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Glidji Kpodji/La 353ème prise de la pierre sacrée: Une imposture désacralisante sur fond de divergence et de manipulation politiques
Publié le mardi 15 septembre 2015  |  Telegramme 228


© aLome.com par Parfait
Chefferie traditionnelle en Afrique.


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Tout comme en 2012, la cérémonie de la prise de la pierre sacrée, marquant le début d’une nouvelle année chez le peuple Guin, a été émaillée de d’information de violence, et de dissensions entres les organisateurs spirituels. Le mobile, l’éternelle guerre de leadership qui oppose deux clans qui revendiquent chacun, la paternité de la prise de la pierre sacrée qui, une fois encore, s’est transformée une véritable “pierre lancée”.
Censée être une occasion de retrouvailles entre les fils et filles du milieu, la fête s’est déroulée jeudi 10 septembre sous la surveillance des hommes en uniforme, lourdement armés et postés de part et d’autre à l’entrée de la forêt de la prise de la pierre sacrée.
Des informations alarmantes faisant redouter la récidive de 2012 ont poussé le gouvernement à publier un communiqué la veille, appelant le peuple Guin “au calme et à la retenue”. Mais hélas, les choses ont dégénéré à Gbatsoumé et les incompréhensions et les mésententes ont plutôt pris le dessus.
C’est quoi Ekpessosso ?
C’est la prise de la pierre sacrée. Selon nos informations c’est toujours un jeudi où elle se déroule et on note pour cette journée trois grandes étapes : Tchessi dodo, Motata et Kpessosso.
Tchessi dodo
Tôt le matin tous les "hounon" et leur suite se retrouvent devant leurs différents temples pour la préparation de l’eau qui servira à purifier les voudoussi (les adeptes vodou) avant Kpessosso. Cette eau est préparée avec "Anyanyran", "gbo", "amaga", d’eau spéciale salée appelée Kolé de goutte de Gin de "sodabi" de "liha" et de l’eau de "gbaga" provenant de la lagune du village.
Tous ces éléments sont mis dans un récipient de bois. Le "hounon" invoque les vodou pour qu’ils apportent la paix et la prospérité et qu’ils éloignent le mal.


La préparation terminée, les autres "hounon" et quelques initiés étendent leurs mains au-dessus du récipient, les baignant dans le liquide, paumes, puis le dos de la main successivement trois fois. Puissant ensuite de ce liquide dans les ceux de la main, ils boivent une gorgée en faisant gicler le reste.


Motata


C’est le débroussaillement de la voie. Vers quatorze heures le peuple est à nouveau prêt pour l’événement annuel. Cette heure capitale est annoncée par l’arrivée des divinités officielles, les chefs Guen-Mina. C’est un rite qui reste très secret et réservé uniquement aux « hounon » et à certains initiés.
Le chemin qui mène à la forêt dans laquelle la pierre mystérieuse sera découverte n’est balayé qu’une fois par an. Les herbes et les arbustes laissés pousser depuis la dernière cérémonie de l’année écoulée sont dégagés par les initiés. La voie dégagée personne n’a le droit d’y pénétrer à part les hounon et les initiés ; les fidèles restent, leurs chants et leurs danses se succèdent, entrecoupés par les cris « helou » (qui veut dire attention ou malheur, malheur à ceux qui ne veulent pas du bien au peuple Guen-Mina) des initiés hurlant et gesticulant. La foule s’impatiente et les vodousi entrent en transe. Tout le monde ignore la couleur de pierre.


Kpessosso


Vers seize heures trente, un mouvement se dessine en provenance de l’allée des taillis et un groupe compact de « hounon » et les « vodousi » avance à pas lents sous les acclamations de la foule : le moment tant attendu est venu la pierre sacrée est sortie de la forêt. Elle sera ensuite présentée à l’assistance, et commentée par un « hounon ». Ensuite viendrons les recommandations de la pierre pour la nouvelle année.



Enfin la pierre sera déposée et les religieuses (vodousi) danseront en faisant la ronde. La pierre disparaît d’elle-même et on la verra qu’à la treizième lune prochaine.
Nous exposons ceci pour démontrer le caractère sacré qui entourait cette cérémonie dont l’objectif selon les autorités coutumières et traditionnelle, est d’obtenir à travers la couleur de la pierre, un message précis de prédiction de l’avenir pour le peuple Guin.


Mais au fil des ans, tout est désacralisé et les convictions politiques des uns et des autres ont pris le dessus, les partisans de l’opposition au sein des prêtres forçant des divinités les messages de malheurs et les partisans du pouvoir œuvrant à obtenir des prêtres fétichistes, un message de paix dépourvu de la peur du lendemain. Les deux camps forcent les divinités à leur délivrer les messages qu’ils veulent entendre.


Cette supercherie a amené cette année certains a poussé la désacralisation de leur cérémonie en allant jusqu’à peindre la fameuse pierre en bleu turquoise, la couleur du parti au pouvoir au Togo. Cette imposture a sauté aux yeux de tout le monde quand la peinture pas très adhésive s’est détachée de la pierre et coloriant les paumes de mains du prêtre qui l’a présentait. Ce n’est plus un message des divinités guins mais clairement un message voulu et obtenu par certains militants zélés et influents de la localité pour en vue de plaire au Chef de l’Etat.

Les mêmes n’ont pas hésité à arboré des tissus confectionnés en la même couleur et pire, à pousser les vodousi (prêtresses) à utiliser un tissu bleu turquoise alors que la couleur traditionnelle des prêtres et prêtresses dans la divinité vaudou c’est le blanc immaculé.

Le danger de cette imposture ou escroquerie spirituelle est que le message n’est plus celui des divinités mais purement politique. Or pour qu’une société fonctionne dans l’harmonie chaque roue de l’engrenage doit être à sa place et accomplir parfaitement sa mission. Si l’on convient que l’être humain est physiquement limité dans la connaissance de l’avenir et même du futur immédiat, la seule façon de prédire l’avenir est de se confier aux spirituels qui peuvent voyager dans le futur donc seuls capables de ramener le message du lendemain pouvant permettre de prévenir le pire. Et un peuple qui ne sait pas prédire l’avenir est un peuple spirituellement aveugle et toujours surpris par les fléaux. Il est vrai que tout le monde ne croit pas en ces divinités. Mais l’objectif de tout croyant est et demeure le même : connaitre l’avenir pour le prévenir !



Ce qui veut dire clairement que cette supercherie servie par les prêtres vodou de Zlatan communauté Guin sous des regards politiques de la localité est non seulement dangereuse mais relève d’une escroquerie intellectuelle, morale et spirituelle. Elle désacralise cette cérémonie vielle de plus de trois siècles et demi et lui enlève toute crédibilité.
Le pays a besoin alors d’une vraie sentinelle spirituelle.


D. D / FS
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