Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Le Togo    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article



 Titrologie



Autre presse N° 001 du

Voir la Titrologie

  Sondage

Grandes
© aLome.com par Parfait et Edem Gadegbeku

Grandes
© aLome.com par Parfait et Edem Gadegbeku



 Nous suivre

Nos réseaux sociaux



 Autres articles


Comment

Société

Rester en vie sur la Nationale 1 (Lomé-Kara)/Conseils de Gerry Taama
Publié le mercredi 30 aout 2017  |  Page Facebook de Gerry Taama


© aLome.com par Parfait et Edem Gadegbeku
Grandes mues connues par la Nationale numéro 1 ces dernières années
Vers Kara. Le 02 mars 2016. Chantiers en cours sur la Nationale numéro 1.


 Vos outils




 Vidéos

 Dans le dossier


"Je reviens d’une tournée professionnelle dans la région de la Kara, et comme d’habitude hélas, j’ai encore assisté à des accidents à l’aller comme au retour. La Nationale 1 nous arrache trop de vies. En revenant, j’ai pensé à vous prodiguer ces quelques conseils, tirés de mes voyages sur cette route.


De 2003, date de me mon retour au Togo à ce jour, j’ai des centaines d’allers-retours sur cette route, à bord de tous les moyens de transport imaginables. Mes voitures personnelles, des bus, des camions, des transports en commun, même des chars. Et surtout à toutes les heures possibles, de zero à 24 heures.
Si vous êtes comme ces centaines de jeunes cadres, appelés à aller dans les régions du nord seulement quelques fois, pour des funérailles, les évalas ou les vacances à bord de votre véhicule personnel, voici quelques conseils qui peuvent vous sauver la vie.



1 : l’itinéraire



La route Lomé Kara (c’est celle que j’emprunte le plus souvent) peut actuellement être divisée en 4 tranches. Lomé –Notsé : Assez mauvais, avec d’énormes trous dans la route. Limiter sa vitesse à 80km/h pour un non habitué. Notsé –Atakpamé. : Vieux tronçon mais encore en bon état. Quelques rares nids de poule (90kmh). Ataphamé- Aouda, (trente km de sokodé) Nouvelle route excellente, non achevée, rester à 100kmh, et Sokodé-Kara. Mauvaise, 80kmh. (les contournements d’Alédjo et de Bafilo sont rapides, mais la route est étroite et déjà bosselée par les gros camions). Faire attention aux dépassements, ça balance énormément. Comme vous le voyez, je recommande de rester à 100kmh maximum, ça vous fera 6 h de route en moyenne, mais vous arrivez en vie.


2 : Les usagers



Vous avez trois types d’usagers : les autres moyens roulant, les hommes et les animaux. Parmi les moyens roulants, vous avez les autres « personnels », les taxis et autres 15 places, les grands bus et les semis remorques, appelés au Togo Titan. Les personnels ne causent pas de soucis particuliers, sauf dans les dépassements. Les gens vont très vite sur cette route. Moi-même, jeune lieutenant, j’ai fait du 190kmh sur cette nationale.



Il faut donc faire très attention dans les dépassements, mais on y reviendra. Les taxis et minibus vont lentement, autour de 80kmh et ne sont pas un problème. Les grands bus (type RAkieta) vont par contre très très vite, parfois autour de 140kmh. J’ai une fois fait la course avec un à cette vitesse (d’ailleurs, si vous êtes dans le bus, essayer de regarder le tableau et forcez le chauffeur à réduire sa vitesse). Ils sont très dangereux dans les dépassements car comme leur centre de gravité est haut, ils perdent le contrôle très vite. Mais les champions des problèmes sont les titans. Ils mettent cinq minutes pour se doubler, roulent à droite comme à gauche, et ne respectent pas le code de la route. Il faut toujours chercher à mettre la plus grande distance entre eux et vous. Il m’est arrivé à plusieurs reprises, de les croiser en passant par la gauche de la route, surtout de nuit, parce que le monsieur avait décidé de prendre ma partie. Les motocyclistes sont particulièrement fougueux à Anié et à Sokodé, un peu plus que dans les autres villes. Faire très attention et rouler au pas.



Les animaux traversent la route de façon anarchique. Ne prenez pas le risque de faire une sortie de route pour une poule ou un chien, si vous n’avez pas le choix, faite confiance à votre parechoc et cognez. Mais ne vous arrêtez pas, ou on risque de vous faire payer une poule écrasée à 50 mille francs. Par contre, faites gaffe aux porcs. En cas de choc, c’est votre parechoc qui va rester, voire tout le véhicule, et vous serez obligés de vous arrêter. Contre les hommes dans le village, servez-vous de votre klaxon et oubliez qu’on vous a dit qu’il est interdit de klaxonner dans les agglomérations. J’ai fait deux fois Kara Lomé sans frein dans des conditions acceptables. Mais une seule fois sans klaxon et c’était terrible. Klaxonnez et roulez au pas. J’ai vu des gens traverser les villages à 130kmh. Choisis ton camp, camarade.



Les codes


Des touffes d’herbes sur le coté de route indiquent qu’une voiture est en panne. Parfois, elle part sans enlever les herbes, mais toujours ralentir quand vous voyez ces touffes. Les véhicules se parlent avec les clignotants, il faut le savoir. Quand vous êtes derrière un véhicule qui met les clignotants à gauche, la plus part du temps ça veut dire danger devant, ne dépasse pas. Quand il met le clignotant à droite, ça veut dire que c’est bon. A chaque croisement avec un autre véhicule, surtout de nuit, chacun met son clignotant à gauche. Ça veut dire, je te vois et je fais attention.


De nuit, normalement, deux voitures qui se croisent mettent leurs feux de croisement (code, qu’on appelle ça au Togo) Mais très peu le respectent. Les titans sont plutôt respectueux, les 15 places, presque jamais. Je vous conseille de respecter ce code, et de faire les jeux de phare à celui en face qui garde ses feux de route (phares au Togo) allumés. Mais faites attention, certains font semblant de le respecter, et à quelques mètres de vous, reviennent en pleins phares et vous êtes éblouis. Mon astuce quand je croise un véhicule en pleins phares est de regarder le bord droit de la route. Ainsi je sais où je suis, et je ne me détruis pas la vue. Il faut s’avoir qu’en cas d’éblouissement, on fait 3 secondes sans rien voir, et si vous roulez vite, vous tombez dans un trou ou vous sortez de la route. Le plus prudent est de ralentir et attendre de retrouver sa vue.


Les risques d’accident


Le premier est la vitesse, se limiter à 100, le second est l’orgueil. Souvent, les jeunes conducteurs ne tolèrent pas qu’une voiture moins puissante les dépasse. Ils disent, quoi, une petite Mazda me dépasse alors que je suis en BMW ? Et il se met en chasse. En 2007, j’ai fait 4h30 entre Lomé et Kara au bord de la petite Opel corsa de ma femme. Je roulais à 180kmh parfois. Et personne ne me dépassait parce que je prenais des risques idiots.


Et on se tue par idiotie. Un jour, une 4x4 m’a pris en chasse avec ma voiture et a fini dans le fossé. J’ai eu beaucoup de chances à l’époque, aujourd’hui, je suis sous le régime 100kmh. L’autre cause des accidents reste les dépassements dangereux. Il faut vous rappeler qu’on ne double pas dans les virages, dans les montées, ni sur les ponts. Mais si vous le respectez, rappelez-vous que les autres en face ne le respectent pas beaucoup, donc même quand vous êtes dans votre voie, faites attention quand vous abordez ces endroits. Souvent, quelqu’un en face est en train de doubler, et vous qui n’avez pas l’habitude, c’est vous qui vous retrouvez dans le ravin et lui il continue son chemin ; Quand vous avez quelqu’un en face qui fait un dépassement dangereux, ne perdez pas le temps à lui faire des jeux de phare, recherchez rapidement à trouver où vous ranger en cas de danger, et surtout, commencez à freiner. Je vois des gens qui commencent à tempêter, à faire des jeux de phare, et en perdant le temps, au lieu de chercher le plan B. Si c’est un titan, il va vous cogner avec vos jeux de phare.


La conduite de nuit


Si vous aimez le calme et la tranquillité, et avez de bons phares, la conduite de nuit est agréable. Roulez au milieu de la route. De toutes les façons, vous verrez les véhicules de face arriver grâce à leurs phares, et si vous tombez sur un trou, c’est plus facile d’esquiver à gauche ou à droite. Le grand danger sont les camions, qui n’ont pas de feux arrières, en déplacement ou à l’arrêt. Il faut donc être perpétuellement sur les feux de route, et même à un croisement avec un autre véhicule, faire des jeux de phase pour s’arrêter qu’ils ne sont pas arrêtés juste devant.
Le nombre d’accident liés aux camions sans feux arrière roulant lentement est important.


En cas de panne



Par expérience, il est préférable de faire venir son mécanicien de Lomé pour une panne sérieuse que de la confier à quelqu’un de l’intérieur. En 2007 j’ai eu un accident où j’ai juste perdu un phare, et pour réparer, on m’a foutu en l’air moteur, radiateur et pare-brises. Les mécaniciens du bord de la route sont très opportunistes. Pour regarder dans ma voiture et me dire que j’avais coulé mon moteur (ce que je disais depuis le début,) un mécanicien m’a réclamé 15000f. Il faut donc parfois tracter que réparer sur place, sauf si c’est des pannes de niveau technique1.


En cas d’accident


Si c’est entre votre voiture et un piéton, un cycliste ou un motocycliste, rappelez-vous que de toutes les façons, vous êtes en tort dans l’esprit du villageois. S’il y a des blessés légers et transportables, tracez au sol la position des engins et amenez la personne à l’hôpital. Surtout, ne fanfaronnez pas que votre voiture est assurée. Les villageois ont l’impression dans ce cas que vous l’avez fait exprès. Restez courtois, et surtout dites à votre femme de se taire, (les femmes sont très agressives dans ce cas-là, allez savoir pourquoi.


Bon, si c’est vous la femme au volant, calmez-vous, mais je ne rencontre pas souvent des femmes au volant) . Invoquez le destin ou Dieu,( les gens sont très fatalistes à l’intérieur du pays) surtout ne parlez pas des responsabilité. Laissez en le soin aux forces de sécurité. S’il y a mort d’homme, restez tranquille et faites appelez les forces de police. Pas de responsabilité. Si votre véhicule est endommagé, faites plutôt appel aux taxis. Les véhicules personnels fuient les lieux d’accident. S’il y’a des blessés de votre côté, faites évacuez, le plus rapidement possible, vers les CHR ( Kara, Sokodé, Atakpamé our Lomé).


Dans les préfectures, il n y’a pas grand-chose pour les accidentés. Les complications les plus courantes lors des accidents sont les hémorragies (quand c’est externe il faut faire un point de compression avec un tissus ou un garrot) interne, on n’en sait jamais rien, mais évitez de donner de l’eau aux blessés, même s’ils en demandent. Il y’a aussi des grands traumatismes crâniens pouvant générer en des hémorragies cérébrales, et aussi des commotions pulmonaires, réduisant vos capacités respiratoires.


L’intérieur n’a pas d’ambulance médicalisée, on ne peut donc pas vous stabiliser. Même si vous avez un milliard sur vous lors d’un accident sur route à l’intérieur du pays, votre argent ne vous sert à rien si on ne vous évacue par en urgence, dans n’importe quel véhicule. Il faut au moins essayer de vous mettre en position PLS pour vous permettre de respirer. Si vous restez là à attendre une ambulance, elle arrivera aussi nue que le taxi qui vous aurait pris. En moyenne, vous avez une heure de vie, filez au CHR le plus proche.

Voilà, je vais m’arrêter là. D’autres conseils viendront, et des ajouts seront faits par d’autres internautes. Ces conseils ne vous empêcheront pas de faire des accidents. J’en ai fait cinq en tout, et je ne crois pas que ce soit fini, mais ils vont juste en réduire la probabilité.


Bien entendu, on est d’accord que pas de ceintures, pas de voyage.Et celui qui a bu, ne prend pas le volant, même une petite bière, comme certains ont l’habitude de dire.
Restez vivant, vous êtes cher à quelqu’un dans cet univers".



Gerry

 Commentaires