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Liberté N° 2044 du 8/10/2015

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Faure Gnassingbé, une source d’inspiration pour Joseph Kabila, Sassou Nguesso et cie
Publié le vendredi 9 octobre 2015  |  Liberté


© Autre presse par DR
Faure Gnassingbé, président du Togo et Denis Sassou Nguesso, président du Congo


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Les deux Congo sont en effervescence depuis plusieurs mois, avec le débat sur un éventuel 3e mandat de leurs présidents respectifs, Joseph Kabila en République démocratique du Congo (Rdc) et Dénis Sassou Nguesso au Congo Brazzavile. C’est un secret de Polichinelle, ces deux dirigeants veulent rempiler au pouvoir et manœuvrent pour. Ces envies « démocraticides » suscitent des contestations aussi bien dans ces pays qu’à l’international. Mais pour bien d’observateurs, ils devraient réussir aisément leur dessein obscur, avec une communauté internationale qui souffre de complaisance devant ces genres de tentatives. Et ils semblent trouver inspiration et motivation chez Faure Gnassingbé du Togo qui a réussi à passer dans les mailles du filet en avril 2015.


Sassou Nguesso parti pour rempiler en 2016

C’est le débat du moment au Congo Brazzaville. Dénis Sassou Nguesso qui devrait quitter le pouvoir en 2016, au terme de son second et dernier mandat constitutionnel, n’entend nullement le faire. L’homme qui engrange déjà 32 ans de régence à lui tout seul, veut modifier la Constitution de son pays qui lui interdit de briguer un 3e mandat, afin de déblayer le terrain. Il a récemment annoncé l’organisation d’un référendum à cette fin.


La Constitution actuelle est en effet un obstacle pour lui. Elle limite à deux le nombre de mandats que peut exercer un chef de l’État. Parvenu au pouvoir en 1979, l’homme a dirigé le Congo à l’époque du parti unique jusqu’aux élections pluralistes de 1992 qu’il a perdues, mais reviendra au trône en 1997 à l’issue d’une violente guerre civile. Il fut élu président en 2002 à la suite des élections et réélu en 2009. Il est normalement dans son second et dernier mandat et devrait vider le plancher en 2016. La Loi fondamentale prévoit par ailleurs l’âge maximum pour candidater à la présidence de la République à 70 ans. Mais voilà, Dénis Sassou Nguesso, né le 23 novembre 1943, en a 72. Il est donc doublement forclos. C’est dans le but de sauter ce double verrou qu’il prévoit un référendum.

Pour faire front contre cette insatiabilité du président congolais, l’opposition a réussi à s’unir en deux plateformes, le Front pour l’ordre constitutionnel et l’alternance démocratique (Frocad) et l’Union pour la démocratie congolaise (Udc) et appelé le 27 septembre dernier le peuple à crier haro sur lui. Un pari réussi, avec le déferlement de plusieurs milliers de Congolais dans les rues. Une manifestation décrite comme la plus grande depuis le retour de Dénis Sassou Nguesso au pouvoir. La tension est perceptible dans ce pays qui ploie sous le joug de cet homme depuis plusieurs décennies. Mais cette fronde réussira-t-elle à le dissuader dans son entreprise « démocraticide » ?

Joseph Kabila pavlove à l’idée de continuer

Certains parleront de « congolite chronique » pour désigner le virus qui pousse les dirigeants actuels des deux Congo à vouloir s’accrocher au pouvoir. Le voisin de la République démocratique du Congo (Rdc) est aussi sous l’emprise de la boulimie du pouvoir et de la tentation de s’offrir, à la fin de son second et dernier mandat constitutionnel en 2016, une 3e pige. Joseph Kabila n’a encore rien déclaré officiellement de ses intentions, comme Dénis Sassou Nguesso. Il fait des efforts surhumains pour maintenir le suspense. Mais personne n’est dupe, la tentation est réelle chez lui, et ce n’est peut-être qu’une question de temps pour qu’il ne lève le voile là-dessus.



« Le nombre et la durée des mandats du président de la République [cinq ans, renouvelable une seule fois, Ndlr] ne peuvent faire l’objet d’aucune révision constitutionnelle », indique noir sur blanc la Constitution. Mais autour de Kabila, parachuté au pouvoir suite au décès de son père, Laurent-Désiré Kabila lors de la 2e guerre du Congo, déclaré élu président de la République le 27 novembre 2006, et réélu le 28 novembre 2011, on n’entend pas les choses de cette oreille. L’idée d’une modification de la Constitution a germé entre-temps. Flairant la manœuvre et le coup que cela porterait à la cohésion nationale, la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) a commencé à tirer la sonnette d’alarme depuis plus d’un an. « Toucher à la limitation du nombre et de la durée des mandats du président de la République risquerait de porter un coup dur à la cohésion nationale (…) Les fidèles [catholiques] et [les] hommes de bonne volonté [doivent] demeurer vigilants et prêts à faire échec à toute manœuvre éventuelle de modification de la Constitution en ses articles verrouillés », lançaient les évêques congolais dans un communiqué de presse. Même au sein de la communauté internationale, on s’inquiète de la situation. Les Etats-Unis ont à plusieurs reprises appelé Joseph Kabila à ne pas succomber à la tentation de forcer un 3e mandat. Mais l’intéressé n’a jamais été clair.

Le samedi 3 octobre dernier, Joseph Kabila s’est retrouvé avec les parlementaires proches de lui, dans sa ferme, pour évoquer à demi-mot la problématique. On parle de 315 députés et 47 sénateurs qui sont allés, à en croire le porte-parole du gouvernement, Lambert Mendé, lui témoigner leur loyauté et leur fidélité. A l’occasion, Kabila a relevé n’avoir jamais demandé une révision de la Constitution. Mais il n’a pas été clair sur ses réelles intentions concernant un 3e mandat au pouvoir, s’il compte être ou non de la partie en 2016. Le porte-parole du gouvernement a confié au confrère Rfi que l’homme respectera la Constitution. Mais au sein de l’opposition, on en doute.

Paul Biya au Cameroun, Paul Kagame au Rwanda…les dirigeants du continent qui veulent rempiler, on peut multiplier les exemples.

L’inspiration et la motivation depuis Lomé

Au renversement de Blaise Compaoré par la rue en octobre 2014, bien d’observateurs avaient relevé que son triste sort allait décourager bon nombre de candidats à des présidences à vie sur le continent africain. Mais un homme a défié ces analystes : Faure Gnassingbé du Togo. Il est loin d’avoir inauguré les extra-mandats sur le continent ou eu le règne le plus long. Alors que leurs pays se réclament avoir opté pour la démocratie, certains bouclent la trentaine d’années au pouvoir. Mais son succès (sic) acquis en avril dernier semble fournir la motivation nécessaire aux autres boulimiques du pouvoir.

Faure Gnassingbé, lui, n’avait nullement tripatouillé la Constitution togolaise pour passer. Il n’en avait d’ailleurs pas besoin. Il a juste refusé de mettre en œuvre les réformes constitutionnelles recommandées par l’Accord politique global (Apg) du 20 août 2006 devant ramener la Constitution dans son état originel, du moins réintroduire le verrou de la limitation du mandat présidentiel sauté en décembre 2002 par Eyadéma, pour éviter de se faire hara-kiri.


Il a alors pris prétexte sur la Constitution en vigueur qui ne limite pas le mandat présidentiel (sic), pour candidater et s’offrir un 3e quinquennat lors du scrutin du 25 avril dernier. Alors que la communauté internationale semble abhorrer les 3e mandats sur le continent, elle a fermé les yeux sur le cas Faure Gnassingbé ou plutôt l’a adoubé.


Dénis Sassou Nguesso, Joseph Kabila et compères ont toutes les raisons d’espérer pouvoir passer aussi. Pierre Nkurunziza l’a très tôt compris, et il a opéré son passage en force en juillet dernier, après avoir échappé à un coup d’Etat légitime tenté par un général pour le ramener sur terre. La communauté internationale s’est tue et il gouverne depuis lors. Loin de nous tout souhait, Kabila et Nguesso trouveront la motivation nécessaire en l’exemple de Faure Gnassingbé et réussiront aussi à passer en 2016. Vivement que les faits nous donnent tort…

Tino Kossi

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