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Liberté N° 2334 du 6/12/2016

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Interview exclusive de Jean-Pierre Fabre : «Quand un peuple se lève, aucun obstacle ne peut empêcher sa marche en avant»
Publié le mercredi 7 decembre 2016  |  Liberté


© aLome.com par Parfait
L’ANC entend se choisir un candidat pour 2015 : ce sera à la faveur de son 1er congrès ordinaire qui a mobilisé du monde ce 10 octobre 2014, à Nyékonakpoè, sur la Paroisse de l`église presbytérienne du quartier du mȇme nom.
Jean-Pierre FABRE serein.


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« Aucun peuple ne supporte indéfiniment l’oppression. Aucun peuple ne peut supporter indéfiniment le pillage de ses ressources par une minorité qui le confine à la misère et au dénuement. Quand un peuple se lève, aucun obstacle ne peut empêcher sa marche en avant. Je me réjouis de l’avènement d’une ère démocratique en Gambie », se félicite Jean-Pierre Fabre, président national de l’ANC et Chef de file de l’opposition, dans l’interview qu’il a accordé à votre journal.


Il a exposé les leçons que l’opposition peut tirer de l’élection en Gambie avant d’aborder la problématique des élections locales, les réformes constitutionnelles et institutionnelles, la création de deux nouveaux partis, la loi des finances 2017 et la grève des enseignants. Lecture !



Liberté : Pour ouvrir notre entretien que nous consacrerons à l’actualité politique togolaise, pouvons-nous vous demander votre réaction à la suite de la défaite du Président de Gambie, Monsieur Yaya Jammeh?



JP F: Je rends hommage, d’abord, au peuple gambien qui a su trouver la force et la détermination nécessaires pour mettre un terme, sans violence, au calvaire que lui inflige depuis près d’un quart de siècle, un régime liberticide, un Chef d’Etat fantasque. Je salue ensuite les institutions impliquées dans le processus électoral et particulièrement la commission électorale et son président pour avoir proclamé la vérité des urnes. Je salue également l’opposition gambienne qui a su identifier et mettre en œuvre la stratégie qui l’a conduite à la victoire, malgré des conditions d’élection injustes et inéquitables.


Je tire de cette élection un encouragement à continuer le combat de libération du Togo du joug du clan qui l’opprime depuis plus d’un demi-siècle.

La dictature de Yaya Jammeh n’a rien à envier à celle du clan Gnassingbé, même si au Togo, le pouvoir, plus pervers, recourt à des artifices cosmétiques pour se ménager la complaisance de la communauté internationale.

Ceci étant, aucun peuple ne supporte indéfiniment l’oppression. Aucun peuple ne peut supporter indéfiniment le pillage de ses ressources par une minorité qui le confine à la misère et au dénuement. Quand un peuple se lève, aucun obstacle ne peut empêcher sa marche en avant. Je me réjouis de l’avènement d’une ère démocratique en Gambie.


Encore faut-il qu’il soit conduit par une opposition fiable et sérieuse...



Tout à fait. Et cette opposition, fiable, sérieuse et rigoureuse, existe au Togo. C’est celle que, en toute humilité, nous incarnons. Il revient au peuple togolais de faire la part des choses. Il lui revient d’identifier ceux qui luttent réellement pour la fin du règne de la minorité qui pille les richesses nationales. Il lui revient aussi de débusquer ceux qui, tout en prétendant être dans l’opposition, sont en réalité à la solde du RPT/UNIR qui les utilise pour semer la confusion et discréditer l’opposition.

Et puis, n’oublions pas les tentatives qui, à l’instar de « l’accord de partage de pouvoir » du 26 mai 2010, visaient à éliminer toute opposition au Togo.

Il nous revient, de démontrer au quotidien, par la rigueur de notre engagement, que ni les tentatives de déstabilisation, d’où qu’elles viennent, ni les dénigrements, ni la médisance, ni la défection, ni la trahison, ni la lassitude, ni l’abandon, ni la répression aveugle, ne doivent avoir raison de notre détermination à poursuivre le combat pour libérer le peuple togolais de l’imposture et de la dictature.



Que pensez-vous du renoncement du Président français, François Hollande, à être candidat à sa propre succession en 2017?



C’est un choix qui l’honore. Je salue le courage et la dignité d’un homme politique averti, lucide et réaliste, résolu à ne point s’accrocher au pouvoir. C’est un exemple édifiant pour certains Chefs d’Etat africains, qui devraient s’en inspirer, par respect pour leurs concitoyens, par respect pour leurs peuples.

Depuis le 14 avril 2004, le pouvoir togolais a pris l’engagement devant l’Union européenne d’organiser des élections locales. Douze années se sont écoulées, mais ces élections n’ont pas été organisées. A quoi cette situation est-elle due ?



En effet, cela fait douze années que le Togo a pris devant la Commission de l’UE les 22 engagements, pour notamment, organiser des élections locales dans un délai d’un an.


Il faut également noter que, dix ans après la signature de l’APG, les réformes constitutionnelles, institutionnelles et électorales prescrites, demeurent toujours lettres mortes, malgré les nombreuses promesses du gouvernement devant le peuple togolais, devant la communauté internationale, devant les Chefs d’Etat de la CEDEAO, notamment à la veille des élections législatives de juillet 2013 et la présidentielle d’avril 2015. Le refus obstiné du régime RPT/UNIR de réaliser les réformes politiques et d’organiser des élections libres, transparentes et équitables, est patent.

Je voudrais rappeler que, outre l’organisation des élections locales, les autorités togolaises se sont également engagées auprès de la Commission de l’UE, «à procéder à une révision du cadre électoral, garantissant un processus électoral transparent et démocratique, et acceptable pour toutes les parties, à garantir à tous les partis politiques l’accès équitable aux média publics».


Comme vous pouvez le constater, l’APG, signé deux ans après les 22 engagements, a pris en compte ces divers points.

Il est clair que c’est bien le refus obstiné de l’alternance politique qui justifie largement cette attitude du régime RPT/UNIR.

N’oublions pas que nous sommes face à une dictature militaire implacable, responsable de violations de toutes sortes et dont la seule obsession est de se maintenir indéfiniment au pouvoir en contrôlant tout. Le pouvoir RPT/UNIR, qu’il prenne des engagements auprès de la communauté internationale ou qu’il signe des accords avec l’opposition, ne cède rien qui puisse menacer ce maintien. Pour l’heure, il se livre à des manœuvres de diversion pour tirer profit du statu quo au maximum. Nommer des présidents de délégations spéciales dociles, soumis aux préfets et qui peuvent servir dans la mise en œuvre de stratégies de fraude électorale, est toujours préférable au risque de voir un maire de l’opposition, à la tête d’une localité.



Qu’est-ce qui constitue le véritable obstacle à l’organisation des élections locales?

Comment voulez-vous que celui qui ne peut supporter la démocratie au plan national, la supporte, ou la tolère au plan local ? That is the question. Les élections locales sont l’élément central de la décentralisation qui est une forme de démocratie locale. Elles résultent du principe de la libre administration des collectivités territoriales, c’est- à-dire qu’elles se gèrent, conformément à la Constitution, par des conseils élus : conseils municipaux, préfectoraux et régionaux, notamment. C’est à notre avis, ce qui freine ce processus. Le seul souci du régime, avec à sa tête Faure Gnassingbé, est de tout centraliser autour de sa personne. C’est ce qu’on appelle la dictature.

L’obsession de détenir par tous les moyens, la totalité du pouvoir et de ne rien concéder qui puisse remettre en cause cette situation. C’est cette attitude qui pousse à l’usage de tous les subterfuges, de la violence et de la fraude électorale. Un diplomate accrédité auprès de notre pays soulignait avec pertinence que le Togo est le seul pays au monde, avec la Corée du Nord, dans lequel l’opposition n’est représentée dans aucune institution.

Selon plusieurs sources, le pouvoir aurait peur de perdre les grandes villes dont Lomé. Etes-vous de cet avis ?

Bien sûr. Le RPT/UNIR ne peut jamais gagner aucune élection au Togo. Voilà pourquoi, il est l’ennemi résolu de la transparence et de l’équité. Si le système RPT est en peine au plan national, ses difficultés sont encore plus grandes dans les villes où l’information est plus accessible malgré le verrouillage du territoire. L’examen des résultats des différentes élections montre en effet, que l’opposition est largement majoritaire dans les villes. Vous savez qu’au Togo, l’état de délabrement des campagnes, la pauvreté, l’absence de routes et d’infrastructures, l’éloignement, l’instrumentalisation de la diversité ethnique, rendent les populations rurales vulnérables, de sorte que la fraude est plus facile dans les campagnes, les populations rurales étant plus faciles à abuser, intimider et manipuler.

Aux dernières élections législatives de 2013, avec toutes les ruses et fraudes déployées par le RPT/UNIR pour empêcher l’opposition de remporter la victoire, l’opposition a obtenu huit sièges sur 10 à Lomé.

La hantise de voir l’opposition diriger les mairies des grandes villes conduit le pouvoir RPT/UNIR à concevoir le projet de morceler les grandes villes en plusieurs communes. Ainsi, la ville de Lomé disparaîtrait au profit de 10 communes. Des informations précises nous parviennent et confirment très largement le refus du régime RPT/UNIR de toute idée de voir un maire de l’opposition à Lomé. Il y aurait, à Lomé, dix maires d’arrondissement réunis en un conseil de la ville de Lomé présidé par une personnalité nommée par le Chef de l’Etat. Ubuesque!



L’opposition togolaise a-t-elle une part de responsabilité dans la lenteur de l’organisation de ces élections?

Vous savez bien que non. Je voudrais qu’on m’explique sérieusement les raisons pour lesquelles, le refus des autorités togolaises de respecter des engagements qu’elles ont pris, et de mettre en œuvre des accords qu’elles ont signés, peut être imputable à l’opposition.

Les hommes politiques, à la solde du RPT/UNIR et qui, déguisés en hommes de presse, répandent cette idée sur des médias stipendiés, ignorent le niveau de nos convictions et déterminations. C’est une thèse qui vise à pousser l’opposition à renégocier un accord déjà signé, en l’occurrence l’APG, en le vidant de toute sa substance.



Dans le mois d’octobre 2016, le gouvernement a procédé à la désignation de nouvelles délégations spéciales dans trois préfectures, notamment Bassar, Bas-Mono et Anié. Que vous inspire cette décision du gouvernement ? Que peut-on en conclure?



Nous sommes opposés à ces nominations et les avons dénoncées. Il est incohérent de prétendre préparer les élections locales et de nommer de nouveaux présidents de délégations spéciales. De plus, les présidents et membres des délégations spéciales sont nommés en totale violation de la loi et des procédures légales.


Le 12 avril 2016, le ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et des Collectivités locales a tenté d’organiser une conférence-débat à Paris autour du thème : « développement local et décentralisation au Togo ». Le 6 décembre prochain, il annonce un atelier sur la même thématique. Est-ce que votre parti se prépare à y participer?


Nos nombreuses démarches, effectuées auprès du gouvernement, conformément au droit à l’information prévu à l’article 12 de la loi portant statut de l’opposition et nos demandes de documents relatifs à la décentralisation et aux élections locales, formulées auprès du Ministre de l’Administration Territoriale, se sont heurtées à une attitude irrespectueuse de la part du ministre et sont restées jusqu’alors vaines.


Nous serons présents à cet atelier avec l’espoir que la stratégie de décentralisation clairement définie ainsi que la feuille de route nous seront communiquées afin que nous puissions y travailler et informer nos populations. On peut difficilement débattre sur l’inconnu.




Parlons à présent des réformes constitutionnelles et institutionnelles. Etes-vous surpris du sort qui est réservé aux conclusions du HCRRUN ?

Non, nous l’avons prévu. Voici bientôt six mois que cet atelier a eu lieu. Et depuis, plus rien. Nous n’y avons pas pris part parce que nous n’avons pas voulu être associés à l’enterrement de l’APG. Lorsqu’à l’issue de l’atelier du HCRRUN, un ambassadeur, voulant inciter les autorités togolaises à donner une suite sérieuse à cette rencontre, a déclaré que les frustrations des populations sont imputables à la multiplication de « ces rencontres sans lendemain », il a suscité l’ire du Chef de l’Etat qui a demandé son rappel. Cette attitude et le silence observé par les autorités togolaises après l’atelier du HCRRUN, confirment que l’ambassadeur a vu juste, et achèvent d’édifier les plus sceptiques sur les intentions réelles du Chef de l’Etat.

En reprenant l’APG, on y lit expressément que les réformes sont « nécessaires à la consolidation de la démocratie, de l’Etat de droit et de la bonne gouvernance». L’Accord Politique Global précise que ces réformes porteront sur:

- le fonctionnement régulier des institutions républicaines,
- le respect des droits humains,
- la sécurité et la paix publique,
- le caractère républicain de l’Armée et des Forces de sécurité,
- l’équité et la transparence des élections à savoir : les conditions d’éligibilité, le mode de scrutin, le découpage électoral, le contentieux électoral etc..,
- le renforcement des moyens d’action de la HAAC,
- la nomination et les prérogatives du Premier Ministre,
- les conditions d’éligibilité du Président de la République,
- la durée et la limitation du mandat présidentiel,
- l’institution d’un sénat,
- la réforme de la Cour constitutionnelle.


Comme vous le constatez, ces réformes, réalisées rigoureusement et par consensus, donnent toutes ses chances à l’alternance politique. Aujourd’hui, l’alternance politique est la règle partout et désormais en Afrique de l’Ouest avec la dernière présidentielle en Gambie.



Que comptez-vous faire en tant que Chef de file de l’opposition pour que ces réformes soient effectives?



Le Chef de file de l’opposition n’a de cesse d’œuvrer à la mise en œuvre des réformes prescrites par l’APG. Et pour cela, je n’ai pas attendu la prise du décret d’application de la loi portant statut de l’opposition, qui n’est intervenue que le 25 janvier 2016, alors que j’ai rencontré le Chef de l’Etat à ma demande le 15 mars 2014 et le 21 novembre 2014 pour lui demander d’opérer les réformes, conformément à l’APG, avant la présidentielle de 2015. Lors de mes déplacements en Europe, je rencontre les autorités de l’UE ainsi que celles de pays membres de l’UE pour leur demander d’user de leur influence pour amener les autorités togolaises à respecter leurs engagements. J’échange avec des Chefs d’Etat de la sous-région sur cette question. Je discute régulièrement avec les ambassadeurs occidentaux et africains accrédités au Togo sur la même problématique. Comme vous le voyez, je ne chôme pas.



Je suis naturellement conscient que l’énergie que déploie le Chef de file de l’opposition en faveur des réformes, aboutira d’autant plus rapidement qu’elle est adossée à une mobilisation massive des populations togolaises.


L’objectif des campagnes de dénigrement de l’opposition, orchestrées par le RPT/UNIR sur les médias à sa solde, est de démotiver et de démobiliser les populations. Les populations comprennent cela. Elles ne sont pas dupes. Elles savent où se situent leurs intérêts. Elles savent surtout que la lutte populaire est invincible.



L’opposition togolaise vient d’enregistrer la création de deux partis politiques. Sont-ils les bienvenus ? Allez-vous travailler avec eux?



Je salue la naissance de ces deux partis politiques. Et leur souhaite bon vent. Voyez-vous, depuis l’apparition des tensions qui agitent l’opposition togolaise, j’ai beaucoup de respect et d’amitié pour toute personne qui s’affirme sincèrement de l’opposition. L’opposition politique en Afrique, surtout au Togo, n’est pas une sinécure. C’est un sacerdoce. Elle se fait sans moyen, face à une machine du pouvoir qui broie, qui corrompt et n’hésite pas à éliminer physiquement. Celui qui s’y consacre honnêtement, dignement et sans aucun autre objectif que celui d’apporter sa contribution à la libération des populations togolaises du joug du clan qui opprime et pille depuis des décennies, mérite d’être encouragé et soutenu. Mais, face aux diverses tentatives de déstabilisation dont l’opposition est en permanence l’objet, je fais preuve d’une extrême prudence. Je ne me fie plus aux déclarations et autres proclamations, je juge aux actes.



Pour revenir aux deux partis, s’agissant des Démocrates Socialistes Africains (DSA), vous n’ignorez certainement pas que son Président, Targone Sambiri, est inscrit dans l’opposition à l’Assemblée nationale et est apparenté ANC. C’est notre collègue de CAP 2015 aux réunions duquel il prend part régulièrement.



Les Forces Démocratiques pour la République (FDR) nous ont invités à la cérémonie de clôture de leur congrès constitutif. Nous y avons été représentés. Et leur avons adressé un message de félicitations.
Nous sommes donc ouverts. Mais d’une manière générale, les leçons du passé et le respect de soi, obligent à éviter toute proximité avec ceux qui, par outrance, vulgarité, incohérence, discréditent l’engagement politique et nuisent au camp auquel ils prétendent appartenir.



Comme vous êtes en session budgétaire, quel décryptage faites-vous de la loi des finances 2017 ? Prend-elle vraiment en compte les préoccupations des populations?

Adossé à sa majorité confortable et docile à l’Assemblée nationale, le système RPT/UNIR ne craint rien. Il fait voter ce qu’il veut et refuser ce qu’il ne veut pas. Je rappelle le sort qu’il a fait subir à son propre projet de loi de révision constitutionnelle en juin 2014. Je rappelle également le destin des deux propositions de loi de révision constitutionnelle déposées par l’opposition pour se conformer à l’APG.

Dans ce cens, les lois de finances se suivent et se ressemblent, avec leurs incohérences, leurs aberrations et leurs outrances. Tout sauf la prise en compte des préoccupations des populations.

Comme les autres années, la présentation du budget 2017 ne respecte pas les directives de l’UEMOA, s’agissant notamment des lois de règlement. La loi de finances 2017 contrevient également à la loi organique portant loi des finances, votée en 2014, s’agissant notamment de la déconcentration de la fonction de l’ordonnateur et de la programmation pluriannuelle des dépenses.

Le gouvernement déclare dans l’exposé des motifs de la loi de finances 2017, que «La dette publique et le déficit public feront l’objet d’une surveillance particulière» alors qu’il vient de faire exploser la dette publique par une loi de finances rectificative votée fin novembre 2016. Il y affirme également : « une attention particulière sera accordée aux conditions de financement en privilégiant les prêts à taux concessionnels et sur des maturités longues » Ce que nous avons toujours réclamé et que le gouvernement a toujours rejeté, en mettant en œuvre sa stratégie très coûteuse de préfinancement auprès des banques commerciales de la place, qui n’a fait qu’enrichir la fameuse minorité.

De plus, le gouvernement ne respecte pas lui-même plusieurs axes prévisionnels de sa Stratégie de Croissance Accélérée et de la Promotion de l’Emploi (SCAPE) sur laquelle s’appuierait toute sa politique économique et sociale.

L’évolution timide des budgets de la santé et de l’éducation, face à la flambée des dépenses improductives, témoigne de la persistance d’une mauvaise allocation des ressources de l’Etat.



Pensez-vous que la grève qui paralyse actuellement l’enseignement provient d’une mauvaise allocation des ressources de l’Etat?



Bien entendu! Voyez vous-même. Si au lieu de financer à grands frais un sommet pour lequel les dépenses excessives font l’objet d’un collectif budgétaire et si les dépenses du cabinet du Président de la République pouvaient être ramenées à des proportions raisonnables au lieu d’une augmentation de 33% en 2017 par rapport à 2016, eh bien l’Etat pourra dégager suffisamment de ressources à affecter à l’équipement des écoles et des hôpitaux. Les enseignants et les personnels de santé pourront voir leurs revendications satisfaites et les grèves et autres tensions dans les secteurs aussi vitaux que ceux de l’éducation et de la santé pourraient être évitées.



En cette fin d’année quel message avez-vous à adresser au peuple togolais?



Comme vient de nous le montrer la Gambie, aucune dictature n’est indéboulonnable. En Afrique de l’Ouest, le Togo reste le vilain petit canard de la CEDEAO. La dictature du système RPT/UNIR, n’est pas une fatalité. Elle peut tomber face à une mobilisation populaire conséquente. Le peuple togolais uni et déterminé doit donc prendre ses responsabilités. Je réitère notre appel solennel à la mobilisation pour que le peuple togolais recouvre sa dignité bafouée par une dictature qui détruit méthodiquement notre pays au profit d’un clan.




Réalisée par Géraud AFANGNOWOU



Liberté N° 2334 du Mardi 06 Décembre 2016










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