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Le Golfe de Guinée, épicentre de la piraterie maritime en Afrique (Présentation)
Publié le lundi 10 octobre 2016  |  AFP


© aLome.com par Edem Gadegbeku & Parfait
Lomé parachève sa toilette en vue d`accueillir le Sommet de l`UA sur la sécurité maritime
Lomé, le 09 octobre 2016. Quelques artères de la capitale togolaise qui a changé de visage ces dernières semaines, en vue d`accueillir le Sommet extraordinaire de l`UA sur la sécurité et la sûreté maritimes. Principal enjeu de ce Sommet, doter l`Afrique d`une Charte panafricaine qui réglementera l`économie bleue sur le continent noir.


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Par Sophie BOUILLON


Plus de 5.700 kilomètres de côtes, 17 pays qui s'étendent du Sénégal à l'Angola, le Golfe de Guinée est désormais l'épicentre de la piraterie maritime en Afrique, alors que la situation s'est apaisée au large de la Somalie.

Ce sera l'un des thèmes phares dont auront à débattre les chefs d'Etat du continent ou leurs représentants, réunis à Lomé (Togo) le 15 octobre, pour le Sommet de l'Union africaine sur la sécurité maritime et le développement en Afrique. L'Organisation maritime internationale (OMI) dénombre au moins 27 attaques de bateaux (vols, kidnappings ou tentatives échouées) depuis avril sur les côtes d'Afrique de l'Ouest, contre deux seulement en Afrique de l'Est.

Le Nigeria, géant de 170 millions d'habitants, est au coeur du problème. La majorité des attaques perpétrées dans la région le sont au large de ses côtes ou dans les pays voisins, métastases des groupes armés originaires du Delta du Niger, la plus grande réserve d'hydrocarbure du continent située dans le Sud du Nigeria.


Même scénario qu'en Somalie, où les petits pêcheurs ne trouvaient plus de poissons à cause des pêches massives illégales, les groupes armés nigérians défendent leurs actions par leur "frustration".


"Il y a cette idée que le gouvernement et les compagnies étrangères exploitent le pétrole et que la population n'en tire pas profit", explique Bathélemy Blédé, chercheur en sécurité maritime à l'Institut d'études de sécurité (ISS). Un nouveau groupe armé a d'ailleurs menacé de mettre le feu aux pétroliers étrangers, ne se satisfaisant plus seulement de faire exploser les oléoducs dans le delta.


Les attaques des pirates des mers sont de plus en plus éloignées des côtes, note le commandant Eric Lauvault, capitaine du Dixmude, bâtiment de projection et de commandement (BPC) de la marine française qui sillonne les eaux internationales d'Afrique de l'Ouest depuis 1990 et lutte contre le "brigandage", les pêches illégales, les attaques mais aussi les trafics en
tout genre.


Le long du Golfe de Guinée, cargos, pétroliers et porte-containers se succèdent. 92% des marchandises qui circulent sur le continent africain arrivent par bateaux. C'est sans compter les minerais qui sont exportés en quantité astronomique.

- Soutien logistique étranger -


Les grandes puissances étrangères (Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, mais aussi Japon et Chine) sont présentes en apportant un soutien logistique, financier ou armé aux pays de la région. EIles protègent ainsi leurs intérêts nationaux qui transitent sur cette gigantesque autoroute des mers.

Mais paradoxalement, il était plus facile de travailler au large de la Somalie, un Etat failli, que dans les eaux nigérianes. "Pendant la guerre du Biafra (1967-1970), de nombreuses puissances
étrangères ont importé des armes dans la région séparatiste", conduisant à une guerre civile sanglante toujours ancrée dans les mémoires, note M. Blédé.

"Le Nigeria ne va jamais accepter que des forces étrangères rentrent dans sa zone".


La piraterie est un "business" qui draine des milliards de dollars et, dans un pays où la corruption est endémique, les autorités ont longtemps nié les troubles qui empoisonnent aussi leurs voisins.

L'ancien directeur général de l'Agence nigériane de la sécurité maritime (NIMASA) Patrick Akpobolokemi avait directement accusé les compagnies d'assurance de grossir les chiffres et de "brandir le drapeau rouge volontairement" pour "soutirer encore plus d'argent aux opérateurs du secteur maritime".

Depuis l'arrivée du président Muhammadu Buhari au pouvoir en 2015, M. Akpobolokemi a été renvoyé de son poste, accusé d'avoir détourné 2,6 milliards de nairas (7,3 millions d'euros).

Le manque de coopération, notamment d'échange d'informations entre les différents pays, est un problème majeur même si, pour tous les acteurs du secteur, de nombreux efforts ont été faits dans ce sens depuis la dernière conférence de Yaoundé en 2013.


"Si un navire commet un acte de pêche illicite par exemple dans les eaux sénégalaises et passe ensuite en Guinée, nous n'avons aucun moyen de le poursuivre", explique un jeune officier de marine d'Afrique de l'Ouest, actuellement en formation sur le Dixmude.


Beaucoup de pays africains n'ont pas de frontières maritimes délimitées, conséquence, selon M. Blédé, des partages de la Conférence de Berlin de 1884 qui "ne s'est pas occupée du domaine maritime".


Encourager les marines nationales à travailler ensemble, délimiter les frontières maritimes et mettre en place une Charte contraignante, signée par tous les membres de l'Union africaine, ce sera le difficile défi du sommet de Lomé.

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