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Entretien avec Philippe ATAKPA du PSR
Publié le jeudi 21 aout 2014  |  AfreePress


© AFP par DR
Faure Gnassingbé, président de la républiquedu Togo
Dakar : Le président sortant d`UEMOA, le Président togolais Faure Gnassingbe est décrit le 24 octobre 2013 à l`extrémité du sommet d`UEMOA à Dakar, Sénégal. Les chefs de l`union économique et monétaire d`Afrique occidentale se sont occupés du sommet.


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Philippe ATAKPA du PSR : « Dans des situations de blocage, il faut savoir prendre ses responsabilités(…) Je ne suis pas favorable à la candidature de M. Faure Gnassingbé mais si cette candidature nous permet d’avoir les reformes, acceptons-la»



Faure Gnassingbé peut se présenter aux élections présidentielles de 2015 si, « c’est le prix à payer pour avoir les reformes » avant cette échéance. C’est la position défendue au sein du Collectif Sauvons le Togo (CST) par Philippe Matitoma ATAKPA , Secrétaire National a l’Administration du PSR (Pacte Socialiste pour le Renouveau). Dans cette interview exclusive que cet ancien militaire a accordée à l’Agence de Presse Afreepress, celui-ci explique les raisons qui ont motivé une telle position au sein d’un regroupement qui est hostile à toute idée de voir l’actuel Président de la République rempiler pour un nouveau mandat en 2015. « Admettons que M. Faure Gnassingbé décide d’être candidat et que la Cour constitutionnelle valide cette candidature, que ferons-nous au CST ? Quelles forces avons-nous? », s’est-il interrogé et d’appeler ses collègues de l’opposition à « l’unité » d’action afin de donner une « chance à l’alternance en 2015».

Lire l’intégralité de l’entretien.

Afreepress : Bonjour Monsieur Philippe Matitoma Atakpa, vous êtes de ceux qui pensent au sein du CST que Faure peut se représenter en 2015 si, « c’est le prix à payer pour avoir les reformes ». Cette idée est-elle partagée par vos amis du CST et quels arguments avez-vous pour les convaincre?

Philippe Matitoma ATAKPA : Bonjour ! Le Togo est dans une situation sociale difficile. Les richesses sont mal réparties, ce qui crée des inégalités sociales énormes. Les travailleurs ont des conditions de travail précaires pour la plupart. Ceci est dû en partie au mode de gouvernance qui est empreint d’immobilisme après des années au pouvoir.
C’est pourquoi je pense que les reformes qui permettront d’assainir durablement le climat politique sont supérieures à une candidature ou non d’une personne.
"Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots", disait Martin Luther King. Il faut oser, et réinventer la politique au Togo, car ni les insultes, ni les mensonges, ni les injures populaires, ni les incantations ne construisent une nation dans le respect mutuel et dans l’intérêt supérieur des togolaises et des togolais.
Je veux voir les réformes constitutionnelles et institutionnelles se réaliser sur la Terre de nos Aïeux. Nous sommes étonnés que la majorité parlementaire Unir ait rejeté le projet de loi que le gouvernement a soumis à l’Assemblée nationale. Quand vous écoutez les responsables d’Unir, ils justifient leur rejet du fait que les réformes telles que proposées risquent d’empêcher Faure Gnassingbé de se présenter aux prochaines élections. C’est regrettable, car si les réformes sont justes, nécessaires et qu’elles apportent un progrès pour notre pays, alors les députés ont la responsabilité morale vis-à-vis du peuple de voter cette loi. On ne peut pas voter une loi ou refuser de voter une loi en regardant une seule personne. Une loi, et notamment la loi sur les réformes constitutionnelles, engage le destin d’un pays.

Tant que M. Faure Gnassingbé ne sera pas candidat à leurs yeux, il n’y aura pas de reforme. Or sans reforme, il n’y a pas de limitation de mandat et le mode de scrutin reste très favorable à la majorité en place.

Justement parce que je veux que les choses changent dans mon pays, je me dis que les reformes sont plus importantes que la seule candidature de Faure Gnassingbé. A nous maintenant au sein de l’opposition de nous organiser pour le battre dans les urnes car candidature ne veux pas dire victoire. Le Sénégal nous a donné l’exemple avec la victoire de M. Macky SALL.
Depuis de nombreuses années, la population avale des couleuvres. Je me dis qu’il vaut mieux une dernière fois les avaler encore en acceptant la candidature de M. Faure Gnassingbé en échange des reformes qui nous permettrons de jeter les bases d’un cadre propice à notre développement.

Pour moi, dans un pays comme le nôtre qui connaît des tergiversations dans son cheminement vers la démocratie, il est important de chercher la confiance des différents acteurs ainsi que de la population toute entière. Nous nageons dans un océan de suspicions sans fin. Nous devons tout faire pour asseoir d’une façon consensuelle les règles qui doivent gérer notre pays et faire en sorte qu’elles soient respectées par tous. Cela ne peut se réaliser que lorsqu’il y a un minimum de confiance.

Certaines personnes du pouvoir traînent des casseroles et pensent qu’en acceptant ce que nous proposons, ils seront cuits demain. A nous de leur donner la garantie de nos propositions. A nous de les rassurer. C’est le prix à payer.

C’est un débat que je lance dans mon camp et à toutes les Togolaises et à tous les Togolais. Je sais que ce n’est pas facile de demander à un peuple qui souffre de se sacrifier encore. C’est une idée qui mérite d’être prise en compte dans nos débats.

Afreepress: Mais le Secrétaire National du PSR, Me ABI Tchessa sur une chaine a dit que ce point de vue était « personnel » à vous car, selon lui, vous n’avez pas reçu de consignes de sa part pour avancer de telles idées. Peut-on dire qu’il y aura de l’eau dans le gaz du PSR?

Philippe Matitoma ATAKPA : J’ai bien dit que c’est une proposition que je fais en mon nom personnel, et pas au nom de mon parti. Le Pacte Socialiste pour le Renouveau a le sens de la nation Togolaise, il est fait de l’esprit de tolérance, et d’ouverture. Un parti politique, pour son dynamisme, ne doit pas faire économie des pensées. Il n’est pas dit d’avoir le même point de vue sur tous les sujets. Ce qui importe est de se demander si l’autre point de vue aussi tient la route.
Cette proposition, je l’ai faite à titre personnel en lisant le climat politique dans le pays ces derniers mois. Je ne suis pas favorable à la candidature de M. Faure Gnassingbé mais si cette candidature nous permet d’avoir les reformes, acceptons-la et organisons-nous en vue de la victoire plutôt que de bloquer les reformes et tourner sans fin en boucle. Voila ma position.

C’est aussi une preuve de démocratie et de culture de respect de l’opinion de l’autre. Je suis tout à fait d’accord qu’il faut respecter la ligne de conduite d’un parti dont on est membre. Mais dans des situations de blocage, il faut savoir prendre ses responsabilités et proposer des solutions nouvelles. A moi de convaincre mon parti pour faire bouger les lignes.

Afreepress : Il faut dire que vos partenaires du CST semblent ne pas partager la même analyse que vous. Jean-Pierre FABRE chez nos confrères de Victoire Fm s’est insurgé contre une nouvelle candidature de Faure Gnassingbé en 2015 en disant qu’il ne l’imaginait même pas.

Philippe Matitoma ATAKPA : J’ai fait cette proposition sur la base de l’idée qu’aucun parti politique pris individuellement ne peut construire notre pays le Togo. Pour construire un Togo nouveau, Il faut qu’on puisse dépasser certains clivages. Cela ne veut pas dire abandonner le combat politique que nous menons depuis plusieurs années mes amis et moi. Mais il faut relire la situation politique dans laquelle nous sommes depuis les dernières législatives et avancer. Je suis un homme fidèle aux principes républicains. Quand je vois les forces politiques en place, en tant que militaire de formation et en fonction de mes forces, je dois adopter une attitude pour gagner ou pour limiter les dégâts.

Pour éviter de radoter, admettons que M. Faure Gnassingbé décide d’être candidat et que la Cour constitutionnelle valide cette candidature, que ferons-nous au CST? Quelles forces avons-nous? Abrégeons la souffrance du peuple en obtenant ces reformes qui nous permettront de libérer notre pays d’ici peu. Cela dépend s’il faut prêcher dans le désert ou s’il faut être pragmatique: il y a matière à réflexion.

Afreepress : N’est-ce pas le début d’une crise au sein du CST?

Philippe Matitoma ATAKPA : Faisons-nous confiance, parlons le langage de vérité entre nous. Certains concitoyens profitent de la mauvaise gouvernance pour s’enrichir au détriment de nombreuses vies opprimées, éliminées et brisées. C’est pour stopper cette mauvaise gestion de notre pays que nous avons créé le CST. Jusqu’alors, je ne suis pas contre les positions du CST mais je fais juste une autre proposition.
C’est en échangeant et en confrontant nos idées que nous serons plus performants. Dans la vie, il faut oser, nous avons le devoir et l’obligation de bousculer les habitudes sinon nous sombrerons tous. Le CST est créé pour lutter pour la démocratie. Donc je ne pense pas qu’il y aura une crise au sein du CST sous prétexte que j’ai proposé un autre schéma.

Afreepress: En l’état actuel, croyez-vous en une victoire de l’opposition en 2015?

Philippe Matitoma ATAKPA : Nous devons rassembler tous nos moyens, notre intelligence, notre volonté pour arracher cette alternance et cela passe par les reformes. Il ne suffit pas d’arracher l’alternance mais il faut sauver les valeurs de la démocratie, de la vie humaine, de la parole donnée, de la vérité, de l’honnêteté, et de la solidarité. En dépit des circonstances, le CST et l’ARC-EN-CIEL doivent aller à ces présidentielles d’une façon unitaire. Nous devons nous présenter d’une façon unie devant le peuple. Nous devons taire nos querelles stériles. Le gibier le mieux partagé est celui qu’on partage avant d’aller à la chasse. Donc chacun des partis politiques composant ces deux blocs doit connaître son rôle « avant-pendant-après» ces présidentielles. Si tout ceci est fait, le candidat de l’opposition sera élu en mars 2015.

Afreepress: Qu’est-ce qui, selon vous, manque à l’opposition pour faire une razzia électorale en 2015?

Philippe Matitoma ATAKPA : Il faut éviter de pleurer et de trop magnifier le passé. Obtenons un présent politique démocratique et stable afin de léguer un futur magnifique à nos enfants. On ne doit pas s’ignorer au sein de l’opposition car chacun a sa partition à jouer. L’alternance, c’est d’abord la victoire de la cohésion, la victoire d’une opposition fédérée au-delà des conditions et des égos. La victoire, c’est la preuve que, face à l’adversité, une opposition qui sait se rassembler peut reprendre en main son destin.

Propos recueillis par Olivier A.

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