Culture/Préface d’Edem KODJO dans l’Essai de Gbati GMADJOM

Art et Culture

Publié le mercredi 8 fevrier 2017 | Le Combat du Peuple

© aLome.com par Edem Gadegbeku & Parfait
Dédicace d`un Essai, La Passionnante histoire du football togolais, préfacé par Edem K. Kodjo, ex SG de l`OUA
Lomé, le 1er février 2017. Résidence du Chef de la Délégation de l`UE (Union européenne) au Togo. Dédicace d`un Essai, «La Passionnante histoire du football togolais» (écrit par Gbati Juan-Carlos GMADJOM), préfacé par Edem Kodjovi Kodjo, ex SG de l`OUA. Cette dédicace a aussi été l`occasion de rendre hommage à Dodo Kodjovi Obilalé, ex gardien de but des Eperviers du Togo dont la carrière a été brisée dans l`attaque de Cabinda, en janvier 2010. Plusieurs passionnés de l`Art et du Sport ont pris part à cette cérémonie. Edem Edouard K. KODJO, littéraire, économiste de formation et homme politique.

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"Ce fût un coup de foudre. Oui ! J’ai eu un coup de foudre pour le manuscrit que M. Juan-Carlos Gbati GMADJOM m’a présenté.

Comment a-t-on pu reconstituer avec une telle précision ces évènements qui ont tant marqué ma jeunesse ? Qui a pu faire un travail de recherche aussi considérable ?

Je ne connais M. Gbati ni d’Adam ni d’Eve et je m’imaginais un homme d’un certain âge ayant vécu par lui-même les évènements sportifs retracés dans ce manuscrit. J’ai donc décidé de le faire venir et j’ai découvert qu’il ne s’agissait que d’un jeune homme qui a eu le toupet de se plonger dans un univers si particulier des années 40, 50, 60,70 et davantage encore et de le restituer avec un grand talent.

J’ai pris sur moi d’appuyer totalement ce jeune homme qui m’inspira une profonde admiration. Je lus d’un trait les deux tomes de ce volumineux manuscrit.

Je lui fis plusieurs remarques, celles d’un témoin oculaire de la plupart des évènements. Il en tint compte. Et me voilà en train de parrainer une opération que je n’avais en rien commanditée. Je n’ai pas eu à le regretter, le football est une partie essentielle de ma vie.

Depuis enfant, je frappais dans les fruits des badamiers en allant de chez moi à l’Ecole de la Cathédrale de Lomé ; ensuite ce fut les vieilles chaussettes que nous rembourrions pour en faire des ballons ronds puis des balles en caoutchouc (doble comme on les appelait), ensuite les balles de tennis usées, puis des waterpolos, et enfin par la grâce de Dieu, un jour, avec de vraies godasses, nous eûmes l’honneur de taper dans les ballons en cuir.

J’étais de ceux-là qui défilaient devant les équipes de foot pour aller au stade pour les compétitions du championnat ou de la coupe, ce qui nous permettait de rentrer gratuitement dans ce temple, autrement inaccessible.

Ou alors je resquillais à travers les manguiers du côté de l’actuelle Direction de Douanes, autrefois Direction du Trésor Public. Tout était bon pour aller sans payer au stade pour aller voir les matchs. C’était la période la plus illustre du football togolais. Aucune équipe de la sous-région ne pouvait nous tenir tête. Même le Ghana, encore moins le Nigeria voire le Cameroun ; période faste dominée par des joueurs prestigieux, inoubliables avec au panthéon de l’inoubliable, de l’inégalable, Edmond AFANGBADJI dit Edmondvi. Je suis depuis ces années, très attentivement, le football mondial et je me demande si cet ancêtre de Pelé n’était pas venu trop tôt.

Plus tard, je participais avec ardeur aux compétitions de quartiers, Kokétimé, Anagokomé, avec comme lieu de prédilection, « ABC kpamé », l’enclos qui abritait le jardin d’enfants de l’Ecole catholique de Kokétimé où il y avait de l’espace pour pratiquer le foot à notre manière.

C’est là où j’ai joué avec les « PINDRA, OLOU, ANOUMOUVI (Stanislas), Gaétan SANTANA », tous devenus de bien fameux joueurs dans les équipes loméennes. C’est là qu’Oscar ANTHONY, un jour, me remarqua lors de l’une de nos joutes favorites, « Etoile FILANTE » contre « Modèle ». Nous observant jouer, (les mains posées sur la clôture), il déclara, « Si vous qui vous dites de l’Etoile venez effectivement dans nos rangs, alors l’avenir de notre équipe sera assurée ». Il m’emmena et me fit faire une licence à l’Etoile filante de Lomé alors que je sévissais déjà dans les « interscolaires » au Collège Saint Joseph.

Nous comptions dans nos rangs, de bien fameux joueurs, SALAKO Sylvanus, TOKOU Mathieu, TAHOULAN Emmanuel, pour ne citer que ceux-là. Mais je n’aurais jamais la chance de jouer avec l’Etoile filante de Lomé. Barré d’abord par une maladie difficile à soigner à l’époque, la fièvre typhoïde puis nanti d’une bourse suite à mon succès au Baccalauréat, je dus partir l’année suivante pour la France pour mes études supérieures. Cependant la passion du football est restée intacte en moi jusqu’à ce jour et je crois que plus rien ne l’effacera.

Je dirai, pour en revenir à l’ouvrage lui-même, qu’un effort particulier a été fait pour rendre le plus précisément possible, le vécu du football togolais, de ses débuts jusqu’aujourd’hui. Cependant le livre ne se limite pas aux performances, aux hommes et aux clubs que le football togolais a produits, mais il essaie de voir dans quelle mesure les lacunes constatées ont pu être comblées voire améliorées.

Ainsi grâce à ce livre, nous avons découvert que dès 1907, on jouait déjà au football au Togo à côté des sports plus germaniques que sont le jeu de quilles ou l’équitation.

Il est vrai que c’est au cours des années 1920, avec la création d’un certain nombre de clubs que l’essor du football togolais fut plus perceptible car un nouveau pallier avait été franchi. Les plus grands et les plus connus sont sans doute l’Union Sportive du Togo (UST) qui deviendra l’Unisport ou Atayi, la Modèle, Naval qui deviendra Essor et l’Etoile Filante. Le principal adversaire de l’Etoile Filante de Lomé était la Modèle. Du reste, ces deux clubs vont rythmer la vie footballistique du pays durant une bonne partie du temps. En effet, jusqu’en 1974, année de leur dissolution, les joutes entre ces deux clubs les plus spectaculaires feront la fierté des fans du football. Oscar Anthony d’un côté et Charles Ayivi de l’autre, feront les beaux jours de ces deux clubs et du football togolais. Et que dire de l’Essor qui pendant 4 à 5 ans mit tout le monde d’accord en assurant sa prééminence. « Adjawalifou » a laissé à cette époque un souvenir impérissable dans nos mémoires. Mais après la Réforme sportive des années 1970, les choses changèrent radicalement et l’univers footballistique togolais ne fut plus le même.

Aujourd’hui nous pouvons dire que nous sommes à la croisée des chemins pour ce qui concerne l’évolution de notre football ; les clubs togolais sont à présent bien affaiblis et le football togolais ne soulève plus l’enthousiasme d’antan, hormis quelques coups d’éclats par moment de la sélection nationale. Le dirigeants des différentes associations s’accordent plus sur ce qui les différencie que sur ce les rassemble.

Résultat, des crises récurrentes à la Fédération Togolais de Football. La nécessité d’un nouveau souffle est plus que d’actualité. En cela cet ouvrage va aider les différents acteurs à s’accorder sur certaines choses qui nous sont communes.

Enfin un débat utile doit s’amorcer si nous voulons sortir de l’état dans lequel se trouve actuellement le football et ce livre vient à point nommé pour situer tout un chacun sur ses responsabilités car comme je l’ai constaté dans le deuxième tome du livre, un accent a été mis sur la pierre que chaque acteur doit apporter pour l’édification d’un football moderne et compétitif.

Comme je le rappelais plus haut, en tant qu’ancien membre de la Fédération Togolaise de Football avec Godfried EKUE comme Président, j’ai toujours pensé qu’il faut mettre l’accent sur la formation à la base. Il nous faut nous poser des questions justes afin d’obtenir des réponses capables de redorer le blason de ce sport qui soulève tant de passion au sein du peuple togolais. Vivement que « la passionnante histoire du football togolais » nous y aide".

Edouard Edem KODJO

Ancien Secrétaire Général de l’OUA,

Ancien Premier ministre du Togo ... suite de l'article sur Le Combat du Peuple

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