USA/Afrique: Après lui avoir refusé la Présidence de la Cedeao, Ouattara attend Faure Gnassingbé, de pieds fermes après Washington

Diplomatie

Publié le jeudi 7 aout 2014 | Afrika Express

© Autre presse par DR
Arrivée du Président Faure Gnassingbé à Abidjan
Photo: SEM. Faure Gnassingbé, président togolais et SEM. Alassane Ouattara, président ivoirien

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La rencontre était prévue en marge du sommet, elle devrait se tenir à Abidjan, Ouattara ayant annulé au dernier moment sa participation. A la suite de la médiation qui a permis à l’opposition togolaise de prendre part aux législatives de 2013, le président ivoirien est déçu de la suite donnée aux réformes par son homologue togolais. Ouattara trouve «inadmissible» le blocus imposé par les députés de Faure aux réformes constitutionnelles. Faure lui s’en amuse, mais pas encore pour longtemps.

La françafrique n’est pas qu’un club mené par des chefs d‘Etat africains, pour la plupart mal élus s’ils ne sont pas «non élus». C’est aussi une confrérie, avec ses codes, ses secrets, ses faces cachées et ses traditions. Les nouvelles recrues se dotent de parrains. Si Sarkozy, l’ancien président français s’est fait lui-même parrain de Ali Bongo, le fils de son «ami», Jacques Chirac aurait pu être celui de Faure si les moyens qu’il a utilisés pour arriver au pouvoir n’étaient pas aussi « rocambolesques« . On sait par exemple que le Tchad parraine traditionnellement la Centrafrique, Jacob Zuma s’occupe de Joseph Kabila. Alors que Faure Gnassingbé a traîné plusieurs années avec Compaoré, président du Burkina Faso comme parrain, les relations entre les deux hommes sont de moins en moins en forme.

Le président togolais soupçonne le burkinabé de vouloir « organiser dans son ombre son opposition à travers Alain Yoda« . Et de préparer ainsi une alternance « sous contrôle » d’autant plus que Ouagadougou qui a toujours informé Lomé du contenu exact de ses enveloppes à l’endroit de l’historique opposant. Jean Pierre Fabre a gardé tout le secret sur plusieurs fortes sommes versées à celui qui se prépare déjà encore, à affronter Faure Gnassingbé en 2015.

A Lomé II, (quartier général de la présidence togolaise) on interprète cela comme une « loucherie » et depuis, les deux hommes ne se parlent qu’aux sommets régionaux. La solution pour Faure ? Se tourner vers Alassane Dramane Ouattara. Un parrainage que le président ivoirien gère avec beaucoup de « rigueur », ce qui est loin de plaire à Faure Gnassingbé…

Quand Ouattara se fâche

«Il n’est pas content et le lui a dit » insiste-t-on à Abidjan. Et quand il se fâche, le sol peut en sentir le coup à Lomé.

Depuis que Faure Gnassingbé a compris la stratégie de Blaise Compaoré sur le Togo qui consiste à jouer le médiateur et à, dans l’ombre, « tirer les ficelles de la pagaille« , le président togolais s’est tourné vers l’homme fort d’Abidjan pour le protéger dans ce qui reste de la Francafrique et au sein du syndicat africain des chefs d’Etat. C’est à ce titre qu’avec Goodluck Jonathan, président du Nigeria, il est arrivé précipitamment à Lomé quelques mois avant les législatives de juillet 2013 pour « pousser l’opposition à y prendre part« . Résultat, Jean Pierre Fabre et la coalition qu’il dirige ont pris part à une élection qui a été gagnée haut les mains par le parti au pouvoir. L’Union européenne a dénoncé « plusieurs irrégularités » et l’opposition des « fraudes massives ».

Alors que Unir, nouvel opus politique de Faure Gnassingbé a pris la majorité au parlement avec pour tout programme, «bloquer toute réforme» pour permettre au président sortant non seulement d’être réélu, mais de garder toute sa main sur le pays aussi longtemps qu’il voudra. Etat de choses que n’a pas aimé le président ivoirien qui estime avoir été «utilisé en épouvantail par Faure pour régler une crise ponctuelle« . Alors qu’il était au Togo pour la rentrée parlementaire, Guillaume Soro, président de l’Assemblée nationale de la Côte d’Ivoire avait exprimé au président Gnassingbé «la colère» de son mentor et a prévenu, « c’est mieux de régler rapidement, cela arrangera tout le monde« .

Après l’insistance de deux autres chefs d‘Etat dont le béninois Yayi Boni, Faure n’a plus le choix, il doit s’excuser et «s’engager» selon une source proche du dossier, «à accélérer les réformes», exigence à peine dissiper de Paris qui l’a fait clairement savoir le 14 juillet lors des festivités à l’ambassade française de Lomé. Nicolas Warnery s’est dit profondément « déçu » et « indigné » par le rejet par le parlement de deux réformes importantes. Il s’agit de la limitation des mandats et du mode de scrutin. Alors qu’à Washington, en marge du sommet Usa/Afrique, les deux devraient s’en expliquer, Ouattara a annulé sa participation pour « une santé fragilisée subitement » et la rencontre prévue à Washington est reporté à fin août à Abidjan, « entre garçons».

Chaleur en marge du sommet

Deux appels téléphoniques de Lomé qui n’ont pas trouvé d’interlocuteur à Abidjan fin juin et début juillet, officiellement, « le président se repose, ne se sentant pas bien« . Alibi diplomatique ! Alassane Dramane Ouattara s’est aussi opposé à la présidence de la Cedeao (Communauté économique des états de l’Afrique de l’ouest) pour le président togolais. Alors que la succession se fait par ordre, Faure Gnassingbé s’est vu ravir la vedette par un homologue arrivé plus récemment. Il s’agit du président Ghanéen alors que Robert Dussey, ministre des affaires étrangères du Togo a retourné ciel et terre pour que son maître en prenne la présidence.

«Trop tôt» pour Faure a laissé entendre l’ivoirien, qui a été compris à demi-mot par ses pairs. Si deux sources concordantes ont précédemment, à Abidjan et à Lomé confirmé que la rencontre ne sera pas «facile», elle ne peut qu’être reportée aux dernières nouvelles. Faure a déjà promis de se rendre, « le plus tôt possible » à Abidjan. Fin août probablement selon les dernières informations. Le président togolais ne veut pas tirer la corde de guerre, il préfère «s’excuser» et prendre l’engagement d’aller à grande vitesse en ce qui concerne les réformes.

Sauf qu’avec Faure Gnassingbé, vous ne pouvez être certain de rien, «il ment allègrement » s’en amuse l’un de ses conseillers. Il ne suffira pas qu’il promette pour que la promesse soit tenue. Un adage français sans cesse utiliser par son feu père veut que « les promesses n’engagent que ceux qui y croient« . Mais une chose est certaine, la pression augmentera sur Lomé. Après le départ de l’ambassadeur allemand à Lomé, décrié pour sa « tolérance » à l’égard du pouvoir togolais, par l’opposition, « le successeur de Joseph Weiss fera preuve de plus de fermeté » dit-on dans l’entourage de la chargée d’affaire qui en assume l’intérim. Rien ne sera facile d’ici 2015.

Afrikaexpress.info

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