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3 ans de répressions, de tueries et d’arbitraire, Dapaong et Mango ou l’histoire des guerres d’intérêts
Publié le vendredi 22 avril 2016  |  L`Indépendant Express


© aLome.com par Parfait
Marche de protestation du MMLK -contre les violences à Mango- qui n`est jamais allée à son terme, à cause de tirs de gaz lacrymogène.
Lomé, le 13 novembre 2015. Plusieurs ressortissants de la Préfecture de l`Oti ont répondu à l`appel à manifester du MMLK pour dénoncer les violences meurtrières à Mango et la repénalisation du délit de presse dans le Code pénal togolais.


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Dapaong, la tombe de Douti Sinalingue et d’Anselme Sinandare, Mango, ville de la revalorisation scandaleuse de la faune de massacre, de barbarie et de bavure militaire. En trois (3) ans, Dapaong et Mango, deux localités du grand nord, de l’extrême nord du Togo, ont subi les affres de la répression marquée par les nombreuses bavures militaires.

Morts, blessés, exilés. Les savanes ont enregistré le décès de deux jeunes élèves en 2013, l’OTI, le massacre de sa population par rapport à la réhabilitation de la faune en 2015 puis tout récemment l’arrestation du professeur de lycée Namoro Moussa. Une arrestation qui a provoqué une nouvelle vague de contestations suivi des blessés et d’interpellation. Que se passe-t-il dans le nord du Togo depuis 3 ans. Une question qui suscite l’analyse de la rédaction.

Par Richard AZIAGUE


Les préfectures de Tones et de l’OTI, principalement leurs chefs lieux sont probablement la plus touchées en termes de bavures militaires ces trois dernières années. Tout a commencé à partir de 2013, plus précisément le 15 avril 2016 à Dapaong, où deux élèves ont été tués lors d’une manifestation des élèves. Ceux-ci réclamaient leurs enseignants suite à une grève lancée par la Synergie des Travailleurs du Togo STT. Beaucoup d’encre et de salive ont coulé à la suite de ces évènements, les conséquences restent vivantes.

Dapaong et ses morts…


Ce jour, Dapaong ne l’oubliera sans doute pas de si- tôt. Les jeunes élèves Anselme Sinandaré et Douti Sinalengue, sont tombés sous les balles des forces de l’ordre. Le jeune Anselme de 12 ans en classe de 5ème, baignait et agonissait dans son sang, jusqu’à ce que mort s’en suive.

C’était la consternation, l’angoisse et la désolation dans le cœur de non seulement la population de Mango mais de toute l’opinion nationale et internationale.

Le ministre de la sécurité Yark Damehane a tenté de justifier cet acte qualifié d’ignoble de ces éléments. Il parle de tirs de sommation : « Trois fonctionnaires de police ont été formellement identifiés comme ayant exécuté les tirs de sommation… le fonctionnaire de police du couloir, où la victime a été fauchée a également été identifié », promettant ainsi justice pour ce qui est identifié comme « un crime sur mineur » aux yeux du monde. «Les sanctions seront à la hauteur des actes posés », avait-il ajouté. Certains le contredisent et indiquent qu’il n’y a jamais eu de tirs de sommation mais plutôt des tirs directs à bout portant. Et d’autres encore parlent d’accident.


Le jeune garçon Douti, quant à lui trouvera la mort quelques jours plus tard suite aux coups reçus dans les bousculades meurtrières. Certains membres du gouvernement, ceux qualifiés de zélés à l’époque à l’instar du ministre Hamadou Yacoubou ont publiquement réfuté la thèse de décès dut aux coups reçus de la part des forces de l’ordre alors que l’analyse radiographique confirmait à suffisance les causes du décès du jeune.

Ces décès ont mis en ébullition la ville de Dapaong pendant très longtemps. Une situation qui a mobilisé tous les cadres influents de la localité. A ce jour, la lumière n’a jamais été faite sur la mort de ces deux jeunes élèves. Personne ne connait ni les identités, ni les visages ou encore moins la couleur de peau de ceux-là qui ont été à l’origine de la mort de ces jeunes élèves tués à fleur de l’âge.

La population de Dapaong et tout le Togo étaient là avec les cœurs non encore cicatrisés quand quelques mois plus tard, le gouvernement togolais comme sous un coup de tête sort son projet que d’aucuns qualifient de ‘’fameux’’ de réhabilitation de la faune de l’Oti.

Mango et la Faune meurtrière

L’Oti à son tour connaitra encore la barbarie et cette fois-ci c’est la ville de Mango qui sera le théâtre des affrontements. Pour une histoire de réhabilitation de Faune, les militaires ont massacré une population qui manifestait à main nue.

Il était en fait question d’évacuer les populations de leurs lieux d’habitation dans le but de restaurer la faune. Cette situation a sérieusement dégénéré et à amener à un face à face entre militaires lourdement armées et populations mains nues, tuant ainsi cinq (5) personnes.

Comme si cela ne suffisait, les bourreaux reviendront une semaine plus tard pour continuer la bavure. Là, la population a répondu du tac au tac. Le commissaire principal MOUZOU y laissera la vie. La population l’a lynché.


Mais la bavure militaire orchestrée par ces éléments est resté sans précédent. Tueries, bastonnades, habitations incendiées, chasse à l’homme, violation des droits humains, tous étaient au rendez-vous.

Des organisations de défense de droit de l’homme à l’instar de l’ONG Amnesty International se sont levées contre cet état de chose.

L’ONG a rendu public un communiqué où elle confirmait belle et bien les tirs des militaires, les décès ainsi que les autres bastonnades.

Et devant tout ceci, le gouvernement n’a fait autre chose que d’annoncer l’ouverture d’une enquête qui jusqu’à présent n’a encore rien donné. En tout cas pas au vu et au su de la population.

La population de Mango est toujours sous le choc et tente petit à petit de reprendre sa vie quand sa population se rend compte que ce n’était qu’une pause.

Ce n’en était pas fini pour le soulèvement

Le 31 mars dernier, les affrontements ont de nouveau secoué Mango. Cette fois ci, c’est le préfet Ouadja présenté comme ‘’tortionnaire’’ de l’Oti qui annonce les hostilités. Il a fait arrêter le professeur de lycée Namoro Moussa parce que celui-ci interdisait aux élèves de participer aux entrainements de défilé pour la fête du 27 avril à cause du retard accusé sur le programme scolaire.

Cette décision du professeur n’est pas du gout du puissant préfet qui a décidé de le mettre sous les verrous.

Cet acte du préfet Ouadja et de ses éléments fut la goutte d’eau qui a fait déborder le vase une fois de plus.

Les élèves et la population étaient une fois encore descendus dans les rues. Les forces de l’ordre ont fait usage de gaz lacrymogènes et balles en caoutchouc.

Plusieurs blessés (8) au total seront enregistrés, des arrestations signalées çà et là ainsi que des dégâts matériels.

Cette nouvelle sortie des autorités togolaises dans l’Oti remonte actuellement toute la population de Mango ainsi que ses ressortissants à Lomé.

Celle-ci entend réagir face à cette énième bavure militaire dans l’Oti.
Voici peint le tableau de l’Oti ces trois dernières années. Un tableau fait d’arrestations et de dégâts. Un tableau immensément dominé par le rouge. Rouge comme le sang versé par la population de Mango et de Dapaong. Le sang de Douti Sinalingue, d’Anselme Sinadare et les autres qui sont versés.

A qui profite le crime

Au delà de la réalité exprimée se dessine en filigrane des manipulations politiques internes au parti au pouvoir. La région des savanes composée principalement des préfectures de l’Oti et de Tône est originellement hostile au pouvoir politique alors que paradoxalement, plusieurs ministres, officiers de l’armée et fonctionnaires d’Etat sont issus de cette localité. Parmi eux, il y en a qui sont en fonction, ceux qui, sur retraite anticipée rasent les murs dans les couloirs politiques, et des candidats aux postes de responsabilités. Tous veulent exploiter les populations pour assouvir leurs ambitions, d’où la naissance des coups bas et des montages de toute sorte pour se faire valoir.

Les uns, donnent dans du zèle pour tenter de contenir sans succès une population foncièrement hostile. D’autres sont les fauteurs de troubles, des pyromanes qui mettent le feu et reviennent sous le manteau de sapeurs pompiers, barbichettes brandies.

Tout chemin mène à Rome, mais seulement, ces manipulations causent du tort aux populations qui sont finalement victimes d’une guéguerre d’intérêts qui affecte la vie et la tranquillité des populations déjà frappées par la misère et la pauvreté. Ce regard sociologique et politique est la clé de voûte des éternelles tensions qui marquent les savanes. Elles ne seront pas prêtes à finir si les cadres qui se font la guerre ne trouvent pas des solutions de leurs mesquins intérêts pour prendre les problèmes de la localité à bras le corps.

Aujourd’hui, la population de l’Oti est toujours sous le choc. Le gouvernement devrait trouver les voies et moyens pour mettre hors d’état de nuire ces fauteurs de troubles qui pénalisent une population meurtrie, désemparée mais très remontée.




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