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CHU Sylvanus Olympio : La traumatologie arrête ses opérations par faute de matériels
Publié le vendredi 16 janvier 2015  |  icilome


© Autre presse par DR
CHU Sylvanus Olympio


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Togo - La situation se dégrade continuellement au Centre hospitalier universitaire Sylvanus Olympio. Ce centre, comme on le sait déjà, se trouve dans un état comateux. Les nouvelles semblent particulièrement mauvaises, surtout en ce début d’année 2015.


Absence de moteurs perceurs, des mèches, de tarauds, de jauge, d’aléseurs, de pointe carrée, de matériel pour trépanation osseuse, de chasse-clou, de guide-clou, de broches filetées, de pinces coupantes et plates, de poignée, bref toute l’instrumentation nécessaire pour une chirurgie de qualité. Voilà la situation dans laquelle se retrouve la traumatologie en ce début d’année.

Dans une lettre adressée à la Direction générale du centre hospitalier, le chef service de la traumatologie, le Professeur Assang Michel Dossim a décrit l’état piteux dans lequel se trouve son département, tout en évoquant « l’impossibilité de poursuite des programmes opératoires de chirurgie osseuse ». Dans ce courrier, on peut trouver une liste des « difficultés qui entravent le bon fonctionnement du bloc central ».

« C’est difficilement que chaque salle opératoire soit dotée d’un instrumentiste et d’un technicien d’anesthésie alors qu’il en fallait deux de chaque spécialité ; il est ainsi devenu habituel en cours d’interventions, le malade étant encore sous anesthésie générale, d’attendre 20 à 30 mn avant de poursuivre l’intervention car le seul instrumentiste est allé à la recherche d’un matériel demandé ; ce qui pose un réel problème de sécurité des patients au bloc opératoire », a-t-il indiqué dans le courrier.

Professeur Michel Dossim a conclut sa lettre en espérant qu’une « suite favorable permettant la reprise dans de meilleures conditions de nos activités au bloc opératoire central ».

Mercredi dernier, c’est le service Chirurgie viscérale qui s’est trouvé dans l’incapacité d’opérer ses patients par manque d’oxygène. Un chirurgien qui a requis l’anonymat raconte : « Un collègue était en pleine opération quand les anesthésistes sont venus lui dire de vite fermer le ventre parce que l’oxygène était en train de finir et qu’il n’y avait pas de stock ». « C’est l’hécatombe », a-t-il lancé désolé.

Une patiente récemment hospitalisée au CHU Sylvanus Olympio témoigne : « « On m’a hospitalisé après une opération contre le cancer il y a une dizaine de jours à Tokoin (ndlr : Sylvanus Olympio). On m’a mis dans la cabine 211 de la Chirurgie. Sans électricité, l’ampoule étant grillée. Les matelas totalement amortis. Les lits qui ne tiennent plus. Il vous faut empiler des briques de pierre en dessous pour pouvoir s’y coucher. Les fenêtres sont dépourvues de vitres et vous êtes exposés aux moustiques. Derrière la salle, on entend souvent des bruits de certains appareils qui fonctionnent mal et vous avez constamment la sensation comme si un incendie pourrait arriver à tout moment.

Mais croyez-moi, si un incendie survient là-bas, nous les patients sommes totalement cuits. Entre-temps je suis parti et revenu pour une seconde hospitalisation. On m’a changé de salle et m’a placé à la salle 209. Même constat que dans la salle précédente. J’ai subi une chimiothérapie. J’étais sur le point de partir, j’avais fait descendre tous mes effets et apprêté un véhicule pour partir quand je me suis rendu compte que j’avais oublié une ordonnance dans la salle.
Et quand je suis remonté, j’allume ma torche (il était vers 18h), puisque la salle n’est pas allumée, je vois une souris sur le lit avec l’ordonnance dans sa gueule. Et quand j’ai voulu l’attraper, elle est descendue dans un premier temps sous le lit, puis a disparu définitivement par la fenêtre qui n’est pas protégée.

Je dois vous ajouter aussi que la cabine n’avait pas de sanitaires. Pour les besoins, il te faut les faire dans un seau et aller ensuite les verser dans des latrines publiques contre le paiement de 100 francs CFA, chaque fois. Pour l’éclairage, j’avais voulu acheter la lampe moi-même pour qu’on vienne remplacer celle qui était grillée, mais il n’y a personne pour la remplacer, et la lampe est fixée un peu haut, de sorte que je ne pouvais le faire moi-même ».

Le même dégât est constaté dans le service de Gynécologie, notamment dans sa Cabine A1. Tous ceux qui sont passés par ce service connaissent la vétusté de l’installation. Il a fallu qu’on annonce le séjour de la femme d’une autorité pour que cette cabine soit récemment aménagée avec le soin de la Direction générale de l’hôpital.

« On croyait qu’ils allaient même remplacer aussi le personnel et faire venir de nouvelles personnes juste pour la femme de cette autorité », ironise une sage-femme.

Du côté du service de Chirurgie Pédiatrie, la situation est tout autant alarmante. « Les tables d’opération tiennent à peine debout. C’est carrément à changer. Les scialitiques (ndlr : les lampes qui éclairent la table d’opération) sont presque toujours en panne, ce qui augmente par exemple le risque de couper un organe à la place d’un autre. Après les opérations, quand vous vous lavez les mains dans le lavabo, l’eau se répand dans la salle », décrit un autre chirurgien.

Au CHU Sylvanus Olympio de Lomé, la désolation est visible. Le personnel est aux abois. Parfois, les chirurgiens sont obligés de prescrire de l’eau sur l’ordonnance des patients, l’eau courante étant devenue rare dans cet hôpital.

Devant cette situation, les autorités, elles-mêmes et leurs familles, se font soigner dans les cliniques de hauts standings de Lomé ou se rendent tout simplement en Europe. Les populations, elles, continuent d’aller mourir au CHU Sylvanus Olympio.
Pauvre pays !

I.K.

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