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Economie: Les cimentiers togolais portent plainte contre Dangote à la commission de la CEDEAO
Publié le mercredi 18 janvier 2017  |  L'Alternative


© aLome.com par Parfait
L’usine de fabrication de ciment, CIMTOGO.


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Segbé, Sanguera, Noepé, localités jouxtant la frontière du Ghana, des groupes organisés avec des tricycles, parfois même des voitures bagages, font rentrer au Togo avec la bienveillance, plutôt la complicité des douaniers togolais, des tonnes de ciment nigérian Dangote qui sont revendues au Togo dans les zones citées.



Cette contrebande trouve a son origine dans le coût relativement bas du ciment Dangote au Ghana (50 000 FCFA la tonne, contre 80 000 FCFA au Togo pour le même produit de la même marque). Très vite, des réseaux ont trouvé juteux de réorienter le ciment Dangote qui rentre au Ghana vers les frontières togolaises où il est introduit clandestinement, provoquant les grincements de dents des vendeurs togolais du même produit qui, eux, cèdent la tonne à 80 000 FCFA.



Le phénomène prend de l’ampleur et inquiète les cimentiers togolais, tout comme ces dizaines de camions Dangote qui arpentent le contournement en direction du Ghana, mais qui une fois sur le pont aérien du Golfe-Club, prennent la direction de Tsévie et environs où ils déversent la cargaison avant de repartir. Depuis l’intrusion fracassante du ciment Dangote au Togo début 2016, en violation des règles commerciales non seulement de l’OMC (Organisation mondiale du commerce), mais aussi celles adoptées par la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) via l’Acte additionnel A/SA. 1 /12/08 du 19 décembre 2008, les cimentiers togolais sont pris à la gorge ; pire, étouffés.




Les différents appels lancés au gouvernement togolais pour mettre fin à cette invasion qui constitue une menace pour l’industrie locale ne semblent pas avoir d’échos, du moins pour l’instant. Et pourtant sentant venir le danger, dans un courrier en date du 18 février 2016, signé du Directeur général de l’un des cimentiers togolais, adressé au ministère du Commerce dont L’Alternative s’est procuré copie ( fac-similé), ce dernier informait des risques liés au projet d’importation du ciment au Togo par le cimentier nigérian Dangote. Ce courrier renseigne non seulement sur les avantages dont bénéficie le cimentier Dangote dans son pays d’origine, mais aussi les interdictions qui touchent l’importation d’une quarantaine de produits au Nigeria dont le ciment (liste en fac-similé). Cette batterie d’informations n’a pas conduit les autorités togolaises à prendre les mesures idoines pour protéger l’industrie locale. Au contraire, depuis la visite surprise de Faure Gnassingbé le 2 août 2016 à l’usine Dangote au Nigeria, les frontières togolaises sont largement ouvertes pour le géant nigerian qui se retrouve désormais en territoire conquis. Faut-il le rappeler le cimentier nigérian Aliko Dangoteest membre du Conseil Présidentiel d’investissement dont le premier responsable est Faure Gnassingbé. Ceci explique cela à certains égards.



Les cimentiers togolais pris à la gorge, déposent une plainte à la commission de la CEDEAO à Abuja



L’invasion du ciment Dangote face au mutisme des autorités constitue une menace pour l’industrie locale. Les trois cimentiers (CIMTOGO, DIAMOND CEMENT , FORTIA) qui assurent la production et la commercialisation du ciment sur l’ensemble du territoire national, sont à bout de souffle. A les en croire, leurs chiffres de vente ont fondu au tiers. Selon un cadre de l’une des sociétés, si la situation perdure, elles seront contraintes à des licenciements. Plus grave, l’usine de CIMTOGO en cours d’installation au Nord Togo, précisément à Awandjelo pourra voir son ouverture prévue pour la fin du premier trimestre 2017 repoussée de plusieurs mois voire années.



En dehors du dumping, cette invasion viole plusieurs directives de l’UEMOA et de la CEDEAO. Ainsi le Reglement N°14/2005/CM/UEMOA relatif à l’harmonisation des normes et des procédures du contrôle du gabarit, du poids et de la charge à l’essieu des véhicules lourds transportant de marchandises dans les Etats membres de l’UEMOA est foulé aux pieds par la société Dangote qui charge ses camions jusqu’à 40 tonnes au lieu de 36 tonnes recommandées. L’axe Accra-Lomé-Cotonou étant dépourvu d’un poste de pesage, ces camions constituent une menace de plus pour les routes togolaises. Tout comme cette disposition communautaire qui fait obligation à toute société d’immatriculer 60 % de ses camions de transport dans le pays d’origine et 40 % dans le pays de destination.



Le but de cette directive est de permettre aux transporteurs du pays de destination de bénéficier des transactions.
On le voit bien, Dangote a immatriculé la plupart de ses camions au Ghana, privant les transporteurs togolais de cette juteuse affaire. Enfin la société Dangoté ne crée aucun emploi au Togo, tout comme elle ne paye pas d’impôts. Seuls deux partenaires profitent de ce busness. Au départ CECO BTP par sa filiale CECO Trade qui assure la distribution avant ses ennuis, et la société CPP de Gado qui se trouve être la seule en ce moment à profiter de ce commerce. Face à cette menace et vu l’indifférence des autorités, les cimentiers togolais saisissent la commission de l’UEMOA. Une plainte en date du 4 janvier 2017 adressée au Président de la Commission de la CEDEAO (fac-similé) qui égrène les griefs contre Dangote avant d’inviter l’instance communautaire à agir le plus vite possible.


L’affaire est désormais dans les mains de la Commission de la CEDEAO qui, selon le Protocole additionnel A/SP1/01/05, notifie la dénonciation à l’Etat membre en cause et lui accorde un délai de trente ( 30) jours à compter de la notification pour honorer les obligations dont le non-respect et la non application lui sont reprochés, ou pour présenter ses observations en défense. Passé ce délai, le Président de la Commission saisit le Conseil des ministres qui, à son tour, saisit la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement sur les sanctions à appliquer à l’Etat membre en cause. C’est donc un long processus qui s’ouvre à Abuja contre Dangote auquel risque de se joindre l’Association des cimentiers du Ghana qui s’insurge aussi contre le géant nigérian. Reste à savoir si le gouvernement togolais dont le silence est assourdissant dans ce dossier va enfin réagir pour proteger l’industrie locale ou contraindre Dangote à ouvrir une usine de ciment au Togo, seule condition qui pourra entrainer la réduction des prix sur le marché.


Les cimentiers togolais ont désormais les yeux tournés vers Abuja pendant que dans le sens inverse, le géant Dangote continue d’inonder le marché togolais de ses produits, avec son corollaire de conséquence néfastes pour l’industrie locale. Bon à suivre !

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