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Liberté N° 2469 du 4/7/2017

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Coup de force de l’UNIR à l’Assemblée: Curieux silence chez les opposants recto-verso et les seigneurs de la société civile
Publié le mercredi 5 juillet 2017  |  Liberté


© aLome.com par Parfait
L`Assemblée nationale du Togo reprend du service après des vacances parlementaires
Lomé, le 6 octobre 2015. Palais des Congrès, Salle des plénières du parlement. Divers invités de marque étaient présents à l`ouverture de la 2ème session ordinaire de l`hémicycle au Togo.


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Faure Gnassingbé et l’Union pour la République (UNIR) ont atteint, vendredi passé, l’un de leurs objectifs politiques, en imposant à la classe politique une communalisation taillée sur mesure. Le régime cinquantenaire est bien parti pour accaparer le pouvoir depuis la base et ainsi s’incruster davantage au trône. Ce coup de force crée une tension perceptible au sein de l’opinion en général. Mais aussi curieux que cela puisse paraître, c’est le silence plat dans les rangs des opposants gags et des seigneurs de la société civile…

Les conséquences de cette loi inique

Accaparement du pouvoir local (aussi), c’est la grande conséquence qu’entraînera cette loi inique imposée par le parti au pouvoir et dans laquelle les critères normaux privilégiés dans le découpage en communes d’un territoire, à savoir la démographie et la densité, sont relégués au dernier plan. Nous l’avons relevé dans la parution d’hier, sur la base de projections fondées sur ses résultats lors des dernières élections législatives, l’UNIR est partie pour s’arracher une quatre-vingtaine de sièges d’élus locaux, soit autour de 70 %, la majorité absolue.


Une projection presque confirmée par le Secrétaire Général du Comité d’action pour le renouveau (CAR), Jean Kissi qui, dans une émission ce dimanche sur une radio de la place, pressentait 60 % des sièges pour le parti de Faure Gnassingbé. Dans tous les cas, l’UNIR laisserait seulement une quarantaine de communes à l’opposition à se partager, soit la portion congrue.

Le parti au pouvoir tue, par ce coup de force, les derniers espoirs de l’opposition d’aspirer à un minimum de partage du pouvoir. Après avoir fait main basse sur les pouvoirs exécutif depuis plus d’un demi-siècle et législatif depuis plusieurs mandatures, Faure Gnassingbé et son parti se tracent les sillons d’une confiscation du pouvoir à la base aussi, brisant ainsi le rêve du peuple de se défaire du joug du régime cinquantenaire et se prendre idéalement en charge. Le chemin de croix continue donc pour les populations.

Par ailleurs, par cette loi, le pouvoir crée davantage de frustrations et de divisions entre les communautés togolaises. Ce découpage fait la part belle aux populations du Nord du pays qui, avec des nombres minimes d’habitants, se voient attribuer une commune alors qu’au Sud, il en faut 2, 3, 4, 5 voire plus d’âmes pour y prétendre.

Tout porte à croire qu’il y a des hommes, et des sous-hommes. C’est le même scénario s’agissant du découpage pour les législatives, ce qui fait la majorité factice du régime en place. Au moment où on chante la réconciliation et demande aux citoyens d’oublier les frustrations, voilà qu’on en crée davantage, au nom des intérêts politiciens. Il va sans dire, à cette allure, que le processus est voué à l’échec.

Tension perceptible au sein de l’opinion

Ce passage en force de Faure Gnassingbé et son parti crée naturellement de la tension. Au niveau de l’opposition, on en est presque scandalisé, et c’est palpable dans les prises de parole des élus au cours de la séance de ce vendredi qui ont vu leurs propositions légitimes rejetées par leurs collègues du parti au pouvoir, mais aussi dans es réactions après le forcing. Quelle solution à cette situation ? C’est la grande question qui triture les méninges.


Jean Kissi croit la détenir : organiser un combat citoyen et travailler à donner à l’opposition la majorité à l’Assemblée nationale. « C’est ensemble dans un combat citoyen qui réunit les grands courants de la classe politique et les organisations de la société civile que nous pouvons réussir, puisque la démocratie et les institutions sont prises en otage », relève-t-il. La même tension est perceptible au sein de l’opinion en général. Les commentaires sur les plateformes des réseaux sociaux sont assez expressifs. C’est la colère qui se lit dans les réactions, certains citoyens allant jusqu’à proposer des solutions extrêmes. Morceaux choisis.

« Comme dirait l’autre, «on marche sur la tête au Togo». (…) Le vivre ensemble a quitte l’esprit de l’Unir et je crains fort pour l’avenir de nos enfants » ; « J’ose croire à une relecture de ce projet de loi inique. Et cela dépendra de la capacité de l’opposition à s’organiser pour faire échec à l’autorité illégitime. Cette fois-ci, l’opposition a parlé d’une même voix en votant contre ce projet de loi inacceptable concocté unilatéralement par le pouvoir sans consensus, comme l’exigent des accords antérieurs. C’est le moment pour le Groupe des 6 et Cap 2015 de prendre langue avec le Car et d’autres partis qui sont aussi contre ce énième piétinement des droits des populations, pour définir une stratégie commune à l’effet de faire plier Boukpessi et sa bande. Pour moi, cette unicité d’action sera d’appeler à des manifestations illimitées jusqu’à ce qu’ils entendent raison.


Si nous ne réagissons pas, franchement, nous sommes foutus. Ils feront le même coup dans le cas des reformes constitutionnelles et institutionnelles dont les manœuvres ont déjà commencé, quand Dama Dramani défie la Cour constitutionnelle en suspendant les travaux, histoire d’attendre le travail d’un pseudo comité des réformes créé unilatéralement par Faure Gnassingbe » ; « L’opposition togolaise a une occasion pour provoquer une crise éthique et démocratique. Il faut boycotter l’Assemblée nationale jusqu’au retour de la constitution de 1992. Il ne sert plus à rien à l’opposition togolaise de fréquenter cette Assemblée nationale, elle doit se retirer à l’unisson jusqu’à l’application de tous les accords ignorés dans le passé.


C’est maintenant ou jamais de faire une démonstration des forces démocratiques» ; « (…) L’opposition doit trouver rapidement d’autres moyens pour contrecarrer le pouvoir» ; « Ceux qui au Togo ont fait et continuent d’opérer ou de soutenir un découpage électoral et municipal tribaliste qui marginalise la voix électorale de certains Togolais du Sud qu’ils détestent, mais aiment bien jouir de leurs terres et des matières minières qui s’y trouvent, amènent ce pays lentement mais sûrement au chaos. Dans quel pays un citoyen de la Kozah peut-il valoir 1000 ou 10.000 citoyens de Vo en matière de voix électorale ? (…) A bas le découpage électoral tribaliste et régionaliste (…) Si le pouvoir ne se reprend pas et continue de traiter certains Togolais comme des sous-hommes dans leur propre pays, nous prédisons que leur chute sera plus brutale, plus spectaculaire et plus sanglante… ».

Black-out chez les opposants recto-verso et dansla société civile

Le peuple togolais ploie sous le joug du régime héréditaire depuis un demi-siècle. Mais le clan tente de prolonger son chemin de croix. C’est ce qui est manifeste dans ce coup de force opéré par l’UNIR à l’Assemblée nationale. Ce drame politique dont les jalons sont en train d’être posés interpelle certaines composantes de la classe politique et le commun des citoyens. Mais les opposants rectoverso et les seigneurs de la société docile, que dis-je, société civile togolaise ne se voient nullement concernés.

En effet, ce combat est loin d’être politicien et de relever de l’intérêt d’un parti. C’est celui du peuple tout entier au nom duquel tous les partis de l’opposition disent lutter. Et cet intérêt est en péril. Les opposants recto-verso n’hésitent pas à monter au créneau et clasher Jean-Pierre Fabre pour des vétilles. Ils sont très inspirés lorsqu’il s’agit de critiquer le chef de file de l’opposition. Aussi bien son inaction que son action lui valent des volées de bois vert.

On se rappelle que le courrier adressé en janvier 2017 à Faure Gnassingbé pour solliciter une audience afin de discuter des réformes et des élections locales lui a valu des reproches de la part d’un « p’ti » opposant très bavard suivez nos regards. Ici, ce sont l’intérêt et le sort des populations togolaises qui sont en jeu. L’enracinement de la démocratie à la base espéré est en péril. Mais ces opposants super doués comme Harry Potter ne se sentent aucunement concernés par ce drame qui se joue devant leurs yeux et brillent par leur silence. Ils seront obligés de donner des coups à Faure Gnassingbé et couper la branche sur laquelle ils sont assis, dites-vous ?

Même attitude chez les champions de la société civile. Eux aussi sont très inspirés lorsqu’il s’agit de critiquer l’opposition. Ils s’illustrent très souvent en donneurs de leçons de stratégies politiques. En réalité, ils devraient plus représenter la population et défendre ses intérêts. Loin des chapelles et intérêts politiques, ils devraient normalement être leur porte-voix.


Cette affaire de décentralisation est plus la leur, et ils devraient être aux devants même de la dénonciation de cette communalisation inique sur fond de tribalisme et du combat pour ramener le régime en place à la raison. Mais ces seigneurs de la société civile très docile sont drôlement aphones sur le sujet…

Tino Kossi

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