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Togo : Les leçons d’une défaite programmée
Publié le lundi 29 juillet 2013  |  togoinfos


© AFP par PIUS UTOMI EKPEI
Législatives 2013: les Togolais appelés aux urnes pour élire leurs députés
Jeudi 25 juillet 2013. Lomé. Photo: Togo`s most prominent opposition leader, aslo leader of the opposition Collective Save Togo (CST) and parliamentary candidate, Jean Pierre Fabre


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Selon les résultats provisoires proclamés dimanche par la présidente de la commission électorale nationale indépendante (CENI), le nouveau parti de Faure Gnassingbé, l’Union Pour la République, aurait remporté ce scrutin avec 62 députés, pendant que le collectif « sauvons le Togo » vient en deuxième position avec 19 élus.

Voilà donc un score scandaleux qui effraie et étonne plus d’un togolais. Comment peut-on s’expliquer que malgré la descente aux enfers visible de ce régime, UNIR puisse réaliser ce score inattendu et imprévisible de 62 sièges sur 91 que compose la nouvelle Assemblée Nationale ?

Pour ceux qui suivent de près les habitudes politiques dans notre pays, il n’y a rien d’étonnant. La « défaite » du collectif sauvons le Togo à ces élections organisées aux pas de charge, était subtilement programmée par le pouvoir en place deux ou trois mois seulement après sa création.

Comment ? Par une méthode de provocation et d’acharnement systématique empêchant ainsi ce mouvement citoyen de faire un travail sérieux de terrain, de porter sa vision salutaire auprès de la population à la base.

Le pouvoir de Faure Gnassingbé a poussé les membres du CST à limiter de fait, leurs actions à Lomé, rien qu’à Lomé.

Pour ce faire, il a suffi au pouvoir de provoquer des débats stériles sur l’opportunité ou non pour le CST de faire des marches pacifiques sur tel ou tel itinéraire ou à endroit de la capitale.

Il a suffi que le pouvoir procède par répressions des militants et embastillements fantaisistes de leurs membres influents pour que la colère des meneurs de ce collectif monte au plus haut degré les poussant ainsi à puiser toute leur énergie pour prouver au monde entier, le caractère « sauvage » et « inique » de ce régime, qui en réalité, ne respecte rien ni de la loi, ni de l’orthodoxie d’une bonne gouvernance démocratique.

Tout cela est bien puisque ces efforts ont parmi d’écorner réellement l’image de Faure Gnassingbé et de l’affaiblir outre mesure au plan international.

Mais cette lutte, ce combat certes légitime n’est pas vraiment rentable en termes conquête des voix des togolais, de la majorité silencieuse tapie dans les tréfonds des villages et hameaux du Togo où les joutes oratoires, les débats sur les questions des droits de l’homme, sur les bavures judiciaires, sur le vol des deniers publics etc. sont loin d’être une préoccupation de premier plan.

Le paysan analphabète a juste besoin de la paix autour de lui, des terrains cultivables, des engrais pour son champ, des métayers pour l’aider à labourer sa terre pour enfin avoir une bonne récolte à la fin de l’année.

Il dispose de très peu de temps pour suivre les radios, les télévisions et ensuite réfléchir aux théories et aux idéologies sur le développement, la bonne gouvernance etc.

Il a très peu de temps pour dénoncer les errements politiques des dirigeants. Et malheureusement ces togolais qui se limitent à ce genre d’activités sont très nombreux, N fois plus nombreux que la classe intellectuelle et citadine qui comprend et analyse tout.

A ce monde dominant de la population togolaise résidant dans les fermes et campagnes, que faut-il faire pour conquérir son vote ?

Il faut aller vers lui, lui donner de la chaleur humaine, lui prouver que sa voix compte pour le devenir de ce pays et lui prouver, réellement, que sa situation ne s’améliore pas du fait de l’environnement malsain créé et entretenu par les dirigeants qui tiennent à tout prix à conserver le pouvoir.

Il faut absolument créer une adhésion complète et une complicité franche de ce dernier pour espérer obtenir effectivement sa voix, car tout le monde le sait, on ne vote que celui que l’on connaît.

A quelle dimension l’opposition a-t-elle fait un tel travail de fonds et de fourmi ?

Nous doutons que les leaders de l’opposition aient eu le temps de le faire réellement dès lors que très astucieux, le pouvoir a eu le malin plaisir de réduire leurs actions à la dénonciation et aux protestations quasi quotidiennes uniquement sur les antennes des radios et dans les rues de Lomé.

Malheureusement, cette situation a contraint les togolais à voter par défaut.

Oui à défaut de ce que les togolais aimeraient avoir, ils se sont contentés de ce qu’ils ont eu sous les yeux, c’est-à-dire UNIR dont ils ont vu les candidats partout et qui leur ont donné des gadgets avec des promesses certes fallacieuses, mais des promesses tout de même.

A ce manquement de taille qui a franchement influencer le vote, se sont ajoutés les méthodes de gangstérismes que le pouvoir de Lomé continue d’utiliser pour soit acheter systématiquement les consciences des électeurs avec les moyens de l’Etat, soit pour muter carrément leur vote.

Dans combien de bureaux de vote les délégués des partis politiques de l’opposition étaient réellement présents sur les 7000 qui existaient dans les 30 circonscriptions électorales ?

Quel est leur degré d’intégrité morale pour espérer qu’ils pourraient refuser un billet de 10 mille francs pour accepter de changer les données d’un procès-verbal de vote ?

Face à tout cela, il se pose fondamentalement un besoin impérieux d’une revue complète de la stratégie de lutte politique au Togo.

Qu’est-ce que Macky Sall a fait au Sénégal pour être élu président de la République de ce pays après seulement trois ans de lutte politique dans l’opposition alors que Me Wade était déterminé à s’accrocher au pouvoir ?

Il appartient aux leaders de l’opposition d’y réfléchir.

Mais tout compte fait, le besoin de l’alternance reste toujours d’actualité au Togo.

C’est le moment où jamais pour ceux qui aspirent à briguer la magistrature suprême en 2015 d’affûter leurs armes avec un nouveau plan de lutte plus rassurant et plus convaincant.

Il est évident que le pouvoir cinquantenaire des Gnassingbé a fini de montrer ses limites et de lasser vraiment les togolais, mais pour le démolir, il faudra, au-delà du charisme politique, des moyens, mais aussi de la vision aux prochains adversaires de Faure Gnassingbé.

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