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Report de la rentrée scolaire sur fond de menaces de grève des enseignants : le pouvoir de Faure Gnassingbé ne change pas de méthode
Publié le samedi 5 octobre 2013  |  Le Correcteur


© Autre presse par DR
Florent Maganawé ministre de l’Education primaire et secondaire


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Togo - Impertinence, manque de respect des partenaires, fuite de responsabilité, habitudes des promesses jamais tenues : le pouvoir de Faure Gnassingbé ne change pas de méthode
Il n’a pas fallu beaucoup de temps pour qu’ils aient raison ces observateurs qui ont montré du scepticisme et même du pessimisme devant la déclaration de politique nationale du Premier ministre devant les députés à l’Assemblée Nationale. Ceux-là étaient sûrs que les déclarations d’intentions et les proclamations de M. Ahoomey-Zunu étaient loin de signifier que les Togolais deviendraient tout à coup comme des habitants du pays de Cocagne. Le report en catastrophe de la rentrée scolaire et tout ce qui l’entoure sont la preuve des réserves exprimées. Avec raison.


Enseignants sur le pied de guerre

A l’évidence, M. Ahoomey-Zunu a écrit des pages et des pages pour dire ce que son gouvernement a fait et va faire mais les enseignants du Togo sont loin de partager son euphorie et son élan de grande satisfaction. Leur menace de grève pour les trois premiers jours de la rentrée initialement prévue pour le 7 octobre a le mérite de souligner que, en dépit de toutes les proclamations du chef du gouvernement, il y a encore des secteurs d’activités où les travailleurs ont des raisons de dire que M. Ahoomey-Zunu n’a pas comblé les attentes.
A juste titre, les syndicats de l’enseignement parlent de « dégradation permanente des conditions de vie et de travail des enseignants » dans le préambule du courrier faisant office de préavis de grève adressé aux ministres en charge des enseignements général et technique. Pour améliorer ces conditions de vie qui se dégradent, les enseignants sont dans une logique de bataille syndicale depuis au moins trois ans. Des débrayages, des grèves et des moments de véritable blocage sont ainsi arrivés de 2011 à ce jour. En toile de fond, il y a la plate-forme de revendication au sujet de laquelle les enseignants sont unanimes à dire qu’il n’y a pas vraiment d’avancée notable.
En effet, un peu comme les précédentes revendications à l’ordre du jour, celles qui figurent dans le préavis de grève déposé le 26 septembre et confirmé hier matin s’énoncent en termes de primes de logement, d’éloignement, de travaux de nuit, de risque, pour l’essentiel. Pour les observateurs, si ces revendications figurent encore dans le préavis de grève des personnels enseignants, il faut y comprendre que depuis trois années au moins, les lignes n’ont pas bougé. De même, certains observateurs soulignent que si les enseignants ont obtenu le paiement des primes de rentrée et de bibliothèque en 2011 et que depuis lors, les autres primes ne sont toujours pas payées, cela peut être l’indicateur d’un refus du gouvernement d’accéder à la demande de paiement de ces primes. Sur cette base, la nouvelle levée de boucliers des enseignants se comprend aisément, concluent les observateurs.


Manœuvres dilatoires

Pour éviter sans doute à la rentrée scolaire une situation de crise dont on ne peut présager les développements, les malheureux événements de Dapaong en avril de cette année sont encore frais dans les mémoires, le gouvernement a choisi de reporter d’une semaine cette rentrée. A priori, ce temps doit lui servir à arrondir les angles et surtout à créer les conditions d’une rentrée scolaire sereine. Toutefois, il est important de relever que si le report de la rentrée scolaire s’est imposé au gouvernement, c’est essentiellement parce que ce gouvernement n’a rien fait de pertinent pour éviter cela.
Au lieu de se pencher sérieusement sur les revendications des syndicats d’enseignants, le gouvernement a préféré les manœuvres dilatoires et la fuite en avant. Le préavis de grève en date du 26 septembre 2013 indique par exemple que les revendications pour lesquelles les syndicats de l’enseignement se préparent à paralyser les trois premiers jours de la rentrée sont déposées sur la table de ce gouvernement depuis au moins le 29 mars 2013. Le préavis précise que d’autres courriers ont été adressés aux ministres de tutelle les « 28 mai, 4 août, 11 septembre 2013 » sans oublier « la dernière relance du 20 septembre 2013 ». Remarque évidente : depuis 6 mois, le gouvernement est informé des revendications mais il n’a pas daigné travailler sérieusement là-dessus. Malgré les quatre courriers de rappel et de relance, il est resté muet et a fait le dos rond durant tout ce temps. Comme avait écrit La Fontaine, le gouvernement a mis tout l’été à chanter au lieu de travailler et de chercher les solutions idoines susceptibles de contenter les syndicats de l’enseignement. Voici que l’août est arrivé et le préavis de grève des enseignants représente pour ce gouvernement la réponse de la fourmi à son amie la cigale : « eh bien, dansez maintenant ».
Pis, le gouvernement semble avoir trouvé le somnifère idéal pour étouffer l’élan des enseignants. Depuis six mois, il rebat les oreilles des responsables des syndicats de l’enseignement de l’hypothétique cadre permanent de concertation (CPC). Pour le gouvernement, ce que les enseignants réclament est versé au dossier de ce CPC et c’est dans ce cadre que les discussions vont avoir lieu et des décisions vont être prises. Curieusement, soulignent les enseignants, ce CPC n’a jamais fonctionné. « On nous parle d’un CPC où s’ouvriront les discussions sur nos revendications mais ce cadre ne s’est jamais réuni depuis deux ans » a confié un responsable syndical qui parle du coup d’un « cadre chimérique qu’on agite pour endormir les enseignants et faire du dilatoire ». En vérité, il nous revient que le cadre permanent de concertation (CPC) en question a été évoqué en 2011 lorsqu’un mouvement de grève des enseignants avait paralysé les écoles publiques, davantage dans les régions hors de Lomé. Au cours des négociations qui avaient accouché du paiement des primes de bibliothèque et de rentrée, le cadre a été suggéré comme lieu de discussions sur les revendications des enseignants. Il devait se réunir une fois par trimestre. Nos informations établissent que ce CPC ne s’est jamais réuni. Nouvelle remarque prise à un enseignant: « le gouvernement cherche à contourner l’obstacle et nos revendications en parlant du CPC ».


Routine obsolete

Au tableau des manœuvres dilatoires, il y a également l’annonce du paiement des primes de bibliothèque et de rentrée pour le compte de l’année 2013-2014 dès demain vendredi. Selon des sources proches des syndicats de l’enseignement, il s’agit d’une méthode de division, de diversion et de déstabilisation étant donné que des enseignants pourraient reprendre gaiement le chemin des classes dès qu’ils percevront les dites primes. Cela va-t-il marcher ? N’importe comment, ,il nous est revenu qu’en dépit de cette annonce, des syndicats d’enseignants ont renouvelé le préavis de grève qu’ils ont déposé hier matin sur la table des ministres de tutelle.

En attendant de juger de ce que tout cela va produire comme résultats, débordements ou événements imprévus, il est absolument aisé de dire et de croire que le gouvernement du Togo ne veut pas changer de méthode. Comme au temps de feu Eyadèma, on prend plaisir à laisser pourrir les situations pour ensuite recourir à la force, aux intimidations et à la corruption pour essayer de se tirer d’affaire. On ne saurait comprendre sensément comment un gouvernement responsable, soucieux du bien-être de ses concitoyens et surtout respectueux des partenaires ainsi que des paroles données peut rester sourd à des revendications d’enseignants depuis autant d’années. Qui plus est, les nombreuses relances des syndicats sont restées lettre morte comme pour dire « laissez-nous tranquilles, on a mieux à faire ».
Avec les adversaires politiques, la méthode est la même : des promesses vite faites mais jamais tenues, des réformes en instance et connues de tous sont laissées en friches et abordées sélectivement et complaisamment en temps voulu. Serait-ce l’expression d’un sentiment d’invulnérabilité ? Ou faut-il plutôt y voir une espèce d’arrogance politique ayant pour manifestations l’évidence d’un système amorti et sclérosé par une routine obsolète de mauvaise gouvernance ? Comment peut-on comprendre que le gouvernement cautionne les affectations des responsables syndicaux alors que la loi connue de tous ne l’autorise pas ? Faure Gnassingbé et ses collaborateurs peuvent choisir cette année de renvoyer à plus tard les revendications des enseignants concernant les primes de logement, d’éloignement, de risque et de travaux de nuit certes, mais l’autre année, une autre année, les mêmes problèmes vont revenir au devant de la scène. Les Français résument assez bien la situation : qui remet à demain trouve malheur en chemin.

Nima Zara

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