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Présidentielle du 25 avril: Faure élu, histoire sécrète de la proclamation des résultats
Publié le mercredi 29 avril 2015  |  Focus Infos


© aLome.com par Parfait
La CENI donne ses dernières assurances autour de la fiabilité du processus électoral 2015
Lomé, le 23 avril 2015. Siège de la CENI. Conférence de presse de la CENI axée sur les griefs soulevés par l`Opposition contre le processus électoral.


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La Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) a proclamé hier en fin de soirée, les résultats provisoires de l’élection présidentielle du 25 avril ; mettant ainsi fin au suspens insoutenable qui commençait à plonger le pays dans l’anxiété. Le président sortant Faure GNASSINGBE a été annoncé vainqueur avec près de 58,75% des voix. Il a fallu cependant un court séjour des présidents ghanéen et ivoirien, Alassane OUATTARA et John Mahama DRAMANI pour décider la CENI à donner les chiffres du recensement des votes. Focusinfos.net vous raconte la petite histoire de cette proclamation un peu particulière.

Samedi 25 avril ! Il est presque minuit. Les bureaux de vote ont fermé depuis 16 heures et les dépouillements terminés un peu partout sur toute l’étendue du territoire. Le Président sortant, entouré de quelques proches à son domicile, a l’essentiel ses résultats et sait qu’il vient d’être réélu pour un troisième mandat. Rien cependant, ni dans son regard, ni dans son attitude ne vient montrer un triomphe. Il continue à scruter les chiffres de certaines zones, parfois avec des commentaires, dont certains amusés. Les coups de fils de félicitations se suivent. De ses collaborateurs, amis, mais également de diplomates ou venant de l’étranger. Parce que si Faure GNASSINGBE a les résultats, il n’est pas le seul.

La plupart des chancelleries, grâce d’abord aux sondages confidentiels, au système d’échantillonnage mis en place et à leurs propres réseaux, les ont également. Comme la quasi-totalité des missions d’observation électorale déployées sur le terrain. Ainsi, un des chefs de délégation confiait-il à notre rédaction, autour d’1 heure du matin, la victoire de monsieur GNASSINGBE, avec un chiffre à peaufiner oscillant entre 57 et 60%, avec une marge d’erreur de 1 à 4, maximum 5. Ce que confirment des observateurs nationaux. « Mais tout ceci doit rester confidentiel, jusqu’à la proclamation par la CENI, seule institution habilitée à le faire », insistent-ils. En outre, selon des indiscrétions venant de la CENI, on apprenait que le système SUCCES, mis en place pour dégager des tendances sur la base de transmission des résultats par voie électronique, donnaient le président sortant devant, avec un score autour de 59%.

MAUVAIS PERDANT !



Au même moment, au CAP 2015, les résultats sont également connus. Grâce à des téléphones portables dotés d’une application ad hoc remis à la quasi-totalité de leurs représentants dans les bureaux de vote mai aussi à quelques relais discrets reposant sur des personnes ressources, cette coalition a pu compiler en temps réel les chiffres sortis des urnes et se faire une idée des tendances.


A 23h, c’est la douche froide. Pendant que l’un ses principaux lieutenants, déjà au courant des grandes tendances qui visiblement ne pouvaient plus se renverser, dinait tranquillement en ville ( ma présence aurait changé quoi a-t-il rétorqué à ceux qui lui reprochaient son absence du QG), Jean-Pierre FABRE eut ces mots : « ce n’est pas possible. Il ya forcément une manipulation quelque part. Je connais trop bien le RPT.


Ils ont sans aucun doute fraudé quelque part. Il faut qu’on trouve. » De fait, c’est l’incompréhension et la panique. Mme Brigitte ADJAMAGBO-JOHNSON, l’une des porte-parole du candidat, multiplie les coups de fil pour s’assurer qu’aucun incident n’ait eu lieu pouvant leur servir d’explication aux chiffres qui sont tombés. Un des cadres de l’ANC, ne sachant pas qu’il est enregistré, confie au téléphone : « je ne sais pas comment il a fait, mais cette fois-ci, Faure nous a réellement battu ; en toute transparence. Hummm. » Pourtant, tous ne sont pas convaincus de la régularité de la défaite. Après quelques minutes de discussions autour de la question, le mot d’ordre retenu est : on remet en cause la sincérité du vote ; on décrédibilise par avance les résultats. La première étape de cette stratégie fut adoptée : publier un communiqué laissant entendre que monsieur FABRE a gagné. Ce qui fut fait, signé par Patrick LAWSON, 1er vice-président de l’ANC.

METHODE DE VOYOU.

Dimanche 26. Toutes les sources confirment la victoire de Faure GNASSINGBE. Les observateurs, les diplomates encouragent la CENI à donner les résultats provisoires, déjà aux mains de quelques initiés, pour ne pas laisser la période d’attente se prolonger , ce qui serait propice à la survenue d’une crise post- électorale. Ils en informent les principaux candidats qui n’y voient pas d’inconvénients. N’empêche, les choses traînent. Les représentants de CAP 2015 font de l’instruction, multiplient les réserves, les exigences et s’opposent à toute publication « avant d’ultimes vérifications, y compris bureaux de vote par bureau de vote.» L’ambiance est survoltée au siège de la CENI : échanges de mots aigre-doux, début de bagarre, diatribes en fon auxquelles répondent celles en kabyè et en…..chinois.


La situation semble bloquée même si entre temps, le président Taffa TABIOU réussit à publier les résultats de 5 CELI, donnant Faure GNASSINGBE à plus de 65%. Mais la découverte d’un mauvais calcul de la CELI de la Binah va être prétexte pour CAP 2015 pour refuser la poursuite des résultats. En effet, il a été recensé 1200 de plus que le nombre de votants. Suffisant selon les amis de Jean-Pierre FABRE pour remettre en cause la sincérité de l’ensemble du scrutin. Ils soutiennent qu’en outre, il ya aurait eu 33 votes de plus par ici, 300 par là ; au total sur 7 CELI, le nombre de bulletins serait supérieur à celui des votants. En revanche, pour les diplomates et les observateurs, ces réserves sont marginales au vu de l’écart entre les deux candidats principaux. « En tout état de cause, ces cas doivent être adressés à la Cour Constitutionnelle, juge du contentieux électoral »indiquent-ils. Ils décident de publier des communiqués sur le bon déroulement du scrutin pour amener monsieur FABRE à enfin concéder sa défaite. Peine perdue.


Le 27 avril, une délégation se rend chez lui pour rappeler la nécessité qu’il concède sa défaite, peu importe la formule qu’il utiliserait. « Parce qu’il a réellement perdu et pour préserver le climat de stabilité » confie un observateur, pour expliquer leur déplacement. Jean-Pierre FABRE promet de le faire ; « après quelques précautions d’usage.»En fait de reconnaissance de sa défaite, il envoie plutôt un courrier à la CENI, remettant en cause le processus. Et fait toujours obstacle à l’évolution du traitement des résultats par ses représentants. Etonnées, plusieurs personnes dont des diplomates essaient de le joindre pour lui rappeler ses engagements. Refus de les prendre au téléphone. Commentaire d’un diplomate qui finit en fin de journée à lui parler : « vous utilisez des méthodes de voyou. »

« SOYEZ UN HOMME D’ETAT »:

Les partenaires du Togo et les observateurs assistaient un peu médusés, à la transformation d’un scrutin jugé par tous comme paisible et transparent, en une crise post électorale,« susceptible d’être préjudiciable pour le pays, mais aussi pouvant impacter sur la situation de la sous-région, au vu des nombreuses élections qui y auront lieu dans les prochains mois. »



De fait, après concertation, il est vite proposé de faire venir le président en exercice de la CEDEAO, le ghanéen John Mahama DRAMANI pour faire évoluer la situation. Il était déjà là au début du processus et avait obtenu le report de 10 jours de l’élection. Le gouvernement togolais accepte l’idée. Et propose la présence de Alassane OUATTARA chez qui Jean-Pierre FABRE a ses habitudes et qui lui sert parfois de courroie de transmission avec le pouvoir à Lomé. Les deux présidents acceptent vite la mission après avoir été briefés. Ils débarquent presqu’en fin de matinée du 28 et organisent des entretiens avec l’essentiel des acteurs. Partout le message a été clair et ferme : « d’après les informations recueillis de différentes sources, le scrutin s’est bien déroulé et dans la transparence. Il y a un vainqueur.

La CENI doit rapidement proclamer les résultats dont sont en possession les candidats et des initiés pour ne pas créer une situation de crise. La CEDEAO ne le tolérerait pas. »« Soyez un homme d’Etat et acceptez votre défaite. Nous n’accepterons pas que vous criez artificiellement une crise » a lancé fermement DRAMANI à Jean-Pierre FABRE. La suite, on la connaît. Malgré l’opposition des représentants de CAP 2015 qui ont essayé d’empêcher physiquement le président de la CENI de le faire, ce dernier a démarré la proclamation des résultats sur la TVT, après le journal. Au même moment, le cortège des présidents ivoirien et ghanéen s’ébranlait en direction de l’aéroport.

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