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Bloomfield : «Il reste encore bien des défis à la BRVM pour voir s’accroître considérablement sa liquidité»
Publié le vendredi 11 juillet 2014  |  Agence Ecofin


© Autre presse par DR
Gabriel FAL, PCA de la BRVM
Photo: Gabriel FAL, président du Conseil d’administration de la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières d’Afrique de l’Ouest basée à Abidjan en Côte d’ivoire.


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Economiste en chef au sein de l’agence de notation Bloomfield Investment, basée à Abidjan en Côte d’Ivoire, Youssouf Carius revient avec nous sur la création de nouveaux indices boursiers relatifs à la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières de l’UEMOA, est leurs implications sur ce marché financier.

Agence Ecofin : Le marché financier de l’UEMOA (BRVM) a officiellement accédé aux indices boursiers MSCI Frontier et, d’autre part, S&P Dow Jones a créé un indice qui lui permettra de mesurer les performances de ce marché, quel sera l’impact de ces décisions ?

Youssouf Carius : La MSCI a en effet créé un indice en Standalone pour le marché régional Ouest Africain composé de Sonatel, d’Onatel et de la SGBCI. S&P Dow Jones, principal fournisseur d’indices boursiers, au monde lance dans le même temps le S&P Côte d’Ivoire BMI Index avec pour objectif de couvrir 80% de la capitalisation de la bourse régionale. Cela vient renforcer considérablement le rayonnement international de la bourse régionale et son ouverture sur le monde afin d’en faire une place financièrement attrayante pour l’investisseur, quel que soit son origine.

Il faut savoir que S&P Dow Jones a aussi lancé les indices S&P West Africa et S&P West Africa 25 couvrant les marchés de l’UEMOA, du Ghana et du Nigeria. 15 valeurs de la BRVM se retrouvent intégrées à l’indice S&P West Africa sur les 56 valeurs constituantes (dont Sonatel, PALMCI, SAPH, SGBCI, CIE, SODECI, BOA…).

Cela pourrait avoir un effet sur les investissements en portefeuille de la région. Comparativement au Ghana et au Nigéria, les investissements en portefeuille en provenance des pays étrangers dans la zone UEMOA sont jusque-là très faibles.

AE : Concrètement, à quel volume de capitaux est désormais ouvert la BRVM, peut-on s’attendre à un accroissement automatique de la liquidité de ce marché financier ?

YC : Il reste encore bien des défis à la BRVM pour voir s’accroitre considérablement la liquidité et la profondeur du marché régional. Les acteurs étrangers sont encore confrontés au manque de transparence et de régularité dans les communications de la BCEAO qui pourrait fragiliser les positions des acteurs étrangers. Cela vient s’ajouter à la perception du risque jusque là très limitée avant l’introduction de la notation financière.

De même, le mécanisme monétaire garantissant la convertibilité du CFA est encore très méconnue et peu maitrisé par les acteurs étrangers aux zones UEMOA et CEMAC. Il faut savoir que l’enjeu pour un investisseur étranger sur les marchés financiers est non seulement d’avoir une vision claire du risque mais aussi une possibilité efficace d’entrer et de sortir ses capitaux (entry and exit threshold) du marché à moindre coût et dans des délais très courts.

La promotion du marché boursier entamée par la BRVM et les opportunités qu’il présente en termes de rendement pourraient accroitre l’intérêt des investisseurs pour la zone. D’autant plus que le CFA reste une monnaie bien moins volatile que celle du Ghana, du Nigéria ou même du Kenya et de l’Afrique du Sud. Subsiste la question de la capacité d’absorption du marché pour des investisseurs de taille relativement importante.

AE : Justement la BRVM a atteint les 6000 milliards de FCFA de capitalisation boursière au mois de janvier 2014, mais depuis elle a connu un rythme un peu plus modéré avec la plupart des secteurs dans le rouge depuis le début de l’année, comment expliquer cette évolution des choses ?

YC : La capitalisation boursière de la BRVM a atteint un niveau record historiquement haut en début 2014. Nos analystes estiment que le marché a anticipé à court terme les tendances et les performances à long terme des sociétés cotées. Ainsi, nous estimons que le cours des valeurs en début janvier 2014 pour certaines structures était à un niveau plus élevé que leur valeur réelle.

Cela a pour effet une fois l’euphorie du marché passée, de ramener les cours vers leur valeur intrinsèque. C’est ce phénomène que nous observons depuis le début de l’année.

AE : Dans l’indice MSCI WAEMU, on ne retrouve pas Ecobank Transnational Incorporated et la Solibra qui sont pourtant les deuxième et troisième capitalisations boursières de la BRVM, mais on retrouve Onatel et SGBCI (quatrième et cinquième), comment peut-on comprendre un tel fait ?

YC : Tout dépend des critères de sélection utilisés dans la construction de l’indice. Pour un indice suffisamment représentatif, il est important de ne pas se focaliser uniquement sur les plus grandes capitalisations du marché ou une représentation régionale trop concentrée sur une seule partie de la région (la Côte d’Ivoire par exemple). Les effets statistiques d’une telle erreur pourraient grandement perturber l’indice sur le moyen et le long terme.

Ainsi, Sonatel étant la plus grande capitalisation du marché, la valeur est considérée comme principale constituante de l’indice. Onatel et la SGBCI sont, elles, considérées comme des valeurs constituantes à capitalisation intermédiaire. De plus, les pays représentés par l’indice sont au nombre de 3, ce qui limite les effets de corrélation entre l’indice et la performance macroéconomique d’un pays par rapport aux autres pays de la région.

AE : Concrètement, qu’est ce qui devra changer dans la manière de faire des entreprises, si elles veulent bénéficier complètement de cette nouvelle position stratégique de leur marché financier ?

YC : L’ensemble du marché devra en effet répondre à des critères de transparence permettant aux décideurs d’apprécier le risque en temps réel. Le meilleur moyen pour les décideurs d’évaluer le risque sur le marché reste la notation financière. En effet, la note et les perspectives attribuées par une agence de notation permettent aux investisseurs de se rassurer quant à la capacité de la structure notée à générer du cashflow. De plus, l’agence de notation en lien constant avec l’entité notée assure un suivi de la note en temps réel, ce qui permet aux investisseurs de disposer d’un outil de décision robuste et dynamique dans le temps. C’est en effet le meilleur outil du décideur pour connaitre le risque qu’il prend mais aussi pour l’anticiper à travers les perspectives de la note et le suivi qu’elle réalise.

Bien que la réglementation en vigueur sur le marché de la BRVM contraigne l’ensemble des sociétés cotées à se faire noter, seulement quelques-unes se sont pour l’instant prêtées à l’exercice. Plusieurs sociétés cotées se préparent encore à se faire noter, ce qui devrait grandement améliorer le niveau de transparence du marché pour les décideurs internationaux.

AE : Au-delà de l’entrée dans ces indices internationaux, la BRVM de l’UEMOA a signé au cours de cette année, une série d’accords avec d’autres bourses africaines. Quelles opportunités peut on y voire pour le marché ?

YC : Effectivement la BRVM a conclu un certain nombre d’accords et continue de travailler sur des partenariats avec les bourses, de la région CEDEAO et CEMAC notamment. Ces accords permettent de mobiliser un certain nombre d’acteurs et d’intermédiaires en dehors des frontières de l’UEMOA afin de dynamiser le marché.

Le projet de mettre en place des transactions croisées entre les bourses de Lagos, d’Accra et de la BRVM va contribuer à cela. Les intermédiaires financiers des places de Lagos et d’Accra pourraient considérablement accroitre la liquidité et la profondeur du marché. C’est aussi l’opportunité pour les intermédiaires de la BRVM d’accéder à moindre coût à de nouveaux marchés.

AE : Sur le marché financier ouest africain, il n’y a pas que la BRVM qui progresse, Bloomfield devient lui aussi un acteur majeur du domaine. Quels sont les ingrédients de ce qu’on peut appeler une success story?

YC : A l’initiative de Stanislas Zézé, son PDG, Bloomfield Investment Corporation s’est créée en 2007 dans un environnement à « contre-courant » de la notion de transparence. La capacité de M. Zézé à fédérer l’ensemble du marché financier autour de sa vision fait de cette agence de notation, un acteur important du système financier de la région et au-delà. Elle est restée fidèle à une culture de l’excellence et un professionnalisme sans faille qui lui vaut aujourd’hui sa place. Nos équipes sont en effet composées d’une élite panafricaine issue des meilleures formations au monde. Ce sont des initiés qui font de l’agence de notation un catalyseur de l’investissement. Bloomfield Investment Corporation a longtemps misé sur l’homme et a fait le pari des ressources humaines.

AE : D’ici peu vous allez être au cœur d’un événement important, peut-on en être mieux informé?

YC : En effet Bloomfield Investment Corporation couvre l’Afrique de l’ouest mais aussi l’Afrique de l’Est, l’Afrique centrale et l’Afrique Australe. La récente notation financière du fond de garantie Guarant-Co (dont les actionnaires sont les Royaume Unis, la Suède, la Suisse et la Hollande) lui a permis de réaliser la première notation financière d’une entité européenne par une agence de notation d’Afrique francophone.

Cette notation financière fait l’objet d’une conférence de presse qui aura lieu en Côte d’Ivoire dans le courant du mois de juillet afin de présenter la note du fonds de garantie Guarant-Co qui est à ce jour la meilleure note attribuée par Bloomfield Investment. A cette conférence de presse participeront plusieurs ministres ivoiriens, les ambassades représentant les actionnaires du fonds ainsi que l’ensemble des décideurs du marché financier ouest africain. C’est l’occasion pour le fonds de garantie de présenter son activité et sa qualité de crédit aux intermédiaires du marché.

Propos recueillis par Idriss Linge

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