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Des viols sur fond de rites vaudous aux assises de Bobigny
Publié le mardi 26 novembre 2013  |  AFP




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Par Valentin BONTEMPS

BOBIGNY - Il prétendait "chasser le mauvais esprit" par la pratique du "vaudou": un homme de 28 ans a comparu mardi aux assises de Bobigny pour des viols et violences commis sur trois adolescentes, avec le consentement de leur mère, lors de séances d'exorcisme.

Visage grave, voix posée, l'accusé, de nationalité togolaise mais installé en France depuis 1999, a reconnu à l'ouverture des débats les faits qui lui sont reprochés, assurant se sentir "mal" vis-à-vis de ses victimes et de sa conscience.

"J'ai commis quelque chose qui n'est pas bon", a confié ce père de deux enfants, qui dit avoir agi sous l'influence d'"esprits vaudous". "Pour moi, ça a été un soulagement que toute cette histoire s'arrête", a-t-il ajouté.

Le jeune homme est accusé d'avoir violé à plusieurs reprises la nièce de sa concubine, alors âgée de 14 ans, et d'avoir imposé des rituels incluant des violences sexuelles à ses deux soeurs aînées, entre 2010 et février 2011. Il encourt 20 ans de prison.

La mère des trois adolescentes, âgée de 41 ans, comparaît de son côté pour "complicité". Elle est accusée d'avoir fourni des préservatifs au violeur présumé afin qu'il "désenvoûte" sa fille cadette, et d'avoir cautionné les violences exercées lors des séances d'exorcisme.

"C'est le procès de l'obscurantisme et de la crédulité", a souligné en marge de l'audience Me Daniel Merchat, avocat des parties civiles, évoquant un climat de "superstition" aux conséquences dramatiques, notamment pour l'adolescente de 14 ans.

Cette dernière, à l'époque des faits, vivait au domicile de sa tante à Pierrefitte-sur-Seine (Seine-Saint-Denis), où elle avait emménagé pour suivre des études dans un établissement jugé plus strict par sa mère.

C'est dans une chambre de cet appartement, situé dans la Cité des Joncherolles, qu'elle aurait été violée à cinq ou six reprises par l'accusé, alors concubin de sa tante, au prétexte de "chasser le mauvais esprit" qui se trouvait en elle.

Mauvais sort

Invités par la cour à s'exprimer sur leur croyance, les co-accusés ont raconté le chemin qui les a conduits à s'intéresser à la religion vaudou, à partir de 2004. Puis à multiplier les cérémonies religieuses, afin de se "protéger" du mauvais sort.

Lors de ces séances, l'accusé aurait imposé des lavements génitaux à ses victimes et leur aurait entaillé les mains et les pieds avec une lame de rasoir, avant d'insérer dans les plaies une poudre noire considérée comme magique.

Plusieurs talismans et produits destinés à la pratique du vaudou ont d'ailleurs été retrouvés chez l'accusé, dont des flacons remplis de liquide brunâtre, des oeufs, du talc et des bougies.

"C'était pour obtenir l'aide des esprits des ancêtres", a raconté à la barre la mère des adolescentes, qui dit avoir soigné sa séropositivité grâce à des plantes ramenées du Togo par l'accusé.

"Je l'ai sollicité pour me trouver un appartement, puis un travail. Tout ce que je demandais, je l'ai eu", a assuré cette petite femme aux cheveux décolorés, décrite par les psychologues comme "naïve" et "vulnérable".

Interrogée sur les viols commis sur sa fille, la quadragénaire a nié avoir eu connaissance des faits. "Je n'étais pas au courant", a-t-elle martelé, imputant ces agressions à l'influence des "esprits" sur son beau-frère, qui aurait "appliqué des ordres qu'il recevait".

Lors d'un voyage au Togo en 2007, des marabouts auraient prédit au jeune homme la mort de sa mère. Pour éviter ce décès, deux solutions lui auraient été proposées: couper le bras d'un albinos ou bien coucher avec une mineure.

"Les vaudous sont puissants. A un moment donné, ils m'ont beaucoup aidé, mais finalement je me rends compte qu'ils font aussi beaucoup de mal", a assuré la mère des adolescentes.

Le verdict est attendu vendredi.

vab/ao/fm

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