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Liberté N° 2278 du 16/9/2016

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Réformes, urgences négligées pour le sommet sur la sécurité maritime
Publié le lundi 19 septembre 2016  |  Liberté


© aLome.com par Edem Gadegbeku & Emmanuel Atcha
Fin sur fond de satisfaction de l`Atelier national du HCRRUN sur les réformes
Lomé , le 15 juillet 2016. Salle FAZAO du Radisson Blu, Hôtel 2 Février. Les participants à l`Atelier National de Réflexion et d`Echanges sur les réformes institutionnelles et politiques se sont séparés après cinq jours de travaux, dans l`espoir de voir les réformes être opérationnalisées dans les meilleurs délais.


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Plusieurs études ont identifié les Togolais comme les plus malheureux au monde ; en tout cas le bonheur, ils n’en connaissent pas le goût (sic). Mais ils donnent parfois l’impression d’être super contents de leur sort de par leur attitude qui frise le consentement. Deux cas l’illustrent fort bien : leur attitude face au refus des réformes constitutionnelles et institutionnelles voulues par tous, le décaissement pour l’organisation du très coûteux sommet sur la sécurité maritime aux dépens de la satisfaction des urgences sociales. Au sein de la classe politique, au niveau de la société civile et des autres composantes de la Nation, on fait preuve d’une indifférence scandaleuse.


Le CAP 2015, seul avocat des réformes

Le pouvoir s’emploie à le faire passer par pertes et profits, mais le chantier de la mise en oeuvre des réformes constitutionnelles et institutionnelles est d’une importance incontestable. Leur mise en oeuvre devrait créer un apaisement certain de l’atmosphère politique et l’ouverture du jeu démocratique. Cela aura le mérite d’apaiser aussi les tensions palpables et les coeurs. Bien que ces réformes soient un engagement pris par le pouvoir Faure Gnassingbé devant le peuple et la communauté internationale dans l’Accord politique global (APG) en août 2006, il ne daigne pas honorer sa parole.

Aucune volonté de le faire et il s’emploie d’ailleurs à saboter toutes les initiatives engagées pour leur matérialisation : rejet du projet de loi du gouvernement en juin 2014, blocage de la première proposition de loi de l’opposition en janvier 2015, blocus des discussions sur la seconde proposition le 5 août dernier à la Commission des lois de l’Assemblée nationale. Plus de deux mois après l’atelier du Haut commissariat à la réconciliation et au renforcement de l’unité nationale (HCRRUN), les conclusions accueillies, dit-on, avec enthousiasme par Faure Gnassingbé n’ont connu aucune suite ; la commission d’universitaires et d’intellectuels qu’il a annoncée depuis l’Allemagne il y a trois mois n’est pas encore formée.


Tout est fait pour ne jamais matérialiser ces réformes, du moins les repousser indéfiniment. C’est tout le peuple togolais qui en a besoin, et il a suffisamment affirmé son adhésion. Mais devant la volonté manifeste de Faure Gnassingbé et le pouvoir RPT/UNIR d’entraver leur mise en oeuvre, c’est globalement de l’indifférence que l’on note dans la classe politique, la société civile, chez le peuple en général. On semble s’en remettre aux desiderata du Prince et ses apparatchiks. En tout cas, aucune mobilisation proportionnelle à l’attitude du pouvoir en place. Seuls les partis membres du Combat pour l’alternance politique en 2015 (CAP 2015) en font leur préoccupation.


Ce regroupement s’illustre aujourd’hui comme le seul avocat des réformes. Même s’il constitue le phare de l’opposition, le CAP 2015 et ses militants seuls ne représentent rien par rapport à la masse de gens qui veulent les réformes. Une campagne de mobilisation des populations autour de cette question est censée débuter ce jour et finir par une marche de protestation le 14 octobre prochain à Lomé.

Mais déjà, il est signalé des manoeuvres d’intimidation dans le Tône avec une interdiction scélérate de toute manifestation décidée par le préfet. Tout porte à croire que ce chantier importantissime n’intéresse que Jean-Pierre Fabre et les siens. Le reste de la classe politique donne l’impression d’en être indifférent. De même que la société civile prompte à critiquer l’opposition sur cette question, mais qui reste bruyamment muette devant le blocus manifeste de ce chantier par le régime qui veut le faire passer par pertes et profits. On est alors tenté de conclure à un silence consentant des forces vives de la Nation sur la volonté du pouvoir de faire un trait sur les réformes.


Urgences abandonnées au profit du sommet sur la sécurité maritime

L’organisation du sommet sur la sécurité maritime est la seule préoccupation du pouvoir Faure Gnassingbé. Au nom de cette rencontre, tout est mis en veilleuse. Le gouvernement ne ménage aucun effort pour en faire une réussite. Les réunions des structures préparatoires se multiplient. L’enjeu aujourd’hui, c’est de tout faire pour que les Togolais s’approprient cette rencontre. C’est ce qui explique les descentes sur le terrain des ministres pour expliquer le bien-fondé du sommet aux populations et requérir du coup leur adhésion. Les éditions du journal sur la Télévision nationale sont confisquées par les activités liées à cette rencontre de Lomé.



Ces genres de rencontres qui font laisser le nom du pays dans les archives rehaussent à n’en point douter son image et lui confèrent une certaine notoriété sur le plan international. Le Togo a sans doute beaucoup à tirer en termes de notoriété dans la tenue de cette conférence sur ses terres et donnera son nom à la charte de l’Union africaine sur la sécurité maritime qui sera signée à l’occasion. Selon les indiscrétions, le pouvoir de Lomé serait apprécié dans des milieux internationaux pour cette initiative sur un fléau qui intéresse beaucoup les Occidentaux. C’est justement sa gloire personnelle que recherchait Faure Gnassingbé. Mais là où le bât blesse, c’est que cela se fait aux dépens de la satisfaction des urgences sociales.


5,5 milliards FCFA, c’est officiellement le budget devant servir à l’organisation de ce sommet d’octobre prochain. Mais les indiscrétions évoquent un montant bien loin de ce chiffre, autour de 13 milliards. Et ce qu’il faut relever, c’est que ce sommet sera financé par l’Etat togolais qui a pratiquement forcé la main aux dirigeants de l’Union africaine pour arracher son organisation. Ce qui est scandaleux, c’est lorsqu’à côté, le pouvoir évoque le prétexte du manque de moyens pour se soustraire de la satisfaction de certains besoins sociaux relevant même de l’urgence.

Le 3e mandat capté par Faure Gnassingbé est dit placé sous le sceau du social, et Dieu sait que les besoins des populations sont nombreux. Il suffit de considérer le secteur de la santé pour se rendre à l’évidence du chantier. Les citoyens ont juste besoin que les centres de santé publics soient bien équipés afin qu’ils puissent se faire soigner et ne pas mourir de maladies bénignes. C’est un secret de Polichinelle que les scanners dont disposent les CHU du Togo ne fonctionnent que selon leurs humeurs et le plateau technique est déplorable. Selon les informations, un scanner coûte environ un demi-milliard de FCFA. On peut aisément imaginer le nombre de ces appareils que l’on pourrait acquérir avec ce pactole mis dans l’organisation de la fameuse conférence sur la sécurité maritime, onze (11) au moins. L’enjeu ici, c’est de sauver des vies. Mais Faure Gnassingbé préfère investir ces milliards pour sa gloire personnelle. Mais cela n’écoeure personne. Au niveau de la classe politique et surtout au sein de la société civile qui devrait normalement se sentir plus concernée, on semble accepter les choses telles quelles.

Autre dommage de ce sommet, le report de la rentrée scolaire. Cette reprise des classes devrait être effective le 26 septembre prochain. Mais pour la quiétude de la conférence de quelques jours si chère au Prince, le pouvoir a cru devoir la repousser au 17 octobre, sacrifiant ainsi l’avenir des millions d’élèves togolais. Pendant que ceux des pauvres citoyens sont à la maison, au nom de la sécurité et de la quiétude d’un sommet sur la sécurité maritime dont l’intérêt pour les populations est en question, les progénitures de la minorité au pouvoir ont déjà débuté leur rentrée dans les écoles internationales à Lomé et à l’étranger. On se moque des conséquences sur ces millions d’enfants togolais qui ont passé plus de temps que prévu à la maison. C’est en fait leur avenir qui est en jeu. Mais les parents d’élèves, les nombreuses associations de la société civile, personne ne se sent offusqué.

Bien que le pays aille à vau-l’eau, les forces vives de la Nation s’illustrent par un silence de cimetière qui frise une adhésion à ce qui se passe. On ne se sent pas scandalisé, comme sur des vétilles où parfois on se transporte sur les radios pour se produire. La diaspora, elle, se mobilise. Les compatriotes de l’extérieur veulent réserver un accueil bruyant à Faure Gnassingbé à New York le 22 septembre prochain pour la 71e Assemblée générale de l’ONU. . .

Tino Kossi



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