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CHU SYLVANUS OLYMPIO: le chemin de croix des accompagnants des malades
Publié le jeudi 16 fevrier 2017  |  Focus Infos


© aLome.com par Parfait
Le Centre Hospitalier Universitaire Sylvanus Olympio de Lomé.


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Plus grande unité sanitaire du pays, le centre hospitalier universitaire Sylvanus OLYMPIO (CHU-SO) accueille selon les statistiques, entre 10.000 et 12.000 patients chaque année, avec un taux d’hospitalisation moyen de 17%. Pendant leur séjour, les patients hospitalisés ont à leurs côtés des accompagnants, souvent des proches parents. FOCUS INFOS s’est plongé dans leur univers durant plusieurs jours. Un véritable calvaire ! Reportage !


On les croise dans les différentes allées du CHU-SO. Ce sont pour la plupart des femmes : épouses, sœurs, filles, parentes, alliées ou amies. Elles ont accompagné un patient couché sur l’un des 800 lits que compte officiellement l’hôpital. Leur rôle est avant tout de permettre au malade d’être entouré par des personnes proches pour moins appréhender le séjour hospitalier, ou encore d’être rassuré par leur présence, face aux inquiétudes que peut susciter le parcours de soins parfois compliqué.

Ici, ce rôle qui ne devrait être que d’appoint voire psychologique, s’avère être central au cours du séjour du patient. Quand il est admis, ce sont ses proches qui assurent sa toilette, sa restauration, le ménage autour de lui, son déplacement d’un service médical à un autre, le transport pour les analyses, et pire, souvent l’administration de certains soins dont la prise de médicaments. Ces tâches, longtemps abandonnées par le personnel médical, notamment les gardes-malades ou les infirmiers, par absence de conscience professionnelle, par paresse ou à cause de la charge de travail, obligent les accompagnants à être aux petits soins de leurs patients, réactifs, attentifs au moindre de leurs besoins. Mais surtout, à séjourner, parfois pendant plusieurs semaines au sein de l’hôpital dans des conditions difficiles et dégradantes, faute de structures d’accueil.


Selon l’administration de l’hôpital, un malade se fait accompagner en moyenne par trois parents. Si aucune statistique officielle n’existe sur le nombre réel des accompagnants, certains employés évaluent à près de 1500 personnes, le nombre de personnes hors employés et malades qui passent la nuit au CHU SO.



Une vie d’hôpital

Da Adjo « vit » depuis plus de quatre semaines au CHU-SO pour être aux côtés de son frère, admis au service des grands brûlés. « Difficile de trouver où se reposer la nuit pour quelques heures. Et pour faire une toilette décente, je dois rentrer tous les 3 jours à Adétikopé où nous habitons » confie–t-elle dépitée. Et son cas est symptomatique de celui que vit quotidiennement un millier d’accompagnants, dont des hommes. Assise sur sa natte étalée dans le couloir du service de la traumatologie, Viviane ASSOGBA, une jeune femme de 35 ans, le regard bouffi par la fatigue, nous raconte son début de journée : « Je me suis levée de mon lit improvisé vers 4h30 pour aider mon jeune frère admis dans ce service à faire sa toilette. Après, j’ai fait le ménage de la partie de la chambre qu’il occupe et fait nos lessives. J’ai ensuite profité de l’heure (7h) à laquelle les médecins passent l’examiner pour lui chercher son petit déjeuner».



Dzatougbé, croisée à côté du service de médecine témoigne : « Très tôt le matin, les gardes-malades nous enjoignent avec un ton méprisant et insolent d’aller faire la toilette à nos proches. Sans nous apporter aucune assistance, même lorsque nous éprouvons des difficultés à faire bouger du lit le patient. A l’exception de la perfusion, c’est nous qui administrons à nos malades les produits » dénonce-t-elle.

Les tâches de l’accompagnant sont souvent fonction de l’état de santé de son patient.

Plus il est compliqué et difficile, plus l’accompagnant sera sollicité. Ainsi, si pour certains, l’intervention peut se limiter à la toilette du malade, à la vaisselle ou lessive, pour d’autres, souvent des familles modestes n’ayant pas les moyens de faire des aller-retour pour préparer le repas de l’hospitalisé, ils doivent aussi faire la cuisine dans l’enceinte du CHU-SO, dans des conditions d’hygiène inquiétantes. Ainsi, ils ont installé des foyers des fortunes dans certains coins de l’hôpital, approvisionnés dans le marché de fortune situé en face du CHU. Les ustensiles et provisions sont gardés à même le sol, faute de table. Derrière le service de radiologie, la cuisine est faite sur les dalles des puisards qui dégagent des odeurs nauséabondes et insupportables.



BELLE ETOILE :

La nuit venue, c’est la galère pour les accompagnateurs et le recours à la méthode Coué. Yvette nous confie par exemple qu’elle partage le même lit les soirs avec sa mère malade. Quant à sa tante qui accompagne également la patiente, elle se contente d’un pagne dressé sous le lit.

Mais ce « privilège » qui leur permet d’échapper à une soirée à la belle étoile comme des centaines d’autres, n’est pas gratuit. Il faut attendre 22h et le départ des derniers employés pour se glisser dans la salle, mais surtout s’être acquitté de « quelque chose », encaissée discrètement par l’équipe de garde. Ici, il n’y a pas de petits profits. Pour l’avoir oublié la semaine précédente, Akossiwa quant à elle n’a plus le droit de dormir dans la salle des malades.



Elle devra se contenter d’étaler un pagne dans un des couloirs mal éclairés du service. Si Abidé dont la patronne est admise en réanimation depuis près d’une semaine explique attendre la nuit pour dresser également une natte dans le couloir , beaucoup d’autres sont obligés de dormir sous les galeries hors des couloirs. Celles-ci, situées à l’entrée de chacun des services se transforment à la nuit tombée en dortoirs que se disputent plusieurs dizaines de personnes , même si elles restent faiblement éclairées. Le confort y est spartiate : un pagne étalé et un pull-over en guise de couverture. A ces conditions déjà déprimantes, il faut ajouter les rounds permanents de moustiques et la fraîcheur, leur enlevant toute prétention au repos.



RACKETS :


Aucun service n’est gratuit pour les accompagnateurs. Pour un seau d’eau recueillie de l’un des robinets disséminés dans l’enceinte du CHU, il faut débourser 50 FCFA. Faites la monnaie également pour aller aux toilettes, avoir accès à l’espace dédié à la lessive ou encore à la vaisselle etc. Sans pour autant que l’on sache la destination réelle de ces fonds ; la direction assurant ne pas en connaître l’existence. Pour les plus démunis, la solution toute trouvée est d’attendre la nuit pour faire vaisselle, lessive etc.


Le village des accompagnants

Autrefois géré par le CHU, mais abandonné pour mauvaise gestion, le village des accompagnants est situé dans l’enceinte du CHU, côté nord-est, en face de la mosquée et du service de cardiologie. Il a été repris par l’ONG «Association pour l’information et la prévention de la drépanocytose et des hémoglobinoses» (APIPDH) qui l’a réhabilité en 2015. Le Village a pour ambition d’accompagner les accompagnants et de les aider à surmonter les difficultés qui peuvent surgir de leur mission auprès de leur proche hospitalisé.

Sa capacité d’accueil est de 30 chambres réparties sur deux bâtiments (Esso et Mawu) de 15 chambres de 4m² chacune et un magasin pour le stockage du charbon, et autres ustensiles de cuisine. Le village dispose aussi de 21 douches, 7 WC et 13 fourneaux qui sont mis à la disposition de ses clients.

Pour être admis dans le centre, il faut être accompagnant de malade. «Le centre n’est pas réservé à n’importe qui. On n’ y est admis que sur présentation de la fiche d’hospitalisation. Il faut forcément avoir un patient avant d’être admis », nous confie le responsable des lieux, M. Ismaël IDOHOU, le superviseur du Village.

Il faut également s’acquitter d’une caution de dix jours en raison de 150 F CFA/ nuitée. Mais si le patient est libéré avant les dix jours, le solde est remboursé. « Nous sommes exigeants sur ces mesures parce qu’il y a des patients qui ne veulent pas payer l’occupation des lits au CHU et venir dormir ici », explique M. Edoh. Le payement de ces frais donne droit à l’occupant à tous les avantages notamment la cuisine, la buanderie, la sécurité, le libre choix des prestations…

Malgré tout le confort qu’offre le village, tous les accompagnants n’ont pas les moyens d’y louer une chambre.



« Les gens ont du mal à payer parce que c’est difficile pour eux d’assurer les dépenses à l’hôpital et les frais de location de chez nous. La plupart de ceux que nous recevons après avoir payé la première tranche, n’arrivent pas à renouveler le contrat » reconnaît Mr IDOHOU.

On peut cependant profiter des commodités du centre sans y résider. On peut par exemple y aller aux toilettes pour 25 F, 50 F pour la douche, 100 F pour la lessive toute la journée.

Le centre est régi par un règlement intérieur rigoureux dont le but est de maintenir en l’état les installations et assurer la sécurité. Par exemple, « seuls ceux qui sont déclarés sont autorisés à rentrer dans nos chambres. Le but aussi est d’éviter les vols », souligne le superviseur.

Avec un personnel de 5 employés, le village des accompagnants du CHU accueille en moyenne une trentaine de personnes. Environ 200 à 300 personnes profitent de ces installations chaque mois.


Business !

Un vrai marché s’est développé dans l’enceinte du CHU SO et de ses alentours autour des patients et de leurs accompagnants.


Médecins, infirmiers et personnels soignants se spécialisent dans la commercialisation de médicaments et autres matériels médicaux (seringues, thermomètres, compresses etc…). Les patients et leurs accompagnants sont traités en bien ou en mal en fonction qu’ils choisissent ou non de s’approvisionner chez le personnel du service dans lequel ils sont admis.


«Au CHU SO, rien n’est gratuit. Il faut tout acheter», renseigne Dédé, une accompagnante. Même pour uriner il faut payer 25 F CFA, 50F CFA pour le WC et 100 FCFA pour la lessive.
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