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Liberté N° 2417 du 12/4/2017

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Grand reportage: Les réseaux sociaux au Togo, le meilleur et le pire
Publié le mercredi 12 avril 2017  |  Liberté


© aLome.com par Edem Gadegbeku & Parfait
1ère édition de l`IT Forum Numérique au Togo
Jeudi 8 septembre 2016. Hôtel Sarakawa. Sous le parrainage de la ministre Cina Lawson de l`Economie numérique du Togo, Cio Mag (support d’information et de veille technologique au service des principaux décideurs du secteur IT en Afrique) a tenu la 1ère édition de l`IT Forum Numérique au Togo, devant un parterre de spécialistes locaux et étrangers.


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Les réseaux sociaux sont devenus de nos jours, des outils indispensables à l’épanouissement de l’humanité. Ils sont parvenus à s’imposer à une vitesse exponentielle au monde entier, à cause de leur interactivité ainsi que les innombrables avantages qu’ils procurent. De Facebook à Whatsapp en passant par Twitter et autres, ils ont révolutionné le monde.

L’influence d’internet sur la sociabilité pose tout de même deux opinions qui se contredisent. Certains louent les bienfaits de ces outils alors que d’autres insistent sur leurs aspects néfastes. Le Togo ne déroge pas à la règle. Les déviances en rapport avec les réseaux sociaux prennent des proportions inquiétantes et galopantes. À cette allure, si on n’y prend pas garde, cette situation pourrait conduire un jour à l’inévitable.

Une révolution qui change la donne

Lorsque Mark Zuckerberg créait Facebook en 2004, il ne pouvait s’imaginer le succès planétaire qu’il aurait aujourd’hui. Comme évoqué, chacun se fait une idée de ces réseaux. Tout d'abord, certains pensent que c'est un bon moyen parmi tant d'autres de rester en contact avec leurs amis (anciens comme nouveaux), clients, fans.


Pour eux, cette technologie s'avère être l'outil idéal pour envoyer un message ou une idée à une grande communauté de personnes qui les suivent. C’est d’ailleurs un des canaux les plus rapides, moins coûteux, voire gratuits. Ce qui est évident, internet et les réseaux sociaux ont réussi à bouleverser les rapports sociaux entre les individus.

«Nous sommes tellement devenus accros aux réseaux sociaux que parfois, il nous arrive d’être en face d’un ami, et au lieu d’échanger de vive voix, on préfère le faire via les réseaux sociaux. C’est parfois irritant, mais c’est la réalité», déclare Joseph, étudiant en 3ème année de Droit à l’Université de Lomé.

Il est utile de souligner que les relations sur la toile ont souvent un prolongement dans la vie «réelle». En effet, les réseaux sociaux se sont révélés être l’intermédiaire des rencontres pour les relations plus intimes avec des personnes. Facebook notamment et d’autres offrent des fonctionnalités de partage propices aux relations. Ils permettent également de favoriser les contacts avec des personnes qui sont très éloignées, comme de la famille. « _Les réseaux sociaux sont une très bonne chose pour nous. Ils nous permettent de garder les contacts avec nos proches qui sont à l’étranger et d’avoir quotidiennement de leurs nouvelles_ », souligne Nestor, la trentaine, informaticien dans une structure à Lomé.

Les réseaux sociaux offrent à l’internaute la possibilité de partager à tout instant n'importe quel contenu. La diffusion de l'information ne coûte rien ou presque. Car l’accès à l’internet en revanche est payant. Ils lui donnent l'opportunité d’avoir un rôle actif, il peut ainsi relayer certaines informations via un blog, un commentaire ou même un vote. De nos jours, pour des campagnes, que ce soit d’ordre politique, commercial, social et bien d’autres, les réseaux sociaux sont incontournables.

Il y a autant d’aspects positifs des réseaux sociaux que nous ne pourrions pas tous les énumérer. Il est certes vrai que ces outils ont leurs points négatifs. Mais le constat de leur utilisation par la majorité des Togolais est simplement triste.

Les «togolaiseries» ont pris le pas* !

Comme nous l’évoquions, certains ont un avis positif sur les réseaux sociaux et pensent ainsi qu'ils sont réellement indispensables, tandis que d'autres les considèrent comme néfastes pour leurs enfants ou pour eux-mêmes. Ceux-ci ont pleinement raison. Il suffit de faire un tour sur la toile pour se rendre à cette évidence.

Entre toutes les dérives qu’on retrouve de nos jours sur la toile, il est évident que les réseaux sociaux sont devenus de véritables nids de désinformation. Whatsapp étant accessible à toutes les couches sociales, ou presque, facilite le partage des informations, qu’elles soient fausses ou non. Les internautes togolais n’hésitent pas à «fabriquer » ou partager des histoires, même les plus sordides sur les plateformes.

Les cas sont légion. Mais, certaines ont été source de scandales et ont tenu en haleine l’opinion tout entière. On se remémore sans doute les accusations «fantaisistes» portées sur le chef canton d'Adétikopé, une localité située à 20 km de Lomé, qui aurait hébergé un «instrus» qui, à son tour, serait décédé sans qu’on ne sache où se trouverait son corps. L’audio dans lequel le chef canton a été accusé a fait le tour du monde en un temps record et a suscité un tollé général. L’intéressé a dû faire le tour des chaînes radios pour démentir formellement cette intox. L’auteur de l’audio serait d’ailleurs dans les mailles de la justice.

«Nous sommes devenus des victimes des réseaux sociaux. Il suffit que quelqu’un ait l’intention de te détruire ou de régler un compte à autrui, qu’il aille sur whatsapp, colporte des faussetés, les partage et voila ! Ce comportement est déplorable, et si on y prend pas garde, il risque d’engendrer des choses irréversibles», avertit Solange, commerçante.

«Il y a quelques mois, je me suis rendu tout gai au palais de justice de Lomé pour me faire établir un casier judiciaire car j’ai lu un message qui a circulé sur whatsapp, faisant état de la centralisation de la délivrance de ce papier dans la capitale. Etant dans le besoin, je n’ai pas hésité à me rendre sur place. Malheureusement pour moi, je me suis fait rembarrer par les agents qui m’ont jeté à la figure qu’on aime trop se fier aux informations de whatsapp. Cela m’a beaucoup marqué», affirme Soké, assistant médical à Lomé.

L’utilisation détournée des médias sociaux a également des répercussions sur le système éducatif. Les premiers à faire face à cette réalité sont les enseignants. «Nos élèves sont devenus des automates qui reproduisent sur les copies d’examens, les mêmes bêtises qu’ils s’échangent entre eux. C’est vraiment inquiétant et déplorable. En plein cours, ils sont scotchés à leurs smartphones et ne suivent pratiquement rien de ce qui se passe en classe. Je peux dire que les réseaux sociaux ont un impact négatif sur les élèves qui les utilisent de manière incontrôlée et disproportionnée. Ils peuvent en tirer profits, mais malheureusement, c’est le mouvement contraire», déplore un professeur de Mathématiques.

Dans l’administration publique et dans les entreprises privées, les réseaux sociaux ont pris le pas sur l’essentiel. Les fonctionnaires négligent les services à rendre aux usagers au profit de leurs portables.

Outre les élèves, les fonctionnaires et d’autres catégories de personnes qui sont omniprésentes sur les réseaux et qui n’en font pas un usage efficient, les pasteurs, pour ne pas dire des «soi-disant» hommes de Dieu ont «pris en otage», surtout whatsapp pour se régler des comptes, ce qui indispose plus d’un.

La saga des pasteurs

Les inconditionnels des plateformes Whatsapp ont vu, lu ou entendu ces derniers temps leurs forums inondés d’audios de certains pasteurs ou de leurs proches. Du prophète Céphas Antonio à Sodji Gabriel en passant par Afolabi, Luc Adjaho Russel, les diffamations, accusations, calomnies, entre autres, vont dans tous les sens. Bon nombre de Togolais ont été d’ailleurs surpris de l’usage que font "ces pasteurs" de Whatsapp pour assouvir leurs desiderata.

Entre invectives, désirs de vengeance incontrôlés, règlements de comptes et attaques en règle, ces «pasteurs» d’un genre particulier surprennent par la violence, la virulence, les caractères vulgaires, odieux et haineux de leurs propos. Loin de nous de faire des procès à qui que ce soit, nous avons, dans le cadre de ce reportage, approché certains citoyens qui n’ont pas caché leur amertume face à cette situation.


«Le spectacle que nous offrent les hommes de Dieu depuis un certain temps est ignominieux. Que ceux qui sont censés donner de bons exemples à leurs fidèles et au-delà, se livrent à de telles bassesses auxquelles on assiste actuellement, c’est que l’heure est grave», peste Ayélé, revendeuse au grand marché de Lomé, qui ajoute : «Maintenant, tout le monde sait comment on utilise Whatsapp, même les mamans qui n’ont pas été assez à l’école savent comment envoyer ou écouter des audios, rien ne peut plus être comme avant. J’ai écouté le pasteur Sodji Gabriel qui a reconnu tacitement coucher avec certaines de ses fidèles. J’ai été scandalisée et ahurie. Non pas parce que je suis une sainte. Mais parce que ses propos ne témoignaient aucun désir de repentance, de regret ni de contrition. Encore qu’ils émanent d’un soi-disant leader religieux qui se fait appeler apôtre. Les autres s’invectivent à longueur de journée et les dérives ne font que se multiplier».

Certains esprits malins, pour ne pas dire faibles, profitent de ce méli-mélo pour semer de la zizanie. Un élément faisant état de la pendaison du pasteur Adjaho n’a-t-il pas aussi fait le tour des réseaux sociaux ?

De l’urgence d’une prise de conscience collective

Jan Koum, ce nom ne dit pas grand-chose, mais c’est l’un des co-fondateurs du réseau social WhatsApp avec son ami Brian Acton. En effet, arrivé aux Etats-Unis avec sa mère à l’âge de 16 ans pour fuir l’ex-URSS, il n’était que ménager dans une épicerie pour aider financièrement la famille. Depuis, le PDG de WhatsApp a fait du chemin ! Il a atteint le milliard d’utilisateurs avec son application rachetée par Facebook en 2014 pour la somme de 19 milliards de dollars !


Mais Jan Koum est surtout devenu l’un des hommes les plus riches du monde avec une fortune personnelle estimée à près de 8 milliards d’euros. Cette histoire est sans doute émouvante, mais aussi instructive. Si Jan Koum a créé ce qui est devenu aujourd’hui une application indispensable à l’échelle planétaire, il n’y a pas plus grand honneur à lui rendre que d’en faire un usage bénéfique.

L’économie numérique est le présent et l’avenir. Grâce à l’internet et aux médias sociaux, de milliers de startups ont émergé et font bouger le monde. Nous en voulons pour preuve des sites de e-commerce et bien d’autres, animés par de jeunes dynamiques. Les «community managers» se sont au fil des ans rendus indispensables dans toutes ces diverses structures où l’économie numérique a le vent en poupe.

Mais il est triste et aussi malheureux de faire de ces outils un moteur de désinformation doublée d’une perversité choquante. Il est urgent que les Togolais prennent conscience en faisant œuvre utile.


«Les rendements des uns et des autres ont considérablement diminué avec l’avènement des réseaux sociaux. Nous avons beaucoup à gagner de leur usage, mais pas au point d’en devenir esclaves», conseille Goerges, jeune togolais. «Nous Africains et surtout Togolais, si nous ne prenons pas conscience, risquons de retarder notre développement avec l’usage actuel que nous faisons des réseaux sociaux. Les gens prennent ses outils pour innover, construire, alors que nous, la plupart du temps ne faisons rien d’utile avec ses outils», renchérit Komi.

Shalom Ametokpo
Journal LIBERTE

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