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Liberté N° 2368 du 2/2/2017

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Depuis 2006, le «Président annexe» Edem Kodjo a coûté plus de 420 millions FCFA à l’Etat
Publié le jeudi 2 fevrier 2017  |  Liberté


© aLome.com par Parfait
Edem Kodjo présente au grand public la réédition de son célèbre ouvrage «…Et demain l’Afrique».
Lomé, le 30 mars, EDA OBA HOTEL, Salle Orange. Publié en 1985 aux Editions Stock (filiale de Hachette, Paris, France) par Edem Kodjo, «…Et demain l’Afrique», essai de 421 pages, fresque littéraire évoquant la mue incontournable sous diverses coutures que doit connaître le continent noir pour son nécessaire développement, vient d’être réédité par «NEI CEDA Editions» (Côte d’Ivoire).


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Sous Faure Gnassingbé, la Présidence de la République est devenue un lieu de recyclage d’anciens Premiers ministres, ministres et autres personnalités décriées sous d’autres cieux. Des conseillers spéciaux, déjà repus par des CFA mal acquis lors de leur passage aux affaires, que le contribuable togolais paie encore cher. Et ces charges font grimper chaque année le budget de la Présidence, au grand dam des députés de l’opposition parlementaire.



Des ministères à la présidence : une hérésie

En effet, les services de la Présidence de la République togolaise sont organisés par le décret N°2009-221/PR du 19 octobre 2009. Et selon son article 1er, ses services comprennent : le cabinet civil, le Secrétariat général de la Présidence, l’État-major particulier du Président de la République, les cellules spécialisées directement rattachées au Président de la République, les conseillers spéciaux et personnels et le personnel directement rattaché à la personne du Président de la République, les services spécifiques. D’emblée, les postes de ministres d’État et de ministres qui fleurissent depuis quelques années à la Présidence, violent l’esprit de ce décret et la Constitution togolaise. « Pour des raisons de nécessité et de suivi, on peut rattacher un ministère à la Présidence de la République. Mais créer des postes de ministre d’État ou de ministre à la Présidence est une balourdise sous les tropiques. Ces nominations complaisantes ne sont possibles que dans les pays où la mauvaise gestion demeure la chose la mieux partagée », explique un enseignant à l’université.

Edem Kodjo

Premier Premier ministre sous Faure Gnassingbé, Edem Kodjo a été remplacé en septembre 2006 par son meilleur ennemi Me Yawovi Agboyibo. Et le départ fut difficile pour l’ancien Secrétaire général de l’ex-OUA (Organisation de l’unité africaine). Il avait été même accusé à l’époque par les pro-Agboyibo d’avoir vidé le Premier ministère de tous les matériels en partant. Mais Faure Gnassingbé n’oubliant personne, le nomma ministre d’Etat à la Présidence, une sorte de Premier ministre sans portefeuille. Un joli cadeau qui méritait d’être immortalisé.


Puisque l’ancien opposant avait aménagé dans une villa située à quelques encablures de la Primature qu’il baptisa « Présidence annexe ». Pendant longtemps, la plaque était visible à l’entrée de la Cité OUA. Depuis donc le dernier trimestre de l’année 2006, Edem Kodjo est ministre d’Etat ou «Président annexe » et coûte chaque année des dizaines de millions au contribuable togolais. Dans les budgets de 2008 et 2009 par exemple, il était prévu pour l’hôtel du ministre d’Etat Edem Kodjo 7 680 000 FCFA et 35 millions pour le fonctionnement de ce ministère taillé sur mesure pour l’ancien patron de la Convergence patriotique panafricaine (CPP).


En 2017, les deux ministères d’Etat à la Présidence – il y a aussi Solitoki Esso – vont coûter la bagatelle de 98 096 000 FCFA aux Togolais. Mais si on s’en tient seulement aux prévisions contenues dans les budgets de 2008 et 2009, l’Etat a payé en dix ans la somme de 426 800 000 FCFA au « Président annexe ».

Une curieuse situation avec laquelle ce grand homme, économiste reconnu, s’accommode. « Personnellement, observe un diplomate étranger, je ne sais pas ce que ce poste apporte au fonctionnement de notre pays. Compte tenu des expériences qu’il a vécues et les ouvrages qu’il écrit sur le développement de l’Afrique, il ne doit plus participer à ces gaspillages des deniers publics. Imaginer le nombre d’écoles qu’on peut construire avec ces fonds ».

Solitoki Esso

Ministre avec Eyadema et ministre avec Faure Gnassingbé, Thiburce Magnim Solitoki Esso est devenu, depuis le 17 septembre 2013, ministre d’Etat aux Affaires présidentielles. Il est présenté comme un Vice-président et soupçonné d’incarner l’aile dure du régime. Mais à en croire beaucoup d’observateurs, on peut se passer de ce poste de ministre d’Etat qui est aussi budgétivore.

Batienne Kpabré-Silly

Une autre nomination de complaisance est celle de Batienne Kpabré-Silly. Ministre auprès de la Présidence depuis juin 2015, il ne fait pratiquement rien. Pourtant, il bénéficie de tous les avantages inhérents à la fonction de ministre. Son hôtel coûte 7 848 000 et les frais de fonctionnement sont à 29 000 000F. Rien que du gaspillage !

Un empire de conseillers

S’agissant des conseillers spéciaux, l’article 65 du décret N°2009-221/PR du 19 octobre 2009 portant organisation des services de la Présidence de la République stipule que « Le Président de la République dispose de conseillers spéciaux et personnels attachés à sa personne. Les conseillers spéciaux et personnels sont nommés par décret présidentiel ». Et vu les conseillers qui s’accumulent à la Présidence de la République, on est en droit de dire que le chef de l’Etat abuse de cet article.

Les premiers conseillers spéciaux de Faure Gnassingbé ont été nommés en mai 2005. Il s’agit de Charles Debbasch, grand artisan de la tragicomédie constitutionnelle et électorale de 2005, de Barry Moussa Barqué, ancien ministre et conseiller d’Eyadema, et de Koffi Sama, dernier Premier ministre d’Eyadema qui avait conduit la sanguinolente transition de 2005. Ces trois conseillers ont rang de ministres et sont officiellement payés par le Trésor public. Selon les informations, Mme Dédé Ekoué qui a été débarquée du gouvernement après la présidentielle d’avril 2015, s’est jointe à ce groupe et bénéficie des mêmes avantages que ses anciens collègues du gouvernement.

L’ex-Premier ministre Komlan Mally et les anciens ministres Yves Dogbé, Kokou Gozan, Noupokou Dammipi, Mawussi Djossou Semondji et tout dernièrement Adji-Otèth Ayassor, pourtant cité dans plusieurs scandales financiers de la République, sont également recyclés en qualité de conseillers. Des postes complaisants afin qu’ils continuent d’entretenir leurs vieux os. Selon des indiscrétions, ils seraient directement payés au niveau de la Présidence. Il nous revient également que la plupart de ces conseillers verraient rarement celui qu’ils sont censés conseiller.

A ceux-ci s’ajoutent plusieurs conseillers français à l’instar du Général Raymond Germanos accusé de pédophilie, de l’ancien patron du FMI, Dominique Strauss-Kahn, burundais et rwandais logés et payés par le contribuable. Sans oublier des enseignants à l’Université comme Koffi Sodokin et quelques acteurs du monde libéral comme l’avocat Alexis Aquereburu.

Si en 2008 et 2009, l’hôtel des conseillers du Président coûtait 24 millions FCFA, il est passé à 110 400 000 en 2016 et à 129 720 000 en 2017. Comme quoi, tout va tellement bien au Togo qu’on peut se permettre ces dépenses fantaisistes pour des postes de complaisance.




Source : Géraud A., Liberté N°2365 du Lundi 30 Janvier 2017

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