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TOGO: Tête baissée, Hamadou Yacoubou étale une tragie-comédie pour justifier l’injustifiable dans le rapport du HCDH
Publié le lundi 23 decembre 2013  |  togo.infos


© Autre presse
Me Yacoubou Hamadou, avocat défenseur des droits de l’homme.


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Qui a lu la réaction du gouvernement sur le pertinent rapport du HCDH sur les graves dysfonctionnements de la justice au Togo doit avoir pitié de ce peuple.
A travers la personne de Hamadou Yacoubou, le gouvernement du Togo tente, vaille que vaille, de s’expliquer, de se justifier mais avec une telle légèreté que l’on se demande que se passe-t-il vraiment au sommet de l’Etat.
Pour faire plus précis, il faut juste rappeler que c’est courant ce mois de décembre de l’année 2013 que le rapport du HCDH a été dressé.
Et en réaction, Me Yacoubou Hamadou, avocat de son état, défenseur des droits de l’homme, se fonde sur un discours de 2005 pour dire que tout était déjà dit par le gouvernement lui-même.
Mais dit donc !!! Pour ceux qui n’ont pas bien compris ce que nous sommes en train d’avancer, il faut juste retenir que le gouvernement dit qu’il a déjà " relevé avec la même rigueur et sans complaisance aucune en 2005 lors du lancement du programme national de modernisation de la justice des carences dans le dysfonctionnement du système judiciaire".
Et notre cher ministre des droits de l’homme, de la consolidation de la démocratie chargé de la mise en oeuvre des recommandations de la CVJR ne s’arrête pas là. Il poursuit son argumentaire en affirmant qu’
"Il est donc à noter que votre rapport est une reprise pour la plupart, des dysfonctionnements qui ne sont plus d’actualité mais totalement ou partiellement corrigés par des projets successifs de modernisation, de réforme, ou la gestion quotidienne de la justice".
Une première observation. En 2005, le HCDH n’était pas encore installé au Togo, son bureau n’a été installé qu’en 2006 et la mission qui lui est assignée est de veiller au respect des droits de l’homme dans le pays en attirant l’attention des autorités sur un certain nombre de dysfonctionnements qui se notent dans l’exercice de la justice, des libertés publiques etc.
Et de 2006 jusqu’à cette date, le HCDH n’a encore sorti un rapport aussi rigoureux, aussi vrai, aussi pointu, aussi précis qu’il vient de le faire en cette fin d’année 2013.
Le rapport a consisté en la description des faits et pratiques qui se vivent et s’observent au quotidien dans le fonctionnement de la justice. De quoi parle Me Yacoubou ? Que tente-t-il de nier en vérité ?
Il dit que la plupart de ces dysfonctionnements ont été corrigés totalement ou partiellement par des projets successifs de modernisation, de réforme, ou la gestion quotidienne de la justice.

C’est un gros mensonge et honte à ceux qui soutiennent ce genre d’allégations malhonnêtes.

Me Yacoubou serait-il alors tenté de dire que le HCDH a menti sur les faits et pratiques qui sont décrits avec autant de précisions dans son rapport ?

Des faits et pratiques que les journalistes, les leaders d’opinion, les magistrats (Président Cour d’Appel et Président Cour Suprême) ou même le garde des sceaux ont tous eu à relever et continuent de relever au quotidien ?


Ce que nos gouvernants semblent ne pas comprendre et qui constitue la principale de leur carence, c’est qu’il ne suffit pas d’initier un projet ou un programme, d’y verser de l’argent pour se convaincre de son résultat.

Au Togo, la gangrène qui ronge ce régime vient du déphase complet qu’il y a entre la pensée et l’action. En discours, en paroles, en idées…nous avons des génies au sommet de l’Etat.

Mais dans l’action, dans la matérialisation des idées, dans la concrétisation des projets, ces gens sont plus que creux, inefficaces, incompétents ou même malhonnêtes. C’est cela la réalité au Togo.

Juste pour bluffer, pour charmer, pour séduire et se frayer le passage à l’instant, nos dirigeants font des discours mirobolants, annoncent des projets fous, s’affirment visionnaires plus que le Mandela d’Afrique du Sud. Mais quand vient l’heure d’agir, ils plient leurs tentacules et enclenchent une marche à reculons. Quelle honte !

Quelle honte pour un gouvernement d’affirmer que les pratiques viles et vilaines qui sont décrites en 2013 par une institution onusienne de haut niveau, avaient déjà été diagnostiquées depuis 8ans !!!!

Qu’avez-vous fait chers messieurs en dehors des discours ? Quel a été l’impact des projets dont vous faites état pour vous défendre aujourd’hui ?

La compétence et l’efficacité d’un régime se mesurent par le niveau de résultats qu’il engrange.

Qu’avez-vous obtenu dans le domaine de la justice en terme de résultats suite à la mise en œuvre des projets dont vous faites état aujourd’hui ? Rien…

Au contraire, ceux sont ces dirigeants eux-mêmes, ceux sont des officiers supérieurs de l’armée, qui par zèle ou par rancune ou encore par complexe, s’immiscent sans honte ni retenue dans le fonctionnement de la justice pour l’égarer et contraindre les juges à opérer des déviations juridiquement insoutenables.

Me Yacoubou aurait tort de nous faire croire qu’il ignore toutes ces pratiques au sommet de l’Etat.

Combien de fois, depuis des années, les journalistes et leaders d’opinion n’ont pas dénoncé ces enfantillages, ces mesquineries et ces légèretés au sommet de l’Etat ? Qu’a-t-on fait pour y remédier ?

Plutôt que d’agir sincèrement et objectivement pour corriger tout ce qui est dénoncé au quotidien, nos chers dirigeants ont naïvement attendu une force providentielle qui viendrait les sauver, les protéger et décréter une gloire dont ils vont hériter comme ce fut le cas pour le pouvoir lui-même.

Ils n’ont jamais compris que c’est par l’action au quotidien qu’ils peuvent se forger une image…Il a donc fallu que le HCDH, dépassé par leurs errements répétitifs, leur permanente légèreté, sorte un rapport accablant pour les déterminer à sortir de leur cocon. Mais encore de quelle manière sortent-ils ? Avec une maladresse déconcertante.

Il faut peut-être rappeler à Me Yacoubou, avocat de son état, que par décret pris par le Président de la République, le magistrat Sogoyou Pawélé a été nommé de go, président de la chambre d’accusation de la Cour d’Appel de Lomé en violation flagrante de loi portant organisation de cette chambre qui dit clairement que c’est le président de la Cour d’appel qui organise cette chambre et la préside ou la fait présider par un des conseillers qu’il désigne en cas d’empêchement.
Une requête à ce propos est d’ailleurs en souffrance auprès de la chambre judiciaire de la cour suprême depuis plus d’un an.

Que reste-t-il de crédible à un pays dans lequel, le Président de la République, premier magistrat du pays, garant des Institutions de la République vient à violer lui-même la loi ? C’est à méditer.

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