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Du cafouillage présidentiel au discours sans fondement : Faure Gnassingbé ou le paroxysme d’un repère perdu (Analyse)
Publié le dimanche 12 janvier 2014  |  Le triangle des enjeux


© AFP
Le président togolais Faure Gnassingbé en visite officielle en France
Le président togolais Faure Gnassingbé avec le président François Hollande


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Les Togolais peuvent le tenir pour dit : le chef de L’Etat vient une fois encore de donner la preuve qu’il a perdu tous les repères et qu’il n’a plus d’arguments à faire valoir. Sur toute la ligne, il a essuyé un échec cuisant dans la mesure où les promesses tenues sont demeurées telles et que les problèmes auxquels est confronté le peuple sont loin d’être résolus. Face à cet état de fait, Faure Gnassingbé, dans l’impossibilité de convaincre pour une énième fois dans son discours, a voulu adopter la position du chat échaudé. Mais, il a pété les plombs et les Togolais qui attendent beaucoup de lui compte tenu de la situation sociopolitique qui sévit dans le pays sont restés sur leur soif.
Cela est désormais rentré dans les mœurs. Le 31 Décembre de chaque année, le chef de l’Etat s’adresse à la nation togolaise pour faire une sorte de bilan à mi-parcours et donner une nouvelle vision de sa politique qui constitue ma foi, une forme de perspective pouvant lui permettre de retrouver des voies et moyens en vue de juguler la crise et relancer le Togo sous d’heureux auspices. Mais force est malheureusement de constater que ces moments, loin d’être pour le chef de l’Etat des occasions pour présenter des discours responsables au contenu fiable et viable qu’il se doit de mettre en application pour le bien de tous, constituent plutôt pour ce dernier, des opportunités pour débiter des grimoires incommensurables pour amuser la galerie, endormir davantage les consciences non éveillées et divertir l’opinion internationale.
Or, à ce moment précis de la vie politique nationale, le pays, secoué de part et d’autres par des mouvements sociopolitiques et des revendications sociales de part et d’autre notamment dans le secteur de l’éducation et de la santé, il incombe au chef de l’Etat de faire face à ses responsabilités politiques qu’il se doit d’assumer avec courage en proposant des approches de solutions qui seront de nature à calmer la situation. Mais c’est à tout le contraire auquel on a assisté la dernière fois. Cette manière de se prendre de Faure Gnassingbé en cette période cruciale de l’histoire du Togo où la situation politique et sociale est déjà trop fragile démontre à suffisance, tout le cynisme et tout le mépris de l’homme à l’endroit du peuple qu’il prétend diriger.
Sans ambages, si l’on scrute le message de Faure Gnassingbé à la nation, on s’aperçoit tout de go que le chef de l’Etat s’est royalement moqué du bon peuple lorsqu’après avoir usé d’une désinvolture déconcertante dans la gestion des affaires de la cité, il souhaite une bonne année et une bonne santé à ce dernier alors que nul ne saurait être en bonne santé ni ne connaîtrait de paix tant qu’il restera à jeun. A qui souhaite-t-il de bonne fête quand, aidé de sa coterie de parvenus, ils ont siphonné l’économie nationale pour appauvrir les paisibles populations togolaises ? N’importe quoi ! Comme le dirait quelqu’un, quand on n’a rien à dire, le bon sens aura voulu qu’on se taise.
Le chef de l’Etat n’a pas forcément besoin de débiter un discours à l’image de la bible ; il n’a pas non plus besoin de produire un discours programme. Il s’agit en fait de trouver les mots justes qui puissent lui permettre de rassurer les uns et les autres par rapport à la situation qui prévaut dans le pays à un moment donné. Et dans le cas de figure, il a raté une grosse occasion de se rattraper. Pire, il a driblé toutes les grandes questions qui ont défrayé la chronique le long de l’année écoulée notamment la problématique des incendies des marchés de Kara et de Lomé, la démocratie de proximité.
Aussi, dans son message à la nation, le chef de l’Etat n’est pas obligé de miroiter des promesses qu’il n’est pas sûr de réaliser. Il lui suffit simplement de dire la main sur la conscience, ce qu’il a déjà fait dans son programme de société et ce qui lui reste à faire pour montrer toute sa valeur de chef d’Etat. C’est tout ce que veut le peuple. Là, il s’agira de montrer toute sa valeur, toute sa perspicacité et tout son sens élevé de responsabilité à sortir son pays du gouffre. Mais dans le cas d’espèce, le chef de l’Etat n’a fait preuve d’aucune de ces qualités. C’est plutôt tout le contraire de ce que peut être un chef d’Etat soucieux du bien être et du bonheur de son peuple.

Ici au Togo, le chef de l’Etat se complaît dans des mauvaises habitudes qui résident dans le non respect de ses engagements et de ses paroles et dans la gratification du peuple par des discours creux, pompeux, sans fondement puis se contente de son manque cruel de réalisme dans l’application de sa politique générale qui en fait n’est qu’un catalogue d’incantations sans mesure.

Dans notre souci de voir le Togo sortir de la léthargie politique à lui imposée par ce régime impopulaire, il nous était venu à l’esprit-ce qui d’ailleurs est très légitime et fondé- de demander à Faure Gnassingbé de faire preuve de courage pour sortir des sentiers battus et s’engager résolument sur la voie de la raison, celle de l’avenir et d’abandonner dès lors, les perpétuelles fuites en avant, intrigues inutiles, les mensonges et les montages grossiers qui ne trompent plus personne.

Car, le contexte politique du Togo place ce dernier devant un choix à opérer entre l’avenir du Togo pour un meilleur devenir et la consolidation du pouvoir personnel à ses risques et périls et que le bon sens veut que Faure se mette tout simplement au-dessus de la mêlée pour répondre présent, travailler à satisfaire les besoins vitaux et combler les attentes du peuple au lieu de s’emmurer dans un esprit doctrinal de conservatisme outrageant pour conduire le pays vers des lendemains sans horizons.

Et aujourd’hui, au regard de cette attitude pompeuse et fâcheuse de Faure Gnassingbé, tous les Togolais sont convaincus d’une seule chose : le chef de l’Etat est à la croisée des chemins et ne sait plus à quel saint se vouer. La seule alternative qui lui reste actuellement est de se départir de la mesquinerie politique qu’il a de tout temps pratiquée et de son jésuitisme pour affronter courageusement les réelles réformes dont le Togo a besoin pour se relever et se tailler une place dans le concert des nations civilisées.

Peter Sossou

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