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Dodzi Kokoroko lecteur d’Alexis de Tocqueville
Publié le lundi 18 juillet 2016  |  Le Temps


© aLome.com par Edem Gadegbeku & Emmanuel Atcha
1ère journée de l`Atelier national du HCRRUN sur les réformes au Togo
Lomé, le 11 juillet 2016. Hôtel Radisson Blu 02 février. Membres de l`exécutif, parlementaires, acteurs politiques, de la société civile et divers invités distingués ont répondu à l`invitation du HCRRUN. Les travaux ont été ouverts par le PM Selom Klassou.


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Alexis de Tocqueville est-il le fondateur de la démocratie aux Etats-Unis ? Réponse affirmative pour le Professeur président de l’Université de Lomé.

L’Atelier de réflexions et d’échanges sur les réformes politiques et institutionnelles organisé par le Haut-commissariat à la réconciliation et au renforcement de l’unité nationale (HCRRUN), du 12 au 15 juin à Lomé a pris fin, sans grand espoir d’un progrès de la situation politique des Togolais. Néanmoins, le Professeur Dodzi Kokoroko, chargé par Faure Gnassingbe de proposer une nouvelle constitution, a débuté l’atelier par une faute d’école !

Comment a-t-il pu commettre une telle erreur voire cette faute ?! Sa langue a-t-il fourché ? Sa pensée plus rapide que son discours écrit ou s’agit-il d’un simple quiproquo?

Dans sa leçon inaugurale de «l’Atelier national de réflexions et d’échanges sur les réformes politiques et institutionnelles», une de ces bizarreries politiciennes dont seul le Togo a le secret, le Professeur Dodji Kokoroko a eu à professer, entre autres incongruités sur la Constitution, d’après des propos rapportés par un bloggueur, que le très conservateur et d’ailleurs fieffé colonialiste Alexis de Tocqueville est l’un des pères fondateurs de la démocratie américaine pour avoir écrit justement son fameux bouquin De la démocratie en Amérique.

Le sang de l’auteur de cet article n’a fait qu’un tour. Comment le brillantissime Dodji Kokoroko a-t-il pu débiter une telle ineptie ? Cependant le plus intéressant est à venir; le jeune bloggueur qui a eu le courage d’épingler le Professeur qui vient de prendre la présidence de l’Université de Lomé, espace de critique si cela se trouve- nan, je déconne !- n’a eu en retour qu’une volée de bois verts. Des affidés de Dodji Kokoroko prenant sa leçon pour parole d’évangile, daubent l’impertinent bloggueur pour avoir osé contredire la Vérité sacrée et consacrée (par ses étudiants) du brillant professeur de droit. Certains sont allés plus loin que leur enseignant en écrivant sur un espace public tel que Facebook que Tocqueville a révolutionné la démocratie américaine ! Rien que ça.

Malgré les rejets de l’affirmation du professeur, ses thuriféraires n’en démordent pas. Pour eux, le penseur est à l’origine du concept de la démocratie libérale américaine!!!! Passant sous silence tout anachronisme- il est né des années-lumière après la révolution américaine- si on suit la logique du Professeur et de ses élèves défenseurs, les vrais pères fondateurs de la démocratie américaine, doivent être certainement des disciples de Tocqueville !

Certes, Tocqueville n’est pas un auteur au programme en faculté de droit (peut-être que je me trompe), mais la servitude volontaire de ces étudiants dont certains sont en master ou doctorants, se couchant littéralement devant la méprise de leur professeur, reste tout de même proprement hallucinant. Depuis la fin de la Conférence nationale souveraine, l’impertinence a foutu le camp de l’Université de Lomé. Les béni-oui-oui y ont pignon sur rue, applaudissant l’assomption de la ménopause qui guette les esprits. Que Dieu ait pitié du Togo !

Néanmoins, après cette juste colère, il convient juste d’apporter un rayon d’éclairage sur cette confusion mentale involontairement semée à l’insu de son plein gré par le Professeur Dodzi Kokoroko. Alexis de Tocqueville est effectivement l’auteur de De la Démocratie en Amérique, écrit dans la première moitié du 19ème siècle quand il était allé faire une étude sur le système pénitentiaire des Etats-Unis.

Son ouvrage explique la naissance de la démocratie américaine, son fondement et son fonctionnement, est prophétique dans certaines parties, surtout dans le second tome, pour avoir prédit à peu près l’évolution de cette démocratie. Aussi aujourd’hui est-il un pertinent recours pour parler de la démocratie américaine.

Tocqueville est apprécié surtout pour sa méthode de travail scientifique (il est considéré comme l’un des fondateurs de la sociologie), mais cela ne fait pas de lui le Fondateur, « the founding father » de la démocratie libérale américaine.

Son livre part d’un constat à savoir que l’inexorable égalisation des conditions en Europe devrait conduire à une plus grande liberté politique (les Togolais peuvent en tirer une leçon) et donc nécessairement déboucher au remplacement de la monarchie en France. Le livre est divisé en deux tomes, un premier s’inspirant de L’Esprit des Lois de Montesquieu dresse le tableau du système judiciaire américain et des lois sociales, tandis qu’il en profite dans le second tome pour prédire l’inéluctabilité de la démocratie dans ses conditions, dresse un profil-type d’une société démocratique. Il en avait conclu que le modèle américain n’est pas transposable en France.

De la démocratie en Amérique est prophétique, comme tout travail de sociologue se basant sur des postulats scientifiques indiscutables. Pour avoir étudié un objet (la démocratie américaine) et prédire en quelque sorte son évolution, cela fait-il de lui son fondateur ?

En vérité, Tocqueville non seulement ne peut pas avoir fondé la démocratie américaine, en raison de sa date de naissance intervenue post-indépendance, mais surtout pour la simple raison qu’il n’en était pas un chaud partisan. Le grand philosophe-sociologue Raymond Aron le taxait de «vieil aristocrate ». Aron disait que sur la démocratie, Tocqueville faisait « au mieux nécessité de vertu ».
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