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Shell-Togo poussée vers la sortie par l’Etat: Un réseau obscur sur le point de racheter ses actions
Publié le mercredi 11 janvier 2017  |  L'Alternative


© aLome.com par Parfait et Edem Gadegbeku
Marc Ably Bidamon, ministre des Mines et de l`Energie


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De l’eau dans le gaz entre la société Shell-Togo et le gouvernement togolais. Cela fait plusieurs semaines que le groupe pétrolier anglo-néerlandais est sous pression des autorités togolaises pour céder ses actions au Togo.


Pour permettre à l’opinion de cerner le processus en cours, il faut rappeler les composantes de la société Shell-Togo. Elle est composée de trois entités, notamment STSL (Société togolaise de stockage de Lomé), Shell-Togo et Compell (Shell et Etat). Dans le contrat qui lie l’ensemble de ces acteurs, il existe un droit de préséance qui stipule que si un des actionnaires devrait céder ses actions, les autres parties devraient nécessairement donner leur accord.



Tout est parti le 1er avril 2010 lorsque le groupe anglo-néerlandais décide de se retirer de l’Afrique dans ses activités d’aval (stations-services, lubrifiants, LPG ….) dans 21 pays. Shell décida alors de rentrer dans une joint-venture avec Vitol(40%), Helios Investment Partners (40%) et Shell (20%), donnant ainsi naissance au groupe Vivo Energy. Le processus de désengagement de Shell dans les 21 pays d’Afrique s’est heurté aux mouvements sociaux, notamment le débrayage du personnel pour la plupart. Ce processus s’est confronté à des obstacles majeurs au Ghana et au Togo, même si la situation s’est normalisée au fil du temps chez les voisins de l’ouest.

Au Togo, l’Etat s’est opposé à la cession des actions de Shell en brandissant la clause de préséance mais sans jamais manifester sa volonté d’acheter lesdites actions. Les actions de Shell Togo sont restées dans le portefeuille de vente depuis 2010 jusqu’en avril 2016, date à laquelle le groupe anglo-néerlandais a décidé de ne plus se désengager du Togo, mais de réinvestir pour maximiser de nouvelles potentialités à exploiter. Un émissaire de Shell a été chargé d’informer le gouvernement pendant que des experts ont été dépêchés à Lomé pour l’évaluation des infrastructures, les différents audits (techniques, financiers et ressources humaines). C’est en ce moment précis que l’Etat s’oppose à un nouveau réinvestissement au Togo et invite à la société à la table de négociation.

Une fois autour de cette table, l’Etat informe Shell de sa décision de racheter ses actions en arguant qu’elle ne peut plus autoriser un réinvestissement dans les infrastructures parce qu’elles sont d’ordre stratégique comme le port, l’aéroport, etc. Pour la société Shell, c’est un coup de massue, parce depuis 50 ans qu’elle existe au Togo et qu’elle utilise les infrastructures pétrolières, cet argument stratégique ne lui a jamais été opposé. Shell est ainsi poussée vers la sortie.

Un processus conduit en toute discrétion par une cellule à la présidence de la République sans l’implication du ministère du Commerce, encore moins celui des Mines et de l’Energie. Que veut faire l’Etat togolais de ses installations ? Quelle société va reprendre les actions de Shell ? En attendant de lever un coin de voile sur ce réseau dont on cite certaines têtes de pont, notamment le vieux Adjakli et son fils ainsi que Barry Moussa Barqué et son fils aussi, les 70 employés de Shell-Togo (cadres et ouvriers) sont très inquiets.

Pour eux, une période d’incertitude s’ouvre, surtout que rien ne filtre de ces discussions. Cette inquiétude est d’autant plus grande que le désengagement de Shell dans plusieurs pays africains s’est soldé par des licenciements massifs, suivi des mouvements de grève.

Pour rappel, ce sont les pétroliers ( Shell, Total, Texaco ) qui assuraient la commande du carburant à tour de rôle pour une période de trois mois chacun. Mais c’est le gouvernement qui fixe les prix à la pompe. Tout se déroulait normalement jusqu’au malentendu lié à l’incapacité du gouvernement à régler aux pétroliers les impayés des subventions. Le gouvernement saute alors sur l’occasion pour récupérer lui-même la commande du carburant. Et depuis, c’est le gouvernement qui commande et fixe les prix des produits pétroliers à la pompe.

Une anomalie typiquement togolaise qui suscite souvent les protestations des associations de consommateurs, surtout en ce qui concerne la fixation des prix à la pompe piloté par une cellule où l’on retrouve le réseau à Barqué, Adjakli et leurs fils. Ces messieurs et leurs protecteurs se font des milliards sur le dos des Togolais qui sont contraints de payer très cher le carburant à la pompe.

De toute évidence, c’est ce groupe insatiable qui travaille dans l’ombre pour acter le départ de Shell-Togo dont ils sont prêts à récupérer les actions dans une société leur appartenant. Bon à suivre!

Mensah K.

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