par Claudy Siar
Claudy Siar est le fondateur de Tropiques FM. Il est également présentateur radio et TV (RFI, France Ô), et ancien délégué interministériel pour l'égalité des chances des Français d'outre-mer.
Les élites politiques africaines vont-elles encore rester sourdes aux soubresauts du monde qui affectent l'Afrique et ses diasporas ?
Le silence assourdissant de nos dirigeants fait écho aux insultes répétées envers nous et on le vit mal. Comment avancer dans un monde créé par d’autres, pour d’autres sans une solidarité effective ? Jamais nous n’entendons nos dirigeants protester quand un de leur ressortissants est maltraité à l’étranger ! Nous savons que chez nos gouvernants, la France reste le baromètre ; affres de l’histoire, soumission bien intégrée, deal gagnant/perdant accepté ou attachement réel ?
La polémique lancée par François Fillon après la déclaration d’Emmanuel Macron (« La colonisation fut un crime contre l’humanité ») a laissé muets les dirigeants africains. Nous parlons d’émergence, d’émancipation, d’indépendance réelle et pourtant, tous sont incapables de réagir aux propos inacceptables de Fillon et d’un « quarteron de politiciens bientôt en retraite ». Ce détournement d’une déclaration gaullienne me semblait appropriée. Tous parlent du « non à une repentance indigne […] la colonisation était une volonté de la France de partager sa culture« .
La France jouit encore du pillage de la colonisation mais ne veut pas accepter les conséquences que constitue la présence sur son sol des descendants de colonisés. Les subsides de la colonisation, des « contrats » qui ont encore cours (CFA entre autres) ne sont-ils pas des « biens mal acquis » ?
L’esclavage et la colonisation sont décidément des passés très présents. Ces réactions françaises, symptomatiques d’un monde occidental en pleine crise identitaire, nous ont sali ! J’ai pensé à mes ancêtres, déportés d’Afrique, esclaves de la Guadeloupe, à nos illustres héros, aux milliers d’Africains morts pour avoir résisté à l’envahisseur, aux millions d’Africains terrorisés, chicotés, infantilisés, déshumanisés sous le joug de « l’œuvre civilisatrice ». J’ai pensé à nos enfants nous regardant courber l’échine lorsqu’on nous insulte. J’ai eu honte car à l’horizon il n’y avait aucune réaction capable de contenter des populations à qui on venait de faire un nouvel affront.... suite de l'article sur Jeune Afrique