Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Le Togo    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Économie
Article



 Titrologie



L'Alternative N° 548 du

Voir la Titrologie

  Sondage


 Nous suivre

Nos réseaux sociaux



 Autres articles


Comment

Économie

Une manifestation contre la Société Nouvelle des Phosphates du Togo (SNPT) violemment réprimée à Abobo-Zéglé
Publié le mercredi 24 aout 2016  |  L'Alternative


© Autre presse par DR
Symbole de la Justice.


 Vos outils




 Vidéos

 Dans le dossier

En organisant lundi 22 août, une manifestation contre la Société Nouvelle des Phosphates du Togo (SNPT), les populations d’Abobo-Zéglé, à une vingtaine de kilomètres au Nord-Est de Lomé, avec à leur tête leurs autorités locales, s’attendaient à tout sauf à la violente répression qui s’est abattue sur elle.

«On déplace notre village de son ancien site vers un nouveau au profit de l’extraction du phosphate. Mais on ne nous fournit pas les moyens nécessaires pour notre réinstallation sur le nouveau site. Par exemple, on vous donne le ciment et vous demande d’aller payer vous-même la main d’oeuvre des maçons, en attendant d’être remboursés. Seulement, ils nous ont déjà pris tous nos terrains agricoles et nous n’avons plus aucun revenu pour financer nous-mêmes notre réinstallation. Du coup, nous continuons de vivre sur l’ancien site. Et chaque fois qu’ils nous donnent des rendez-vous pour venir compléter les moyens dont nous avons besoin, ils ne viennent pas. Au même moment, ils poursuivent l’extraction jusqu’aux pieds de nos maisons en nous couvrant de poussières.

C’est contre tout cela que nous avons voulu manifester hier et ils ont envoyé des forces de l’ordre qui sont venues nous tabasser sauvagement, tirer sur nous des gaz lacrymogènes », a témoigné hier à L’Alternative, Komivi Adékpuivi, 1er notable de la localité. On apprend que plusieurs blessés graves ont été recensés.


Cela fait des années que dure le contentieux entre le village d’Abobo-Zéglé et la SNPT. A l’instar d’autres villages de la zone, Abobo-Zéglé a été rattrapé par l’extraction du phosphate. Ils sont soumis à un plan d’expropriation dont l’exécution constitue une pomme de discorde entre les deux parties. L’évaluation du dédommagement à verser ne satisfait pas la communauté.


Les bâtiments érigés après 2011, date du dernier recensement après une première de 1997, ne sont pas pris en compte par la SNPT. Et seuls les matériaux sont offerts dans un premier temps, le versement des liquidités prend de longs mois, ce qui ne laisse aucune chance aux moins nantis de s’offrir un nouvel habitat. Pendant ce temps, sur l’ancien site, les énormes roues-pelles qui creusent le sol continuent d’avancer et de se rapprocher de l’ancien site toujours habité. En dehors de ces soucis, la population demande une école sur le nouveau site.

C’est donc pour pousser les responsables de la SNPT à accéder à leurs doléances que la population, qui occupe toujours l’ancien site, a tenté d’organiser une manifestation qui a tourné à une véritable battue. Selon les témoignages, la répression a été particulièrement violente. Des témoignages, les forces de l’ordre sont même rentrées dans des habitations pour exercer la violence sur les jeunes.

Le sort de Zéglé ressemble à celui d’un autre village minier du nom de Kogamé (à ne pas confondre avec Kpogamé) qui, lui aussi, au début de l’exploitation minière dans la zone, avait refusé d’abandonner son site, contrairement à d’autres communautés aujourd’hui installées à Hahotoè et environs. Conséquence, l’Office Togolais des Phosphate (OTP) a réalisé de grandes excavations tout autour d’eux, les obligeant à se retrouver sur une petite colline avec des pentes très raides. Une anecdote raconte que les parents étaient obligés d’attacher les pieds des enfants à des meubles, de peur qu’ils ne tombent dans le vide.

Et pendant l’exploitation, le village était quotidiennement couvert d’épaisses fumées de poussières provoquées par l’extraction minière et constamment sous l’effet des bruits des engins lourds de l’OTP. Le supplice a duré des années et aujourd’hui, de ce village résistant, il ne reste que quelques cases qui tiennent encore à peine debout, habitées par quelques personnes du troisième âge. Depuis ces années, le cas de Kogamé est agité comme un épouvantail aux yeux des autres villages qui tentent d’opposer la moindre résistance à la société d’exploitation minière.

C’est ainsi que la SNPT réalise ses milliards qui servent aux différentes folies de ses responsables dont l’acquisition de véhicules de luxe. Après plus de 50 ans d’exploitation du phosphate, employés comme populations riveraines se retrouvent à multiplier des manifestations d’humeur pour réclamer un minimum de justice sociale. On est bien en droit de se demander enfin, à qui a profité et continue de profiter la manne des phosphate du Togo.

Maxime DOMEGNI

 Commentaires