Une famille de Pléchâtel a séjourné dans un village togolais, où l'accueil de touristes permet de créer des emplois. Ce sont les villageois qui décident, avec l'appui de l'association rennaise Voyager autrement.
Des sourires larges comme ça ! La joie des enfants togolais restera gravée dans la mémoire de la famille Vignon. Marie-Jeanne, René, et leurs deux filles, Élodie et Claire, ont bouclé leurs valises au printemps dernier pour un séjour au Togo. Cette famille de Pléchâtel aime bien voyager. « On a déjà eu l'occasion de découvrir la Guadeloupe, la Tunisie ou l'Irlande. » Du tourisme classique. Mais cette fois, le voyage au Togo a pris une toute autre dimension, sur le plan humain.
« En fait, c'est parti d'une visite au salon du tourisme à Rennes, où l'association Voyager autrement tenait un stand. » L'association de tourisme solidaire a été créée en 2007, à Rennes, par Gwendal Béchu et Bertrand Morin, prof d'histoire-géo au collège Saint-Vincent.
L'exemple angevin
L'enseignant, en bon passionné de géographie, est un peu globe-trotter. « C'est une façon pour moi de mieux connaître les pays dont je parle dans mes cours ! » Un beau jour au Togo, il rencontre Patrick Adenyo, un Togolais qui enseigne l'allemand dans son pays. Une amitié naît entre les deux hommes qui partagent une même passion pour l'Afrique, ses peuples et surtout la même conception du développement. Ou comment faire le lien entre le tourisme et l'économie des villages du Togo ? Le projet mûrit, des contacts sont pris avec Tourisme et développement solidaire, à Angers, une association qui propose depuis des années déjà de «voyager équitable à travers le monde».
Pas de cadeaux aux villageois !
Les Angevins vont inspirer les Bretons. L'idée est de proposer des séjours au Togo, comme une agence de tourisme classique, mais avec ce supplément d'âme qui consiste à créer des emplois dans le village où les touristes solidaires sont accueillis.
En 2008, un premier groupe de voyageurs d'Ille-et-Vilaine est accueilli à Dekpo, 2.000 habitants vivant dans plusieurs villages. On n'est, ici, pas très loin de Lomé, la capitale, entre mer et montagne. Un atout pour le tourisme ! Côté histoire, on apprendra que beaucoup d'esclaves ont embarqué de Dekpo, à l'époque du commerce triangulaire.
Les voyageurs vivent chez l'habitant, dans une paillote aménagée pour eux, avec ce qu'il faut comme confort : frigo, eau minérale... On ne s'adresse pas à des aventuriers ou des baroudeurs risque-tout. Les touristes clients de Voyager autrement découvrent la région avec un guide, formé à cette mission.
D'ailleurs, c'est toute une équipe sur place qui est formée à l'hôtellerie-restauration. « Les villageois sont autonomes, c'est à eux de s'organiser. Notre but depuis le début est de créer des emplois, si rares en brousse », explique Bertrand Morin.
Et puis, une partie du prix du séjour termine dans la caisse de développement du village. Forage, adduction d'eau, école, projets de pisciculture, d'élevage de poules pondeuses... Cet argent est utilisé pour financer des équipements, et c'est le comité villageois de développement qui décide.
Le maître mot de ce projet, c'est le respect de la population locale. « Pas question par exemple de profiter du voyage pour apporter des fournitures scolaires. On demande d'ailleurs à nos voyageurs de ne pas faire de cadeaux, pour ne pas créer de déséquilibre. Les touristes payent pour leur séjour et cet argent sert à développer l'économie locale».
Depuis 2008, l'association a pris son rythme de croisière et ça marche. « Nous nous apprêtons à faire partir notre 100e voyageur ! » Une exposition de photos aura lieu en novembre à la maison de quartier de Villejean.
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