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ADDI roule uniquement pour le peuple togolais
Publié le dimanche 9 novembre 2014  |  icilome.com


© aLome.com par Parfait
Aimé GOGUE, président du parti politique ADDI


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ADDI écrit cet article pour répondre à des interpellations. D’abord, beaucoup d’amis et de militants du pays et surtout de la diaspora se posent des questions sur les réels motifs du départ de ADDI du conclave CST – Arc en ciel. Ces interrogations sont pertinentes dans la mesure où ADDI est l’un des rares partis politiques du Togo à avoir soutenu et pratiqué l’idée de candidature unique et ce de manière constante depuis l’intensification de la lutte pour la démocratie au Togo. En outre, à la conférence de presse organisée conjointement par ADDI et le CAR, les deux partis ont été interpelé par des journalistes qui cherchaient à savoir pour qui ils roulaient.
Pour ADDI, la politique exige une éthique. Le dogme et l’exclusion doivent être proscrits dans une société où nous recherchons un « vivre ensemble meilleur. » Nous devons faire des efforts pour éliminer toute forme de dictature qu’elle soit d’une majorité ou d’une minorité. C’est pour cette raison que pour ADDI, les acteurs politiques doivent s’écouter.
ADDI a suspendu sa participation au conclave en raison d’une divergence profonde avec les autres partis participants au conclave sur la manière pratique d’aborder la question des réformes et la question de désignation du candidat unique.
Il convient de rappeler que sur la question de la candidature unique, ADDI avait eu à faire remarquer que ‘’ bien qu’elle soit idéale ‘’, elle n’est pas la panacée ni la seule voie possible pour gagner l’élection présidentielle de 2015, même à un mode de scrutin à un tour, et qu’il fallait aussi penser à d’autres alternatives possibles ou candidatures stratégiques. Cela fait près d’un an que ADDI partage cette thèse avec ses alliés politiques. Cette position de prudence n’ayant pas eu d’écho favorable, afin de maintenir la cohésion du groupe, aux sessions du 23 septembre et du 15 octobre 2014, ADDI a assoupli sa position en acceptant avec des réserves que l’on poursuive ensemble les efforts pour l’obtention des réformes et pour la désignation du candidat unique de l’opposition. C’est ce qui explique que ADDI a signé le communiqué du 17 octobre 2014. En effet, avant de le signer, ADDI avait réitéré ses réserves qui sont de trois ordres : la candidature unique seulement en cas d’échec des réformes ; en cas de victoire du candidat unique, nécessité d’instaurer une transition de 5 ans pour réaliser toutes les réformes ; et nécessité que le couple président et premier ministre qui devront animer cette transition ne se représente pas aux élections de 2020.
1. Priorité aux réformes
Comme pour ADDI, la question de la candidature unique ne s’imposerait que si on restait dans le cas de figure d’une élection à un tour cela donnait une priorité absolue à la lutte pour l’obtention des réformes. Dans le cas où nos efforts aboutiraient à des réformes qui nous offrent les deux tours, c’est le premier tour qui permettrait de sélectionner le meilleur candidat. Le corollaire de cette réserve est qu’il fallait au plus vite, en réponse à l’appel des religieux et de la communauté internationale, agir pour obtenir les réformes.
Il est important de rappeler que déjà, suite à l’échec du Dialogue Togotelecom 2, ADDI avait approché, sans succès, son partenaire privilégié afin que le Groupe parlementaire auquel il appartient, prenne des initiatives pour faire aboutir les réformes ; en outre, après le rejet du projet de loi portant modification de la constitution le 30 juin 2014, ADDI a renouvelé sa démarche encore une fois sans succès. Le groupe ANC-ADDI, fort de 19 députés à l’Assemblée nationale disposait seul du nombre requis de députés pour initier une proposition de loi ; mais il fallait que l’ANC qui à elle seule disposait de 16 députés adhère à cette idée. Enfin, il n’est pas inutile d’indiquer qu’en août, une commission avait été mise en place par le conclave pour examiner la stratégie à mettre en œuvre pour la réalisation des réformes. A la suite du rapport de ladite commission, des membres du conclave, dont le chef de file de l’opposition, avaient été désignée pour approcher le G5, le groupe parlementaire UNIR et éventuellement le chef de l’état, pour discuter des réformes : jusqu’à ce jour, ce travail n’a pas été fait. Le 15 octobre, tout le conclave était d’accord au moins sur l’urgence d’engager sans délai des démarches auprès des ambassadeurs et des religieux pour la relance de cette question des réformes ; le chef de fil de l’opposition avait été chargé de faire cette démarche. Rien n’a été fait.
ADDI accorde une primauté aux réformes parce que celles-ci conditionnent de façon durable l’instauration de la culture démocratique et l’organisation d’élections libres démocratiques, transparentes et pacifiques. La question de la candidature unique est conjoncturelle et est intimement liée à l’absence de réformes. C’est en cela que la question des réformes est primordiale.
Lorsque ADDI s’est ralliée à l’idée de candidature unique, elle a à juste raison insisté sur cette question comme la plus importante de ses réserves.

2. Autres préalables à la candidature unique
(i) Transition inclusive Si les réformes n’étaient pas obtenues et qu’on devait s’engager tous derrière un candidat unique, ADDI en accord avec de nombreux autres partis au sein du conclave a recommandé qu’après une éventuelle victoire, la première magistrature soit une transition inclusive d’une durée de 5 ans, non renouvelable. Dans ce dernier cas de figure, les deux premiers responsables de l’Exécutif de cette transition (Président de la République et Premier ministre) ne devraient plus se représenter à l’élection présidentielle de 2020. Mais, s’il le souhaite ils pourraient se représenter à l’élection présidentielle de 2025. Une grande majorité des participants ont adhéré à cette proposition.
La période transitoire ainsi proposée devrait, sur la base d’une charte pour gouverner ensemble avec l’implication de toutes les compétences nationale, être consacrée à :
des réformes constitutionnelles en vue de la consolidation de l’état de droit au Togo. Les réformes devront obligatoirement respecter l’esprit et la lettre de la constitution de 1992, notamment (a) la limitation du mandat présidentiel sans possibilité de modification ; (b) le mode de scrutin à deux tours pour les élections présidentielles et législatives ; (c) le rééquilibrage des pouvoirs entre le Président de la République et le Premier Ministre ; (d) la recomposition de la cour constitutionnelle, de la HAAC, de la cour des comptes ;
des réformes institutionnelles, notamment la réforme de la loi électorale et recomposition de la CENI, un nouveau découpage électoral qui allie critères démographiques et de géopolitique nationale ; la réforme du secteur de la sécurité ;
réformes économiques qui garantissent la transparence budgétaire et la reddition des comptes.
des mesures d’apaisement et de décrispation de la vie politique nationale ;
une politique volontariste d’amélioration générale des conditions de vie de la population, par l’adoption de mesures concrètes en faveur des couches défavorisées.

(ii) Programme commun de gouvernement
Il était également convenu que le candidat unique, une fois élu, devrait mettre en œuvre le programme commun de gouvernement que les membres du conclave devaient élaborer avant le choix du candidat unique. Jusqu’à ce jour, il n’y a pas encore de programme de gouvernement.
(iii) Grands électeurs pour le choix du candidat unique.
En mai dernier, trouvant que le CST et la Coalition Arc en ciel n’étaient pas en mesure de mobiliser suffisamment de citoyens pour obtenir les réformes, ADDI avait déjà proposé aux responsables de ces deux collectifs, la constitution d’un large front de toutes les forces politiques de l’opposition, d’organisations de la société civile et des personnalités. Ce front, qui permettrait d’accroître les pressions en vue d’obtenir les réformes institutionnelles et constitutionnelles souhaitées par la majorité de la population togolaise, pourrait être dirigé par des organisations de la société civile. Il a fallu attendre la session du 15 octobre pour que le conclave prenne l’importante décision de s’ouvrir à d’autres forces pour constituer un mouvement plus large qui conduirait à une plus grande mobilisation pour les réformes. A cet effet, le conclave a mis en place notamment une commission afin d’élaborer un texte fondamental qui servirait de base à la création du nouveau mouvement.
A la réunion du 24 octobre, à l’étude du texte proposé par la commission, ADDI a participé au débat sur la désignation du nom du mouvement : CAP 2015 a été retenue de façon unanime. Contrairement au discours actuel, CAP 2015 ne devrait pas regrouper uniquement les partis qui ont désigné leur candidat commun mais aussi tous ceux qui veulent participer à la lutte pour les réformes.
Fort du constat que la question de candidatures risquait de mettre à mal la suite des travaux du conclave, ADDI a fait une proposition qui lui paraissait sage et qui est la suivante : il serait judicieux de commencer par mettre en place ce front, de nous battre pour les réformes et de remettre à plus tard la question des candidatures à l’étude au sein de ce nouveau front. En effet, pour ADDI, il est possible que des partis politiques et des organisations de la société civile, non membres du conclave dans sa configuration d’alors, aient autant de légitimité que des membres originels du conclave pour désigner le candidat unique de l’opposition. La désignation du candidat unique dans ces conditions, aurait plus de chance de crédibiliser le processus et d’élargir la base électorale de l’opposition.
Dans les discussions qui ont suivi cette proposition, une divergence profonde est apparue entre ceux qui voulaient que le conclave désigne le candidat unique tout de suite avant de s’ouvrir aux autres forces démocratiques pour la lutte sur les réformes et ADDI qui souhaitait que la main tendue aux autres forces démocratiques se fasse d’abord et que la priorité soit accordée aux réformes ; sur cette divergence fondamentale, il n’y a eu ni compromis ni consensus ADDI, considérant en toute objectivité que la décision qui consistait à désigner un candidat unique par les seuls membres du conclaves avant de s’ouvrir aux autres forces démocratiques pouvaient être très préjudiciable à la poursuite de l’action unitaire, à préférer se retirer en espérant que devant ce deuxième retrait du conclave conduirait les autres membres à mettre entre parenthèse leur vision afin que des discussions pour la recherche d’un compromis reste possible. Au lieu de cela, ils ont préféré continuer jusqu’au bout leur logique et sont ainsi arrivés à la désignation d’un candidat par un processus qui est aux antipodes de ce qui devait conduire au choix d’un candidat consensuel accepté par tous.
Par ailleurs, il convient d’ajouter que dans la quasi-totalité des partis politiques, pour ce qui concerne les élections présidentielles notamment, il revient au congrès/convention du parti de désigner soit un candidat du parti ou de décider de soutenir le candidat d’un autre parti partenaire. ADDI, lors de son congrès ordinaire en mars 2014, n’avait pas discuté de la question de candidature à l’élection présidentielle de 2015. ADDI a annoncé durant le conclave que sa convention aurait lieu en décembre 2014 et qu’il était donc judicieux que l’on attende cette convention avant de procéder à la désignation du candidat unique. Il nous a été répondu que le temps presse et qu’il fallait procéder sans délai au choix du candidat unique. Or à ce jour, sur ce point seule l’ANC est en conformité avec son statut. Les autres partis politiques du conclave n’avaient pas encore réuni leur instance compétente.
Cette précipitation a largement démontré que la lutte pour les réformes et/ou l’élaboration préalable d’un programme commun de gouvernement que devait porter la candidature unique, n’étaient plus une priorité pour les participants au conclave qui ont agi ainsi.
En prenant l’exemple récent du Burkina Faso, il est assez aisé de voir qu’il n’a pas été nécessaire de désigner au préalable un candidat unique de l’opposition avant de réussir l’extraordinaire mobilisation de la population pour bloquer les velléités de modification de la Constitution par Blaise Compaoré. Les difficultés que le Burkina Faso éprouve pour désigner celui qui doit diriger la transition (d’une année uniquement) semblent illustrer également les problèmes liés au choix « d’un candidat unique. »
Au-delà de ce malheureux différend, ADDI réaffirme son appartenance à la famille des forces démocratiques qui luttent pour que l’alternance démocratique soit possible au Togo en 2015. L’alternance sera plus à portée de main en 2015 si toutes les forces démocratiques se mobilisent pour obtenir les réformes. Dans ce cas de figure, le débat sur la candidature unique deviendrait obsolète et les divisions au sein de l’opposition s’estomperaient. ADDI continuera donc d’apporter son concours à toutes les initiatives qu’elle jugera susceptible d’apporter une valeur ajoutée à la lutte pour l’alternance en 2015. Dans ce sens, la société civile, les religieux et les diplomates se sont exprimés sur la nécessité de recentrer tous les efforts de l’opposition togolaise dans toute sa diversité autour des initiatives pratiques et la mobilisation pour les réformes. Sans qu’aucun parti ne veuille revendiquer une préséance sur un autre, l’unité d’action se reconstruira et redonnera l’espoir à toute la population. ADDI reste très ouverte à cette approche de la dernière chance.
En définitive, pour ceux qui se demandent pour qui roule ADDI en lisant ce qui précède, ils pourront comprendre que ADDI roule pour le peuple togolais, l’alternance et le changement.

Pour le Comité de direction de ADDI

Le Président, Tchabouré Aimé GOGUE

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