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Fonction publique/Insertion professionnelle: Qu’est devenu le projet de réformes au sein de l’Administration?
Publié le mercredi 19 juillet 2017  |  Le Combat du Peuple


© aLome.com par Edem Gadegbeku & Parfait
Séminaire gouvernemental à l’intention des directeurs généraux , secrétaires généraux, experts, hauts fonctionnaires de l’Etat, de la Société civile et du secteur privé
Lomé, du 17 au 18 mai 2017. Hôtel Sancta Maria. Séminaire gouvernemental à l’intention des directeurs généraux , secrétaires généraux, experts, hauts fonctionnaires de l’Etat, de la Société civile et du secteur privé. Ils ont été réunis autour du thème «Transformer la gouvernance et l’Administration publique au Togo pour la mise en œuvre de l’Agenda 2030 pour le développement durable». C’est le ministre de la Fonction Publique, du Travail et de la Réforme Administrative, Gilbert BAWARA qui a, au nom du Premier Ministre, lancé les travaux dudit séminaire en présence de Khardiata LO N’DIAYE, Représentante Résidente du PNUD et coordonnatrice Résidente du système des Nations Unies, et du Secrétaire général du gouvernement, Florent MANGANAWE. Les participants ont suivi des communications d`experts venus des Etats-Unis, d’Afrique, communications suivies de débats. G. Bawara.


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Nous avons souvenance que le 20 janvier 2013, le Gouvernement togolais, sous la pression des organisations syndicales, a provoqué un jour férié une session extraordinaire de l’Assemblée nationale qui a imprimé le processus précipité d’adoption du statut général de la fonction publique. Brandie, à l’époque, comme une trouvaille à l’apaisement du climat social en ébullition et comme un des acquis du processus de réforme administrative enclenché par le gouvernement depuis 2006, cette loi de la fonction publique votée in extremis n’a pu, à ce jour, insuffler une nouvelle dynamique sinon un nouveau souffle à l’administration publique en termes de meilleure gestion des ressources humaines et de satisfaction des citoyens eu égard aux prestations des services publics. Au contraire, le climat social a connu une pollution aggravée avec, en toile de fond, des querelles intersyndicales et des grèves à répétition avec ses corollaires.

Entre-temps, les audits stratégiques et organisationnels entamés à plusieurs reprises et censés réorganiser l’administration en assurant l’adéquation des profils aux postes, le redéploiement et le perfectionnement en continue des agents peinent à être concrétisés car, menés à l’actif exclusif des cabinets externes doués d’une parfaite méconnaissance de l’histoire et de la culture administrative togolaise. C’est ainsi que la réforme et la modernisation de l’Etat à l’œuvre dans plusieurs départements se déroule sans un mécanisme global de coordination, faisant du ministère en charge de la fonction publique et de la réforme administrative une coquille vide au sein de l’appareil gouvernemental.

Les degrés élevés de démotivation, de corruption, de politisation et de lenteur administrative ne cessent pourtant d’être décriés quotidiennement par les citoyens. Nous n’en voulons pour preuve que les récentes statistiques qui révèlent qu’au Togo, le nombre des citoyens insatisfaits des rendements des agents de la fonction publique est en forte hausse. Ils sont 89% à ne pas être satisfaits du service rendu dans le secteur de la santé, 70% dans celui de la distribution de l’eau et de 55% en matière d’éducation et on en passe.

Dans le même registre, l’annonce d’un pseudo recensement général au sein de la fonction publique en 2011 avait semé un grain d’espoir. Beaucoup de Togolais ont cru, à tort, que ce serait la fin de la récréation. En effet, l’initiative de cette réforme qui devait être menée conjointement par les ministères de la fonction publique et celui de l’économie et des finances, avait été saluée par beaucoup d’observateurs car, elle était perçue comme une œuvre de salubrité publique qui avait pour objectif de fournir au Gouvernement avec exactitude, l’effectif réel des salariés émargeant à la fonction publique et d’assainir les finances de l’Etat. Six ans après, il est dommage de constater que plusieurs ministres se sont succédés à la tête de ce département mais aucune initiative n’a été prise dans ce sens pour mettre fin au statu quo. Au contraire, la situation s’est davantage dégradée au point où les maux qui gangrènent l’administration publique sont désormais devenus un handicap majeur à son développement.

En réalité, il n’est point besoin d’être un expert en insertion professionnelle pour se rendre compte qu’il faille passer au crible la situation des remplaçants des agents décédés, en voyage ou fictifs, des bénéficiaires de double-salaires, des retraités véreux qui continuent de percevoir leur salaire mensuel plein et des absences plus ou moins chroniques non justifiées.

Au sein de l’administration togolaise transformée en une véritable mafia, le faux, l’usage de faux et la haute magouille font bon ménage. C’est à ce titre qu’à l’époque de l’annonce de la réforme de la fonction publique, un climat de peur était perceptible puisque l’application effective des mesures annoncées faisait craindre une débandade générale. Qu’à cela ne tienne. A tous ces manquements, s’ajoute l’absence de conscience professionnelle qui s’est généralisée comme une gangrène au sein de la fonction publique.

L’administration souffre terriblement d’absence de cette vertu professionnelle qui permet aux citoyens de jouir du service de l’Etat en bonne et due forme. De la mairie, en passant par les centres hospitaliers régionaux et même universitaires, des spectacles désolants sont observés. Il ne se passe pas un jour où les pauvres citoyens décrient l’accueil discourtois que les agents de l’administration leur réservent. Pour être mieux servis ou accueillis, le citoyen est obligé de se plier au diktat de ces agents qui réclament des pots de vin moyennant des services rendus. Pourtant, ils touchent leur salaire à chaque fin du mois avec primes à la clé.

Des agents indélicats pullulent dans l’administration publique et dérangent les citoyens au point que certains observateurs qualifient l’administration togolaise de « viscéralement corrompue ». Elle sert mieux les plus offrants et laisse les citoyens vulnérables sur le carreau. Il a été plusieurs fois rapporté que le délai de retrait des pièces d’identité et dossiers légalisés dépend de la largesse ou de la générosité des citoyens. De même, la desserte en eau ou en énergie électrique, pour ne citer que ces deux prestations, relèvent d’un parcours de combattant même si l’on a déjà rempli toutes les formalités d’usage.

Pour ce qui est des faux diplômes, leur prolifération au sein des agents de l’Etat répond au souci des travailleurs non ou peu diplômés désireux de bénéficier des promotions ou d’accéder à des postes de responsabilité auxquels leur niveau d’étude réel ne saurait prétendre. Mais l’absence de système de détection de faux diplômes aidant, leur dossier subit le traitement classique qui leur permet, avec le temps, d’arriver à leurs fins. L’autre catégorie de faux diplômés sont ceux qui obtiennent de vrais faux moyennant le versement d’une somme d’argent aux fonctionnaires véreux opérant au niveau du service des examens. Une dernière catégorie se recrute au sein des candidats à divers examens qui offrent des pots-de-vin au personnel enseignant opérant au secrétariat des centres de correction aux fins de leurs gonfler les notes de façon à se faire proclamer admis.

On se rappelle qu’au cours de son passage à la tête du département de la fonction publique, le Ministre Ninsao GNOFAM avait décelé un bon nombre de faux diplômes dans le dossier des candidats admis au dernier concours de recrutement dans la fonction publique. Ceux qui avaient cru sonnée l’heure de nettoyer les écuries ont tôt fait de se raviser car, après l’effet d’annonce provoqué par l’événement, le ministre a préféré dormir sur ses lauriers que d’ailleurs le soleil a tôt fait de sécher.

Concernant les agents fictifs, ils appartiennent à une catégorie de fonctionnaires qui soit existent mais ne viennent jamais au service mais perçoivent régulièrement leur salaire ou soit, n’existent pas mais dont le salaire mensuel régulièrement versé par l’Etat est perçu par un tiers. Le phénomène qui s’est aujourd’hui propagé abondamment dans la fonction publique, remonte aux temps forts du RPT où les fonctionnaires bâclaient le service pour se retrouver aux séances d’animation politique si ce n’est à des réunions de comité de ville ou d’une quelconque structure du parti qui se déroulaient toujours aux heures ouvrables.

Au lendemain de la Conférence Nationale Souveraine en 1991 marquée par l’avènement du multipartisme, de nombreux fonctionnaires éprouvent, jusqu’à ce jour, d’énormes difficultés à se départir de ces mauvaises habitudes de la maison. Ceux qui ont des liens d’amitié, de parenté ou d’appartenance régionale avec des barons du régime, se basent sur ces affinités pour faire preuve d’une absence chronique au service, sans que leurs responsables hiérarchiques auxquels le phénomène n’échappe pas, ne puissent lever le petit doigt accusateur contre eux.

D’autres magouilles concernent les astuces et autres fourberies montées de toutes pièces pour percevoir indûment des salaires sont légion au sein de l’administration. Il s’agit, en l’occurrence, du cas des retraités qui continuent de toucher leur salaire mensuel, celui des agents qui, en complicité avec les services financiers, réactivent les dossiers des agents décédés dont ils détournent le salaire. Pour ce dernier cas, la chose est souvent rendu possible ou facile grâce à la méconnaissance de la famille ou des parents des agents défunts et des procédures en vigueur.

En définitive, si l’on veut appeler les choses par leur nom, le vrai problème reste celui de la tribalisation, de l’éthnicisation et de la politisation à outrance de l’administration publique togolaise.

Il s’agit d’un réel défi à relever. C’est un abcès à crever. Mais étant donné que l’obstacle est intimement lié au lourd héritage du régime RPT, nous sommes fondés de douter de la volonté politique des dirigeants à changer la donne.

Dès lors, la question se pose de savoir quel Gouvernement réussira à relever le défi de la réforme administrative au Togo en nettoyant les écuries d’Augias, sans se mettre à dos ses amis du sérail dont de nombreux frères, cousins, maîtresses et autres protégés qui s’illustrent dans les habitudes de la maison. A défaut de le faire, le conseil supérieur de la fonction publique, outil inclusif à l’œuvre de la transparence administrative en matière de supervision des concours de recrutement, de classement et de contrôle des diplômes (article 16 du nouveau statut général) et autres, doit être mis en place pour pallier tous les manquements relevés au sein de l’administration publique. A ce sujet, le Chef de l’Etat, Faure GNASSINGBE est interpellé pour prendre le décret d’application du statut général devant consacrer l’existence de cette structure.

En tout état de cause, il est grand temps de faire le ménage et mettre fin aux magouilles qui n’ont que trop duré dans l’administration publique togolaise.



Julles
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