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Réforme de l’Enseignement supérieur au Togo/Le système LMD en question: Un bilan peu élogieux après une application approximative
Publié le jeudi 10 novembre 2016  |  Le Combat du Peuple


© aLome.com par Edem Gadegbeku & Parfait
Journée d`informations organisée par la délégation de l`UE au Togo et la Présidence de l`Université de Lomé, à l`intention des étudiants togolais.
Lomé le 17 novembre 2015. Université de Lomé. Journée d`informations organisée par la délégation de l`UE au Togo et la Présidence de l`Université de Lomé, à l`intention des étudiants togolais.


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Des informations parvenues à notre rédaction font état du fait qu’un forum organisé la semaine dernière à l’endroit des étudiants de l’Université de Lomé par des associations estudiantines et de la société civile a été interdit par les autorités universitaires.

A l’instar des organisateurs dudit forum, nous ne saurons, à l’heure actuelle, tirer la conclusion selon laquelle c’est parce que cette rencontre visait, a priori, à dresser un bilan sur l’application du système Licence-Master-Doctorat (LMD) qu’elle a été empêchée par les dirigeants du milieu universitaire. Toujours est-il que les mêmes autorités ont prévu incessamment présenter un rapport visant à reconnaître ce qui a été fait durant les sept dernières années marquant la mise en application du nouveau système.

La 2ème vice-présidente de cette université, Pr Kafui Kpégba, chargée de la vie universitaire, affirme à ce titre que. « Nous sommes en train de préparer le premier bilan. Comme le système LMD est un processus, il faut s’arrêter un moment, faire le bilan, savoir ce qui a marché, ce qui ne l’a pas été et recadrer les choses.



Ce bilan nous permettra d’avancer avec tout le monde et ne laisser personne à la traîne ». Selon elle, en tant que processus, le système LMD connaît une évolution relative au Togo. Elle va plus loin en citant comme preuve que pour une première fois depuis son démarrage, l’inscription se fait entièrement en ligne (internet) cette année académique 2016-2017. Mais ils sont nombreux à ne pas partager cet enthousiasme. Et pour cause.

Depuis 2009, le nouveau système est entré en vigueur dans les universités publiques du Togo notamment Lomé et Kara avec pour objectif d’apporter une nette amélioration dans la formation des étudiants et les amener à être plus compétitifs sur le marché de l’emploi. De quoi s’agit-il ?

Le système LMD est un système de formation universitaire mis au point en Amérique du Nord (USA, Canada) et qui met l’accent sur une formation pratique contrairement à l’ancien système qui est jugé trop théorique. De ce fait, ce système a des exigences car, le fondement dudit système est de faire en sorte que tous les étudiants puissent réussir. Aussi, devrait-il y avoir un accompagnement spécifique pour les étudiants qui ont un niveau faible, ce qui est contraire à l’ancien système de formation qui est éliminatoire.

A cet effet, la norme UNESCO prévoit un (01) professeur pour trente (30) étudiants ; la norme USA-CANADA : un (01) professeur pour 20 à 25 étudiants.

Or, à quoi assistons-nous ? Dans nos universités et principalement dans le public, la situation se présente souvent comme suit :

Université de Lomé : un (01) professeur pour 92 étudiants

Université de Kara : un (01) professeur pour 130 étudiants

De toute évidence, comme on peut aisément le constater, il y a un problème de fond qui porte sur les moyens humains et matériels à mettre en œuvre pour la réussite de ce système. C’est dire que les conditions sont loin d’être réunies avant l’instauration du système.



Au fil des années, il s’est avéré que le LMD est devenu un casse-tête pour les étudiants et les professeurs à tel point qu’à ce jour, les bases solides de ce système ne sont pas toujours posées. La plupart des professeurs n’ont même pas encore adapté leurs cours à la nouvelle donne. L’Université de Kara, par exemple, continue toujours par vivre des cours de missions c’est-à-dire qu’il n’y a pas d’enseignant sur place pour dispenser certains cours. Il faut attendre une période de l’année universitaire avant de les voir débarquer et repartir aussitôt. Certains professeurs sont obligés de demander à leurs étudiants de mémoriser les cours pour des évaluations ultérieures. Ce qui est contraire à la réglementation du nouveau système parce que sa méthode d’évaluation diffère du système classique.

En réalité, à voir de près ce qui se passe, chaque département a sa manière d’appliquer le système LMD à ses étudiants. D’où un sérieux problème d’uniformisation du système. A cet effet, certains départements créent des unités d’enseignement (UE) libres en leur sein à un nombre réduit alors que d’autres obligent les étudiants à aller chercher dans d’autres départements des UE libres. Le hic, c’est qu’il arrive que les notes des UE libres tardent à être affichées dans les départements extérieurs. Du coup, l’étudiant est obligé de poireauter pendant toute une année sans voir ses notes. Il arrive même que les notes de certains ne se retrouvent sur la liste lorsqu’elle est finalement affichée. Ils entreprennent donc un parcours de combattant dans le département extérieur à la recherche de leurs notes. Et ce n’est qu’après moult tractations qu’ils les retrouvent.

Pour les évaluations, il est souvent prévu deux types (devoir et examen) sans session de rattrapage. Mais il arrive des fois que sans qu’on ne l’explique, tout bascule comme dans l’ancien système en l’occurence une évaluation avec session de rattrapage.

C’est ainsi que le triste constat est fait que depuis l’application de ce système, les étudiants trainent après 5 ou 6 ans, des cours de 1ère ou de deuxième année qu’ils ont du mal à valider. Ce qui les décourage, et nombreux sont ceux d’entre eux qui abandonnent après quelques années sans succès. Ceux qui, après beaucoup d’efforts, arrivent à valider les unités, ont toutes les difficultés du monde pour obtenir leurs relevés de notes pour envisager des attestations.

Un cas illustratif dans le domaine de la formation des juristes pour comparer l’ancien système de formation avec le nouveau.

Formation juristes privatistes : on a comme principales matières le Droit des contrats, le Droit commun des sociétés, la théorie générale du Droit et le Droit des biens.

Selon l’ancien système, si la moyenne dans chaque matière est fixée à 10 pendant l’examen et si l’étudiant obtient par exemple :

1) 13/20 en Droit des contrats ;

2) 7/20 pour le Droit commun des sociétés;

3) 11/20 pour la théorie générale du Droit ; et

4) 10/20 pour le Droit des biens ; il cumule comme moyenne 10,25/20 et donc, il aura réussi.

Avec le nouveau système, l’étudiant doit reprendre la matière dans laquelle il a eu 7/20. En définitive donc, il doit suivre de nouveau des cours pour assimiler le Droit commun des sociétés avant de recomposer l’année suivante puisqu’il n’a pas pu valider cette matière. Peu importe le nombre de fois qu’il repassera cet examen, ce n’est que lorsqu’il aura obtenu la moyenne, qu’il aura réussi.

En définitive, il n’y a pas d’examen de rattrapage comme dans l’ancien système si le professeur n’a pas repris le cours pour ceux qui n’avaient pas compris. D’où l’importance d’avoir des effectifs d’étudiants réduits.

La question se pose alors de savoir si l’Etat, à lui seul, dispose des moyens de recruter les professeurs pour respecter progressivement les ratios de l’UNESCO à savoir 01 professeur pour 30 étudiants sans parler des équipements pédagogiques (bibliothèques, laboratoires, etc.). Sinon, quelle doit être la contribution de l’étudiant, voire des parents ?

Peut-on avoir une formation de qualité sans y mettre les moyens ? La réponse est forcément non et les exemples dans les universités privées prouvent à suffisance que si l’objectif final est d’avoir une formation de qualité pour la jeunesse, l’Etat doit s’engager davantage à y mettre les moyens. Sinon, à terme, les universités publiques risquent de devenir des universités de seconde zone avec une formation au rabais, c’est-à-dire une formation sans qualité où les étudiants qui sortiront n’auront pas d’emploi. Dans ce cas, notre pays ne pourra pas faire face à la concurrence sous-régionale, régionale et internationale.

Ramener donc le problème à la réussite de l’inscription en ligne comme tente de le faire la chargée de la vie universitaire est donc très réducteur. Il est temps de dresser un bilan sérieux pour repenser la reforme dans l’enseignement supérieur au Togo.


Julles
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