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Moussa Mahamat: «L’UA doit être conséquent entre les principes et la pratique»
Publié le vendredi 7 juillet 2017  |  RFI


© Autre presse par DR
Le Tchadien Moussa Faki Mahamat élu Président de la Commission de l’UA


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Que pense Moussa Faki Mahamat de la politique du président américain Donald Trump ? Est-il pour ou contre les sanctions infligées aux proches du Congolais Joseph Kabila ? Que peut-il faire pour aider l'Arabie saoudite et le Qatar à sortir de leur bras de fer ? Au terme du 29° sommet de l'Union africaine, le nouveau président de la Commission de l'UA répond aux envoyés spéciaux de RFI à Addis-Abeba, Christophe Boisbouvier, Matthew Kay et Victor Uhl.

RFI : Le 21 juin quand les Nations unies ont salué la mise en place de la Force conjointe du G5 Sahel vous auriez aimé un mandat plus solide. Qu’est-ce que vous voulez dire par là?

Moussa Faki Mahamat : D’abord, je voudrais saluer cette initiative des Etats du G5 Sahel. Très souvent, nous avons des opérations de maintien de la paix qui - il faut l’avouer - n’ont pas souvent réussi. Il faut absolument lutter efficacement contre les groupes jihadistes, ce qui n’est pas dans le mandat de la Minusma. Et donc cette initiative des Etats du G5 Sahel de monter cette force est à saluer. Ces Etats ont élaboré un concept d’opérations qui a été transmis comme cela se doit au Conseil de sécurité des Nations unies. Donc nous avions espéré que la résolution soit prise sur le chapitre 7 et conséquemment que cette force puisse avoir l’appui de financement des Nations unies.

Mais on sait bien que si la résolution de l’ONU est si timide c’est parce que les Etats-Unis ne veulent pas financer une nouvelle opération de maintien de la paix. Ce désengagement américain, est-ce qu’il vous préoccupe ?

Oui. Vous savez les trois quarts des opérations de maintien dans le monde, ce n’est pas simple. Et donc cette prise de position consistant à diminuer les moyens dont disposent les Nations unies inquiète. Imaginez avec cette diminution ce qui peut arriver. On risque de se retrouver dans une situation où on risquerait peut-être dans l’avenir de dépenser encore plus pour pouvoir traiter certaines situations qui risquent de s’aggraver. Le désengagement du financement des Nations unies maintenant, je ne pense pas que ce soit la décision. En tout cas, elle n’est pas opportune à mon sens.

Depuis trois semaines, il y a une grave crise dans le Golfe. L’Arabie saoudite et ses voisins accusent le Qatar de soutenir le terrorisme international. Quel est votre point de vue ? Etes-vous d’accord avec le ministre saoudien des Affaires étrangères que vous avez reçu ce mardi à Addis-Abeba ?

Je n’ai pas reçu le ministre des Affaires étrangères. J’ai ouï dire qu’il est à Addis, mais je ne l’ai pas rencontré. Deuxièmement, la position de l’Union africaine est claire. L’Afrique est elle-même victime, comme je le disais, du terrorisme. Il est bien vrai qu’il y a un problème aujourd’hui parmi les pays du Golfe. Là également, la position de l’Union africaine est claire. Il y a eu une résolution condamnant les financements du terrorisme, mais saluant l’initiative de l’Emir du Koweït qui a engagé ses bons offices entre les Etats du Golfe. Je pense que ce genre de problème doit être résolu par la voie du dialogue.

Depuis le mois de mai dernier, une vingtaine de personnalités du Congo-Kinshasa sont frappées par des sanctions individuelles de la part des Etats-Unis et de l’Union européenne suite à de très graves atteintes aux droits de l’homme dans ce pays. Et ce mardi, la délégation congolaise a affirmé qu’elle avait reçu un soutien de l’Union africaine face à ces sanctions. Qu’en est-il exactement ?

Il faut ne pas s’ingérer dans les affaires intérieures des Etats. Ce sont des principes de base. Parlant des sanctions, je pense qu’à la lumière de ce qui a été fait ces dernières années, personnellement, je doute de l’efficacité des sanctions. Parfois, elles-mêmes aggravent et radicalisent les positions d’un certain nombre d’Etats. Et très souvent, elles impactent beaucoup plus les populations que les personnes en question. La question a été débattue et partant des principes de bases de l’Union africaine, le Conseil exécutif dénonce l’ingérence dans les affaires intérieures.
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