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Interview de Messan Agbéyomé Kodjo: «Dans l’épreuve et dans la douleur, nous restons débout»
Publié le mercredi 3 aout 2016  |  AfreePress


© aLome.com par Parfait et Edem Gadegbeku
Déjeuner de presse du parti OBUTS sur la décentralisation
Lomé, le 14 mai 2016. Siège du parti OBUTS. Déjeuner de presse centré autour du débat passionné sur la tenue des élections locales au Togo depuis 1987


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L’Organisation pour bâtir dans l’union un Togo solidaire (OBUTS) a célébré mardi 2 août 2016, ses huit (8) ans d’existence. Pour marquer l’événement, les premiers responsables de cette formation politique annoncent la tenue samedi d’une conférence bilan avec la presse nationale et internationale. Mais en attendant cette date, le président national de l’OBUTS, Messan Agbéyomé Kodjo se confie à l’Agence de presse Afreepress dans une interview. Il dresse dans une première partie le bilan de ces 8 années d’existence et dans une seconde partie, il décortique la riche actualité sociopolitique du Togo.


La question des réformes politiques et institutionnelles, les résultats de l’atelier du HCRRUN, les réformes économiques et le scandale des Panama Papers. Tous ces sujets intéressent l’ex-Premier ministre et président de l’Assemblée nationale, Messan Agbéyomé Kodjo.

Voici pour vous, l’intégralité de cette interview.

Afreepress : Bonjour Excellence Agbéyomé Kodjo. Votre formation politique a célébré le 2 août 2016, ses 8 années d’existence. Dites-nous ce que vous retenez de ces 8 années d’existence ?

Agbéyomé Kodjo : En effet, notre formation politique Organisation pour bâtir dans l’union un Togo solidaire (OBUTS) a 8 ans. Cette formation politique est née dans des conditions particulières que je dirais un peu ardues parce qu’en 2008, tout précisément au mois de juillet, une semaine avant de porter OBUTS sur les fonds-baptismaux, il y avait sept (7) ponts qui avaient cédé sur les routes du pays, rendant très difficile la mobilité des délégués au Congrès. Ce ne fut pas aisé de rejoindre la capitale où se tenait l’assemblée constitutive du parti. Le pays était quasiment inondé et c’est dans ces conditions que OBUTS est née.

Nous dirons que, OBUTS est sortie de l’eau le 2 août 2008 pour prendre part à la vie politique de notre pays. Son avènement sur l’échiquier politique avait suscité beaucoup d’enthousiasme et d’espérance. Elle a participé à l’élection présidentielle de 2010 et elle s’est positionnée à la 3ème place. Elle a également eu à prendre part de manière très active, aux manifestations populaires sous la bannière du FRAC et du Collectif Sauvons le Togo.

Vous savez aussi qu’au lendemain de la présidentielle 2010, nous avons été traduits devant des tribunaux et la formation politique fut dissoute, son siège placé sous scellé. Après une longue bataille judiciaire le droit a triomphé et le parti fut réhabilité. Elle a pris part aux élections législatives de Juillet 2013, sous la bannière du Collectif Sauvons le Togo, mais ne dispose d’aucun élu à la représentation nationale, pour des raisons que seule la volonté de marginalisation pourrait expliquer. Dans l’épreuve et dans la douleur, nous restons débout et chevillés à notre objectif celui de contribuer à faire du Togo, une terre de démocratie, une terre de tolérance, une terre de respect des droits de l’Homme, une terre de prospérité partagée pour tous.

Afreepress : Vous dites que OBUTS reste débout et chevillée pour faire du Togo, une terre de démocratie, une terre de tolérance, une terre de respect des droits de l’Homme, et de prospérité partagée pour tous. En 8 ans d’existence, OBUTS a fait du chemin et est devenue une fille pleine de vigueur et d’espérance. Quel est aujourd’hui le positionnement de votre parti dans la géographie politique togolaise ? Est-ce une formation politique de gauche, d’extrême gauche ou de centre gauche ?

Agbéyomé Kodjo : Notre philosophie dès le départ était de mettre au service de la nation l’expérience et la compétence des hommes et des femmes qui animent cette formation politique, par l’alternance. Mais toutes les conditions ne furent pas réunies en raison des divergences et des objectifs différents dans le landernau politique togolais. Idéologiquement nous sommes des sociaux-libéraux, et œuvrons chaque jour pour le renforcement de la démocratie, le respect des droits de l’homme et la prospérité partagée.

Afreepress : OBUTS est l’un des partis politiques de l’opposition qui a activement participé aux travaux du HCRRUN centrés sur la question des réformes politiques. Qu’est-ce qui a motivé OBUTS à se lancer dans cette aventure avec pour capitaine, Mme Awa Nana Daboya ?

Agbéyomé Kodjo : Nous avons cru à cette aventure, parce que tout ce que nous avons déployé comme effort pour que les réformes puissent advenir avant les dernières élections présidentielles n’a pas été fructueux parce que nous n’avons pas été compris par nos compères de l’opposition parlementaire. Si on n’avait pris en compte la proposition que nous avons énoncée et qui fut appuyée également par d’autres formations politiques, peut-être que le problème des deux tours et de la limitation des mandats ne se poserait plus aujourd’hui.

La démarche du HCRRUN se voulait holistique, globale et systémique. Dans la 4ième République Rénovée ou dans celle de demain, d’autres réformes urgentes deviennent exigeantes pour un meilleur vivre ensemble. La modernisation de la gestion du foncier, le rééquilibrage du développement régional, le renforcement de la place républicaine de l’armée dans la Nation, la consolidation du rôle de l’Assemblée, la consécration de l’indépendance de la justice comme fondement de la démocratie, la place du tribunal électoral, pour les contentieux nés des consultations électorales, la place et le rôle de la chefferie traditionnelle, la limitation des mandats électifs, et ceux de la représentation de l’Etat dans les services déconcentrés, le contrat de performance…

Bref, il a été question de faire un diagnostic sérieux et sans complaisance pour un Togo plus juste et plus démocratique. Nous avons donc fait œuvre utile c’est pour cela que nous sommes sortis extrêmement enthousiastes. Certains se posaient la question de savoir pourquoi nous étions si enthousiastes. Les sujets abordés sont des sujets difficiles qui ont été abordés dans le calme et la sérénité contrairement à ce que nous avons vécu il y a 25 ans à la conférence nationale souveraine.

Afreepress : Peut-on dire que les travaux du HCRRUN sont allés au-delà de la question des réformes arc-boutées sur la limitation du mandat présidentiel et du mode de scrutin ?

Agbéyomé Kodjo : Awa Nana et le HCRRUN ont mis en œuvre une disposition de la CVJR exhortant le HCRRUN à rassembler des intellectuels d’horizon divers pour réfléchir les contours de la société togolaise en tenant compte de nos valeurs et traditions.

Il n’y a pas que la question des réformes parce que si nous réglons la question de la limitation des mandats, des deux tours et que subsiste dans la gouvernance de profonds dysfonctionnements, nous doutons que les aspirations des populations puissent être satisfaites. La démarche du HCRRUN vise à donner tous les leviers au peuple togolais afin qu’il assume dans la dignité son destin dans un monde de plus en plus tourmenté.

Afreepress : Il y a quand même une polémique que votre intervention au HCRRUN a suscitée. On vous accuse de jouer contre les intérêts de l’opposition, d’avoir le chef de file de cette opposition dans votre ligne de mire. Quelle est votre part de vérité ?

Agbéyomé Kodjo : J’avais déjà dit que les adversaires politiques ne sont pas des ennemis. Le journal dont il s’agit a exagéré en m’attribuant des propos qui ne sont pas les miens.

Ma communication au HCRRUN qui est visée, ne comportait rien de tout ce qui a été évoqué dans l’article. On m’a demandé de faire une communication sur le rôle et la responsabilité des partis dans le processus de réformes. J’ai bien dit que le maître-mot c’est le consensus. Je trouve qu’aller dresser un réquisitoire et des récriminations cinglantes contre Jean-Pierre Fabre n’est pas un élément qui participe à la recherche de consensus dont nous parlons. Je n’ai donc pas parlé de Jean-Pierre Fabre dans mon exposé, pas plus que j’ai chargé l’opposition. L’absence de consensus à travers l’histoire justifie les différends rendez-vous des acteurs politiques. Donc, si nous voulons de la stabilité institutionnelle et constitutionnelle, entendons-nous avant de faire les réformes, attendons-nous lorsqu’il s’agit de bâtir ou de construire un nouveau contrat social, que nous puissions avoir des compromis partagés et équilibrés.

J’ai rencontré pas plus tard que le week-end dernier Jean-Pierre Fabre. On a rigolé ensemble comme des amis. Les Togolais ne voient pas cela. Ce que je ne dis pas, c’est ce qu’ils m’attribuent. Ça ne veut pas dire que si je considère que Jean-Pierre Fabre dans sa mission, est dans l’erreur, je ne puisse pas en parler. Je suis un homme politique.

Afreepress : Parlons économie et évasion fiscale. Notre pays le Togo est éclaboussé par le scandale des Panama Papers avec au centre de l’affaire, les Indiens de WACEM. En votre qualité d’économiste de renom et surtout natif de la préfecture de Yoto où est implantée l’usine de WACEM, quelle analyse ce scandale suscite en vous ?

Agbéyomé Kodjo : Je pense que dans la semaine à venir, nous rencontrerons les autorités de notre pays pour parler de ce scandale international qui cache un scandale local. Le scandale local c’est que WACEM est implantée dans la région, Scan-Mine est aussi implantée dans la région mais quand vous voyez le paysage de la localité, c’est déplorable.

C’est un paysage moyenâgeux. On a le sentiment que nous sommes dans une ferme éloignée de la civilisation actuelle. Nous souhaiterions rencontrer donc les autorités de ce pays pour qu’elles puissent intervenir afin que les industries installées sur l’ensemble du territoire national et particulièrement dans le Yoto, puissent avoir un plan pour aider les localités notamment dans la construction des hôpitaux, des pistes rurales, la mise en place de points d’eau et d’écoles.

Par rapport au scandale de Panama Papers, je crois que s’il y a quelque chose à faire dans ce dossier, c’est de vérifier si tous ceux qui sont des actionnaires remplissent leurs devoirs fiscaux vis-à-vis du trésor. L’OTR devrait s’atteler à cela.

La seconde chose à mon avis, c’est de vérifier les comptes au niveau de WACEM parce que lorsqu’on parle de Panama Papers, ça fait référence à l’évasion fiscale. Il faut vérifier si ces entreprises sont en règle avec le fisc.

Nous ferons des propositions concrètes aux autorités dans les jours à venir pour avancer et que WACEM puisse se considérer comme une entreprise citoyenne et non comme une bande de gens installés pour exploiter abusivement les richesses du pays, sans aucun égard aux populations autochtones.

Afreepress : Selon-vous, est-ce qu’un haut fonctionnaire de l’Etat peut avoir des actions dans des industries et entreprises du pays. Vous qui aviez occupé de hautes fonctions ici au Togo, vous ne trouvez pas qu’il peut y avoir conflit d’intérêts ?

Agbéyomé Kodjo : Là il y a un conflit d’intérêts. Je pense qu’il y a beaucoup de gens qui ont acquis et acheté des actions chez WACEM qui peut-être n’ont pas une fonction publique, pour eux le problème ne se pose pas dans les mêmes termes.

Mais celui qui est encore en fonction et qui est impliqué directement ou indirectement dans la gestion de l’Etat, il n’est pas indiqué qu’il puisse être propriétaires des actions. Je crois quand même que le Premier ministre Klassou devrait en principe, lorsqu’il a été appelé à des responsabilités éminentes céder ses actions pour ne pas se retrouver dans une situation de conflit d’intérêt.

Lorsque David Cameron (Premier Ministre de Londres) avait été mis en cause dans le dossier de Panama Papers, il a reconnu les faits et affirmé avoir cédé son portefeuille depuis longtemps et l’opinion s’était calmée.

Afreepress : Quelle appréciations avez-vous de la mise en place de l’OTR et des plaintes des opérateurs économiques ?

Agbéyomé Kodjo : Nous avons salué l’arrivée de l’OTR dans son rôle de mobilisation des ressources financières au service du développement de notre pays. Pour autant, si l’on consent que l’OTR a réalisé de grandes choses ailleurs, ici il peine à faire des miracles.

C’est pour cela que nous avions affirmé que l’OTR était dans une démarche dogmatique au lieu d’être une démarche pragmatique.

Il y a plein d’hommes d’affaires qui quittent le port autonome de Lomé à cause des redressements intempestifs, qu’ils subissent. Il y a également des commerçants qui se plaignent des méthodes de cet office. Raison pour laquelle nous affirmons que la démarche de l’OTR doit être revue. L’OTR est au service de l’économie nationale mais l’économie nationale ne peut fonctionner que lorsque les activités économiques prospèrent. Mais on a le sentiment que les activités de l’OTR étouffent les activités économiques dans le pays.

Propos recueillis par A.Y.
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