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Liberté N° 2280 du 20/9/2016

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Politique togolaise: L’autre stratégie sournoise de neutralisation des opposants et/ou de leurs soutiens potentiels
Publié le mardi 20 septembre 2016  |  Liberté


© aLome.com par Parfait et Edem Gadegbeku
Premier bain de foule de Pascal Bodjona, quelques heures après sa remise en liberté
Lomé, le 06 février 2016. Agoè-Cacaveli. Domicile de l`ex Directeur de cabinet de Faure Gnassingbé et ancien ministre de l`Administration territoriale, Pascal Akoussoulèlou Bodjona. Ce dernier a tenu à remercier tous ceux qui ont travaillé pour sa remise en liberté.


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Etouffement des opposants les plus en vue, entrave à l’exercice de leurs activités régaliennes… ce sont là les écueils à eux souvent posés par le pouvoir en place.

Le Combat pour l’alternance politique en 2015 (CAP 2015) vit encore cette situation, avec sa tournée nationale de sensibilisation démarrée ce vendredi. Mais l’autre stratégie moins visible mais pernicieuse utilisée par le régime Faure Gnassingbé, c’est la neutralisation par la justice des opposants et/ou des hommes fortunés susceptibles de soutenir l’opposition et contrecarrer ses plans obscurs. Un cas illustre actuellement cette assertion : Alberto Olympio du Parti des Togolais. Il n’est qu’un exemple parmi la longue liste de victimes du pouvoir en la matière.



Alberto Olympio, plus qu’une simple affaire de sou


Le président du Parti des Togolais a maille à partir avec la justice togolaise. La société Cauris Management dont il était partenaire lui reproche le détournement de ses fonds à hauteur de six (06) milliards de FCFA et c’est une litanie de chefs d’accusation qui est retenue contre lui. Le dossier est cousu de fil blanc et parsemé de vices de procédures et de violations flagrantes des droits de l’accusé. Son conseil a beau relever ces anomalies, mais cela n’a aucun écho chez les dignitaires de la justice togolaise qui, visiblement, se sont mis au service de Cauris Management et restent opaques aux conséquences de droit qu’elles entraînent. Le délibéré est prévu pour le mercredi 21 septembre prochain à Lomé.


Mais personne n’est dupe, derrière cette affaire de malversation, se cache l’ombre du pouvoir qui tire les ficelles. Même si en termes d’audience populaire, Alberto Olympio n’a pas grand-chose dont il pourrait se prévaloir et ainsi rivaliser avec le candidat du pouvoir dans les urnes, il constitue une réelle menace pour le régime sur bien de plans et on veut le coincer à tout prix.

L’homme est un as de l’informatique, des nouvelles technologies de l’information et de la communication, une science qu’utilise aujourd’hui le clan pour frauder les élections. Ses compétences en la matière constituent donc un handicap sérieux pour le RPT/UNIR. Il en a fait une démonstration en amont de l’élection présidentielle d’avril 2015, en relevant la non fiabilité du fichier électoral devant servir à ce scrutin. Il avait mis en exergue à l’époque des milliers d’électeurs fictifs et bien d’autres anomalies. Ses observations couplées à celles du CAP 2015 avaient légitimé l’exigence d’un audit du fichier ; mais le pouvoir s’y était opposé de toutes ses forces.


Au-delà de ses compétences professionnelles, le patron du Parti des Togolais est un homme de réseau au carnet d’adresses fourni. De plus, il est dit assis sur une fortune non négligeable. Autant de facteurs qui pourraient lui être de bons atouts pour bien mener son opposition contre le pouvoir. Il est évident qu’il représente une menace sérieuse et il urge de le neutraliser. La manoeuvre avait débuté en amont de la présidentielle de 2015 et ce sont ces menaces qui avaient eu raison de lui et poussé au retrait de sa candidature. Mercredi prochain, il devrait être condamné et il serait sans doute lancé un mandat d’arrêt contre lui.


Pascal Bodjona, l’autre victime


Au contraire d’Alberto Olympio, Pascal Bodjona n’est pas un opposant déclaré au sens formel du terme. Il ne s’est jamais permis de critiquer la gouvernance du pouvoir Faure Gnassingbé dont il est d’ailleurs l’émanation. L’ancien ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et des Collectivités locales jouit tranquillement de ses libertés aujourd’hui, depuis sa sortie de prison le 6 février 2016, après quatre ans environ de traversée du désert. Appréhendé le 1er septembre 2012 dans l’inénarrable affaire d’escroquerie internationale dont le plaignant est l’Emirati Abbas Al Youssef, il sera libéré provisoirement le 9 avril 2013, avant de se revoir déposer en août 2014 à la prison civile de Tsévié et finalement élargir après plus d’un an et demi de détention.

La prison, Pascal Bodjona n’aurait jamais dû la connaitre, du moins dans cette affaire, si son ancien protégé ne l’avait pas soupçonné de nourrir des ambitions et décidé de le coincer. Tout au long de l’instruction de ce dossier, les plus incrédules se sont fait leur opinion de la réelle motivation des misères de l’ancien bouclier politique et faiseur de roi de Faure Gnassingbé. Pour une affaire purement privée, le pouvoir et la justice se sont curieusement rangés du côté de l’Emirati. Le simple témoin qu’était Pascal Bodjona dans cette affaire d’escroquerie dont les cerveaux présumés étaient le Français Loïk Le Floch-Prigent et l’homme d’affaires togolais Bertin Agba était trimballé alors même que ces derniers étaient en liberté. On apprendra plus tard de ces deux personnes qu’il leur a été demandé lors de leur séjour carcéral, parfois à coup de torture, de plonger Pascal Bodjona.


Eh oui, Bodjona était une menace entre les jambes du Prince et il fallait le neutraliser à tout prix et tuer en lui toute velléité présidentielle. Intellectuellement, c’est une tête bien faite ; et côté compétences, il en a à revendre. L’homme aurait été identifié au plus fort de la crise politique en 2011-2012 par les milieux diplomatiques comme le collaborateur de Faure Gnassingbé le plus outillé pour gérer le pouvoir, et c’est ce qui aurait suscité le courroux du Prince. En tout cas, c’est un homme aux compétences politiques avérées, de réseau et ayant des relations dans tous les milieux politiques…Et ça, le fils du père n’aime pas. Mais les misères injustement faites à Pascal Bodjona ont-elles tué définitivement en lui toute envie présidentielle ? L’avenir nous le dira.


Bertin Agba, une fortune qui gêne


Comment parler de Pascal Bodjona sans évoquer son cousin Bertin Agba? Ce dernier vit aujourd’hui bien loin du territoire togolais. Mais il aurait pu rester en prison. Sa liberté, il la doit à sa clairvoyance qui lui a permis de prendre la fuite quelques jours après sa sortie de prison le 16 avril 2013. Ses déboires sont officiellement liés à son rôle présumé dans le dossier d’escroquerie internationale. Il fut le tout premier appréhendé dans cette affaire, c’était le 7 mars 2011. Mais on saura plus tard que ce n’était juste qu’un paravent pour noyer l’homme d’affaire.

Bertin Agba est un fortuné, et ça, tout le monde le sait. Cette fortune, il la doit à ses affaires plus ou moins louches faites parfois avec le pouvoir des Gnassingbé. Il disposerait de plusieurs sociétés et compagnies aériennes au Ghana et en Afrique du Sud notamment, des véhicules de luxe et d’autres biens. Au Togo, c’est un principe que lorsque tu es riche, tu dois t’afficher aux côtés du pouvoir ; mais lorsque tu ne le fais pas, tu deviens suspect et une cible à abattre. Bertin Agba l’a appris à ses dépens. Après avoir fait des affaires avec le père, il s’est éloigné du fils, d’où ses ennuis.

L’homme était surtout soupçonné de mettre sa fortune au service de son cousin Pascal Bodjona à qui on prête des ambitions présidentielles, et cela suffisait pour le coincer et le dépouiller. C’est d’ailleurs sur ses biens que ses bourreaux ont flashé à son arrestation, dans l’antre de la tristement célèbre ANR, Agence nationale de la torture, que dis-je, de renseignement. « Monsieur Sow Bertin Agba, te voilà enfin ! Où sont les clefs des véhicules ?… », tels étaient leurs premiers mots. En homme avisé, ce dernier aurait pris les dispositions idoines pour protéger ses biens.


Même après avoir réussi à prendre la fuite, le pouvoir de Lomé a tenté de le coincer. Un mandat d’arrêt international a été lancé à son encontre. Un JMP (journaliste en mission pour le pouvoir) avait même raconté à l’époque que l’homme d’affaires togolais était appréhendé et qu’il était même dans un avion en direction de Lomé. Mais il a dû son salut à la protection à lui offerte par des pays comme le Ghana et l’Afrique du Sud. Au-delà de sa fortune qui lui a créé des ennuis, certaines indiscrétions avaient fait aussi état de ce que Bertin Agba prendrait des cours de politique. A quelle fin ? L’un dans l’autre, il y a de quoi qu’il attire les projecteurs sur lui.

Pierrot Akakpovi étouffé par un redressement fiscal

L’homme n’a aucun lien officiel avec la politique. C’est plutôt un opérateur économique qui était assez prospère. Mais avec le pouvoir en place, on n’est jamais à l’abri. 2011, sa société de transit Monotrans qui était dans l’oeil du cyclone, fut l’objet d’un redressement fiscal. Cette opération effectuée par Ingrid Awadé, à l’époque aux commandes de la Direction Générale des Impôts (DGI) et qui concernait les exercices 2006, 2007, 2008 et 2009 de ladite société, avait abouti à un redressement de l’ordre de quatre milliards cent trente millions de FCFA. Comme s’il y avait un enjeu de temps, et malgré les objections et les observations de la société qui demandait une confrontation avec les experts des Impôts pour mieux comprendre la situation, tel que le lui permettent les procédures et bonnes pratiques, la « dame de fer » fit sceller tous les comptes bancaires de la société et de son directeur et procéda à la fermeture systématique des bureaux et magasins. C’était le début des ennuis de Pierrot Akakpovi. Alerté du projet de son arrestation, il a dû prendre ses jambes à son cou pour protéger ses arrières.

Derrière ce redressement fiscal, se cachait en réalité un règlement de compte. Il était en fait reproché à Pierrot Akakpovi, par ailleurs directeur de l’hôtel Novela Star, ses accointances présumées avec les milieux de l’opposition, notamment l’ancien Premier ministre Agbeyomé Kodjo qui était tout feu tout flamme après sa rupture avec le RPT. Il était même soupçonné d’avoir soutenu financièrement la candidature et les activités de l’homme lors de la présidentielle de mars 2010. Il est aussi fait à Pierrot Akakpovi le procès de relations entretenues avec Gabriel Ameyi, l’ex-député du pouvoir entre-temps tombé en disgrâce et plein d’autres griefs…

Bassabi Kagbara, le patron du Parti démocratique panafricain (PDP) qui était obligé de se retirer de la coalition Arc-en-ciel et de la dynamique unitaire de l’opposition pour sauvegarder ses affaires, Agbeyomé Kodjo et Dahuku Péré asphyxiés et obligés de revenir à la maison pour pouvoir entretenir leurs vieux os…on peut allonger à volonté la liste des opposants et /ou simples opérateurs économiques victimes de la stratégie d’étouffement du pouvoir.

Tino Kossi


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