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L’atout femme
Publié le vendredi 1 aout 2014  |  Republicoftogo


© aLome.com par Parfait
Mme Dédé EKOUE,Ministre de l’Action Sociale


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Les communautés d’Afrique célèbrent, chaque année, la Journée de la Femme Africaine. Elle est consacrée d’une part, à la lutte contre l’ignorance, l’injustice et d’autre part, à la réhabilitation de la femme. Elle vise l’élévation des niveaux de vie des peuples pour un continent jouissant pleinement de prospérité, de liberté et de paix.

Pour cette année l’Organisation Panafricaine des Femmes (OPF) a retenu comme thème : « Rôle des Femmes et des Filles dans l’Education, les Sciences et les Technologies en vue d’une Renaissance Africaine », mais chaque pays a la latitude de choisir un thème qui répond à ses priorités. Le Togo pour sa part, a adhéré à ce thème compte tenu de sa pertinence.

La ministre de l’Action sociale, de la Promotion de la femme et de l’Alphabétisation, Dédé Ekoué, a adressé un message d’espoir aux femmes togolaises, elle a salué leur courage et leur implication au quotidien en faveur du développement.

Un séminaire réunissant plusieurs centaines de femmes s’est déroulé jeudi dans un grand hôtel de Lomé.

Pour aller plus loin

I- L’AMPLEUR DU PROBLEME

Les disparités socio économiques en Afrique nous révèlent la non participation des femmes de manière équitable dans les différents secteurs d’activités. Cet écart devient très alarmant quand nous prenons les secteurs technologiques et scientifiques.

De nos jours, les femmes africaines sont de plus en plus qualifiées dans les domaines des sciences et technologies et exercent des professions qui ont été longtemps réservées aux hommes. Toutefois, l'hégémonie masculine perdure dans ces secteurs.


Au Togo, plusieurs politiques, programmes et actions ont été entrepris pour la promotion de la femme depuis des décennies surtout dans le domaine de l’éducation de la jeune fille. La politique de l’éducation pour tous, a permis aussi bien aux filles qu’aux garçons d’accéder massivement à l’enseignement primaire. Ainsi l’indice de parité est passé de 0,92 en 2006 à 0,98 en 2012 (Tableau de bord de l’éducation au Togo).

Pour le premier cycle du secondaire, la proportion des filles est passée de 4 filles pour 10 garçons en 2001 à 6 filles pour 10 garçons en 2010.

Dans les filières industrielles de l’enseignement technique, le taux de filles est passé de 4,1% en 1999-2000 à 18,3% en 2010-2011.

Concernant l’alphabétisation, le taux des femmes est passé de 2006 à 2011 de 44,4% à 47,9%.

Toutefois, le taux d’achèvement du primaire pour les filles est de 69,7% contre 81,2% pour les garçons en 2011 ; pour le premier cycle du secondaire il est de 30% pour les filles contre 49% pour les garçons et de 9 % contre 24 % au second cycle du secondaire.

Au niveau de l’enseignement supérieur, une étude sur les disparités de genre réalisée au Togo en Mars 2007 par le Réseau Ouest et Centre Africains de Recherche en Education (ROCARE), révèle que :

- de nombreuses filles, après un cursus secondaire sanctionné par un baccalauréat C ou D (scientifique) se retrouvent à l’université dans les facultés à dominance littéraire (Lettres modernes, Anglais, etc.) ;



- les disparités s’accentuent au fur et à mesure que l’on progresse d’un grade à un autre. Ainsi de1997 à 2005, en moyenne le ratio effectif filles/garçons vaut 0,233 (23 filles pour 100 garçons) en première année ; 0,214 en deuxième année ; 0,172 en troisième année et 0,182 en quatrième année ;

- au fur et à mesure que le degré de scientificité de la faculté augmente, de moins en moins de filles sont dans ces facultés. Ainsi, à l’ENSI ou à l’ESA, en première année, on compte en moyenne 1 fille pour 20 garçons. Par contre, pour les facultés FDD et FLESH, on dénombre approximativement 33 filles pour 100 garçons. Il apparaît ainsi une certaine auto sélection en faveur des facultés à vocation non scientifique faite par les filles, même si leurs formations initiales les destinaient à une carrière scientifique.

Les données plus récentes du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche montrent que la présence des filles dans les filières scientifiques a connu une légère évolution de 2009 à 2014 dans les deux universités du Togo (Université de Lomé et l’Université de Kara). En effet, dans les écoles et facultés telles que : CIC, EAM, ESA, ESTBA, FASEG, FDS, FMMP, IUTG, FAST on dénombre au total :

- 19910 étudiants dont 3523 étudiantes soit 18% (2009-2010) ;

- 21806 dont 4082 étudiantes soit 19% (2010 à 2011) ;

- 23823 dont 4503 étudiantes soit 19% (2011-2012) ;

- 22641 dont 4593 étudiantes soit 20%(2012-2013) ;

- et 26343 dont 5632 étudiantes soit 21%(2013-2014).


Malgré cette légère évolution, beaucoup reste à faire pour atteindre la parité dans ces filières.

Les femmes jouent un rôle crucial dans le développement mais ce sont elles qui ont le moins accès aux nouvelles technologies. Les données de l’EDST II 1998 et URD-DGSCN 2000, révèlent un taux d’activité féminine supérieur à celui des hommes (63% contre 58%). C’est dire qu’elles participent activement au développement du pays. Le Togo à l’instar de la plupart des pays africains n’a pas de stratégie nationale de développement des technologies de l’information et de la communication. Ceci met les femmes en marge de l’accès aux technologies.

II- L’IMPORTANCE DU THEME POUR LE TOGO

Le thème de cette 52ème édition : « Rôle des Femmes et des Filles dans l’Education, les Sciences et les Technologies en vue d’une Renaissance Africaine » est important pour tous les pays d’Afrique et particulièrement pour le Togo qui doit s’investir davantage en matière d’accès des filles et des femmes aux filières scientifiques et technologiques. En effet, la sous représentation des filles et des femmes dans les filières scientifiques et technologiques est un manque à gagner pour le pays en termes de compétence pour son développement intégral.

Aujourd’hui, les filières scientifiques et technologiques sont porteuses d’emplois et d’avenir. La téléphonie mobile et l’internet, par exemple, peuvent permettre aux femmes d’améliorer la santé et le bien-être de leur famille, de tirer meilleure partie des possibilités d’exercer des activités génératrices de revenus et de se protéger de l’exploitation et des dangers.

L’accès à ces outils, ainsi qu’à l’éducation et à la formation, peut aider les filles, futures mères de famille, à rompre avec le cycle de pauvreté, à lutter contre l’injustice et à exercer leurs droits et en jouir pleinement. C’est pourquoi il faut permettre à la femme africaine en général et celle togolaise en particulier d’acquérir un savoir de qualité dans les filières scientifiques et technologiques afin de bénéficier d’un travail décent et de contribuer pour ce faire, à l’épanouissement de la famille et à l’édification d’un monde meilleur où règnent la paix et la sécurité.

III- REPONSES DU GOUVERNEMENT AU PROBLEME

Face à la sous représentation des filles et des femmes dans les filières scientifiques, le gouvernement a entrepris des actions afin de promouvoir leur accès dans ces filières pour jouer pleinement leur rôle dans le développement du Togo. A cet effet, des dispositions et des stratégies ont été mises en place pour faciliter l’implication des filles et des femmes dans ces différents domaines de développement. Il s’agit de :

- l’élaboration de la politique en sciences, technologies et innovations ;

- la création des lycées scientifiques (84 filles sur 244 élèves) ;

- la suppression des frais de scolarité dans le préscolaire et le primaire publics depuis la rentrée 2008-2009 ;

- la réduction des frais de scolarité d’environ 30% par rapport au montant payé par les garçons ;

- l’octroi des bourses scolaires aux filles les plus méritantes dans les filières scientifiques, techniques et industrielles ;

- La sensibilisation des filles aux métiers de l’industrie ;

- La multiplication des centres de formation en vue de faciliter l’accès aux apprenants et apprenantes;

- La mise en place des sous cellules focales genre dans les établissements et centres de formation ;

- La discrimination positive en faveur des filles entrant en CAP (Certificat d’Aptitude Professionnelle) ; DEP (diplôme d’Etude Professionnelle) et en Seconde.

- L’exigence d’un quota minimum de 25% accordé aux filles lors du recrutement au Lycée Technique de GLIDJI qui forme purement en filières industrielles.


- Nomination des femmes aux postes de responsabilité : Une femme des spécialités maçonnerie est nommée Cheffe des Travaux ; une femme de spécialité Anglais nommée Censeure dans un centre de formation purement industrielle, des femmes de spécialité mécanique automobile et maçonnerie nommées Cheffes d’Atelier.

- La protection des filles et garçons régulièrement inscrits dans les établissements d’enseignement ou dans un centre de formation professionnelle ; cette disposition permet de préserver les élèves filles des abus sexuels et des grossesses contractées sur les bancs de l’école et leur permet de continuer leurs études (la loi N°84-14 du 16 mai 1984) ;

- La protection des mineurs contre le mariage précoce (article 43 du nouveau code des personnes et de la famille).

IV- ACTIONS INNOVANTES

A ces dispositions et mesures stratégiques s’ajoutent les différents projets et programmes mis en œuvre par le gouvernement avec l’appui de ses partenaires. Ils visent, entre autres, la prise de conscience des parents, les appuis, la création d’un environnement favorable pour la fille, etc. Au titre de ces actions l’on peut mentionner :

- le projet de promotion de l’éducation de la jeune fille en milieu rural dans les préfectures de Tchamba et de Tchaoudjo avec l’appui de Plan-Togo. L’objectif principal de ce projet est d’aider 35 villages de ces préfectures à élaborer et à mettre en œuvre leurs propres plans d’action pour réaliser 100% de scolarisation et 70% d’achèvement du cours primaire des jeunes filles de 2005 à 2008 ;

- le programme des bourses d’excellence aux jeunes filles évoluant dans les filières scientifique et industrielle, issues de familles démunies des pays membres de la CEDEAO. Initié depuis 2010, il a pour objectif d’encourager les filles des séries techniques à exceller en apportant un appui à celles qui sont dans le besoin. Le projet a appuyé en trois ans au Togo 10 filles des séries F, D et G ;

- la réalisation du documentaire « ouverture sur le savoir, une nécessité pour la jeune fille d’aujourd’hui » qui présente les femmes et les filles dans les domaines habituellement réservés aux hommes ;

- la mise en place des centres informatiques de la femme (CIF) dans les chefs lieux des cinq régions et la commune de Lomé dans le but de permettre aux femmes de maîtriser l’outil informatique ;

- le projet de camp annuel des sciences pour les jeunes filles scolaires mis en œuvre avec l’appui de l’UNESCO. Il a pour but de promouvoir les jeunes filles scolaires dans les filières scientifiques des universités du Togo. Il regroupe les meilleures filles en mathématiques, SVT et physiques-chimie ayant réussi au BEPC, au BAC 1 et au BAC 2 (séries C et D) des 6 régions pédagogiques du Togo. Ces filles sont encadrées par des étudiantes en fin de cycle des filières scientifiques des universités de Lomé et de Kara, des écoles et facultés suivantes : ENSI, CIC, ESA, ESTBA, FMMP, FDS, FAST et FASEG ;

- plus particulièrement à l’Université de Lomé, l’institution du tutorat, un système de suivi des filles par les enseignantes de la FDS et de l’ESTBA pour les inciter à poursuivre leurs études et à faire carrière dans les domaines des sciences et technologies ;

- la sensibilisation dans les écoles sur toute l’étendue du territoire national lors des 16 jours de campagne et d’activisme contre les violences faites aux femmes et aux filles en milieu scolaire et sur les lieux d’apprentissage.

V- IMPACT

Toutes ces actions visant l’amélioration de la représentation des femmes et des filles dans les domaines de l’éducation, les sciences et technologies ont contribué à enregistrer des progrès notables.

- La réduction des frais de scolarité à l’égard des filles a permis d’accroitre leur accès et leur maintien à l’école ;

- La suppression des frais de scolarité a permis à tous les enfants et surtout les filles de commencer et d’achever le primaire ;

- Le projet de promotion de l’éducation de la jeune fille en milieu rural dans les préfectures de Tchamba et de Tchaoudjo a permis l’augmentation du taux d’inscription des jeunes filles dans les écoles couvertes par le projet de 17% entre le début et la fin du projet ;

- Les bénéficiaires des bourses du programme « appui à la promotion des jeunes filles dans le secteur de la formation spécialisée, technique et professionnelle par la mise à disposition des bourses d’excellence » ont évolué très positivement durant leur cursus. Non seulement elles ont maintenu voire dépassé leur cap d’excellence mais aussi et surtout elles ont assisté à un changement motivant de leur environnement socio-économique qui a boosté leur faculté d’action et de recherche ;

- Les films documentaires servent d’outils de plaidoyer et de sensibilisation en vu de l’éradication du phénomène de mariage précoce et forcé, de l’éducation de la jeune fille en particulier dans les domaines des sciences et technologies ;

- Les CIF ont permis à 329 (trois cent vingt-neuf) femmes de se familiariser à l’outil informatique et de faire des recherches sur internet pour mieux s’informer ;

- Le projet « une femme alphabétisée, trois filles scolarisées » a touché 597 femmes et a permis l’accroissement du nombre de filles scolarisées et de leur maintien dans le système éducatif.

VI- DEFIS

Malgré l’engagement du gouvernement et de tous les autres acteurs, qui à travers des mesures ont permis d’enregistrer des résultats encourageants, beaucoup reste encore à faire pour l’émergence des filles et des femmes dans les filières scientifiques et technologiques.

Les indicateurs font remarquer encore des disparités non moins importantes, qui sont toujours en défaveur des femmes et des filles. A titre d’exemple les filles représentent seulement 18 % des effectifs dans l’enseignement technique et les pourcentages filles/garçons de 2005 à 2010 sont très faibles, à savoir :

- 21,7 % en 2006-2007 ;

- 22 % en 2008-2009 ;

- 22,1 % en 2009-2010 ;

- 24,3 % en 2010-2011.

Pour la même période on note dans les filières industrielles:

- 3,71 % en 2006- 2007 ;

- 3,59 % en 2008-2009 ;

- 3,71 % en 2009- 2010 ;

- 6,67 % en 2010-2011.

Ces écarts sont plus remarquables dans les établissements du supérieur surtout dans les facultés scientifiques.

Les raisons socioculturelles et économiques sont à l’origine de cette faible propension des filles à accéder aux branches scientifiques et technologiques.

Au regard de ce qui précède, les principaux défis à relever concernent essentiellement :

- la prise des mesures pour rendre accessible les TIC à toutes les couches ;

- la multiplication des lycées scientifiques à travers le pays ;

- l’intensification des actions d’IEC/CCC (Information Education communication/Communication pour un Changement de Comportement) pour mettre fin aux stéréotypes sexistes et montrer les opportunités qu’offrent les filières scientifiques et technologiques ;

- la démystification des sciences et des technologies pour un accès équitable des filles et des garçons à ces filières ;

- faire tomber les préjugés et les idées préconçues sur « femme, sciences et technologie » ;

- la lutte contre les obstacles classiques de scolarisation de la jeune fille (grossesse précoces, pauvreté, accessibilité géographique, harcèlements).

VII- PERSPECTIVES

Des actions seront menées par les différents acteurs pour permettre de résorber les écarts persistants entre les filles et les garçons dans les domaines des sciences et de la technologie. Il s’agit de :

- la subvention des études des filles évoluant dans les secteurs scientifiques et technologiques ;

- la création des conditions favorables d’accès à l’emploi des filles ayant achevé leurs cursus dans les filières scientifiques et technologiques ;

- la subvention des centres de formation supérieure en sciences et technologies pour que ces centres diminuent les frais de scolarité pour ainsi aider les filles qui veulent bien suivre ces formations mais qui n'ont pas les moyens nécessaires pour le faire ;

- la visibilité des femmes modèles dans les domaines des sciences et technologies ;

- la visibilité et l’appui des filles qui excellent dans les études scientifiques ;

- l’instauration/renforcement d’un système de mentoring pour faciliter les relations entre les femmes de ces domaines et les filles ;

- la sensibilisation contre les préjugés sur les capacités des filles en science et technologie ;

- l’extension des différents programmes à d’autres localités en vue d’inciter et de faciliter l’accès des filles au niveau de l’éducation ;

- l’encouragement des sociétés/organisations qui soutiennent le développement professionnel des femmes dans le domaine de la science et de la technologie.

CONCLUSION

La femme, aujourd’hui, est un véritable atout d’aide à la décision et au développement. Au regard de la diversité des pesanteurs socio économiques qui militent en défaveur de l’accès des femmes à une formation scientifique et technologique en Afrique, différentes mesures et actions ont été prises par le gouvernement togolais et ses partenaires en vue de promouvoir et d’accompagner un grand nombre de filles et de femmes dans les filières scientifiques et technologiques, gage d’un avenir porteur d’emplois et de développement durable ; cependant, beaucoup reste à faire.

C’est à ce titre que le thème de la Journée de la femme africaine de cette année vient à point nommé interpeller tous les acteurs impliqués à faire davantage pour renforcer la présence active des femmes et des filles dans l’éducation les sciences et les technologies en vue d’une renaissance de l’Afrique.

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