dans leurs foyers respectifs malgré leur situation de pauvreté, notre association entend donc les accompagner à diversifier leurs sources de revenu pour ne plus dépendre uniquement de l’agriculture.


Icilome.com: Parlez-nous des conditions socio-économiques des femmes dans la Préfecture d’AGOU et ses environs ? Avec combien de femmes travaillez-vous ?

Mme AHAVI KAFUI: Madame Claire QUENUM, responsable de WILDAF-Togo affirmait au Forum Universitaire de Lomé sur le genre que « la pauvreté semble avoir un visage féminin au Togo. Les causes, selon elle, sont multiples : commerçantes sans capitaux, sans accès aux crédits et à la terre, femmes mariées sans revenus propres, femmes ayant des emplois précaires ».

Ce tableau que nous présente Mme QUENUM caractérise exactement les conditions socio-économiques de la femme rurale au Togo. Paradoxalement, une grande partie des charges du ménage pèse sur elles. Dans ces milieux vous trouverez des familles nombreuses, la polygamie, des veuves ayant seules des enfants à charge. Dans ces genres de situation la femme devient ce qu’on appelle généralement la femme aux mille bras. En effet elle doit être au four et au moulin pour nourrir, pour scolariser, pour loger, pour soigner (…) ses enfants. La condition dans laquelle elle vie, ne lui permet pas de s’épanouir. La précarité devient son quotidien.

Notre association accompagne 30 femmes transformatrices de noix de palmiste à Akata à Lavié dans la préfecture de Kloto. Elles bénéficient du crédit variant entre 50 000F à 150 000F pour financer leurs activités.

N’ayant pas de ressources financières propres, ces femmes étaient obligées de prendre du crédit chez leurs clientes venant généralement de grandes villes du Togo (Lomé, Atakpamé, Kara etc.). Après que l’huile soit préparée, ce sont ces dernières (les clientes) qui imposent leur prix réduisant la marge bénéficiaire des transformatrices. Manquant d’informations et surtout de formations, ces femmes ont subis cette situation pendant longtemps avant que nous les rencontrons.

Le crédit de ProF-rurales a un caractère social. Nous ne fonctionnons pas comme les structures de microfinance, je veux parler de leurs conditions d’octroi de crédit. A proF-Rurales, nous évaluons l’activité, faisons une enquête de moralité sur la personne dans son village et le crédit est accordé. Nous ne trainons pas le pas. La seule condition, c’est la caution solidaire. Les bénéficiaires doivent prendre le crédit dans un groupe. Au cas où une personne est défaillante, c’est tout le groupe qui est responsable. A ce jour les recouvrements tournent au tour de 80 à 90%.

Notre prochain chalenge est de les accompagner pour qu’elles mettent en place leur coopérative. Cela leur permettra d’avoir accès facile aux formations, aux informations et sources de financement.

De juin 2013 à avril 2014, nous avions accompagné 20 boulangères et 10 apprenantes en boulangerie. Sur ce projet, les bénéficiaires ont reçu des renforcements de capacités en marketing commercial, en hygiène et qualité, sur l’utilisation des farines de soja et du manioc dans la production du pain et sur l’utilisation du four à gaz dans la cuisson du pain.

Les 20 boulangères viennent de mettre en place leur propre coopérative avec notre accompagnement. Elles disposent aujourd’hui de leur propre magasin d’intrants. Auparavant elles dépendent des boutiques privées où à certaines périodes de l’année, il y a rupture ou augmentation de prix. En étant en coopérative elles arrivent à commander directement du grand moulin à Lomé les farines de blé. En achetant dans leur propre magasin elles se constituent en même temps de l’intérêt.

Notre association est très jeune mais dispose de ressources humaines efficaces. Nos moyens sont aujourd’hui en deçà des besoins dont nous faisons face. Nous profitons de cette occasion pour faire appel aux bonnes volontés qu’elles soient nationales ou internationales de nous appuyer dans notre initiative.


Icilome.com : Avec l’arrivée de votre Ong, qu’est-ce qui a changé chez les femmes ? Autrement dit, ProF Rural a-t-elle eu un impact positif sur le quotidien des femmes d'Agou ?

Mme AHAVI KAFUI: Vous savez, l’analphabétisme touche beaucoup plus de femmes que les hommes en milieu rural. ProF-Rurales, dans son accompagnement, met un accent particulier sur l’information, la communication et l’éducation à travers les renforcements de capacité. Ainsi les femmes comprennent beaucoup de choses qui les échappaient avant. Par exemple, la formation sur le marketing commercial a permis à beaucoup d’entre elles de prospecter de nouveaux marchés et de créer des points de vente dans d’autres villages que leur village de résidence. Ceci fera augmenter leur chiffre d’affaire.


Icilome.com: Avec votre expérience au côté des femmes rurales, que pensez-vous que le gouvernement togolais puisse faire pour améliorer réellement les conditions de vie, de travail des femmes dans les coins les plus reculés du Togo ?

Mme AHAVI KAFUI: Comme les décideurs le reconnaissent dans notre pays, la situation de pauvreté est beaucoup plus accentuée et généralisée en milieu rural. Les femmes y paient un lourd tribut. Pour cette raison les stratégies de lutte doivent avoir un caractère durable. En plus de cela, il faut que les programmes de développement mettent un accent particulier sur l’information, l’éducation et la communication aux femmes. Avec notre expérience, nous constatons que leur niveau d’éducation constitue un handicap pour adopter de nouvelles approches.

Je remercie icilom.com pour nous avoir permis de nous faire connaitre via sa page. Que le Tout Puissant vous accompagne également dans vos initiatives.

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