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Togo-Marché d’Akodessewa : Des femmes en colère contre des tickets chers dans un environnement sale
Publié le vendredi 11 aout 2017  |  L'Alternative


© aLome.com par Parfait
Un dépotoir sauvage sur une rue dans le quartier Agoè.


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Le véritable problème que rencontrent nos marchés reste leur gestion. Même ces marchés d’un autre siècle qu’on dit construire à coups de milliards de nos francs (encore que ce soient véritablement les fonds communiqués publiquement qui soient utilisés), n’échappent pas à la gestion approximative générale du pays en ces lieux par excellence où nos mères et sœurs mènent une lutte acharnée tous les jours pour trouver leur pitance.

Et l’on sait presque déjà ce qu’elles subissent en matière de prélèvement des taxes (communément appelées «tickets »). Bien évidemment, l’on ne peut refuser à aucun Togolais ce devoir qu’est le sien de s’acquitter de paiement des taxes. Toutefois, on est en droit de se demander à quoi servent ces centaines de milliers de F CFA ramassés dans les marchés tous les jours, quand on voit l’insalubrité dans laquelle baignent les commerçants et leurs marchandises.

Un tour au marché d’Akodessewa (un lieu aussi réputé à cause de sa proximité avec le marché de fétiche) en cette période de pluie permet de se rendre compte de l’insalubrité criarde, du calvaire que vivent ces commerçants, malgré les taxes qui sont prélevées chez ces hommes et femmes tous les jours. Et justement concernant ces prélèvements, des voix s’élèvent du milieu de ces commerçants pour dénoncer une forme d’escroquerie qui ne dit pas son nom, instaurée par les responsables du marché. Samedi au marché d’Akodessewa, une femme qui vendait du maïs, du poisson fumé et des condiments a reçu, elle seule, trois tickets des mains d’un agent collecteur. Après le départ de ce dernier, nous avons poussé la curiosité d’en savoir un peu plus.

En réalité, la femme a eu un ticket pour chacun de ses étalages. Elle a eu à payer 450 FCFA en tout, c’est-à-dire 150 FCFA pour l’étalage de maïs, 150 FCFA pour celui des poissons et 150 FCFA pour les condiments. « On vient ici parfois sans presque rien vendre. Mais on nous oblige à payer ces taxes. Je viens de payer 450 F alors que je n’ai pas encore fait une recette de 1 000 F dans la journée, mais il est bientôt 18 heures. Vous voyez ce que nous vivons dans ce marché ? », confie la revendeuse. A l’en croire, les choses ne se passaient pas de la sorte il y a quelques années. Les commerçants avaient seulement à payer une taxe de 150 FCFA, quel que soit l’étalage. Personne ne sait aujourd’hui sur quelle base une revendeuse doit payer jusqu’à cette somme aujourd’hui pour ses étalages. « Nous nous posons la question tous les jours sans pour autant trouver de solution. Et ce ne sont pas ceux qui viennent nous prendre cet argent qui nous expliqueront. Mais malgré tout ça, regardez les conditions dans lesquelles nous sommes dans le marché. Ces fonds qu’ils prélèvent servent à quoi au juste ? Nous sommes fatiguées », ajoute-t-elle.

L’agent collecteur aperçu était chaussé des bottes, parce qu’après cette pluie qui a arrosé la ville samedi soir, le marché d’Akodessewa était méconnaissable. Les revendeurs étaient assis devant leurs étalages les pieds nus dans l’eau mélangée d’ordures. Une odeur nauséabonde se dégage dans tout le marché, puisque ces eaux formant de la boue avec les ordures sont là depuis plusieurs jours.


En dehors de ces «merdes» que côtoient ces hommes et femmes tous les jours, ils mènent aussi un combat acharné contre les mouches, surtout les revendeurs de nourriture qui s’acquittent de ces taxes. «Eux (Ndlr, collecteurs), ils ont des bottes à porter et viennent nous dépouiller des maigres recettes que avons faites dans la journée. Nous qui les nourrissons avec nos sueurs sous le soleil ou nos froids sous la pluie, nous avons nos pieds dans l’eau et la boue. Ils ne se gênent même pas pour installer des infrastructures adéquates dans le marché pour soulager les commerçants. Constatez par vous-mêmes !», a déploré une autre revendeuse. A côté du marché, ce sont des tas d’ordures qu’on retrouve dans des mares d’eau. Des gens sont obligés de cohabiter avec ces immondices dans un marché où on perçoit régulièrement des taxes chez les revendeurs.

C’est vraiment incroyable, ce qui se passe dans les marchés, non seulement à Lomé, mais aussi dans les grandes villes du pays. Tout porte à croire que les responsables de ces marchés ne s’intéressent qu’aux recettes générées par ces lieux. L’entretien ou la salubrité constitue le dernier de leurs soucis. Et comme on peut le constater, ce sont les commerçantes et les commerçants qui en paient le lourd tribut.

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