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Le Combat du Peuple N° 927 du

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Le débat citoyen : Le processus de réconciliation au Togo
Publié le mardi 25 juillet 2017  |  Le Combat du Peuple


© aLome.com par Edem Gadegbeku & Parfait
Vernissage d`une exposition consacrée à une visite historique effectuée en 1962 aux USA par Sylvanus Olympio
Lomé, le 26 avril 2017. Radisson Blu Hôtel 02 février. En présence de Gilchrist Olympio, de l`ambassadeur David Gilmour, d`Awa Nana-Daboya et de plusieurs invités de marque, Faure Gnassingbé préside le vernissage d`une exposition consacrée à une visite historique effectuée en 1962 aux USA par Sylvanus Olympio. G. Olympio & Faure Gnassingbé.


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Le processus de réconciliation au Togo fait, cahin caha, son bonhomme de chemin.

Les dernières cérémonies de purification organisées sous l’égide du HCRRUN constituent une étape importante qui doit marquer les esprits. Il s’agit, en réalité, des cérémonies qui doivent servir de repère, en d’autre terme, un nouveau départ pour le vivre ensemble des Togolais.

Cependant, nous avons observé de la part de l’opposition togolaise, des prises de positions anxiogènes comme si dans ce dossier, seuls les hommes au pouvoir ont fait usage de la violence et sont les seuls concernés. Il est regrettable de relever que notre opposition veut la réconciliation au mépris du parallélisme des formes.

En principe, nous devons additionner nos volontés pour parvenir à une réconciliation vraie et durable. C’est la seule voie qui peut augurer d’un futur meilleur. Ceux qui cherchent à se soustraire et qui jouent à la sainte nitouche ne sont pas sérieux. Ils sont antipatriotiques. Vouloir conquérir le pouvoir n’est pas une raison suffisante pour se dédouaner et faire l’impasse sur des vérités historiques connues de tous. Les Togolais doivent ensemble dresser des passerelles parce que le fossé qui nous sépare se creuse. C’est très inquiétant de constater que l’intolérance prend le pas sur une volonté réelle de pardon réciproque.

S’agissant justement du processus de réconciliation, il nous semble hautement indiqué de faire une petite rétrospective.

En effet, la problématique de la violence dans les mœurs politiques au Togo ne date pas de maintenant. En clair, ce n’est pas un phénomène nouveau. Loin de là.

A preuve, depuis 1958, les miliciens du CUT, ceux qu’on appelle les « Ablodésodja » ont commencé à sévir. Ils n’ont pas hésité, sur ordre des dirigeants de l’époque dont feu Sylvanus OLYMPIO, à attaquer leurs adversaires politiques en les lynchant et en brûlant leurs maisons. Parmi leurs victimes, beaucoup ont eu la vie sauve en fuyant pour s’installer dans les pays voisins.

Après l’indépendance, le même scénario s’est poursuivi et amplifié. Des Togolais considérés comme appartenant à la cinquième colonne c’est-à-dire des collabos des colons, ont péri. Tous leurs biens ont été saccagés et détruits. D’autres se sont retrouvés en prison pendant des années, sans jugement.

Jamais, feu Président OLYMPIO n’a prononcé un discours pour demander pardon et calmer les esprits. Jamais il n’a reconnu avoir fait un quelconque tort aux autres. Il trouvait que ceux qui l’ont combattu méritaient le sort qui leur avait été réservé et n’avaient pas besoin de pitié. Il avait même dit que « Dieu lui avait tout donné sauf la pitié».

Certes, OLYMPIO a été le père de l’Indépendance. C’est indéniable. Il a beaucoup lutté pour la libération du Togo du joug colonial. Mais, force est de reconnaître qu’après coup, il n’a pas su rassembler les Togolais ni apaiser les cœurs et panser les plaies. Bref, il n’a pas tourné la douloureuse page de la violence perpétrée sous les colonisateurs. Il s’était vengé ensuite sur ses frères togolais après l’indépendance.

Après son assassinat dont aujourd’hui personne ne peut attribuer la paternité à un Togolais, puisque d’après nos informations obtenues de source sûre et indiscutable, la première balle qui a frappé OLYMPIO n’était pas sortie du fusil d’un Noir. Ceux qui ont pris le pouvoir après lui, ont, à leur tour, totalement manqué de réalisme politique et n’avaient rien compris.

Sous Nicolas GRUNITZKY, on a beau parlé de réconciliation, mais les responsables du CUT ont aussi dû leur salut dans la fuite puisque la répression pour la soi-disant pacification du pays était terrible. Il fallait se mettre à l’abri quitte à payer le prix cher.

Avec l’avènement de EYADEMA au pouvoir, on avait cru voir le bout du tunnel parce qu’il était entouré, pour la plupart, des hommes issus du CUT notamment MIVEDOR, HUNLEDE, TEVI, OHIN et tant d’autres qui l’ont tout de suite soutenu et encadré.

Il reste que la France veillait au grain et EYADEMA avait une obsession qui avait tout remis en cause. Il voulait, coûte que coûte, détruire l’image de feu Sylvanus OLYMPIO. Mal lui en prit puisqu’aux yeux des Togolais, OLYMPIO était un martyr donc un mythe et EYADEMA était considéré comme son assassin même si c’est à tort, comme les faits le prouveront plus tard.

Ainsi l’assassinat de Sylvanus OLYMPIO a plombé la carrière politique de EYADEMA qui, malgré tous ses efforts pour parvenir à la réconciliation, n’avait pas réussi à conquérir la confiance des Togolais. De sa bouche, le mot réconciliation sonnait faux.

Pire, les différentes tentatives de déstabilisation orchestrées contre lui ont eu pour conséquence, la radicalisation du régime. EYADEMA a échappé à plusieurs tentatives de renversement voire d’assassinat. Et comme c’est souvent le cas, il était devenu un dictateur impitoyable qui n’avait finalement pour objectif que la conservation du pouvoir.

Avec le discours de la Baule et le soulèvement populaire du 05 Octobre 1990, le tournant était pris.

Malheureusement, la Conférence Nationale Souveraine qui devait définitivement consacrer la réconciliation dans notre pays a été un fiasco total, un grand rendez-vous historique manqué. D’où, par la suite, les manifestations de rues suivies de répressions parfois impitoyables.

Après le décès de EYADEMA, la situation politique, malgré la tension, a été gérée de sorte que les dégâts ont été très limités.

Il se trouve qu’avec l’élection controversée de Faure GNASSINGBE, l’opposition a sorti les grands moyens. Le pays était pris d’assaut dès la proclamation des résultats par des militants dressés comme des chiens de garde qui avaient pour finalité de semer la terreur. Les partisans du RPT ont vu leurs biens saccagés. Beaucoup de citoyens ont été pourchassés, tués et leurs maisons détruites sans autre forme de procès. Des actes de violences inouïs avec des dégâts matériels considérables ont été enregistrés. Le vandalisme était partout au rendez-vous. Et sans limite.

Nous pouvons citer les atrocités commis à Lomé où les militants de l’opposition ont détruit plus de (80) quatre-vingt maisons et tué pêle-mêle des Togolais soupçonnés de collusion avec le pouvoir.

L’un des cas emblématiques reste l’éradication de la famille DIACKITE à Bè-Kpota. Tous les huit membres de cette famille malienne ont été purement et simplement traqués, tués et entassés comme du fagot de bois et brûlés ensemble. Il ne restait sur le sol que de la graisse.

Les militants de l’opposition ont détruit cette famille seulement parce qu’ils avaient ouï-dire que le chef de famille était un marabout des barons du RPT. Un autre cas qu’il faut rappeler, c’est l’assassinat en plein jour à Nyékonakpoè-Togbato de l’aide camp du Procureur de la République. Ce policier qui rentrait tranquillement chez lui, a été reconnu, puisqu’il était en tenue civile et de ce fait, il a été sauvagement lynché et tué par les militants de l’opposition en fureur. Ils ont ensuite jeté le corps dans la lagune, au vu et aux yeux de tous.

S’agissant de la répression exercée par la suite par les forces de sécurité et l’armée, elle a été disproportionnée, d’une brutalité inhumaine et inoubliable. Et pour tout résumer, on a parlé alors d’action de la part de l’opposition et de la réaction du pouvoir. C’était la sentence.

Face à ce scénario, que dire ? Le Chef de l’Etat, Faure GNASSINGBE, s’est d’abord empressé de se rendre à Atakpamé pour demander pardon aux populations de la localité et à tout le peuple togolais.

Dans notre histoire d’après l’indépendance, il est le seul Président à avoir eu le courage politique de reconnaître publiquement qu’il y a eu violences et a demandé pardon pour cela. Mieux, il est revenu plusieurs fois à la charge en d’autres circonstances pour réitérer son Pardon au peuple. Aucun de ses prédécesseurs ne l’avait fait avant lui.

De même, aucun leader de l’opposition, aucun chef de parti politique de l’opposition n’a jamais reconnu ou avoué la moindre responsabilité de leurs militants lâchés comme des chiens enragés dans les rues pour aller conquérir le pouvoir par la violence pour leur propre compte.

Nous sommes tous des Togolais et le Togo est notre patrimoine commun. Il est temps, vraiment grand temps pour que nous prenions le courage à deux mains pour nous dire la vérité, la seule qui vaille.

Au jour d’aujourd’hui, Gilchrist OLYMPIO, Me AGBOYIBO, GNININVI, FABRE, surtout ce dernier, doivent faire, à leur tour, leur mea culpa. Au nom de la réconciliation.

Ce n’est pas parce que leurs militants dressés pour tuer et tout détruire sur leur passage ont eu la possibilité de fuir pour se réfugier dans les camps au Bénin, au Ghana ou ailleurs, qu’ils sont exemptés de responsabilité dans les violences de 2005. Il s’agit, somme toute, d’une responsabilité politique qu’il faut assumer pour que les cœurs meurtris, de part et d’autre, acceptent d’accorder le pardon. Car, les bourreaux sont dans les deux camps.

Il est inadmissible qu’ils continuent à se comporter comme si le nœud gordien de la réconciliation se trouve dans le seul camp du pouvoir. Pourquoi s’acharner sur le major KOULOUM alors que ceux qui ont organisé à Atakpamé les destructions et tué en premier ressort leurs adversaires politiques sont retournés chez eux après leur retour des camps de réfugiés comme si de rien n’était ? Si les Togolais continuent à se regarder en chiens de faïence, c’est parce que l’opposition joue à la sainte nitouche et ne se reproche rien tout en renvoyant toujours la balle dans le camp du pouvoir. Ce n’est pas sérieux. Nous devons sortir de ce cercle vicieux.

Lucien MESSAN

Ancien membre de la Commission Nationale

Spéciale d’Enquête indépendante (2005)
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