TOGO: Nicodème Habia, ancien député UFC : « Les mots me manquent pour exprimer ma compassion et ma douleur aux vaillantes femmes des grands marchés de Lomé et de Kara. Qu’elles sachent que tôt ou tard la vérité s’éclatera »

Politique

Publié le mercredi 15 janvier 2014 | Telegramme228

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Nicodème Habia, ex député exclu de l’UFC

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Adresse de Jean-Pierre FABRE à la diaspora Togolaise lors de la commémoration du 13 janvier 2013

- 13/1/2014

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Activités des partis politiques 2013

Depuis plusieurs mois, il a été exclu de l’UFC (Union des Forces de Changement) dont il a été député lors de la législature 2007-2013. Depuis lors, l’homme est politiquement perdu de vue même si par moment, il intervient pour donner son point de vue sur la situation politique dans notre pays. Aujourd’hui à la tête d’une association dénommée « Association pour la Protection des Droits de l’Homme et le Développement Social » et avec laquelle il continue de mener certaines actions d’ordre humanitaire toujours en faveur de sa base dans l’Avé, Nicodème Habia, dans cette interview accordée conjointement à notre rédaction et à celle de Forum de la Semaine, parle de sa vision politique, de l’affaire des incendies des grands marchés de Lomé et de Kara il y a un an, de l’opposition en général, de la présidentielle de 2015… Lecture !

Habia Nicodème, ancien député et ancien membre de l’UFC. Aujourd’hui que vous n’êtes plus officiellement au parlement ni au sein de ce parti dont vous avez été exclu ainsi que trois autres personnes, quelques semaines après les législatives du 25 juillet 2013, quelle relation vous lie, aujourd’hui avec votre base ?
Je voudrais tout abord vous remercier de cette noble opportunité que vous m’offrez. N’étant plus ni au parlement, ni dans mon ex parti, mes relations avec ma base sont restées idem. Aussi vous devez savoir que les besoins pour cette localité sont énormes, nous y avons commencé par nos petites contributions avant d’être au parlement, aujourd’hui nous demeurons dans cette logique. Dans les jours à venir, des dossiers énormes concernant cette localité seraient sur vos tables.

En tant que candidat malheureux aux dernières législatives et au regard des efforts que vous aviez fait pour être au contact permanent avec votre base, qu’est-ce qui d’après vous n’a pas marché durant cette joute électorale qui n’a pas vu les électeurs de l’Avé, vous renouveler leur confiance pour les représenter à l’hémicycle ?
Ecoutez, la nouvelle idéologie de monsieur Gilchrist nous a tous mis dans la boue. Croyant qu’il menait une négociation directe avec le président de la République pour une bonne organisation de ces élections nous y sommes trompés ; c’était un boulevard qu’il leur avait laissé pour qu’il puisse s’éterniser au pouvoir. En un moment donné, nous avons fait des observations à notre ex-président sur nos inquiétudes liées à l’application de cet accord. En réponse, nous sommes considérés comme des personnes gênantes à écarter, en ce sens que des stratégies bien raffinées ont été élaborées pour dans un premier temps faire échouer tout ce qui s’oppose à leur démarche, et dans d’autres cas nous faire plier et au pire des cas faire disparaître le parti.

Sur la scène politique nationale, à ce jour et sans bannière de parti politique, comment vous positionnez-vous ?
Vous savez, c’est en Afrique que l’on pense qu’on ne peut s’exprimer sur la vie de la nation que sous la bannière d’un parti politique. Et c’est aussi au sein des partis politiques que l’on étouffe la liberté d’opinion. Pour moi, il faut une amélioration des conditions de vie des Togolais, une administration rigoureuse en matière de gestion des ressources naturelles et financières avec une traçabilité qui permet en cas de malversation de situer les responsabilités ; aussi que l’alternance soit au rendez-vous en 2015.

Tout compte fait, il y a à la suite de votre exclusion, certaines voix qui se sont élevées pour vous demander de créer votre propre parti politique. Quelle réponse à ces sollicitations ?
Nous y réfléchissons et travaillons, dans les jours à venir tout le monde serait au parfum.

Depuis deux semaines, nous avons tourné dos à l’année 2013. Quel regard pouvez-vous porter sur le Togo et sa vie politique et les Droits de l’Homme durant toute l’année 2013 ?
Le regard est sombre dans la mesure où les élections que nous attendions tous pour créer et donner aux Togolais un espoir de lendemain meilleur s’est offusqué par le pouvoir en place remettant tout en cause. Le rapport sur les Droits de l’Homme au Togo est scandaleux. Le président de la République ne tient que des discours théoriques loin des réalités quotidiennes des populations. Les syndicats tournés en bourrique. 2013 a été vraiment une année de pire cauchemar pour tous les Togolais qui aspirent à un lendemain meilleur.

Quelle appréciation faites-vous du discours de Faure Gnassingbé et de Gilchrist Olympio à la nation togolaise au début de cette nouvelle année, de l’éviction de Mohamed Atcha Titikpina à la tête des FAT pour le Général Félix Abalo Kadangha ?
Comme je l’ai dit dans une de mes interviews, du discours de monsieur Gilchrist Olympio à celui de Faure Gnassingbé, il n’y a pas de concordance, je vous le répète que le discours du président de la République est une insulte à l’intelligence des Togolais et celui de monsieur Olympio de la duperie. Aussi la propulsion de Félix Abalo Kadangha ne date d’aujourd’hui et fait partie d’une stratégie du pouvoir en place. Il est cité dans tous les sales besognes de ce pays avant, pendant et après l’arrivée de Faure Gnassingbé au pouvoir. Sa moralité et sa personnalité sont même mis en cause au sein de l’armée togolaise.

Dans l’histoire du Togo, on se rappelle que les 10 et 12 janvier 2013, l’économie togolaise a été frappée des incendies. Je veux parler des incendies des marchés de Kara et de Lomé. Que dire à ce jour de triste anniversaire de ces incendies ?
Les mots me manquent pour exprimer ma compassion et ma douleur aux vaillantes femmes des grands marchés de Lomé et de Kara. Qu’elles sachent que tôt ou tard la vérité s’éclatera.

A l’étape actuelle des choses, des responsables du CST avaient fait sortir un rapport d’enquête. Un rapport qui ne semble par faire bouger les lignes, vu qu’aucune des personnalités incriminées par ce rapport n’ont même pas été entendues, ni convoquées par la justice togolaise. Selon vous, doit-on se soumettre à la façon dont la procédure est conduite par la justice togolaise et les autorités, ou a-t-on nécessairement besoin d’une enquête internationale comme le réclame ce collectif ?
Sur ce problème, je croix que le fait de solliciter un appui extérieur ne devrait être considéré comme une faiblesse ou incompétence de notre justice mais plutôt comme une ouverture à la recherche de la vérité sous toutes ses formes. Aujourd’hui que la CST se retrouve à l’Assemblée, c’est une aubaine pour eux de peser de tout leur poids avec l’appui de la population pour faire bouger la ligne ; pourquoi pas la création d’une commission d’enquête parlementaire. Il s’agit d’un drame national.

Si 2014 s’annonce comme une année de préparation de la présidentielle de 2015, d’après vous Habia Nicodème, entre les élections locales durant cette année et les réformes institutionnelles et constitutionnelles, de quoi le Togo a-t-il le plus besoin ?
Nous devons aller au delà de ce que nous pensons, car la situation togolaise devient de plus en plus compliquée. Entre ce que tu sais vrai et ce que tu penses être vrai il faut bien faire une distinction. Les réformes institutionnelles et constitutionnelles ne sont plus d’actualités alors qu’elles étaient un bon combat que le peuple avait commencé.

Pour la présidentielle 2015, l’opposition togolaise telle qu’elle est sortie déchirée des élections législatives, d’après vous dispose-t-il d’arguments à faire valoir ? Si oui, quels sont d’après vous ces arguments et si non, que faudra-t-il faire pour remonter la pente ?
Ecoutez, nous devons nous rendre à l’évidence que nos ainées ont raté des opportunités de redressement politique de ce pays depuis la conférence nationale souveraine. Beaucoup sont en train de préparer leur retraite politique en étant au parlement. Nous venons de faire une expérience douloureuse avec le pouvoir en place et il va falloir l’émergence d’une nouvelle élite politique. Il faut une nouvelle vision pour sauver le Togo de son état actuel.

Question indiscrète, pour les deux échéances (les locales et la présidentielle), l’ancien député UFC Avé que vous-êtes sera-t-il candidat ?
Nous ne devons plus commettre les erreurs de nos ainés. Nous devons laisser le temps au temps et rester à l’écoute de la population.

Quel est le message de Habia Nicodème aux millions de Togolais au début de ces nouveaux 12 mois de lutte ?
Comme le disait le père de l’indépendance ; je cite ‘‘la nuit est longue mais le jour vient’’. Pour tous les Togolais, nous ne devons pas abandonner la lutte, quelle qu’en soit les raisons.

Réalisée par P.S et G.K (Telegramme 228)

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