Lomé - Des cérémonies de "purification" se dérouleront au Togo du 3 au 9 juillet pour "promouvoir l’esprit d’apaisement" et de "tolérance", après les violences politiques commises dans l’histoire récente du pays, notamment en 2005, a indiqué vendredi le gouvernement.
Ces cérémonies vont également "contribuer à la consolidation du climat de décrispation en prélude au programme de réparation (indemnisation, ndlr) des victimes", précise un communiqué lu sur les médias d’Etat.
Elles seront organisées dans l’ensemble du pays par les églises catholique et évangélique, l’union musulmane et les chefs traditionnels.
Le Togo a été secoué par une série de violences politiques, notamment lors du scrutin présidentiel d’avril 2005.
Le gouvernement n’a jamais donné de bilan officiel des troubles qui ont entaché ce scrutin remporté par l’actuel chef de l’Etat Faure Gnassingbé.
Les estimations varient de 105 morts, selon une association proche du pouvoir, à 811 tués selon l’opposition. L’ONU a de son côté estimé qu’il y avait eu "entre 400 et 500 morts".
Une Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR), chargée de faire la lumière sur les violences politiques au Togo entre 1958 et 2005 et d’étudier les modalités d’apaisement des victimes, a mené en 2011 une série d’audiences privées et à huis clos, qui lui ont permis d’identifier 22.415 victimes à indemniser.
Environ 2.475 victimes seront indemnisées lors d’une première phase, conduite par le Haut-Commissariat à la Réconciliation et au Renforcement de l’Unité Nationale (HCRRUN).
"La phase d’indemnisation des victimes interviendra après les cérémonies de purifications au cours desquelles sont prévues des prières, des libations et des offrandes pour apaiser les coeurs des victimes", a déclaré à l’AFP Awa Nana-Daboya, présidente du HCRRUN.
"Pour indemniser les 2.475 victimes de cette première phase, l’Etat a alloué 2 milliards de francs CFA (3,048 millions d’euros) au HCRRUN", a-t-elle précisé.
Petit pays d’Afrique de l’Ouest, le Togo est dirigé d’une main de fer par Faure Gnassingbé, qui a succédé à son père - resté 38 ans au pouvoir - à la présidentielle de 2005 avec l’appui de l’armée, avant d’être réélu en 2010 et en 2015 lors de scrutins très contestés par l’opposition.
Aucun auteur présumé des violences n’a été poursuivi en justice depuis 2005: une situation dénoncée à plusieurs reprises par des organisations de défense des droits de l’homme et certains partis politiques de l’opposition.
En avril 2010, l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (Acat-France) et Amnesty International avaient appelé le président togolais à mettre un terme à l’"impunité" qui "perdure toujours au Togo".