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Le « Fabre nouveau » est-il arrivé ?
Publié le mercredi 15 janvier 2014  |  Focus Info


© AFP par DR
Jean-Pierre Fabre, leader de l`Alliance Nationale pour le Changement (ANC)


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Togo - Lunettes à fines montures, costume sévère gris, cravate sombre, chemise blanche, c’est l’image présentée par le site de l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC) de son leader Jean-Pierre FABRE, à l’occasion de la commémoration du 13 janvier, depuis Paris (France) où il séjourne. Exit donc la casquette flanquée OBAMA, le polo Lacoste, le jean’s et les baskets dont il est coutumier. Le discours toujours aussi dur envers le pouvoir, est néanmoins plus policé que d’habitude et les mots véritablement choisis. Jean-Pierre FABRE est-il en train de se construire une nouvelle personnalité ?

S’il y a une constante dans l’engagement politique du leader de l’ANC, c’est qu’il a toujours fait partie des « faucons » de l’opposition, adeptes de la manière forte envers le pouvoir. « Commandant de la rue », toujours prêt à se mettre dans la mêlée, mieux à l’aise avec les jeunes qui tiennent les barricades et incendient les pneus que devant des débats « idéologiques et philosophiques », l’amoureux des arts martiaux est un homme politique atypique bourré de certitudes. Durant toute la période d’exil de Gilchrist OLYMPIO, il fut comme Patrick LAWSON, personnalité cependant davantage dans la mesure et la conciliation, le véritable patron de l’UFC (Union des Forces de Changement), maintenant la flamme de la contestation et le mythe de détia. Le fils du premier président du Togo lui faisait alors une confiance aveugle, non pas seulement parce que c’est un parent par alliance (madame Fabre étant une Olympio) mais surtout le sachant sincère dans son engagement, à la limite du jusqu’-au-boutisme.

Lorsque survient en 2010 le schisme au sein du parti suite à l’élection présidentielle et l’accord RPT-UFC, les cadres qui partirent créer l’ANC le choisissent logiquement et presque naturellement comme leur leader. « Non pas parce que c’est le plus futé politiquement ou celui à même d’être le meilleur interlocuteur du pouvoir, mais simplement parce que face à ce régime, il fallait non un intello idéologue, mais un combattant qui parle un langage simple ; vu le profil de nos militants et du grand bataillon de nos sympathisants » nous confie un des « sages » du partis.

Le présidentiable :

Si ces qualités lui ont valu le parcours politique qui est le sien, elles constituent en même temps son talon d’Achille, les principaux éléments de critiques le concernant. Très peu à l’écoute, pas conciliant et souvent dans l’invective et la menace, Jean-Pierre FABRE indispose ses alliés pour lesquels il manifeste souvent peu de considération ( on se rappelle encore de sa fameuse interview à un journal burkinabé avant les élections législatives de 2013 dans laquelle il traitait de partis marginaux ses alliés de la coalition Arc-En-Ciel.) ; et ne rassure pas le pouvoir en place. Dans un contexte de manichéisme politique permanent caractérisé par le manque de confiance entre les acteurs de la scène publique, cette situation n’est pas susceptible de favoriser son éventuelle accession au pouvoir. Ses envolées et diatribes hebdomadaires, associés à la compagnie de partenaires comme Abass KABOUA, qui s’est fait une spécialité dans les insultes, les atteintes à la vie privée de ses adversaires et dans les pseudos-révélations impossibles la plupart du temps à vérifier, ont tôt fait de créer autour de lui, une image d’agitateur et d’activiste, plutôt que celle d’un homme d’Etat.

A un an de l’élection présidentielle, alors que son leadership sur toute l’opposition est contesté et au moment où la question de la candidature unique revient sans cesse, il semble qu’un nouveau FABRE soit en route. Est-ce peut être de la com ou simplement une manière de donner des gages à de possibles soutiens qui doutent de sa capacité à incarner une véritable alternative. C’est une posture qui est contre sa nature et qui lui vaudra de se faire très certainement beaucoup violence. Mais en prononçant ces mots « A cet égard, la peur, la rancœur et la vengeance doivent quitter les esprits et les cœurs pour faire place à la clairvoyance, à la concorde et au pardon », il en a pris en tout cas le chemin.

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