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Enquête exclusive BTCI : Descente dans la caverne d’Ali Baba
Publié le dimanche 10 aout 2014  |  L'Alternative


© aLome.com
L`immeuble de la BTCI


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Plein feu sur les noms et visages qui ont poussé dans le gouffre cette banque en toute impunité

Mme Amorin Lady nommée Directrice Générale par Intérim
La BTCI, c’est un héritage colonial, et puis une fierté nationale. Aujourd’hui, elle est totalement à terre et s’ajoute à la longue liste des sociétés ou structures bancaires dont la gestion a été des plus
calamiteuses sous le règne des Gnassingbé. Il faudra envisager un jour un Tribunal des crimes économiques pour statuer sur la gestion scandaleuse de certaines sociétés au Togo, tant les dégâts sont énormes
et les préjudices créés à la postérité inestimables. Et comme toujours, ce sont les mêmes barons ou presque de la mafia nationale qui sont les auteurs de ce désastre qui leur vaut au sommet de l’Etat une impunité à
vie. La BTCI, parlons-en, parlons encore, surtout au moment où Etienne Bafaï, enfin mis à la porte fait ses valises et qu’une nouvelle Directrice Générale par intérim vient d’être nommée. Bienvenue dans la
caverne d’Ali Baba et bonjour les dégâts !

Lorsque feu Gnassingbé Eyadéma portait à la tête de la BTCI un certain
Yao Kanekatoua, l’un des actionnaires, notamment, le groupe français BNP
Paris Bas avait préféré se retirer, tant le nouveau venu était connu
pour être un piètre banquier. Quinze (15) ans plus tard, les faits
donnent raison au groupe français et parlent d’eux-mêmes. La mauvaise
gestion de la BTCI depuis le temps du DG Kanekatoua, la presse en
parlait ; mais personne ne levait le petit doigt pour mettre fin aux
dérives qui s’y déroulaient à ciel ouvert. Après tant de dégâts, l’homme
s’en alla tranquillement, mais en prenant soin d’user de ses influences
pour mettre à sa place un ancien de la boîte qui couvrirait ses
magouilles. C’est fort de ce soutien
qu’Etienne Bafaï a continué à gérer la BTCI comme une épicerie de
quartier jusqu’au dernier scandale qui a nécessité son éviction. Mais
l’homme n’était pas seul dans les dérives, au-delà de son nom, on
retrouve tout un réseau organisé, notamment Yves Nana, Laurent Tchamsi,
Symphor Ziadji, etc, qui ont mis la BTCI dans une situation plus que
déplorable.
Etienne Bafaï et les trois mousquetaires : méthodes, actes et dégâts

Etienne Bafaï est arrivé à la tête de la BTCI en 2008. Pour ceux qui ne
le savent pas, l’homme était un cadre de cette banque avant de partir en
Côte d’Ivoire monnayer ses talents. Naturellement, son absence
prolongée l’a empêché d’être à jour de ses cotisations à la Caisse
nationale de sécurité sociale (CNSS). Une fois catapulté à la tête de la
structure, avec l’appui et les combines du réseau de l’ombre,
particulièrement Laurent Tchamsi, Yves Nana et Symphor Ziadji, il
s’octroie des avantages de prestige qui ont, au fil du temps, affaibli
son autorité. Ces derniers, dès les premiers instants de sa nomination,
l’ont convaincu de régulariser sa situation auprès de la CNSS. 50
millions de francs CFA ont été déboursés des caisses de la BTCI pour ce
faire.

Ce premier coup de salve n’est que le début des dépenses de prestige
d’un homme appelé à recouvrer les créances, diminuer les charges, bref
redresser la situation de la banque. L’homme avait à sa disposition
trois voitures de fonction, des bons de carburant à n’en point finir,
des frais de missions inimaginables ainsi que d’autres avantages tout
aussi prestigieux. Il y a eu tout au long de son passage à la tête de la
BTCI des dépenses de prestige dont personne n’avait besoin. Quant à la
gestion même de la banque, elle se résume à des surfacturations, à des
prêts sans garanties, à du blanchiment d’argent etc.

La BTCI, contrairement à ce qui est dit, ne dispose plus de Conseil
d’Administration. Elle a juste à sa tête un comité de suivi présidé par
un certain Pania, cadre au ministère de l’Economie et des Finances.
Lorsque ce fameux comité de suivi a limogé Etienne Bafaï pour « fautes
graves », à ce jour, les Togolais ni les clients de la banque n’ont
aucune idée de ce qui est reproché au DG sortant. On sait juste qu’il a
octroyé un prêt de 11 milliards sans aucune garantie à un groupe de
presse béninois. Il est connu aussi qu’en tant que président du comité
de mobilisation des fonds de la CAN 2013 en Afrique du Sud, il a mis à
la disposition de ce comité 1 milliard 300 millions pris directement
dans les caisses de la banque. Plus de deux ans après la CAN, les
comptes ne sont toujours pas faits, nonobstant les engagements du
Premier ministre Arthème Ahoomey-Zunu. Ce dossier est actuellement au
niveau du contentieux, mais la commission bancaire exige que le
titulaire de ce compte de la CAN, notamment Etienne Bafaï soit poursuivi
et que le contentieux soit dessaisi du dossier.

Deux audits ont été effectués à la BTCI ces dernières années. Le premier
piloté par un cabinet français dénommé Price Water House Coopers (PWC) a
coûté à la banque la bagatelle de 100 millions FCFA et a révélé non
seulement les faiblesses managériales, les magouilles, mais aussi les
graves dysfonctionnements de la boîte. Le second a été conduit par la
Commission bancaire de l’UEMOA. Le désastre était à un tel point que
selon une source, la Commission bancaire n’avait pas hésité à balancer à
la figure du DG Bafaï : « Une épicerie était mieux gérée que la BTCI ».
Rien d’étonnant lorsqu’on apprend que la décision de limogeage
d’Etienne Bafaï par le comité de suivi est assorti d’une interdiction de
tout exercice dans une institution financière.

Mais comme nous le disions plus haut, cet homme n’a pas à lui tout seul
mis cette banque dans cet état comateux. Il y a bien sûr le réseau de
l’ombre, qui fait la loi et met parfois les nouveaux DG en difficultés
lorsque ses intérêts obscurs dans la boîte sont menacés. A la BTCI, on
les nomme les puissants, les hommes de l’ombre bien qu’ils soient des «
frères de lumière », enfin les nouveaux riches.

Yves Nana : Directeur administratif et financier, champion des surfacturations

C’est le numéro 2 de la boîte. L’ancien époux de dame Ingrid Awadé-Nana
n’a pas traversé trop longtemps le désert. Ses déboires n’ont été que de
courte durée. Ses magouilles, il les organise dans la surfacturation de
toutes les commandes de la boîte. On délivre par exemple des bons de
commandes de voiture haut de gamme à acheter à CICA –Toyota ou auprès
d’un concessionnaire, mais on s’arrange pour les acheter au port de Lomé
avec quelques retouches, et le tour est joué. On prévoit l’achat de 20
véhicules, on n’en achète en réalité que la moitié, et parfois moins. Et
le reste des sous prend une autre direction.

Cette pratique est généralisée et permet à l’intéressé d’empocher de
colossales sommes au détriment de la banque. Très fortuné, il serait
propriétaire (à vérifier) d’un appartement à Paris, tenez-vous bien, à
la Défense, là où tous les voleurs de la République sous le règne de
Faure Gnassingbé vont acquérir leurs appartements. Très suffisant et
imbu de sa personne, il menace régulièrement le personnel de
licenciement.

Laurent Tchamsi : Directeur commercial

C’est le second larron du groupe, tout aussi nuisible que le premier. Il
est le frère de Ferdinand Tchamsi, l’autre cambrioleur de la République
qui a « rouillé » le FER (Fonds d’Entretien Routier) en faisant
volatiliser 12 milliards FCFA avec la complicité des barons perchés au
plus haut sommet de l’Etat. Il circule tranquillement à Lomé en toute
impunité.

L’impunité, son frère de la BTCI aussi en jouit. De nos investigations,
il ressort que Laurent Tchamsi est spécialisé dans la création des
comptes sociétés pour concurrencer les clients de la banque dans leurs
domaines d’activités. Il est propriétaire des sociétés écrans qui
obtiennent auprès de la BTCI d’énormes prêts bancaires. En outre, il
facilite des prêts à d’autres sociétés à condition de devenir
actionnaire à 10%. Les informations font même état de ce que l’un de ses
enfants mineurs est actionnaire dans une société de la place. Il
dispose de l’une des plus grandes fermes agricoles du Togo avec des
centaines de bœufs et des couveuses. Personnage assez suffisant mais
brouillon, il laisse traîner des dossiers sur sa table, refuse de
décrocher des appels des clients, agresse verbalement et humilie ses
collaborateurs devant les clients. En rappel, c’est lui qui a concédé à
Gabriel Ameyi un prêt de 254 millions FCFA avec un compte fictif de la
FTF alors que le président de la Fédération est débiteur de plusieurs
centaines de millions sur d’autres comptes dans la même banque. Des
sources croient savoir qu’il avait bénéficié d’une retro commission sur
ce crédit. Ses biens sont disséminés dans la sous-région, plus
précisément au Ghana et au Burkina Faso.
Symphor Ziadji : Responsable du département des opérations

Il est spécialisé dans la délivrance des bons de caisse qui permettent
de faire toutes les magouilles. C’est le troisième lascar qui complète
la liste. Il serait actionnaire voire propriétaire d’une micro finance,
donc d’une structure concurrente de la banque, et ceci en violation des
règles élémentaires de fonctionnement bancaire. Au Togo, pour créer une
micro finance en bonne et due forme, il faut une caution de 250 millions
de FCFA. De là à croire que l’homme siphonne les fonds de la BTCI pour
faire fonctionner sa micro finance (dont nous taisons pour le moment le
nom), il n y a qu’un pas.

Ces trois personnages sont au cœur de tout le dispositif de magouille et
de pillage de la BTCI. Leurs affaires s’étendent même jusqu’à un
secrétaire particulier de Faure Gnassingbé qui vient récupérer parfois
100 millions, 150 millions FCFA dans des sachets à la BTCI sans que l’on
ne sache exactement si c’est au nom et au bénéfice du locataire du
Palais de la Marina que ces décaissements se font. Ce trio a réussi à
piéger l’éphémère remplaçante d’Etienne Bafaï, Madame Johnson.

En effet, au lendemain de la nomination de cette dernière, elle a été
vite emballée par le réseau de l’ombre qui lui a proposé des avantages
exorbitants liés à son nouveau poste. En moins de deux semaines, 80
millions de francs CFA ont été mis à sa disposition pour acquisition de
voiture et autres effets personnels.

Les mêmes qui avaient convaincu la nouvelle Directrice d’aller dans le
sens de ses avantages ont pris soin de vendre la mèche au ministère de
l’Economie et des Finances tout en travaillant en-dessous avec leur
réseau de « frères de lumière » au retour d’Etienne Bafaï. Ce qui fut
fait quelques semaines plus tard, avec le concours de la Commission
bancaire qui a rejeté pour non conforme aux dispositions de l’UEMOA la
nomination de dame Johnson.
Rente viagère pour Barry Moussa Barqué à la BTCI

Son seul nom rime avec tous les scandales financiers de la République.
Que ce soit dans les phosphates, le fer, bref les mines, le pétrole, le
gaz, la Caisse Nationale de Sécurité Sociale, l’inusable et
insubmersible Barqué continue de faire des dégâts. Eternel insatisfait,
il continue dans l’ombre de Faure après celle d’Eyadema, de vivre au
crochet des maigres ressources de la République, quitte à faire couler
sans aucun état d’âme des sociétés d’Etat. C’est le vrai ministre de
l’Energie et des Mines au Togo, et de nombreux dossiers obscurs,
particulièrement les phosphates laissent transparaître que lui et Faure
Gnassingbé sont liés à vie.

Barry Moussa Barqué était l’un des présidents du Conseil
d’Administration de la BTCI. Il n’y est plus depuis longtemps, mais a
conservé tous ses avantages qu’il encaisse, bien sûr sans trace. Nos
sources indiquent que l’homme, tout en étant conseiller de Faure
Gnassingbé avec rang de ministre, continue de bénéficier de la part de
la BTCI de 1000 litres de carburant par mois, des per diem et autres
avantages. Il a souvent recours aux véhicules de la BTCI pour ses
affaires personnelles, des déplacements des membres de sa famille à
l’intérieur du pays et des courses de ses amis qui rentrent souvent de
l’étranger. Cerise sur le gâteau, il dispose au 12è étage de l’immeuble
de la BTCI d’un appartement meublé, très luxueux avec toutes les
commodités où il vient souvent se reposer en très bonne compagnie (sic).

Au lendemain du décès brutal de Gnassingbé Eyadéma, ce réseau de
pilleurs de la BTCI a fait croire à Faure que son défunt père devait une
forte dette à la banque. Selon nos sources, le fils du père s’en est
acquitté. Seulement, reste à savoir si c’était vrai et si ces fonds sont
rentrés dans les caisses de la banque. Au Togo, on dit souvent que:
«Ceux qui travaillent à l’hôtel ne vivent pas de l’hôtel, mais vident
l’hôtel ». Et la BTCI, une véritable auberge espagnole, mieux une
caverne d’Ali Baba, est totalement vidée par ces pilleurs et autres
prévaricateurs de la République en toute impunité.
Mme Amorin Lady, nouvelle Directrice Générale par intérim

La nouvelle est tombée depuis le début de la semaine, mais reste
confidentielle pour le moment. Mme Amorin Lady, actuellement Directrice
des Affaires juridiques, Contentieux et Recouvrements serait désignée
par le comité de suivi au poste de DG par intérim. Réputée rigoureuse,
mais d’une santé très fragile qui l’oblige à passer plus de temps à se
soigner en Europe, cette dame de 58 ans réussira-t-elle à redresser une
barque totalement en perdition ?

Pour de nombreux observateurs, il lui faudra d’abord nettoyer les
écuries d’Augias en mettant hors d’état de nuire ce réseau de l’ombre
qui a contribué à saigner à blanc la BTCI. Et ce n’est pas gagné
d’avance lorsqu’on connaît les ramifications de ces hommes qui vont
au-delà de la banque. Si sa nomination venait à être avalisée par la
Commission bancaire, elle devra éviter d’être embarquée dans les dérives
de ceux qui ont coulé d’autres DG avant elle.
Faire appel à des compétences au sein de la BTCI

Au-delà de la situation critique actuelle, il faut quand même souligner
qu’il existe au sein de cette boîte des compétences, d’après nos
investigations. Des hommes et femmes rigoureux qui ne demandent qu’à
faire leur travail, mais qui sont souvent mis de côté au profit des
pilleurs. Compte tenu du fait que la nouvelle Directrice Générale jouit
d’une santé fragile et serait amenée à s’absenter régulièrement, il
faudrait lui adjoindre des cadres rigoureux de la boîte afin d’éviter
que son absence ne profite à ceux qui ont fait de cette boîte leur
épicerie personnelle.

De toute façon, on ne peut pas aujourd’hui vanter les réformes dans le
monde des affaires et laisser la gestion de la BTCI entre les mains de
ceux qui jusqu’à alors l’ont plongée dans l’abîme. Il faudrait
nécessairement faire l’état des lieux et réserver une suite judiciaire à
tous ceux qui ont pris sur eux la liberté de s’amuser avec les fonds du
contribuable. Le régime de Faure Gnassingbé, à l’instar de celui de son
père, a accumulé une longue liste de scandales financiers dont les
auteurs courent toujours les rues.

Nous espérons que le cas de la BTCI ne sera pas un de plus qui viendra
allonger un répertoire très sombre. Pendant qu’on y est, peut-on nous
dire au juste à quoi sert la Cour des Comptes dans ce pays ? Et les
députés, surtout ceux de l’opposition, pourquoi sont-ils si muets face à
ces crimes économiques ?
Ferdi-Nando
L’Alternative N° 350 du 8 août 2014

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