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Financement du terrorisme : La France garde un œil vigilant sur le Togo de Faure Gnassingbé
Publié le mercredi 9 decembre 2015  |  L'Alternative


© aLome.com par Parfait
La Police présente d`importantes saisies de médicaments contrefaits.
Lomé, le 22 septembre 2015. Direction générale de la Police. 22 tonnes de médicaments contrefaits en provenance du Nigeria, saisies les 16 et 19 septembre derniers par la police, ont été présentées aux médias.


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125 kg d’or et 651 chèques mandats poste en direction du Liban et des Philippines saisis à l’aéroport de Roissy

Dans sa guerre contre le terrorisme, la France ne lâche rien. Elle veut désormais traquer les transactions financières qui pourraient alimenter les réseaux terroristes. Dans une note datant du 27 novembre dernier, les autorités françaises citent clairement en exemple le Togo comme un pays de départ de flux financiers douteux, comme quelques-uns interceptés en 2014 en destination de pays suspects comme le Liban et les Philippines.


Les autorités françaises ne sont pas près d ’oublier des prises précieuses réalisées par la douane en 2014, à l’aéroport Roissy Charles de Gaulles de Paris. « 83 kg d’or puis 42,58 kg d’or expédiés du Togo vers le Liban et 651 chèques mandats poste pour un total de 631470 US$ dans un envoi de fret express en provenance du Togo et à destination des Philippines » ont été découverts lors d’une opération douanière baptisée « Bingo ». L’opération a permis au total de découvrir 90 «moyens de paiement » dissimulés dans le fret pour une valeur totale de 9 244 827 Euros ( plus de six milliards de francs CFA).

Dans le document titré « Vers de nouveaux travaux au niveau européen sur la lutte contre le financement du terrorisme », publié et présenté en fin de mois de novembre par le ministre de l’Economie et des Finances de la France, Michel Sapin et dont L’Alternative a copie, on apprend les objectifs d’une telle opération : « Face à l’utilisation avérée du fret et de la voie postale par les organisations criminelles et compte tenu des nombreux mouvements financiers opérés par ces vecteurs, la douane a souhaité organiser une opération dédiée à la découverte d’argent liquide sur le fret, le fret express et la voie postale.

Cette opération, baptisée « BINGO », a été menée par la direction de Roissy Fret au cours des mois de novembre et décembre 2014. Elle visait notamment à : obtenir une vision claire et précise des transferts de capitaux déclarés ou non déclarés réalisés par fret, fret express et fret postal ; soutenir les propositions d’évolution réglementaire défendues par la France auprès de la Commission européenne, mais également au sein du GAFI; mettre à jour d’éventuels réseaux de blanchiment ou de financement du terrorisme».

Même si l’opération a été réalisée en 2014, les autorités ont cru bon devoir rappeler ses résultats dans la note de fin novembre au vu du nouveau contexte qui prévaut depuis quelques semaines . «Les attentats survenus ces dernières années en Europe, et tout particulièrement les derniers attentats commis à Paris le 13 novembre 2015, ont mis en lumière la nécessité de renforcer significativement la lutte contre le terrorisme et son financement au niveau de l’Union européenne» , explique-t-on dans ce document de plaidoyer dans lequel la France invite instamment l’Europe à renforcer rapidement les legislations afin de rendre systématiques les contrôles des flux douteux dissimulés dans les frets (transports de marchandises).

Aujourd’hui le niveau de la législation ne permet pas de rendre systématiques les contrôles ni d’engager des poursuites contre les auteurs. C’est à cette situation que la France veut mettre fin, autant à ses frontières qu’à celles de toute l’Europe.

« Une grande quantité de capitaux transitent via le fret, notamment le fret aérien, sans que ces mouvements ne soient soumis à l’obligation déclarative en douane, qui ne s’applique, concernant les capitaux transportées par les personnes physiques, qu’au delà de 10000 euros comme l’illustre les résultats d’une récente opération effectuée par les Douanes françaises à Roissy dédiée à la découverte d’argent liquide », indique le document qui poursuit en insistant que « Les obligations declaratives applicables aux personnes physiques devraient être étendues aux transferts physiques de capitaux par voie de fret, à l’or, aux métaux précieux et aux cartes prépayées ».

Cette nouvelle affaire rappelle des préoccupations des autorités américaines qui, il y a quelques années, accusaient le point de départ de financements obscurs en direction du mouvement libanais Hezbollah classé parmi les terroristes.

Les réseaux de commerce de véhicule d’occasion avaient été indexés. Sous pressions des Américains, Lomé avait tenté d’interpeler l’homme d’affaires Yamen qui a pu se volatiliser dans la nature, sans qu’on ne retrouve ses traces jusqu’à ce jour. Il avait même abandonné des chantiers de route qui lui avaient été confiés dont la voie Kpalimé-Atakpamé. L’affaire est suffisamment grave et met le Togo au banc des Etats voyous d’où partent des fonds pour le financement du terrorisme international au point d’enclencher un appel à une nouvelle législation sur le contrôle du fret aérien qui prendra effet à partir du mois de janvier 2016, comme l’indiquent nos confrères du Parisien qui y ont également consacré un article paru le 18 novembre dernier.

Le rapport des autorités françaises vient confirmer qu’il y a bien des transactions régulières mafieuses entre le Togo et le Liban, en dehors bien-sûr de celles qui empruntent les circuits normaux et qui sont aisément traçables.

Parlant de l’or, on sait que le Togo en est une grande plate-forme d’exportation. Les deux derniers rapports successifs de l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE) ont placé l’or comme 3e produit minier exportés à partir du Togo (17% en 2012 et 24% en 2013), devant le marbre et le fer par exemple , alors même qu’officiellement le Togo n’en est pas producteur.

Une ONG suisse a révélé en septembre dernier qu’en 2014, 7 tonnes d’or ont quitté le Togo pour la Suisse et qu’il s’agirait de produits provenant du Burkina. Cela fait des années que les autorités togolaises se contentent de justifier les importantes qu antités d’or exportées à partir de Lomé par le fait qu’elles proviennent des pays voisins. Mais elles n’ont jamais donné plus détails sur la trajectoire de l’or vers, dans et de notre pays le Togo. On sait juste que deux so ciétés installées au Togo sont reconnues comment faisant de la commercialisation de l’or : Wafex appartenant entièrement à des Libanais et Soltrans (dont les identités des propriétaires ne sont pas communiquées).

Les révélations des autorités françaises vienne relancer le débat sur la nécessaire transparence que l’on doit promouvoir dans le secteur minier en général et particulièrement dans le business de l’or au Togo. Surtout au vu de ce que représente l’or dans la finance internationale et de ce que des groupes mafieux peuvent en faire.

Si le Togo est devenu une plate-forme de trafic d’or et que, pour dissimuler leurs transactions financements, les réseaux lugubres choisissent la pierre précieuse monnaie d’échange, notre pays risque de devenir un repaire desdits réseaux. On n’oubliera pas que jusqu’ici les auteurs de l’assassinat, en pleine journée sur la nationale reliant le Togo au Bénin, du consul du Liban au Bénin avec des armes de guerre (AK47) courent toujours. Et ici encore, il faut remarquer qu’il s’agit d’une affaire relative au Liban , pays où sévit le Hezbollah.

Mensah K.

L’ALTERNATIVE – N°481 du 08 Décembre 2015

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