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Discours de Berlanga-Martinez à la faveur de la célébration de la Journée de l’Europe 2015 au Togo
Publié le mardi 12 mai 2015  |  UE-Togo


© aLome.com par Parfait
M. Nicolas Martinez-Berlanga, Représentant Résident de l’UE au Togo


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"Chers citoyens européens au Togo, chers togolais amis de l’Europe, bienvenus à la réception du jour de l’Europe.

Je voudrais commencer mon intervention en remerciant toute l’équipe de la Délégation qui a travaillé d’une manière enthousiaste pour que la réception de ce soir devienne une réalité. Je profite pour vous réitérer notre invitation à la journée des portes ouvertes ce mercredi dans le Square de l’Europe.


Au-delà d’une vingtaine de stands des organisations de coopération, l’après-midi à 15.00 nous aurons les élèves de 7 écoles de Lomé et le soir à partir de 18.30 un concert de musique, toutes ces activités ouvertes à vous et à vos amis.


Qu’est-ce que nous célébrons ce soir ? Formellement le 65ème anniversaire du texte considéré comme fondateur de l’Union européenne, la « déclaration Schumann ».
Le rêve d’une Europe unie autour d’un projet d’avenir ensemble apparait déjà dans les belles expressions de la musique de Beethoven, de Mozart ou de Puccini, dans la grande littérature de Victor Hugo, de Tomas Mann, de Canetti, de Milosz ou de Federico García Lorca, dans la peinture de Rembrandt ou de Velázquez, dans les sculptures de Michel Angelo ou de Rodin. Mais elles n’avaient pas empêché la guerre, la haine, l’extrémisme et la destruction dans notre sol.


La « déclaration Schumann » prend sa valeur dans le fait que les frontières et plus important les suspicions des uns envers les autres -qui sont maintenant révolues- étaient très présentes dans l’Europe d’après-guerre.


Le prix Nobel de Littérature Jéan-Marie Le Clézio raconte dans un de ses romans l’anecdote d’un élève allemand invité à visiter un lycée au sud de la France à la fin des années 1940 et qui avait dû quitter au bout d’une semaine par ce que tous les autres enfants lui détestaient.
La « déclaration Schumann » bannissait la nostalgie, évitait de se concentrer trop sur le passé pour se lancer vers l’avenir. Elle ne voulait pas que les morts de la guerre décidaient le futur de ceux qui étaient en vie.



En 2015, pour 500 millions d’Européens le 9 mai aspire à devenir la manifestation d’un patriotisme complémentaire à celui que bon nombre d’entre nous partageons avec d’autres sentiments d’appartenance liés à notre pays d’origine, à notre langue maternelle, à notre lieu de naissance.



65 ans après, le patriotisme européen est avant tout celui d’une expression des valeurs démocratiques et de paix, et d’une solidarité universaliste qui entend réunir des individus autour d’un modèle de société et non à organiser des masses derrière un drapeau.


Il semblait cohérent, dans la logique de partage de souveraineté sur laquelle s’est édifié l’Europe, qu’elle se dotait d’un mécanisme propre de politique extérieure pour avoir une voix adaptée aux enjeux du XXIème siècle sur la scène internationale. A ce sens, depuis 2009 avec le Traité de Lisbonne, l’Union européenne possède une personnalité juridique internationale qui lui permet de signer des traités ou d’accréditer des ambassadeurs dans les pays tiers, comme c’est mon cas.


Quels sont ces signes distinctifs de la diplomatie européenne que nous pouvons offrir à nos partenaires internationaux comme le Togo ?
D’abord, une diplomatie qui propose des réponses collectives, basées sur la force morale du droit internationale, aux menaces communes telles que le changement climatique ou les défis sécuritaires.


Ainsi qu’une diplomatie qui nous permet d’établir des partenariats en plaçant l'homme et le développement inclusif au centre de nos préoccupations et de nos actions.
En bref, une diplomatie pour le XXIème siècle qui combine les atouts de chacun de nos Etats membres en coordonnant notre voix ainsi que la solidarité de l’aide publique au développement ; mais aussi qui s’adresse et fait participer chacun : la société civile, les leaders d’opinion, les média, les universités, le monde de la culture, la jeunesse.
A ce titre, au Togo les paroles et les actes de l’UE, spécialement depuis 2004 et la formulation des «22 engagements», ont incessamment plaidé en faveur de l’approfondissement de la démocratie et de la réconciliation nationale.



Ces derniers mois, des mois spéciaux avant l’élection présidentielle, le partenariat européen a mis l’accent sur la nécessité de renforcer la formation civique en accompagnant les ministères des droits de l’homme et de la communication.


Un grand travail, sous financement européen, a été réalisé pour affermir les capacités républicaines de la force de sécurisation des élections. Une semaine avant les élections, l’UE s’exprimait publiquement en faveur de la transparence comme signe d’apaisement et de maturité sociale et, en ce sens, nous avons financé une observation électorale composée de plus de 1200 observateurs au travers d’une plateforme de la société civile togolaise, une expérience réussie de professionnalisme et de neutralité.


La liberté de mouvement lors de la campagne électorale récente, l’absence de violence dans la journée du 25 avril et les jours d’après, le comportement responsable des média, le professionnalisme de la FOSEP, la machine électorale affinée qui a déployé à temps le matériel et a facilité l’activation des bureaux de vote; toutes ces améliorations par rapport aux scrutins précédents font que le Togo sort gagnant de ce processus.
Nous nous réjouissons de ces pas en avant et nous félicitons tous les candidats, le vainqueur et les vaincus ; et avec eux, le peuple togolais.


Ces progrès doivent être le point de départ vers d’autres avancées à conquérir en paix et en liberté et pour lesquelles d’ores et déjà l’Union européenne offre son amitié et son soutien.
Permettez-moi de partager avec vous quelques réflexions d’avenir que les résultats du 25 avril nous inspirent.



Par exemple, dans la moitié des préfectures, 21 sur 42, tant au Nord qu’au Sud, le candidat gagnant dans chacune de ces préfectures accapare plus de 70% des voix, ce qui –en termes des citoyenneté- montre encore un certain localisme homogène, une uniformité dans l’expression du vote.
Ou lorsque l’on constate qu’un pourcentage grandissant de la population, particulièrement dans le Sud, a préféré s’abstenir de son devoir de citoyen dévoile un sentiment affaibli d’appropriation.


L’expérience européenne nous apprend que l’identité doit se baser sur un projet d’avenir commun construit sur la diversité d’opinions et l’émergence des individus : des citoyens formés, capables de dépasser des inerties identitaires ou des liens sociaux ou administratifs, parfois pernicieux, qui rétrécirent l’expression des consciences en liberté.



L’élan de cette élection doit nous stimuler à accompagner les efforts de formation civique déjà entrepris. Cet élan doit nous conduire à nous coordonner davantage pour renforcer l’efficacité et la neutralité de l’administration, y compris le renforcement des capacités techniques d’un organe qui, par moments, s’est révélé trop affecté par la lutte politique comme la CENI : des exemples réussis existent dans la région.



A notre avis, cette élection du 25 avril devrait inciter les acteurs politiques à plus de générosité et de courage pour aller au-delà de la surface de la différence en vue de rendre possible une communion d’avenir.
Cela devrait probablement passer par l’achèvement de ce cadre constitutionnel consensuel tant attendu.



Cela devrait aussi inciter les partis politiques à s’implanter partout dans le territoire et à former de nouveaux cadres pour le processus de décentralisation et les élections locales qui s’annoncent, afin de rapprocher davantage l’administration aux citoyens.
Cela pourrait certainement être accompagné par un fonctionnement interne plus démocratique et plus transparent dans le financement des partis afin d’attirer les jeunes vers les affaires publiques.
Chers citoyens européens au Togo, chers togolais amis de l’Europe,



Les visages des Togolais que nous avons vus partout le 25 avril n’étaient pas ceux de la haine, mais plutôt du désir de paix. Hommes et femmes, jeunes et personnes âgés, exprimaient un refus de l’extrémisme. Ils ne cachaient pas pourtant le malheur d’un accès faible à la santé, à l’éducation, au manque d’opportunités. C’est ici que l’on voit que démocratie et développement économique se rejoignent.


Ce soir nous fêtons surtout une manière de faire de l’Europe dans le monde qui encourage le partage de ces regards d’espoir et offre notre solidarité dans la recherche des solutions.
Vive l’avenir du Togo ! Vive l’amitié entre les hommes et femmes de l’Europe et du Togo ! Longue vie à notre partenariat" !


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