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Forum N° 2218 du 28/10/2016

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Épilogue ou nouvel épisode d’une tragi-comédie politique: Me Agboyibo programme son retour
Publié le mercredi 2 novembre 2016  |  Forum


© aLome.com par Parfait
Me Yaovi AGBOYIBOR, ancien Premier Ministre du Togo, et Pdt d`honneur du CAR.


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Déclenchée il y a plus d’un an, la crise qui secoue le Comité d’Action pour le Renouveau (CAR), l’un des principaux partis de l’Opposition togolaise, a connu un nouvel épisode décisif samedi dernier 22 Octobre 2016.


En effet, à en croire une déclaration rendue publique par certains responsables de ce parti, les présidents fédéraux organisés en une coordination, et des délégués des différentes fédérations du CAR se sont réunis dans un hôtel de la capitale et ont décidé de remplacer l’actuel Bureau national du mouvement présidé par Maître Dodji Apévon par un « Comité ad’ hoc de gestion intérimaire » dirigé par Monsieur Nador Awuku, un inconditionnel fidèle de Maître Yawovi Agboyibo, Président d’honneur et Fondateur du parti.


Ce comité de gestion intérimaire qui compte 19 membres disposerait, selon sa feuille de route, d’un délai de 60 jours, pour organiser un congrès extraordinaire afin de doter le CAR de nouveaux organes nationaux élus. Elle assurera la représentation ainsi que la gestion des affaires courantes du parti jusqu’à l’élection des nouveaux membres des organes nationaux.


A travers cette déclaration finale lue au terme de leur réunion, les « présidents fédéraux » ont rappelé que, « par lettre en date du 21 juillet 2016, nous avons notifié au Président National du CAR (Maître Dodji Apévon) que son mandat ainsi que ceux des autres organes nationaux du parti arrivent à expiration le 17 octobre 2016 à minuit et qu’il lui revient de convoquer dans le délai statutaire, le Congrès du parti en vue de leur renouvellement. Nous lui avons signifié par la même lettre que s’il persiste dans son inertie et que le CAR vient à tomber dans un vide statutaire, les fédérations prendront leur responsabilité ».


La Coordination des présidents fédéraux, indique dans la même déclaration s’être réunie le 18 octobre 2016 à Lomé pour solennellement faire le constat que, faute de convocation de Congrès, les organes nationaux n’ont pas été renouvelés. « Elle a décidé en conséquence de convier les représentants des fédérations à se retrouver à Lomé en vue de prendre les décisions qui s’imposent conformément aux termes de notre interpellation du 21 juillet 2016 ». C’est donc sur la base de ce « constat de vide statutaire » que les présidents et délégués des fédérations réunis ce samedi 22 octobre 2016, et déclarant agir conformément aux Statuts du CAR disent avoir pris les deux décisions sus citées.


En clair, à en croire cette déclaration, Maître Apévon n’est plus depuis le samedi 22 Octobre 2016, Président national du CAR. Celui qui a présidé aux destinées du CAR depuis 2008 avec la bénédiction de son ex-mentor, crie "au coup d’Etat" et brandit les Statuts du parti.


Maître Apévon avance trois éléments de droit pour balayer d’un revers de la main les décisions de samedi dernier et accréditer la thèse du coup d’Etat. Premier élément : il rappelle qu’avant le déclenchement de la crise, le Bureau national avait enclenché un processus d’organisation d’un Congrès ordinaire qui devait procéder au renouvellement des instances du parti conformément aux Statuts du parti. Selon lui, tout a été fait par les auteurs de la crise pour empêcher un fonctionnement normal du parti en particulier pour l’organisation du Congrès.


Le deuxième argument de droit soulevé par le désormais ex-Président national du CAR concerne la fameuse « coordination des présidents fédéraux » qui ne figure nulle part dans les Statuts du parti. Ces derniers prévoient certes une « Conférence des présidents fédéraux » mais, sa convocation relève exclusivement des prérogatives du Président national qui en définit l’ordre du jour. « Encore faut-il que cette Conférence des présidents regroupe réellement ceux qui ont régulièrement été élus par les militants de base et non des individus cooptés pour les besoins de la cause », s’est indigné un proche de Maître Apévon.


Le troisième élément de droit évoqué par l’ancien numéro un du CAR concerne l’ensemble de la procédure utilisée par les auteurs d’un acte qu’il n’hésite pas à qualifier de coup d’Etat. Pour Maître Apévon, « la réunion qui est convoquée à l’Hôtel Muget est totalement illégale.


Elle ne rime à rien, c’est de la plaisanterie de mauvais goût. Vous savez, il y a un régime qui est en place que nous combattons depuis des années ; si on veut faire des choses correctement, il faut le faire honnêtement dans les règles. Nous voulons faire des choses sérieuses. On ne peut combattre un régime de dictature et adopter des attitudes de dictateurs, des choses de complaisance. Ce qui s’est passé, c’est de la complaisance, c’est pour divertir les Togolais » a-t-il déclaré.


Les Togolais qui tirent le diable par la queue et qui, à chaque échéance électorale jouent quand même le jeu et continuent de croire à la perspective d’un changement, doivent s’interroger au regard de ces querelles intestines si loin de leurs préoccupations. Comment en est-on arrivé à cette extrémité ? S’agit-il d’un simple antagonisme entre Maître Agboyibo, fondateur du CAR et Maître Apévon, l’élève, pour le contrôle du leadership du parti ?


En réalité, la crise est plus profonde qu’elle n’y paraît à première vue. Elle va au-delà d’une simple confrontation entre deux égos. Rappelons que le CAR n’est pas le premier parti au Togo à se trouver confronté à ce genre de situation. L’UDS l’a connu à deux reprises, en 1992 et 1999. Plus récemment, c’est une scission au sein de l’UFC qui a donné naissance à l’ANC. Plus loin de nous, tout le monde se souvient des querelles internes qui ont conduit Marine Le Pen à exclure son propre père du Front National dont il est pourtant le fondateur.


Comme on le voit, le point commun entre ces différents cas, c’est la contestation à un moment donné, du fondateur du parti par des « héritiers » qui sont souvent des cadres de premier plan. L’autre trait commun de tous les cas cités, c’est que, les amis d’hier finissent par se retrouver devant les tribunaux pour tenter de régler sur la forme, des problèmes qui se posent au fond.


Après avoir dénoncé l’irrégularité de la procédure, Maître Apévon pourra-t-il ne pas contester devant les tribunaux compétents, l’illégalité de sa destitution ? Dodji Apévon n’incarne plus sa seule personne. Le CAR est aujourd’hui scindé en deux blocs antagonistes qui se regardent en chiens de faïence. Mais, toujours est-il que, même s’il gagnait en première instance, les procédures d’appel et éventuellement de cassation pourrait mener loin dans le temps et anéantir sa propre carrière politique et celle des compagnons de lutte qui sont à ses côtés.


Plutôt que de s’embarquer dans des procédures judiciaires aux issues incertaines, il ne serait pas impossible que Maître Apévon surfe la vague de sympathie dont il jouit au sein d’une partie de l’opinion du CAR pour créer un nouveau parti capable d’incarner sa vision et rassembler tous ceux qui, au sein du CAR et ailleurs se reconnaissent dans les idéaux dont serait porteur ce nouveau parti.


En effet, la crise du CAR est d’abord idéologique avant d’être un problème de personnes. Ce sont deux visions du combat politique, deux méthodes et deux stratégies qui s’affrontent. Selon l’opinion de certains analystes, Maître Agboyibo était persuadé que la Coalition Arc-en-ciel dont il avait soutenu la création, allait l’adouber comme candidat à l’élection présidentielle de 2015.


Or, au sein même du CAR, la plupart des cadres, craignant un score encore plus minable que les 2,96% obtenus par Agboyibo à la présidentielle de 2010, avaient majoritairement porté leur choix sur Maître Apévon. Ce choix, entériné par un vote interne de la Coalition Arc-en-ciel, aurait été vécu par les proches de Maître Agboyibo comme un crime de lèse majesté.


Beaucoup de cadres auraient alors compris que dans l’entendement de Maître Agboyibo, Apévon ne devait être Président national que de nom et lui, Agboyibo, devait continuer à exercer la totale réalité du pouvoir à la tête du parti, en particulier pour tout ce qui touche aux relations avec le Pouvoir en place et la représentation au plus haut niveau du parti. Plus d’une fois, des prises de positions de Maître Agboyibo auprès des tiers, auraient mis mal à l’aise Maître Apévon vis-à-vis de ses pairs de l’Opposition.


A chaque fois, le CAR officielle apparaissait souvent comme un cheval à deux têtes, celle d’Apévon, Président national en titre et celle de Jean Kissi, le gardien inconditionnel des positions du Fondateur du parti.


Face à la vague de sympathie de plus en plus croissante dont jouit Apévon auprès de l’opinion où, de part son ralliement sur les positions du populiste Jean-Pierre Fabre, il est perçu comme "un homme de parole, sincère et honnête", face également à sa détermination à œuvrer pour l’union de l’Opposition, Maître Agboyibo qui n’a jamais désespéré de revenir au devant de la scène pour effacer l’humiliation des 2,96% de 2010 à lui attribués par le pouvoir RPT, s’est résolu à reprendre en mains le CAR pour en faire ce qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être, "un parti dont les idéaux fondamentaux sont bâtis sur le socle du dialogue et d’entente avec le pouvoir." Ce qui en soit n’a rien de politiquement incorrect quand on sait qu’un retrait provisoire de la vie politique ne saurait être interprété comme une mort politique. Ailleurs en France, on voit Nicolas Sarkozy, après ses charges à la magistrature suprême, revenir au devant de la scène politique de la droite là où d’autres avaient préféré carrément une retraite politique. En clair, que Maître Agboyibo revienne pour imprimer la marque originelle qu’il avait imprimée au parti dont il a joué le premier rôle dans la création, il n’y a, a priori, rien de malveillant comme voulaient le faire croire ses détracteurs.


Cette option politique de Me Agboyibo à laquelle n’adhère pas totalement Maître Apévon, aura, en réalité, toujours été la marque de perception de l’action politique de l’ancien Premier ministre togolais. Il n’est pas totalement inexact, dans ces conditions, d’affirmer que les deux hommes incarnent deux visions du CAR irréversiblement inconciliables.


Il appartiendra désormais à Maître Apévon de se déterminer pour faire de ce qui s’est passé samedi, l’épilogue ou un nouvel épisode de la tragi-comédie politique dont il est devenu malgré lui, l’acteur principal. Et à Me Agboyibo de sortir de l’ombre pour assumer clairement sa position dans cette crise qui fait stagner le parti des déshérités dans l’ornière !
Dimas D.


Forum de la Semaine N°2215 du Lundi 24 Octobre 2016

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