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Les pas marchands d’un homme servi presque par le hasard : Les grands défauts d’un Premier ministre par défaut
Publié le mercredi 18 septembre 2013  |  L'ALTERNATIVE




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Les déplaisirs talonnent toujours les contentements », martelait un politique avisé, HENRI IV, roi de France dans ses Lettres. Les pièges dans la conduite des affaires publiques sont à foison, surtout dans les régimes fermés, autocratiques et qui se nourrissent de transgressions. Jamais, ils ne savent opter pour les vraies solutions. A coup de mensonges, de falsifications et d’effractions, ils sont durablement logés dans des artifices et n’ont d’autre choix que de faire bon cœur contre mauvaise fortune. Comme la vertu est ce qui leur manque le plus, leurs ennuis, ce sont leurs propres actes désadaptés, les choix incongrus qui leur font un lot de pis-aller, d’infortunes, de carences dont l’accommodement devient la meilleure posture.

Il faut être aveugle et niais pour concevoir la reconduction d’AHOOMEY-ZUNU à la tête du gouvernement après les législatives comme un acte de premier choix, de second ou de troisième choix de Faure GNASSINGBE. La quête a été longue et la conclusion pénible. Le chef de l’Etat est sorti bredouille de la longue épreuve de patience pour retomber sur un accommodement de fortune. Le facteur temps, les réclamations populaires après environ deux semaines de démission et le déroulement rapide de désignation des Premiers ministres et de formation du gouvernement au Sénégal, au Mali ont eu une détermination ultime sur l’univers désertique des sollicitations de rechange à la Primature au Togo. En politique, le principe des vases communicants motive presque toujours la suite des évènements, surtout dans le même environnement. Ainsi, AHOOMEY-ZUNU est repris par défaut.

Il n’y a aucune excuse pour un chef de Palais de prendre deux semaines pour reconduire un Premier ministre si ce n’est un plan de remplacement qui a mal tourné. Il y a un malaise AHOOMEY-ZUNU à la tête du gouvernement dont le chef de Palais aimerait bien se débarrasser. Les couloirs à la Présidence se remplissent de murmures avec des échos peu rassurants sur les peines d’un chef face aux désistements en cascades de ceux qui sont pressentis pour une succession avortée à la Primature. Ceux qui lorgnaient du côté de la Primature ne sont pas non plus ceux ou celle sur qui le chef du Palais peut compter pour se tirer d’ennui. Il ne les connaît que trop. Pour une fois, la lucidité a prévalu au Palais et les aveugles prétentieux n’ont pas remplacé les borgnes.

L’enfer de la solitude reste entier pour Faure GNASSINGBE parce que ceux qui viennent d’ailleurs avec la ferme intention de servir leur pays et qui ne sont pas du ressort des combines de proximité et des « barbaries démocratiques » n’ont jamais les mains libres pour se départir de la pesanteur des méthodes surannées de la hideuse politique. Le piège de la solidarité gouvernementale les met au crucifix de l’immobilisme, de la dépersonnalisation et du discrédit. Le renouveau politique et le changement clamés doivent être portés par des hommes d’une autre dimension qui existent, mais qui pratiquent avec le pouvoir Faure GNASSINGBE un évitement sec. Dans ces conditions, il se replie sur une écurie du mal-être dont AHOOMEY-ZUNU est un animateur.

Mais, le vrai problème de Faure GNASSINGBE est de vouloir franchir le pas de la modernité de gouvernance sans une révolution conceptuelle, politique, éthique et active. Les apparences ne sont guère les fondamentaux du changement. Au contraire, elles forment un cocktail aux détonations assourdissantes qui mettent à distance les bonnes consciences. L’espoir d’un accompagnement politique se brise au Palais des apparences et des artifices. Un grand malaise politique ronge ce pouvoir qui tourne sur lui-même sans s’offrir la bonne réponse. AHOOMEY-ZUNU fait partie de cette prison à ciel ouvert malgré les « victoires miraculeuses » qui caractérisent les élections du RPT/UNIR. Sa reconduction est la marque d’une aliénation et non d’une efficacité avérée. Il sait encenser, applaudir pour juste demeurer dans un système de couverture oratoire, sophiste et démagogue. Ceux qui applaudissent béatement les petites choses sont incapables de grandes. La misère de l’officine politique du « Club du petit » est invariable. La dévotion au chef continue et le peuple attend des comptes promis par le chef de gouvernement qui a ordonné et piloté des prélèvements scandaleux sur les avoirs des citoyens.

Gouverner, est-ce se sacrifier pour un homme ou pour un peuple ?

De quelle marge de manœuvre AHOOMEY-ZUNU dispose-t-il pour réaliser les attentes d’une nation qui a grandi de sa longue expérience des chefs postiches ?

1) Séléagodji, le « philosophe » de la main tendue

Il y a des prénoms qui nous mettent en situation de conformité avec le déroulement de notre propre histoire ou qui nous font une trajectoire envers et contre tout. Dans la quête de notre existence, quand nous suivons des principes et des conceptions qui fondent nos rêves et au mépris de l’éthique et de la morale, nous accumulons des trophées de la trahison, des abominations pour survivre. Notre positionnement par rapport aux intérêts personnels ordonne nos transgressions, les tours mercantilistes que nous jouons et nos couronnes roulent dans le sable.

Personne n’ignore que l’ascension politique confère à tout homme des privilèges. Naturellement, toute autorité a besoin d’un confort de son rang. Mais, la recherche de ce confort à n’importe quel prix, voilà ce qui est immoral et insoutenable. Malheureusement, le plateau politique togolais est une foire de profiteurs et de courtisans qui se moquent de la morale, de l’éthique politique, de notre peuple, de sa misère. Ils se sont constitués en une horde de vautours assermentés en opportunisme pour assouvir leurs ambitions personnelles sous le couvert d’un argument bateau repris en chœur : une volonté de servir le pays. C’est à cette horde que s’adresse sûrement Jean GIRAUDOUX dans son œuvre Siegfried en ces termes : « Servir, c’est la devise de tous ceux qui aiment commander ». Il n’est pas diabolique d’avoir des ambitions. Ce qui est démoniaque, c’est d’être rongé par l’ambition au point de sacrifier les codes, les données de la socialité, les valeurs, la morale par obsession pour des jouissances personnelles. L’opportunisme qui bénit la criminalité et qui la défend contre tout soupçon de bon sens apparaît comme le triomphe d’une abomination. L’homme en tant qu’humain-patron n’est pas sur cette terre pour offrir un parapluie aux abominations ou les répandre. AHOOMEY-ZUNU a adossé son destin à ceux qui jamais ne respectent la vie et qui piétinent à chaque instant les droits de la personne humaine, fabriquent des culpabilités à la tête des infortunés, ordonnent la criminalité judiciaire pour régler des comptes avec les velléités de contrariété.

Le passage éclair d’AHOOMEY-ZUNU à la Commission nationale des Droits de l’Homme (CNDH) s’agrippait à une force ascendante, la défense des Droits de l’Homme pour se servir d’un tremplin. Il s’en est servi pour se taire définitivement sur les massacres et les tueries qui engorgent les sillons de l’espérance. Il a brillamment inspiré un certain Yacoubou Hamadou, son frère siamois dans la défense de l’impossible et de la sottise criarde. La recherche d’un tuteur politique fut tâtons chez l’homme de Kpélé. Il s’était servi d’Edem KODJO comme une bonne perche qu’il caressait en-dessous de la table à manger comme un chat, attendant son heure pour bondir dans le camp des « victoires miraculeuses » avec un salut hitlérien à la CPP, écrasée de toute sa condescendance. Séléagodji suit toujours la direction du vent. Cette force adaptative se nourrit de deux armes : la rhétorique et la connaissance historique.

L’adepte du verbiage éblouissant est d’une prolixité sophistique dont les contradictions monstrueuses échappent à toutes les attentions peu châtiées et à tout ce qui s’en tient à la forme du discours sans la vigilance de dépouiller le fond. Il sait feindre la gravité pour donner un poids à une vétille, à un rien, à un bidule.

Le jeu politique étudié dans les Relations Internationales l’a instruit de ce que le camouflage et les intérêts rendent malléable la substance éthique. Ils tiennent les vertus et les valeurs à distance. Or, si la politique ne s’embarrasse pas de la morale, la question morale devient presque toujours les grands échecs qui condamnent à la guillotine les politiques. Si on ne fait pas la politique avec la morale, on ne peut pas en faire davantage sans elle. Les données historiques nous sont connues, c’est à nous de savoir en faire la synthèse pour en tirer des leçons édifiantes.

L’avidité du gain et la docilité à nos ambitions séchées de toute humanité nous travestissent gravement. Elles rendent sectaire notre imagination ; elles nous prouvent notre infertilité à faire grandir nos actes, nos choix, notre personnalité. AHOOMEY-ZUNU est incapable d’initiatives personnelles pour donner une visibilité à son passage à la Primature, réaliser au bénéfice du peuple un bond sur le plan moral, humain, économique, judiciaire. Il a pris entièrement la coloration du Palais avec une docilité frénétique d’un perroquet à la clarinette pour réciter des idéologies périmées et oppressives qui n’ont jamais fait gagner au Togo de grandes espérances. En même temps qu’il s’est assujetti au RPT/UNIR, il est devenu si fort qu’il écrase les misérables petites gens pour faire croire qu’il a une contenance et de l’autorité. Ceux qui parlent de son arrogance sont si nombreux que nous ne nous étonnons pas qu’il soit devenu un loup-garou pour la basse classe. Ceux qui ont une grande faiblesse pour les grandes personnes et une subordination morbide aux patrons vivent un complexe de déférence. Ils veulent faire soumettre tous ceux qui sont inférieurs à leur valeur de position à la prosternation comme eux-mêmes ont l’habitude de se plier en quatre devant leurs chefs.

Pour peu qu’on se rappelle Gilbert HOUNGBO à la Primature, sa liberté d’action et d’initiative, sa perception du pouvoir, sa provenance, on comprend les dérives autoritaires d’AHOOMEY-ZUNU et le complexe d’autorité qu’il traîne. Souvenons-nous de la manière discourtoise et épouvantable dont il a rabroué Mme Brigitte ADJAMAGBO-JOHNSON sur un plateau de télévision lors d’un débat en compagnie de Jean KISSI et de Pascal BODJONA. Si AHOOMEY-ZUNU a l’audace de traiter la Présidente de la CDPA publiquement comme il l’a fait, quel sort peut-il réserver aux journalistes ? Presqu’eux tous se plaignent du Premier ministre. Jamais, il ne sera capable de réaliser l’accompagnement du pouvoir parce qu’il est un mauvais rabatteur des compétences de l’Opposition. Sa servilité vis-à-vis du pouvoir ne libère pas en lui la puissance des compromis dont les Togolais ont besoin pour réinventer la République.

2) Fautes, errances et manquements

Le prédécesseur émérite de Séléagodji AHOOMEY-ZUNU, Gilbert HOUNGBO avait une dimension qui s’est vite révélée dans son attachement à la conscience civique et morale par son goût pointilleux de la formation. La valeur de l’homme est dans l’éducation, la formation. La culture du civisme et de la morale initiée par HOUNGBO à travers les médias fut supprimée sitôt qu’AHOOMEY-ZUNU prit siège à la Primature. Le volet moral du citoyen et sa grandeur éthique sonnent dans la représentation aussi bien dans l’imaginaire du nouveau promu comme un encombrement, une inutilité. La suppression du programme de formation du citoyen est une faute morale lourde et une faute politique énorme qui témoignent de la personnalité du nouveau locataire de la Primature et qui laissent libre cours à toutes les projections sur la place des valeurs et des vertus dans son approche de la gouvernance. Quel type de citoyen AHOOMEY-ZUNU veut-il construire dans un pays où il vante la réhabilitation des ruelles et quelle prise en charge des infrastructures propose-t-il aux citoyens ? En politique, rien ne va de soi. Tout se propose, tout se défend et tout se construit.

Tous les peuples qui ont réussi à se sortir des crises, des malheurs et de la misère ont d’abord compris qu’il faut changer les hommes, transformer les mentalités, innover l’esprit du citoyen pour réinventer le futur. Ce pari est un engagement audacieux, hardi et patient. Il a besoin de relais multiples dans la durée. L’Europe d’aujourd’hui nous en donne l’exemple. Si le 16ème siècle a été celui de l’infertilité en progrès, les guerres récurrentes de religion en Europe médiévale en sont principalement les causes. C’est la reconstruction ou l’édification du type européen sur le plan moral, éthique et logique par la rééduction initiée par le classicisme qui a sauvé l’Europe. La conception d’un type nouveau d’Européen appelé l’ « honnête homme » avec des caractéristiques bien définies a participé à un moule de remodelage de l’homme nouveau. L’ « honnête homme » doit être juste et bon, il doit éviter tout ridicule et tout excès. Il ne doit rien avancer sans qu’il ne soit capable de le démontrer. Ce courant de pensée, de réhabilitation du type européen qu’est le classicisme était principalement animé par l’Anglais Francis BACON avant que ne le rejoigne René DESCARTES, le Français. Le classicisme a posé comme primat dans l’éducation du type européen la notion de la preuve. Ainsi, le siècle des Lumières fut accouché par la rééducation de l’Européen du 17ème siècle par les thèses du classicisme. La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme est aussi une conséquence du classicisme.

Le bon politicien est celui qui prend l’homme dans sa globalité pour le modeler aux valeurs, l’améliorer et améliorer son cadre de vie, lui offrir l’appétit de vivre qui préserve précieusement sa santé. L’effondrement politico-éthique, moral et civique rend légère toute ambition politique. Justice, vérité, bonté font le trépied des valeurs qui construisent les peuples. Les politiques qui ne peuvent s’en inspirer et diffuser ces valeurs sous la forme d’une pédagogie par l’exemple en direction de ceux qu’ils gouvernent sont condamnés au rejet populaire et à l’échec.

Or, AHOOMEY-ZUNU veut s’imposer comme autorité alors que la vérité lui est un tabou. C’est lui qui claironnait sur les antennes internationales qu’il n’y a pas de crise au Togo alors que l’APG en est le témoignage saisissant, et le refus d’application de l’Accord Politique Global depuis 2006 a flambé la tension politique coiffée des culpabilités décrétées et fleurie d’une criminalité judiciaire. Cette cécité proverbiale de l’homme dépeint sa personnalité qui se détourne toujours du bon sens, de la justice et de la vérité. Même si on est logé dans des principes utilitaires, on peut dire la vérité en réduisant l’ampleur qu’elle recouvre. La rhétorique sophistique n’a jamais servi à élever la cité. Elle prépare les citoyens à la mort gratuite. Socrate en avait fait les frais de façon spectaculaire dans la Grèce Antique. Au Togo, la mort d’Etienne YAKANOU est le symbole du désastre du mensonge et du faux couvés par le pouvoir. Le corollaire rigoureux du progrès politique, social, économique, c’est l’affirmation de la justice.

AHOOMEY-ZUNU est un homme vacillant et inconstant. Il oublie que l’histoire a de la mémoire. C’est lui qui criait à tue-tête lors de l’émission de Juan GOMEZ sur le campus de Lomé : « Les réformes, il faut les faire à temps, il ne faut pas perdre du temps pour les mettre à exécution ». Il sait très bien que la rétention des réformes institutionnelles et constitutionnelles participe d’une escroquerie politique. A la Primature plus de treize mois durant, nous ne l’avons jamais vu impulser une seule réforme. L’art oratoire et la prolixité à haut débit sans l’efficacité de l’acte juste fabriquent et entretiennent la fragilité politique. L’homme des trophées des envolées chimériques vit au gré des circonstances sans jamais se donner une contenance, l’étoffe politique qui met en confiance les Togolais. L’autorité jamais ne se construit dans le mensonge et l’injustice avec le badigeon de la rhétorique qui est la fiente de l’esprit. C’est dans ce sens que Victor HUGO écrit dans Les Châtiments : « L’homme injuste est celui qui fait des contresens ».

L’enfer du Premier ministre est tout entier dans les « contresens ». Un Chef du gouvernement qui pilote personnellement des fonds de solidarité prélevés de force sur les avoirs des citoyens avec la promesse de faire des comptes au centime près au peuple sans jamais la tenir peut-il se prévaloir d’une quelconque prouesse ? Nous étions renversés de honte d’entendre AHOOMEY-ZUNU dire à Notsè que le Togo, à l’occasion des législatives récentes, a donné une bonne leçon de démocratie au monde. Même les campagnards savent ce que valent ces législatives. Seulement, cette forme minable de remerciement pour sa reconduction atteste qu’il n’a aucun bilan à exhiber pour couvrir l’indulgence de Faure GNASSINGBE qui lui a remis à nouveau les clefs de la Primature après une longue quête bredouille qui sanctionne les principes surannés de la gouvernance et tout le « Club du petit ». Les désistements et les évitements qui ont sanctionné les sollicitations pour conduire l’action d’un nouveau gouvernement contraignent le chef de l’Etat à vivre le malheur du contentement de peu. Si Gilbert BAWARA se permet de rabrouer le Premier ministre dans le dialogue sans tabou qu’il avait annoncé sans qu’il n’ait à redire, de quoi est-il capable à la Primature ? Rien à espérer du gouvernement qu’il a trop de peine à former. Sa reconduction est une faveur et la faveur est un mépris que souligne Rémy de GOURMONT dans Les Cheveux de Diomède en ces termes : « L’indulgence, c’est la forme aristocratique du dédain ».

Didier Amah DOSSAVI

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